Analyse des tendances des effectifs des oiseaux et des tortues marines
Les oiseaux d’eau et les tortues marines constituent les espèces clés du PNLB. Ils font l’objet d’un suivi régulier qui permet d’alimenter une base de données pour ces deux espèces. Il s’agit: – des décomptes mensuels des oiseaux d’eau de 2000 à 2017 pour le secteur fleuve et de 2005 à 2017 (exceptée l’année 2008) pour les secteurs des lagunes du Laomar et Douty. Ces décomptes consistent à faire un comptage systématique de tous les oiseaux observés lors de l’opération. – des décomptes de nids et de carapaces de tortues marines de 2009 à 2017. L’étude s’est limitée à l’analyse de la variabilité annuelle du nombre de nids et de carapaces de chaque espèce de tortues. Le nombre d’espèces observées chaque année constitue un descripteur simple qui permet d’évaluer leur tendance afin d’avoir un aperçu sur les conséquences de la modification de leur milieu. 2.
Traitement d’images et cartographie
Télédétection
Le traitement des images satellitaires a permis d’analyser aussi bien l’occupation des sols de la Langue de Barbarie que celle du Fleuve Sénégal, du Laomar, du Douty et de l’ilot de reproduction entre 1973 à 2017 (annexe 3, tableau II). Ainsi, huit images satellites de type Landsat, de résolution 30m ont été utilisées pour cette étude. Le programme Landsat est une série de missions satellites d’observation de la Terre gérées conjointement par la NASA et l’USGS. Ce choix est basé sur le fait que seuls les satellites Landsat permettent de disposer gratuitement d’images anciennes sur la période 1970 à nos jours. Obtention de l’image finale Les images finales ont été obtenues grâce à la composition colorée qui consiste à regrouper les trois bandes d’une image de la même date (Layer stacking) afin de constituer une vraie image (couleurs réelles des composantes du milieu) et une fausse image (couleurs ne caractérisant pas les éléments du milieu). Extraction de la zone d’étude C’est une méthode qui permet de découper la zone d’étude sur l’image finale obtenue après traitement. Il s’agit d’ouvrir au niveau de l’image initiale l’icône « file » dans lequel il faut choisir l’option « Save image as », puis « Image file », « Spatial subset » et enfin l’option « Image» pour procéder au découpage.
Classification des images
Classification supervisée Elle est dite supervisée car elle exige la connaissance à priori du terrain. La technique du « Maximum Likelihood » a été utilisée. Elle permet d’attribuer à chaque élément de l’image une teinte qui correspond au type d’occupation du sol. Ainsi, les différents éléments représentés sur l’image finale est une matérialisation sélective des biotopes de la zone d’étude. Classification non supervisée C’est un procédé qui permet d’avoir la répartition des éléments constitutifs de l’image de manière automatique. Les techniques de l’Isodata et de K-Means ont été utilisées. Contrairement à la classification précédente, elle ne nécessite pas la connaissance de la zone car elle ressort la signature spectrale de chaque composante de l’image. Ces deux classifications sont des moyens qui permettent d’avoir une bonne représentation des éléments constitutifs de la zone pour une meilleure qualité des résultats obtenus. Ces dernières sont de types rasters. Vectorisation Il s’agit de convertir les images rasters obtenues après la classification en des vecteurs. Cette opération est suivie d’une transformation de ces dernières en données shapefile (fichier de couche).
Cartographie
C’est le traitement de l’ensemble des shapefiles obtenus et des images qui permettent de procéder à des découpages et des superpositions pour produire des cartes.
Prospections
Les prospections se sont déroulées pendant la période comprise entre juillet 2017 et février 2018, généralement le matin entre 08h et 12h. Nous avons utilisé une pirogue pour les déplacements. Cependant, pour les sites comme Laomar et Douty nous avons effectué des prospections à pied. De ce fait les différentes modifications observées sur les sites ont été photographiées et décrites par écrit sur un support papier et électronique pour une meilleure description de leur état.
Perception des impacts de la brèche et des changements climatiques par les populations sur les activités économiques Les enquêtes auprès des populations, des responsables d’hôtels et des agents du parc ont permis de collecter des informations sur les différentes modifications subies par le milieu depuis la mise en eau du barrage de Diama. Vingt pourcent (20%) des personnes consultées appartiennent à la tranche d’âge comprise entre 61 et 90 ans, 48% entre 40 et 60 ans, 26% entre 25 et 39 ans et 7% entre 15 et 24 ans. Sur le plan socio professionnel les personnes interrogées pratiquent principalement le maraichage (41,44%), la pêche (17,12%), l’élevage (5,41%), l’exploitation de coquillages et autres () (30, 63%) (figure 5). Figure 2 : Répartition socio-professionnelle des populations locales Les activités économiques sont affectées différemment par la brèche. En effet, 62 % des populations considèrent qu’elles ont des effets négatifs, 23% qu’elles sont positive et 15% que ses effets sont mitigés (positifs et négatifs à la fois) (figure 6). Figure 3: Perception des effets de la brèche sur les activités économiques des populations locales .
Maraichage
La brèche a exacerbé la progression du biseau salé dans les terres du Gandiol et la salinité de la ressource en eaux souterraines entamées par le barrage de Diama selon les populations. La salinisation progresse de village en village, du fleuve Sénégal vers le continent selon les populations. Ainsi, elles estiment que ces modifications sont dues à 73% à la brèche et à 27% aux actions combinées de la brèche et du barrage de Diama (figure 7). Figure 4 : Sources des problèmes liés au maraichage selon les populations .
Pêche fluviale
C’est une activité qui est confrontée à une baisse des captures. Cette baisse résulte pour 57% aux effets conjoints du barrage de Diama et de la brèche, pour 24% à ceux de la brèche et pour 19% à la surpêche et aux méthodes de pêche destructives (figure 8). Figure 5 : Sources des problèmes liés à la pêche selon les populations L’estuaire du fleuve Sénégal est maintenant caractérisé par une diminution des influences fluviales et une prédominance de celles marines. Ainsi, on assiste à une disparition des espèces inféodées aux eaux douces et saumâtres. Ces espèces d’eau saumâtre en wolof sont: « Mbette »; « Sett »; « Diaguelle »; « Walous »; « Somore »; « Yangue »; « Diaguel »; « Guêre »; « Salinx »; « Yess »; etc. De plus nous assistons à une diminution de « Mulet »; « Warangal »; « Diané »; « Law »; « Tonone ». L’exploitation des huitres et des arches peut être considérée comme un des rares impacts positifs de la brèche. Elle constitue l’activité secondaire de 94% des exploitants interrogés, principalement des femmes. La brèche est à l’origine de l’apparition de ces espèces dans l’estuaire, sa progression favorise ainsi leur présence et leur développement dans la zone.
Elevage
L’élevage est une activité secondaire ou parfois tertiaire pour la plupart des villages situés à la périphérie directe du parc. La problématique majeure qui est ressortie pour ce secteur est la raréfaction de l’eau douce et la diminution du tapis herbacé constatées depuis l’ouverture de la brèche.
Solutions préconisées face à la progression de la brèche
Conscientes de la progression et des dégâts que la brèche continuera à occasionner, 81% des personnes préconisent de laisser la nature corriger par elle-même (figure 9). Par contre, 19% sont pour la construction d’un ouvrage pour stabiliser et arrêter la progression de la brèche. Figure 6 : Solutions proposés par les personnes enquêtées
Analyse des tendances des effectifs des oiseaux d’eau et des tortues marines
L’analyse de la dynamique des populations d’oiseaux d’eau et des tortues marines du PNLB permet d’avoir un aperçu sur l’évolution de leurs effectifs suite aux modifications induites par la brèche et les changements climatiques. Elle repose essentiellement sur les données de décomptes au cours de la période de 2000 à 2017 pour les oiseaux d’eau et de 2009 à 2017 pour les tortues marines.
Oiseaux d’eau
Les oiseaux d’eau qui fréquentent le parc sont repartis en treize (13) groupes (figure 10), dont 7 représentent 99,66% des effectifs sur la période 2000-2017. Les Laridés avec 80,67% des effectifs totaux annuels correspondent de loin au groupe le plus important, suivi des Limicoles qui sont les plus diversifiés (31 espèces) avec 4,58%, des Cormorans et Anhinga (03 espèces) avec 4,54%, des Pélicans (02 espèces) avec 4,22%, des Hérons et Aigrettes (11 espèces) avec 16 Mémoire de Master II/2018 Thioro SYLLA/ Ecologie et Gestion des Ecosystèmes 3,91%, des Oies et canards (04 espèces) avec 1,28% et enfin des oiseaux de proie (12 espèces) avec 0,46%. Le reste (Rolles-Rolliers-Martin pêcheurs, Ibis-Spatules-Ombrettes, Flamants, Rales-Poules d’eau, Grebes et Cigognes) avec des pourcentages inférieurs à 0, 23%, constituent des groupes de faibles effectifs.
Tendance évolutive des effectifs par groupe
Laridés
Les effectifs totaux annuels des populations de Laridés ont chuté considérablement au niveau du parc depuis 2003 (figure 12). Les espèces qui ont accusé les plus fortes régressions sont: Gelochelidon nilotica (Sterne hansel), Sterna caspia (Sterne caspienne), Larus fuscus (Goéland brun), et Larus cirrocephalus (Mouette à tête grise). Seules les espèces suivantes ont connu une augmentation de leurs effectifs, Sterna sandvicensis (Sterne caugek) et Sterna maxima (Sterne royal). Figure 9 : Tendance évolutive des Laridés entre 2000 et 2017
Canards & Oies
Contrairement aux Laridés, les effectifs totaux annuels des Canards & Oies présentent une diminution drastique de leurs populations dans la zone depuis 2004, soit quelques mois après l’ouverture de la brèche (figure 13). Il s’agit particulièrement de Dendrocygna viduata (Dendrocygne veuf) qui constituait 91,65% des effectifs totaux du groupe. Figure 10 : Tendance évolutive des Canards & Oies entre 2000 et 2017 Effectifs totaux Années Effectifs totaux Années 18 Mémoire de Master II/2018 Thioro SYLLA/ Ecologie et Gestion des Ecosystèmes 1.
Limicoles
L’analyse des effectifs totaux des Limicoles sur les dix-huit ans montre une tendance significative à l’augmentation depuis 2003, interrompue par une baisse en 2008 (figure 14). Cette augmentation est principalement portée par Charadrius hiaticula (Grand Gravelot), Pluvialis squatarola (Pluvier argenté), Haematopus ostralegus (Huitrier pie), Numenius arquatar (Courlis cendré) et Calidris alba (Bécasseau sanderling). Par contre, d’autres présentent une évolution assez particulière, notamment la Barge à queue noire, le Bécasseau cocorli et le Petit gravelot. Leur abondance est cadrée dans un intervalle de temps compris réciproquement entre: 2003-2009, 2002-2009 et 2003-2012. Après ces périodes, suit une diminution considérable de leur effectif interrompue par de légère augmentation.
INTRODUCTION |