La grossesse imprévue
Avant de commencer, précisons qu’il y a une différence entre grossesse imprévue et grossesse non désirée. Alors que l’amalgame est souvent fait, une grossesse imprévue, comme son nom l’indique, débute à un moment inopiné. Elle peut être désirée ou non.
C’est là toute la complexité de la reproduction humaine. Une grossesse imprévue peut être définie de différentes manières en fonction de la situation relationnelle du couple. Elle peut être le fruit d’une relation sexuelle occasionnelle, d’un couple dans une situation émotionnelle stable, au moment d’une rupture. Épidémiologie : En 2013, 24% des grossesses étaient non désirées ou imprévues (IVG et naissances mélangées) . Plus spécifiquement, une étude s’est penchée sur les grossesses non désirées ou imprévues des femmes entre 15 et 29 ans . Dans les cinq dernières années, 12,2% des femmes âgées de 15 à 29 ans déclarent avoir eu une grossesse non désirée. C’est le cas de 15,2%, pour les femmes âgées de 20-24 ans. Nous n’avons pas de données pour les 15-17 ans. Les principales raisons données sont l’absence de contraception dans 46% des cas, l’oubli de pilule pour 44% dont un quart pensait ne pas être à risque d’une grossesse et 9% ont eu un problème avec le préservatif.
Cette étude nous permet de soulever un problème lié à l’éducation sexuelle. Ces GNP seraient principalement dues au manque ou à une mauvaise information sur la contraception et le fonctionnement du corps de la femme.
Grossesse non prévue chez les Adolescentes
À la suite de ce constat, nous allons nous questionner sur les grossesses imprévues chez les adolescentes .
Contrairement aux idées reçues, les interruptions volontaires de grossesse chez les adolescentes (15-19ans) sont en décroissance depuis 2010. En 2016, il a été ressourcé que le taux d’IVG chez les 15-17 ans était de 6,7 IVG pour 1000 femmes. Il peut être difficile d’évaluer le conscient et l’inconscient dans cette situation, quel que soit l’âge de la femme. Mais, les études distinguent cinq types de grossesse chez les adolescentes : « grossesse comme rite d’initiation » ; « grossesse SOS » ; « grossesse d’insertion » ; «grossesse d’identité» ; « grossesse accidentelle, imprévue, involontaire ». Dans ces différents cas, la grossesse permet à l’adolescente de trouver une identité, un statut social, d’être reconnue dans la société et d’accéder à une autonomie. Un profil d’adolescente a été identifié. Généralement, les jeunes filles qui acceptent la grossesse imprévue ont souvent un contexte socio-économique et psychologique précaire. Les adolescentes n’ayant pas d’ambition sur le plan scolaire accepteraient plus facilement leur grossesse alors que celles ayant des projets d’avenir opteraient pour une IVG .
Les études montrent aussi que les jeunes filles ayant eu une grossesse non prévue avaient des connaissances erronées au sujet de la contraception, de la reproduction, de leur corps ainsi qu’une mauvaise utilisation des moyens contraceptifs . Nous pouvons citer comme exemple l’utilisation du préservatif chez les adolescentes. Certaines adolescentes expriment être mal à l’aise à l’idée de demander à leur partenaire d’utiliser un préservatif. D’autres expliquent que sur le moment, pris dans l’action, elles et leur partenaire n’y ont pas pensé .
L’implication de l’éducation parentale au sujet de la vie sexuelle a aussi été soulignée. Les adolescentes dont les parents ne souhaitent pas discuter de sexualité sont plus à risque de grossesse. Toutefois il faut rappeler que depuis 2001 une loi impose trois séances par an d’éducation à la sexualité dès le CP jusqu’en terminal.
Les adolescentes expriment l’idée que la grossesse n’est pas nécessairement due à un accident contraceptif mais serait plutôt liée à un moment de leur vie où elles ressentaient l’envie d’émancipation. La grossesse leur permettrait d’obtenir une valorisation sociale .
Processus psychologique de la maternité
Phénomène de maternité : La découverte d’un début de grossesse enclenche le « phénomène de maternité ». Ce phénomène provoque des conflits internes chez la femme enceinte, que ce soit une grossesse désirée ou non. Ces conflits sont des images d’un enfant imaginaire confrontées à des images inconscientes du passé. Ce besoin d’être mère lui vient de son envie d’être meilleure que son modèle : soit faire totalement différemment soit suivre l’exemple parental tout en l’améliorant .
L’identification maternelle : L’identification maternelle passe par l’acceptation de l’évolution corporelle de femme à mère. Ceci n’est pas toujours accepté par la femme enceinte parce qu’elle n’est pas prête à voir son corps changer et sa psyché évoluer vers la maturité parentale. Ceci peut amener à un rejet de la grossesse par le corps et l’esprit. Ce rejet se traduirait par une FCS ou une MFIU, et donc la grossesse menée à terme serait l’approbation de l’évolution de la vie, c’est-à-dire l’approche implicite de la mort . Dans la mythologie : « le jugement de Salomon » démontre la capacité de la mère à penser avant tout au bien-être de son enfant, même si cela nécessite le renoncement à celui-ci. Nous pouvons faire le parallèle avec l’IVG, la grossesse sous X, l’abandon. La femme sait qu’elle ne sera pas une « bonne mère » et prend une décision dans ce sens.
L’entretien pré-IVG
Déroulement d’une consultation pré-IVG : Rappelons les fondamentaux de l’IVG. Elle est légale jusqu’à 14 SA. Il y a deux possibilités d’interruption, soit : Médicamenteuse : jusqu’à 7 SA à domicile ou jusqu’à 9 SA en hospitalisation Chirurgicale : jusqu’au terme légal.
Dans la consultation pré-IVG, le professionnel a un rôle important. Il doit accompagner la femme dans l’élaboration de sa décision sans jugement donc sans idée préconçue, il faut savoir, pouvoir entendre la patiente. Cela permettra une meilleure acceptation de la décision, quand bien même la femme dit être sûre de son choix .
Le CNGOF a rédigé des recommandations pour la pratique clinique de l’IVG . La cinquième partie de ces RPC traite l’aspect psychologique de l’IVG. Il précise que cette consultation est un « temps d’information, d’échange et d’écoute de la femme ».
D’après la loi, il n’est plus nécessaire que la femme soit en situation de détresse pour obtenir une IVG. Toutefois, certaines femmes se sentent obligées de justifier leur décision . Nous pouvons nous demander si ce sentiment de justification peut être provoqué par des difficultés de communication entre le praticien et la patiente.
Toutefois, les femmes expriment que plus le délai de réflexion est long, plus la décision est douloureuse même si raisonnable et réfléchie.
La femme informe son conjoint de sa grossesse après un temps de réflexion, d’imagination d’un avenir proche avec son enfant. Quand elle l’informe de sa décision, le plus souvent, celle-ci est déjà prise .
Ce constat renforce la pertinence de la suppression de l’entretien obligatoire. Une femme qui fait les démarches change rarement d’avis. Toutefois, le professionnel doit mentionner que c’est la patiente qui décide de l’intervention et qu’à tout moment elle peut changer d’avis.
La consultation pré-IVG est un temps d’information. Le praticien informera la femme, le couple sur les différentes techniques d’interruption, les avantages, les inconvénients de chacune d’elles et le déroulement des différentes consultations en fonction de la méthode choisie.
Le choix de la technique revient à la patiente, en fonction de la possibilité du terme et des habitudes du service. Ils discuteront aussi de l’après IVG. Le praticien informe la patiente sur les différentes disponibilités contraceptives (si la GNP est intervenue suite à un défaut contraceptif). La femme doit choisir le moyen contraceptif qui s’adaptera le plus facilement à son mode de vie. Ce moment est également propice pour l’information sur les IST. Un test de dépistage est proposé à la patiente. Il est important de proposer un dépistage au(x) partenaire(s). Concernant les sages-femmes, pour le moment elles doivent informer leur patiente de la nécessité de faire réaliser un dépistage d’IST à leur(s) partenaire(s) chez leur médecin traitant. L’ANSFO propose la possibilité de prescrire des dépistages d’IST au partenaire. Par la suite, il est aussi nécessaire de prévoir une consultation pour expliquer les résultats du dépistage La consultation pré-IVG est un moment d’échange et d’écoute de la femme. Le professionnel doit informer la femme qu’il est possible de consulter une conseillère conjugale ou une psychologue, qu’il est possible à tout moment de changer de décision, non pas pour la culpabiliser mais pour lui laisser «toutes les cartes en main».
Table des matières
INTRODUCTION
REVUE DE LA LITTERATURE
I. L’acheminement antérieur à une décision d’IVG
I.1 Une norme contraceptive
I.2 Une norme procréative
I.3 La grossesse imprévue
I.3.1 Définition
I.3.2 Épidémiologie
I.3.3 Grossesse non prévue chez les Adolescentes
I.3.4 Grossesse non prévue à tous les âges
II . La psychologie de la femme enceinte
II.1 Les différents schémas psychanalystes
II.1.1 Faure-Pragier
II.1.2 Mélanie Klein
II.1.3 Bydlowski
II.2 Processus psychologique de la maternité
II.2.1 Phénomène de maternité
II.2.2 L’identification maternelle
II.3 Le désir
II.3.1 Définitions
II.3.2 De nos jours
III La Prise en charge de l’IVG
III.1 Définition
III.2 Épidémiologie
III.3 Législation
III.4 Les motifs de demande d’IVG
III.5 Place de l’homme
III.6 Quels professionnels de santé concernés ?
III.7 L’entretien pré-IVG
III.7.1 Déroulement d’une consultation pré-IVG
III.7.2 Lieux possibles pour réaliser une IVG
III.8- Formation initiale et continue
III.8.1 Généralités
III.8.2 Analyse de la formation médicale autour de l’IVG
III.8.3 L’accompagnement et le soutien des professionnels
III.9. Les limites de la logistique de l’IVG médicamenteuses
METHODOLOGIE
RESULTATS
DISCUSSION
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE