Analyse et discussion par rapport à la méthodologie de recherche
Logiquement, il nous est apparu nécessaire, puisque l’identité professionnelle relève du personnel et du collectif, d’associer deux types de recueil de données : L’un singulier par le biais d’entretiens duals et l’autre pluriel à l’aide d’un questionnaire. Il s’agit d’utiliser la complémentarité de ces deux méthodes et de refuser l’opposition entre le qualitatif et quantitatif surtout dans une approche contextuelle. Ainsi les données colligées par questionnaires peuvent enrichir la discussion autour des propos recueillis lors des entretiens individuels par la confrontation à un ensemble professionnel. L’acceptabilité se mesure par le taux de réponses obtenues et la distribution étalée de réponses. La variabilité des réponses des participants est correcte, facilitée par l’utilisation de menus déroulants. Par contre le taux de réponses aux différentes questions ne peut pas être évalué en raison d’un dispositif de réponse obligatoire souvent utilisé. Dès les premiers envois, un retour nous a été fait concernant la question sur « la légitimité de la certification » à réponse obligatoire qui pouvait gêner le renvoi du questionnaire… l’erreur a été corrigée immédiatement. La fiabilité du questionnaire en lui-même ne peut être garantie puisque nous sommes dans l’impossibilité de confronter notre enquête à une enquête similaire. Par contre nous pouvons considérer notre échantillon comme fiable, puisque pour une population pressentie de 200 à 235 sujets, nous avons obtenus 102 réponses exploitables soit pour un seuil de confiance de 95%, une marge d’erreur comprise entre 6,81 et 7,32% selon la formule de la méthode d’échantillonnage aléatoire411. Entre 43,4% et 51% de la population ciblée a répondu au questionnaire. La distribution entre les deux sous-groupes est satisfaisante avec un taux de réponse de 40% des directrices (14/35) et 44% (88/200) des enseignants. Il peut sembler paradoxal que le nombre de sages-femmes enseignantes et directrices, au moment de notre enquête, ne puisse être connu avec exactitude. Il existe au sein des structures de formation de nombreuses variations d’effectif dues à des mobilités, des postes non pourvus, des Même si le taux de réponses, avoisinant les 50% de la population estimée, est habituel dans ce type d’enquête, nous ne pouvons exclure que certaines personnes sollicitées, n’ont pas souhaité s’exprimer sur un sujet parfois douloureux et/ou constamment abordé dans la profession. Nous sommes tout à fait conscients, que notre souci d’objectivation ne peut être confondu avec de l’objectivité *DE SINGLY-2011+. Cela est d’autant plus vrai que, connaissant la fonction, nous avons pu par exemple en ce qui concerne les activités, proposer une liste d’item d’activités prévisibles. Cependant nous avons fort heureusement maintenu l’item « autre réponse » permettant de mettre à jour des taches essentiellement extérieures à la structure de formation mais en lien avec l’intégration à l’université. Ces apparentes exceptions sont en fait des fenêtres ouvertes sur des aspects professionnels ignorés mais qui peuvent être porteurs de sens.
Notre enquête aurait certainement gagnée en précision ou nuance sur l’intensité des opinions si nous avions utilisés des échelles numériques de satisfaction comme celle de LIKERT412 ; La loi du nombre et l’anonymat du procédé, nous ont permis de nous dégager en partie de notre implication et d’espérer une plus grande liberté de réponse de la part de nos interlocuteurs. Par contre nous nous sommes confrontés à la passivité inhérente de ce mode de recueil de données, désirant la compenser par la dynamique d’échanges. poursuivre et d’interviewer encore et encore ». [HUGHES-1996]413 Plus limités en nombre que les questionnaires, les entretiens ne constituent pas une démarche de discrimination mais d’analyse et de différentiation à postériori, des rencontres allant au-delà du questionnement [BLANCHET, GOTMAN-2011+. En effet l’enquête, en face à face, crée des interactions et nous sommes bien conscients que les informations reçues dépendent, au moins en partie, des attitudes et des stratégies développées par les deux interlocuteurs. Comme le souligne PAUGAM (2008), le face à face renvoie à une certaine mise en scène de soi rendant impossible toute neutralité : Notre présentation en tant que sage-femme, enseignante, doctorante, a fait de nous un enquêteur « à découvert », susceptible de véhiculer des fausses évidences ou prénotions à connotations positives ou négatives. Ainsi l’interviewé a pu tenter de déchiffrer des attentes présupposées de l’enquêteur et adopter un discours de circonstance. Cependant il ne s’agit pas d’être en quête de vérité ou d’exactitude absolues, mais plutôt de comprendre et d’analyser des propos en ayant à l’esprit que chaque individu, par le biais du langage et son organisation singulière, 2011], considérant la parole recueillie sous l’angle de son authenticité plutôt que celui de la vérité. Celle-ci se constitue et est restituée en fonction de la perception, de la compréhension des situations vécues voire affrontées. Le repérage de verbalisations à tonalité émotionnelle, d’éléments para-verbaux et non verbaux est essentiel puisque pouvant renvoyer à des éléments structurants de l’identité professionnelle [FAINGOLD-1998]. Ainsi, les entretiens peuvent être non seulement une source d’information mais aussi objet d’analyse d’un processus par lequel la personne interviewée exprime sur elle-même une vérité plus profonde que celle explicitement perceptible. De même, l’enquêté peut occulter certains sujets « menaçants » ou douloureux ou prendre soudainement une distance, au travers de paroles généralistes, pour masquer un malaise. Selon FLAMENT et all (2006) « les sujets sélectionnent les aspects exprimables de la représentation en fonction de l’enjeu normatif qu’ils perçoivent dans la situation où ils se trouvent. »