Analyse du rôle du comité d’audit en rapport avec le contrôle interne
Afin de tester les hypothèses relatives à la relation entre le contrôle interne et les caractéristiques des comités d’audit formulées au chapitre IV, nous avons eu recours à deux estimations et à différentes variables dépendantes. L’efficacité méthodologique de la construction du premier modèle, nous a imposé d’utiliser la régression logistique avec une variable dépendante qui prend la valeur 1 si l’entreprise a réalisé des investissements en relation directe avec le contrôle interne, 0 sinon. Les statistiques descriptives des variables discrètes montrent ainsi que la fréquence des entreprises qui annoncent ce type d’investissements dans leurs états financiers entre 2002-2007 est de 252 sur les 700 observations effectuées, soit un pourcentage de 36 % durant la période 2002 – 2007. La première estimation indique que le pouvoir explicatif des variables indépendantes dans notre modèle est égal à 64.82 % avec un P (F=0.000). Les résultats empiriques montrent que l’expertise des comités d’audit est positivement significative au seuil de 5 %. Ceci signifie que plus la proportion des comités d’audit augmentent, plus les procédures et les investissements dans le contrôle interne augmentent aussi. Ce résultat révèle également que si le nombre des experts comptables est considérable au sein des comités, les recommandations techniques faites à la direction comptable et financière s’intensifient proportionnellement. Cette situation exige des entreprises de mettre en place de nouvelles procédures en matière de contrôle interne en vue de rendre fiable le processus du contrôle interne et de minimiser les risques qui lui sont associés. Ainsi, l’indépendance des membres des comités d’audit associée aux investissements en matière de contrôle interne est positivement non significative. L’absence de formation continue obligatoire des membres indépendants des comités d’audit peut être la cause de négligences dans le traitement des aspects techniques dont notamment le contrôle interne. De plus, nous notons que la taille des comités d’audit est positivement non significative.
Toujours, dans le cadre de notre première estimation, d’autres variables de contrôle sont significatives. La variable Big4, notamment, est positivement significative au seuil de 10 %. Ce résultat confirme que la majorité des commissaires aux comptes recommandent aux entreprises de remanier les procédures de contrôle interne qui n’assurent pas les objectifs prédéfinis dans le manuel de procédures. Cette éventualité se vérifie via les investissements en de nouvelles procédures de contrôle interne. De même, les variables mesurant la complexité sont positivement significatives au seuil de 10 %. Donc, empiriquement, la relation entre les variables de la complexité et les investissements en matière de contrôle interne sont ainsi positivement corrélés. Cette conformité rejoint la théorie qui dit que plus l’organisation de l’entreprise est complexe, plus celle-ci engage des investissements pour l’amélioration du contrôle interne, afin d’éviter toute dérive conduisant à des disfonctionnements du système comptable et financier. D’un autre côté, on relève que le coefficient associé à la variable taille du conseil d’administration est négativement significatif. Finalement, afin d’obtenir notre deuxième estimation, nous avons fait recours, dans le second modèle qui lui est consacré, à la méthode MCO, avec l’introduction d’une nouvelle variable mesurée par les accruals discrétionnaires obtenus suite à l’application de la méthode de Kothari et al. (2005), qui se base principalement sur la relation positive entre les accruals discrétionnaires et les problèmes de contrôle interne. De la sorte, si les procédures du contrôle interne sont faibles, le niveau des accruals discrétionnaires est élevé, ce qui représente un avantage pour les dirigeants, car elle augmente la probabilité de voir leur comportement discrétionnaire se manifester.
Les résultats empiriques obtenus dans le cadre de cette dernière estimation montrent que l’expertise des membres du comité d’audit est négativement significative au seuil de 5 % (t-stat= 2,24). Ce résultat confirme que l’expertise des membres des comités d’audit réduit le comportement discrétionnaire des dirigeants. De même, la variable indépendance des membres des comités d’audit est négativement corrélée aux Pour ce qui reste des variables, nous remarquons que seulement trois d’entre elles sont significatives respectivement au seuil de 5 % et de 10 %. Pour la variable Big4, elle est négativement significative au seuil de 5 %. Ce résultat est un indice de la manifestation de la tendance des auditeurs du réseau Big, caractérisée par la limitation du comportement discrétionnaire des dirigeants notamment, après 2002. Par contre, nous remarquons que le niveau des accruals discrétionnaires augmente lorsque les entreprises ont de nombreuses filiales internationales (divisions géographiques) et sont présentes dans de multiples segments d’activités.