Analyse prospective des activités paysannes de la
région Analamanga
Sur le système entier de la zone d’étude
La zone d’étude de la commune Ambohitrolomahitsy est réputée par la culture des choux et de l’oignon. Mais, selon les résultats, les enquêtés ont pratiqué beaucoup de spéculations qui sont à la fois interdépendantes qu’isolées. En prenant l’exemple des choux, cette spéculation est isolée dans ce sens qu’il n’y a aucun lien avec d’autres spéculations dans la formation de son revenu. A cet effet, le financement revient à la reproduction du choux. C’est une approche filière dont le développement n’a pas d’effet sur les autres spéculations. Néanmoins, la plupart des paysans raisonnent vers une approche systémique, à savoir une interdépendance entre les activités effectuées durant toute l’année. Ainsi, l’étude se focalise sur les liens entre l’oignon et les autres activités agricoles, élevage et non agricoles. Dans ce cas, le logiciel MARKOV a dégagé plusieurs types de systèmes ayant comme tête de fil l’oignon. La typologie des exploitants est obtenue en éliminant les systèmes dont le taux de participation est au-dessous de 5%. En effet, les paysans raisonnent en fonction des systèmes qu’ils adoptent. Ces systèmes amènent à dire que les spéculations qui les composent sont interdépendantes de l’une et de l’autre. En d’autres termes, quatre types de système ont été retenus comme oignon-manioc, oignonmanioc-akoho gasy-couture, oignon-porc et oignon-porc-omby.
Cas de l’oignon-manioc
Parmi les trois Fokontany de la commune Ambohitrolomahitsy interviewés, 20% des ménages pratiquent le système oignon-manioc. Ce système fournit une rentabilité assez efficace que ces ménages le gardent toujours durant toute l’année. Le système oignon procure de l’argent pour les besoins vitaux des paysans, tandis que celui du manioc leur permet de subvenir à leur alimentation. Les spéculations de ce système oignon-manioc partagent leurs ressources de l’un vers l’autre. Les ressources affectées à l’oignon convergent d’abord vers lui-même, ensuite elles affectent vers la spéculation manioc ; en retour, celles de manioc sont destinées à lui-même et à l’oignon. La raison en est que les ressources affectées ne sont pas forcément de l’argent liquide mais l’on peut dire que ce sont des ressources humaines et matérielles pour aménager la production oignon-manioc. En faisant une prospection vers le futur proche, la production de l’oignon augmente périodiquement jusqu’à la quatrième itération. A ce stade, le système se stabilise. Le partage des ressources reste inchangé.
Cas de l’oignon-manioc-akoho gasy-couture
Comme il est énoncé précédemment, ce système parle des relations qui existent entre ces activités. Il y a donc partage de ressources entre ces spéculations. Tout d’abord, l’akoho gasy est un élevage traditionnel à ne pas négliger puisqu’il peut combler le vide des autres spéculations. Ensuite, en ce qui concerne la couture, c’est une activité assez récente qui apporte quelques ressources au système. En effet, la commune Ambohitrolomahitsy est réputée par la couture en SMOCK et broderie fait main. Au début, il y avait un encadrement venant de l’extérieur mais après les paysans se sont débrouillés tous seuls. Dès lors, ils s’engagent à livrer leur couture à Antananarivo. Enfin, en récapitulant, les spéculations du système s’entraident d’une manière ou d’une autre au moment opportun. Dans ce cas, il y a une évolution de partage des ressources, en fonction de l’augmentation de la culture d’oignon. Mais à partir de la cinquième itération, elle trouve sa stabilité et reste inchangée.
Cas de l’oignon-porc
Pareillement aux autres systèmes, la culture de l’oignon et l’élevage de porc entretiennent un lien d’interdépendances. Au fait, l’argent obtenu de l’oignon sert à assurer la culture en ellemême et celui de l’élevage de porc. Ce dernier, à son tour, fournit des intrants nécessaires comme les engrais, semences et produits phytosanitaires pour la culture d’oignon. Aussi, l’élevage de porc peut se financer en lui-même et procurer des ressources à l’oignon. Ce système atteint sa stabilité en deux itérations, situation rapide par rapport aux autres.
Cas de l’oignon-porc-omby
Les spéculations du système restent toujours en interdépendance. Même cas que précédemment, les trois spéculations se financent mutuellement. Un partage de ressources se fait entre la culture d’oignon et l’élevage des porcs et de bœufs. En d’autres termes, l’avantage apporté par ce système réside dans l’intérêt que les paysans récupèrent les engrais émanant de l’élevage pour servir la culture d’oignon. A son tour, la production d’oignon augmente fortement et l’argent reçu pourra renforcer davantage la culture et améliorer l’élevage. A partir de la quatrième itération, les ressources échangées entre ces spéculations se stabilisent. De tout ce qui précède, les paysans raisonnent en fonction du système qu’ils adoptent selon les divers cas précités. Pour eux, la culture d’oignon ne se fait pas seule. Elle est toujours associée avec d’autres spéculations comme l’élevage de porc, akoho gasy, omby, la culture de manioc ainsi que la couture. Le développement de chaque spéculation du système dépend de l’une et de l’autre. Malgré l’apparence du bon déroulement du système, il est quand même inquiétant de voir la stabilité permanente du système à partir de la deuxième, quatrième et cinquième itération. Les paysans ne s’en rendent pas compte mais ils se contentent seulement de leur faible rendement. Pourtant ce stade pourrait être dépassé pour améliorer leur niveau de vie.
Sur l’étude financière
D’après les résultats cités antérieurement, les quatre systèmes sont tous rentables. Leur TRI et VAN sont positifs. Chaque année, leur revenu ainsi que leur trésorerie augmentent, mais le système oignon-por-omby est le plus rentable par rapport aux autres. Cependant, malgré cette augmentation de trésorerie, les paysans restent encore pauvres car leur revenu par tête, par jour n’atteint pas 1 USD, selon l’Objectif Millénaire du Développement. 43 Cette pauvreté s’explique par la faiblesse de la valeur monétaire malagasy face au dollar. Ensuite, les enquêtes menées auprès des ménages montrent le nombre élevé de la famille, en moyenne sept personnes par ménage. La situation de la famille nombreuse, le maintien de cultures, au stade de jardinage, ainsi que d’élevages traditionnels en sont aussi les facteurs de blocage des paysans. Ainsi, si l’on voudrait atteindre l’objectif du millénaire dans la zone étudiée, il est recommandé : – de connaître à fond le système opté par les paysans avant de s’engager au financement rural, – d’améliorer la production des spéculations, en particulier l’oignon, tout en tenant compte des liens d’interdépendances, – d’intensifier la production agricole et non agricole par encadrement et formation technique des paysans, et – sensibiliser les paysans au planning familial et aux maladies transmissibles VIH/SIDA.
INTRODUCTION |