Analyse du régime journalier des femmes et optimisation des apports insuffisants

METHODES

Paramètres anthropométriques des femmes

Pour caractériser les sujets, des mesures anthropométriques sont effectuées dans chaque village. Ainsi, le poids et la taille sont mesurés pour chaque femme.

Mesure du poids

Les femmes vêtues d’un pagne de poids connu et retranché après la mesure sont pesées avec une balance électronique (TANITA, Modèle : BWB-800, Japon ). La balance est posée sur une surface dure et plane, et l’horizontalité vérifiée avec un niveau. Elle est calibrée avec un poids de 5 Kg. Le poids est exprimé en Kg et pris à 0,1 Kg près.

Mesure de la taille

La taille des femmes est prise à l’aide d’une toise dont la verticalité et l’horizontalité du socle sont vérifiées à l’aide d’ un niveau. Au cours de la mesure, les femmes sont bien droites, les pieds nus bien joints et les bras tendus le long du corps. La taille est prise à 1 mm près et exprimée en cm.
L’Indice de Masse Corporelle des femmes (IMC) est calculé à partir du rapport du poids en kilogrammes sur le carré de la taille en mètres.

Enquêtes de consommation alimentaire

Pour mesurer la consommation alimentaire, la technique employée est l’enquête de 24 heures par pesée sur trois jours. Pour cela, dans chaque village, deux enquêteurs formés aux techniques d’enquête suivent chacun une femme durant trois jours pour noter et peser tous les aliments consommés par cette dernière du matin avant le petit déjeuner, jusqu’au soir après le dîner. Il s’agit de répertorier les différents aliments composant les repas, leurs quantités avant et après cuisson, de noter les différentes étapes de la préparation culinaire. A la fin de la préparation des repas, la répartition des plats et le nombre de personnes autour de chaque plat, sont relevés. Parmi les personnes qui partagent le même plat, le nombre d’enfants et le nombre d’adultes sont notés. Les consommations en dehors des repas des femmes inclues sont également répertoriées.

Pesée des aliments

La pesée des aliments est effectuée à l ’aide d’une balance ménagère d’une précision de 20g (TERRAILLON, Modèle : BB 3200, Versailles, France). Les aliments lavés et épluchés sont pesés avant la préparation des repas. Les aliments ne pouvant pas être pesés sur place (sel, poivre, piment sec etc…) sont échantillonnés pour une pesée ultérieure au laboratoire avec une balance électronique de précision 0,01g (SARTORIUS, Modèle : BP610, Allemagne).

Consommation individuelle

Dans nos pays, les populations ont l’habitude de manger autour d’un bol commun. Ainsi, la consommation individuelle de chaque femme a été déterminée comme suit : un coefficient est affecté à toutes les personnes qui ont partagé le repas de la femme enquêtée (1 pour les adultes et 0,5 pour les enfants). On calcule ensuite la somme des coefficients de toutes les personnes ayant partagé le repas. La consommation individuelle de la femme ou r ation pour chaque aliment est obtenue en divisant la quantité totale de cet aliment par la somme des coefficients précédemment calculés, multipliée par le coefficient affecté à la femme qui est égale à 1.

Besoins nutritionnels journaliers

Les besoins nutritionnels journaliers des femmes pour les vitamines et certains minéraux tels que le calcium, le phosphore et le magnésium sont obtenus à partir des recommandations de l’OMS (IADSA, 2003). En ce qui concerne l’énergie, les protéines, le sodium et le potassium, les besoins sont obtenus à partir des recommandations de la RDA (Nutrisurvey, 2003). Enfin, les besoins en fer et zinc biodisponibles et en cuivre, sont obtenus à partir de la FAO (FAO, 2001).

Saisie et exploitation des données

Base de données alimentaires

A la fin des enquêtes, une base de données alimentaires est constituée à p artir d’un fichier spécialement conçu pour la programmation linéaire. Cette base de données comprend la liste de tous les aliments répertoriés lors des enquêtes, leur composition en nutriments (ANNEXE 3), la quantité consommée par jour, les prix relevés (ANNEXE 4) ainsi que les besoins nutritionnels journaliers.

Logiciel d’exploitation de la programmation linéaire

Le logiciel Excel a ét é longtemps utilisé pour déterminer la base de données alimentaire et la commande solveur du dit logiciel pour faire la programmation linéaire. Mais ce travail est laborieux et prend beaucoup de temps. Ainsi les chercheurs du CNAM (Conservatoire National des Arts et Métiers) ont créé un logiciel spécialement conçu pour la programmation linéaire nomméfichier « YCF ». Le fichier « YCF » est un fichier Excel avec une table de composition des aliments de la FAO (FAO, 2002), la liste des aliments répertoriés par la FAO dans six pays (Égypte, Sénégal, Kenya, Mexique, Inde, Indonésie), les besoins nutritionnels journaliers en fonction de l’âge et du sexe établis par l’OMS.
Le fichier « YCF » permet d’analyser le régime journalier des femmes, de déterminer le pourcentage de couverture des besoins en nutriments et le coût financier mais aussi d’optimiser les régimes déséquilibrés.

Optimisation des régimes déséquilibrés

Dans le cas où le régime journalier des femmes ne permet pas de couvrir certains nutriments, il est possible d’optimiser ce régime, c’est à dire d’essayer de couvrir les nutriments non couverts en minimisant le coût. Pour cela, il faut ajouter au régime journalier des aliments riches en ces nutriments qui existent dans le village, et si l’aliment est déjà présent dans le régime, il suffit alors d’augmenter sa quantité tout en respectant la quantité maximale pouvant être consommée pour cet aliment. La commande « minimisation du prix » du fichier « YCF » permet de faire la programmation linéaire pour trouver le régime optimal c’est à dire celui qui permet de couvrir tous les besoins en nutriments pouvant être couvert par l’alimentation, mais avec le prix le plus bas. Si pour un nut riment donné on ne parvient pas à trouver un r égime optimal, cela veut dire que ce nutriment ne peut pas être couvert par l’alimentation de ces femmes.

RESULTATS

Caractéristiques des sujets

Les caractéristiques des sujets de cette étude sont décrites dans le tableau 1. Il ressort de ce tableau que l’âge moyen des femmes est de 36 ± 8 ans, avec respectivement un poids et une taille moyens de 51,5 ± 6,9 Kg et 154,6 ± 6 cm. L’Indice de Masse Corporelle moyen est de 21,5 ± 2,1 Kg/m2.
Les femmes appartiennent à c inq ethnies qui sont les plus représentatives du Département.
L’échantillon ne compte pas de femmes enceintes ; on dénombre cinq femmes allaitantes et sept femmes non enceintes et non allaitantes.

Consommation alimentaire

Principaux aliments et groupes d’aliments répertoriés dans les différents villages

Les différents aliments et groupes d’aliments répertoriés lors de l’enquête alimentaire sont présentés dans le tableau 2. Ce tableau montre que la part des aliments d’origine végétale dans la consommation des femmes est largement supérieure à celle des aliments d’origine animale. A l’exception des poissons, les aliments d’origine animale sont presque inexistants dans les villages.
Il ressort également de ce tableau que l’alimentation est très peu diversifiée, chaque groupe d’aliments étant constitué au plus de six aliments.

Consommation moyenne journalière de chaque aliment dans les trois villages

Les tableaux 3, 4, e t 5 présentent la quantité moyenne de chaque aliment consommé par jour par les femmes dans les différents villages. Il ressort de ces tableaux que parmi les groupes d’aliments, les céréales sont les plus consommées et elles constituent la base de l’alimentation de ces femmes.
A Bloc village, quatre types de céréales, le riz, le mil, le maïs, et le sorgho ont été répertoriés ; alors qu’à Francounda seuls le riz et le mil sont consommés. A Diendé, le riz est l’unique céréale consommée par les femmes. Le sucre et les huiles constituent avec les céréales, les principales sources de l’énergie alimentaire. Les fruits et les légumes sont faiblement consommés, de même que les aliments d’origine animale à l’exception des poissons.

Analyse du régime journalier des femmes et optimisation des apports insuffisants

Le régime journalier moyen des femmes obtenu lors de l’enquête alimentaire est analysé avec une table de composition des aliments de la FAO en vue de déterminer les apports journaliers en nutriments. Cette table de composition de la FAO renferme les aliments répertoriés dans six pays dont le Sénégal. Ces apports sont comparés avec les besoins nutritionnels journaliers établis par l’OMS, ce qui permet de déterminer le taux de couverture de chaque nutriment. Les nutriments non couverts sont optimisés par programmation linéaire à l’issue de laquelle on peut tirer une conclusion sur la possibilité ou l’impossibilité de couvrir ces nutriments par l’alimentation.
Dans les tableaux et figures suivants, nous avons présenté la contribution des glucides, des lipides et des protéines dans l’apport énergétique des repas. Il en est de même pour la part des protéines animales et végétales dans l’apport protéique et les nutriments pouvant être couverts par le régime journalier, ou a près optimisation de celui-ci. Dans le régime optimisé, les aliments en gras représentent des aliments déjà présents dans le régime journalier moyen mais dont la quantité est augmentée après optimisation. Les aliments soulignés et en gras sont ceux introduits dans le régime optimisé, qui n’étaient pas présents dans le régime journalier moyen mais qui sont disponibles dans le village. Les résultats obtenus pour chaque femme sont présentés ci-dessous.

Village de Francounda

Il ressort des ces tableaux et figures que dans ce village, en moyenne 79,5 % de l’énergie est fournie par les glucides, 11 % p ar les lipides et 9,5 % p ar les protéines. La part des protéines animales dans l’apport protéique est en moyenne de 17 % alors que les protéines végétalesconstituent 83 %. Le coût moyen des régimes est de 213,73 F CFA. Avec ces régimes, les macronutriments (énergie, protéines) ainsi que certains micronutriments comme la vitamine B1, la vitamine B6, le phosphore, le magnésium,le sodium, et le cuivre sont toujours couverts.
Après optimisation de ces régimes, le coût moyen des régimes est de 196,39 F CFA et on parvient à couvrir les besoins en vitamine A, vitamine E, vitamine C et vitamine B2. Cependant, on remarque que :
– les besoins journaliers en niacine sont couverts par l’alimentation pour deux femmes (FC14, FC20) et non p our les deux autres (FC2, FC4). Après optimisation, ils restent également non couverts pour ces femmes.
– les besoins journaliers en calcium ne sont pas couverts par l’alimentation mais après optimisation on obtient une couverture à 100 % pour deux femmes (FC4, FC20) et pas pour les deux autres.
– les besoins journaliers en acide folique, vitamine B12, potassium, fer et zinc ne sont couverts ni avec le régime journalier, ni après optimisation de ce dernier.

Village de Bloc village

Dans ce village, en moyenne 69 % de l’énergie est fournie par les glucides, 17,5 % par les lipides et 13,5 % par les protéines. La part des protéines animales dans l’apport protéique est en moyenne de 40,75 % alors que les protéines végétales constituent 59,25 %. Le coût moyen des régimes est de 210,15 F CFA. Avec ces régimes, seuls les protéines et le sodium sont couverts.
Après optimisation de ces régimes, le coût moyen des régimes est de 210,33 F CFA et on parvient à couvrir l’énergie, les vitamines A, E, C, B1, B6, B12, la niacine, le phosphore, le magnésium et le cuivre. Cependant, on remarque que :
– les besoins journaliers en vitamine B2 ne sont pas couverts par l’alimentation. Après optimisation, on parvient à les couvrir pour une femme (BV18) et non pour les autres.
– les besoins journaliers en acide folique, calcium, potassium, fer et zinc ne sont couverts ni avec le régime journalier, ni après optimisation de ce dernier.

Village de Diendé

Dans ce village, en moyenne 79 % de l’énergie est fournie par les glucides, 13 % par les lipides et 8 % par les protéines. La part des protéines animales dans l’apport protéique est en moyenne de 22 % alors que les protéines végétales constituent 78 % . Dans ce village, le coût moyen des régimes est de 179,36 F CFA. Avec ces régimes, la vitamine E et le phosphore sont toujours couverts.
Après optimisation de ces régimes, le coût moyen des régimes est de 179,02 F CFA et on parvient à couvrir l’énergie, les protéines, la vitamine A, le magnésium et le sodium. Cependant on remarque que :
– les besoins journaliers en vitamine C et en cuivre ne sont pas couverts par l’alimentation.
Après optimisation, on parvient à les couvrir pour une femme pour la vitamine C (DD22) et une femme pour le cuivre également (DD12).
– les besoins journaliers en vitamine B6 sont couverts par l’alimentation pour une femme (DD12). Après optimisation, ils restent non couverts pour les autres.
– les besoins journaliers : en acide folique, vitamines B1, B2, B12, niacine, calcium, potassium, fer et zinc ne sont couverts ni avec le régime journalier, ni après optimisation de ce dernier.

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