Les Malgaches connaissent bien la plante « Talapetraka » ou Centella asiatica, à travers ses propriétés cicatrisantes. L’espèce pousse en abondance à Madagascar, et a fait l’objet des divers travaux de recherche pourtant notamment sur la structure des principes actifs, et sur leurs utilisations pharmaceutiques et cosmétiques. Mais à ce jour, aucun travail n’a été effectué concernant les conditions optimales de l’exploitation de la plante dont on sait que la teneur en principes actifs est très variable.
ETUDE DE LA PLANTE
Etude botanique
Centella asiatica est une plante classée dans la famille des Ombellifères du genre Centella, et connue sous le nom vernaculaire « Talapetraka ». C’est une plante rampante, différenciée du genre Hydrocotyle par un calice tronqué dont les pétales ne présentent pas de dents, par cinq pétales imbriqués dans le bouton, par un méricarpe réticulé à 7,9 côtés et un involucre à bractées proéminentes.
Centella asiatica est une herbe polymorphe émettant de nombreux stolons qui permettent une diffusion rapide et au niveau de laquelle se développe parfois une racine pivotante importante. Les tiges qui portent de 1 à 5 feuilles par nœud sont cylindriques. Les pétioles, longs de 0,8 à 30 cm possèdent une base engainante, glabre ou pubescente. Les limbes sont réniformes, ovales ou subcirculaires. D’un diamètre compris entre 1 à 7 cm, ils présentent de nombreuses nervures ainsi qu’une base cordée. Les fleurs regroupées par 3 ou 4 en ombelles subcapitées, ont des pétales circulaires dotés d’un sommet étroit variant du pourpre au blanc verdâtre.
Historique des découvertes et travaux sur les principes actifs
Centella asiatica était connue depuis fort longtemps des populations locales établies sur les sites où elle croît. Il y a quelque 3000 ans, les anciens Védas, dans leur médecine Ayurveda, l’utilisaient en compresse qu’ils appliquaient directement sur la peau ou l’absorbaient par voie orale afin de cicatriser les blessures et les lésions dermiques d’origines diverses et les ulcères d’estomac. Il y a 2000 ans, les premiers écrits la concernant sont inscrits dans les manuscrits sanscrits.
En 1851 : redécouverte du Docteur Boileau .Il avait contracté la lèpre en soignant ses patients. Il a utilisé la plante Centella asiatica qui produit un effet et améliore son état général. Par la suite, ses plaies se cicatrisèrent; ce qui l’amena à effectuer des observations sur d’autres malades traités dans les mêmes conditions. Il consulte le Docteur Lépine à Pondichéry, et après des essais cliniques très étendues, il obtient de bons résultats. Le Docteur Hunter, à Madras, confirme l’amélioration de l’état des patients. En 1857, le Docteur Devergie affirme que l’Hydrocotyle asiatica est un cicatrisant, notamment sous la forme d’un extrait hydroalcoolique.
En 1884, Centella asiatica est mentionnée dans le codex français.
Puis, les travaux ne sont repris qu’en 1930 où le genre Hydrocotyle est réorganisé, et le nouveau genre Centella est défini du fait des différences morphologiques distinguant les 2 genres. La mention Hydrocotyle a désigné Centella asiatica dans la pharmacopée française, mais aujourd’hui elle est abandonnée dans la nouvelle pharmacopée européenne.
En 1937, le premier extrait fut préparé par Pierre Boiteau.
En 1941, le professeur Bontemps, à Marseille, fait le premier isolement de l’asiaticoside, l’un des principes actifs de Centella asiatica, et le professeur Albert Rakoto Ratsimamanga alors Directeur de Recherche au CNRS (Centre Nationale de Recherche Scientifique), avec Pierre Boiteau proposent l’étude de Centella asiatica à Marguerite Navarron qui consent à en financer la recherche dans son laboratoire.
En 1942, R. Razafimahery, l’un des premiers ingénieurs chimistes malgaches montre la présence d’acide libre qu’il identifie à l’aglycone, acide asiatique de l’asiaticoside.
En 1944, Pierre Boiteau isola les triterpènes de Centella asiatica, et des essais dans le traitement de la lèpre furent tentés .
Depuis, de nombreuses recherches ont été menées en chimie.
En 1949, Frèrejacque montre l’existence de 3 molécules de sucre dans l’asiaticoside : 2 glucoses et 1 rhamnose.
En 1955, le professeur Albert Rakoto Ratsimamanga et Pierre Boiteau confirment l’activité de l’asiaticoside, et en 1958, le professeur Albert Rakoto Ratsimamanga et C. Boely montrent que Centella asiatica agit également comme tonique veineux dans la phlébite et sur les ulcères variqueux.
En 1959, en France, les laboratoires Laroche-Navarron ont mis au point l’extraction industrielle des triterpènes de Centella asiatica et les commercialisent sous le nom de « Madécassol » pour rappeler le rôle que les Malgaches ont joué dans leur découverte. LAROCHE-NAVARRON est devenu la société SYNTEX en 1980, puis laboratoire ROCHE-NICHOLAS en 1995, qui est une filiale du groupe Hoffmann-Laroche.
En 1961, la structure de l’asiaticoside est publiée par J. Polonsky.
En 1963, T. Rahandraha effectue le dosage spécifique à l’anthrone de l’asiaticoside.
En 1967, H. Pinhas publie la structure du Madécassoside, autre principe actif de Centella asiatica.
Toutes ces recherches ont permis d’aboutir avec succès à la création de spécialités pharmaceutiques et de produits de haute qualité en cosmétologie.
Les constituants organiques de Centella asiatica
Il y a d’abord les principes actifs, qui sont les 5 triterpènoïdes pentacycliques dans la plante :
Les hétérosides : l’asiaticoside et le madécassoside,
Les génines ou aglycones : l’acide asiatique, l’acide madécassique et l’acide madasiatique en très faible quantité.
A part ces principes actifs, on peut citer la présence d’autres constituants organiques de Centella asiatica, à savoir :
– Des produits lipophiles, son huile essentielle ou la « vellarine », avec un rendement faible de 10 à 13 ml/tonne de feuilles sèches, qui rend improbable l’exploitation de cette huile essentielle. Lépine avait attribué l’action physiologique de la plante à son huile essentielle. Cette huile essentielle se révéla dépourvue d’activité, manifestant par contre une toxicité élevée.
– Des acides gras : acide linolénique, acide linoléique, acide arachidonique, acide oléique…
– Des quinones
– Des esters qui sont des lactones souvent actives (vermifuges)
– Des stéroïdes : cardénolides, sapogénines, stéroïdes (hormones)
– Des coumarines ayant une action sur le système vasculaire
– Des flavonoïdes : quercétine, kaempférol agissant comme anti-oxygène ou antiinflammatoire.
– Des anthocyanes à l’origine de la coloration des organes des végétaux
– Des glucides structuraux et énergétiques
– Des lipides simples ou complexes : phospholipides, glucolipides
– Absence d’alcaloïde.
On soupçonne la présence d’un isomère du madécassoside : le terminoloside, mais sa présence n’a pas été révélée jusqu’à ce jour.
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