Analyse des pratiques agronomiques et inventaire des bio-agresseurs de la culture de pomme de terre (Solanum tuberosum L)

Pomme de terre

Origine et répartition géographique : La pomme de terre (Solanum tuberosum L.) est originaire d’Amérique du sud, plus précisément de la cordillère des Andes et du Pérou (FAO, 2008). C’est une plante herbacée saisonnière appartenant à la famille des solanacées (Nyabyenda, 2005). Son utilisation remonte à environ 8 000 ans. L’introduction de la pomme de terre aurait commencé par une diffusion à travers des chaîne des Andes provenant de la région centrale de Bolivie et du Pérou(Rousselle etal., 1996). Elle fut introduite en Europe par les conquistadors espagnols. L’expansion coloniale des pays d’Europe et l’émigration contribuèrent à propager la culture de la pomme de terre dans le monde entier. Gouverneurs des colonies, missionnaires et colons l’introduisirent dans les plaines alluviales du Bengale, du delta du Nil, en Égypte (FAO., 2008). Dans les années 1960, la culture de la pomme de terre a commencé à s’étendre aux pays en développement.
Systématique et description botanique : Taxonomie et diversité génétique : Solanum tuberosum appartient à la famille des Solanacées. Cette famille comprend quelque 2 000 espèces, dont la tomate (S. lycopersicum L.), le poivron (Capsicum annuum L.), l’aubergine (S. melongena L. var. esculentum), le tabac (Nicotiana tabacum L.) et le pétunia (Petunia hybrida). Le genre Solanum est polymorphe et regroupe plus de 1 000 espèces qui sont surtout présentes dans les régions tropicales et subtropicales du globe (Fernald 1970; Spooner et Knapp 2013). S. tuberosum est classé dans la section Petota, qui comprend toutes les espèces sauvages et cultivées de pomme de terre tubéreuse. L’espèce S. tuberosum est divisée en deux sous-espèces : tuberosum et andigena. La sous-espèce tuberosum est la pomme de terre cultivée à grande échelle(Hawkes 1990; OECD 1997).
Position taxonomique (USDA, NRCS, 2010) : Règne : Plantes (règne végétal); Sous-règne: Trachéobiontes (plantes vasculaires); Super-embranchement : Spermatophytes (plantes à graines); Embranchement : Magnoliophytes (plantes à fleurs); Classe : Magnoliopsides (dicotylédones); Sous-classe : Astéridées; Ordre : Solanales; Famille : Solanacées; Sous-famille : Solanoïdées; Genre : Solanum L. ; Section : Petota; Sous-section : Potatoe; Série : Tuberosa; Espèce : Solanum tuberosum L.
Description botanique :
Port : Solanum tuberosum est une plante herbacée de 0,4 à 1,4 m de hauteur dont le port varie de dressé à entièrement prostré (Spooner et Knapp, 2013). Les tiges peuvent être presque glabres à densément pubescentes de couleur vertes, violettes ou marbrées de vert et de violet.
Feuilles : Les feuilles sont composées imparipennées avec trois ou quatre paires de grandes folioles latérales ovées séparées par des folioles plus petites (Spooner et Knapp 2013; Struik 2007). Le limbe des feuilles est vert moyen à vert foncé et mesure 8 à 22 cm de longueur et 5 à 13 cm de largeur. Le pétiole mesure 2 à 6 cm de longueur. Comme les tiges, les feuilles peuvent être presque glabres à densément pubescentes des deux côtés.S. tuberosum produit des rhizomes (souvent appelés stolons) qui possèdent des feuilles rudimentaires et dont l’extrémité est habituellement en forme de crochet. Ces rhizomes se forment à partir de nœuds de la base des tiges, généralement sous le niveau du sol. Il peut y avoir jusqu’à trois rhizomes par nœud (Struik 2007).
Les tubercules : Les tubercules, de forme sphérique à ovoïde, sont des renflements des rhizomes. La chair des tubercules varie de blanche à jaune ou bleue, et la peau varie de blanche à jaune, havane, rouge ou bleue. La couleur de la chair peut correspondre ou non à celle de la peau. La peau peut être lisse à réticulée ou rugueuse (Spooner et Salas 2006). À la surface du tubercule se trouvent des bourgeons axillaires comportant des cicatrices de feuilles en écaille; ces bourgeons sont les « yeux » du tubercule (Struik 2007). Lorsqu’on met un tubercule en terre, des tiges se forment à partir des yeux, ce qui produit une nouvelle génération par voie végétative.
Les inflorescences : Les inflorescences terminales, qui se trouvent généralement dans la moitié distale de la plante, sont des cymes de 5 à 11 cm de longueur (Spooner et Knapp 2013; Struik 2007). Chaque inflorescence est habituellement ramifiée et peut comporter jusqu’à 25 fleurs. Le fruit : Le fruit est une baie sphérique à ovoïde qui mesure environ 1 à 4 cm de diamètre. Le fruit peut être dépourvu de graines ou en contenir jusqu’à plusieurs centaines (Bailey et Bailey 1976). Certains cultivars peuvent perdre leurs boutons floraux de manière précoce, sont androstériles et/ou ne peuvent pas produire de fruits (Gopal 1994). Les baies sont toxiques, car elles renferment des glycoalcaloïdes (Bailey et Bailey 1976).

Importances de la pomme de terre

Importance économique : La pomme de terre, en raison de sa richesse en amidon, figure au quatrième rang des principales cultures vivrières au niveau mondial après le blé, le riz et le maïs (FAOSTAT, 2008).En 2012, la production mondiale est estimée à 365 millions de tonnes. Les cinq premiers producteurs, dans l’ordre décroissant sont : la Chine (86 Mt), l’Inde (45 Mt), la Russie (30 Mt), l’Ukraine (23 Mt) et les Etats Unis (19 Mt), représentent plus de la moitié de la production mondiale (56 %) (D.Hort, 2013). Une comparaison par continents montre que l’Asie (48,42 %) et l’Europe (31,94 %) concentrent 81 % de la production mondiale contre 11,83 % pour les Amériques, l’Afrique (7,72%) et l’Océanie (0,52 %). L’essentiel du commerce international de la pomme de terre se réalise dans l’Union européenne. Les quatre premiers pays exportateurs, Pays-Bas, France, Allemagne et Belgique, ont réalisé plus de la moitié des exportations totales de pomme de terre fraiches (54,7%). Ces pays figurent également parmi le dix premiers pays importateurs. Ils absorbent ensemble plus du quart des importations mondiales (D.Hort, 2013). Dans l’espace CEDEAO, le Nigeria est le principal pays producteur avec 1 150 000 tonnes (voir tableau1). En considérant les données de la FAO en 2008, la production des pays de l’UEMOA est négligeable au plan international.
Valeurs nutritionnelles : La pomme de terre est un aliment riche en hydrates de carbone. Fraîchement cueillie, elle contient environ 80% d’eau et 20% de matière sèche, dont 60 à 80% environ d’amidon. La teneur en protéines de la pomme de terre (en poids sec) est semblable à celui des céréales et très élevée par rapport aux autres racines et tubercules. En outre, la pomme de terre est pauvre en lipides.

Pesticides

Les pesticides sont définis comme étant toute substance ou association de substances chimiques ou biologiques, qui est destinée à repousser, détruire ou combattre les organismes nuisibles ou à être utilisée comme régulateur de croissance des plantes (FAO, 2014). Le terme inclut les substances destinées à être utilisées comme régulateur de croissance des plantes, défoliant, agent de dessiccation, agent d’éclaircissage des fruits ou pour empêcher la chute prématurée de ceux-ci, ainsi que les substances appliquées sur les cultures, avant ou après la récolte, pour protéger les produits contre la détérioration durant l’entreposage et le transport(FAO, 2002).
Les pesticides sont utilisés contre différents nuisibles et sont commercialisées sous diverses formes. Ainsi on classe les pesticides de diverses façons.
Classification selon la famille chimique : Cette classification fait référence à la nature chimique de la molécule pour les regroupés par famille (Thiam, 2004) :
LesOrganochlorés (1940): possèdent un ou plusieurs atomes de chlore peu soluble dans l’eau,solubles dans les corps gras, stables à l’air, à la lumière et à la chaleur. Ces caractéristiques leur confèrent la propriété d’avoir une persistance élevée dans l’environnement mais aussi de s’accumuler dans les graisses d’où leur danger car pouvant être responsable d’intoxications chroniques.
Les Organophosphorés (1950) : sont des esters de l’acide phosphorique, généralement très toxiques et volatils, liposolubles et moins persistants que les Organochlorés. Elles possèdent pour la plupart une toxicité aigüe élevée.
Les Carbamates (1960) : dérivés de l’acide carbamique, peu solubles dans l’eau, peu stables et souvent très toxiques. Le risque d’intoxication pour les mammifères est plus faible qu’avec les organophosphorés car l’absorption cutanée (qui compte parmi les principaux modes d’absorption) est beaucoup plus lente. Les Pyréthrinoides (1970) : Synthétisés à partir de substances naturelles (pyréthrine), faiblement volatils, très stables, et fortement liposolubles. Les applications agricoles requièrent des doses beaucoup plus faibles, d’où le plus faible risque pour l’homme. En revanche, il y’a un danger écologique important du fait qu’ils sont très nocifs pour les auxiliaires, les abeilles et les organismes aquatiques. De plus le risque d’apparition de résistance est élevé.
Les Régulateurs de croissance (1980) : rémanents, très peu solubles dans l’eau, utilisés en lutte préventive et fortement liposolubles.

Les résidus de pesticides 

Le terme résidus de pesticide désigne les substances spécifiques laissées par un pesticide à l’intérieur ou à la surface des aliments, des produits agricoles ou autres et des aliments pour animaux, ainsi que dans l’environnement, notamment dans les sols, l’air et l’eau. Ce terme comprend tous les dérivés de pesticides, tels que les produits de conversion, les métabolites, les produits de dégradation et les produits de réaction, ainsi que les impuretés jugées importantes du point de vue toxicologique ou éco-toxicologique. L’expression «résidus de pesticides» comprend les résidus de source inconnue ou inévitable (par exemple la contamination de l’environnement), ainsi que ceux qui résultent des utilisations connues et autorisées de produits chimiques (FAO.,2014).
Processus de formation d’un résidu de pesticide : Les dépôts de pesticides subissent des actions physiques et mécaniques de l’air (vents, frictions entre les feuilles, volatilisation) et surtout de l’eau (entraînement par la pluie, co-distillation).
L’eau induit une redistribution du produit sur la surface végétale des parties hautes vers les organes près du sol : phase de dégression.
Au cours de la croissance les organes de la plante augmente en masse et en surface. Cette phase correspond à la phase de dilution du dépôt : phase de dilution.
Sous l’effet d’agents chimiques et enzymatiques les dépôts sont susceptibles de se dégrader progressivement en formant des métabolites (plus ou moins actifs que le produit initial ou totalement inactifs) : phase de dégradation.
A la récolte les résidus constituent le passif du traitement phytosanitaire et une réelle menace pour la santé des consommateurs d’où la nécessité de fixer des limites maximales de résidus (LMR).

Table des matières

Introduction 
I. Synthèse bibliographique 
1.1 Pomme de terre 
1.1.1 Origine et répartition géographique
1.1.2 Systématique et description botanique
1.1.2.1 Taxonomie et diversitié génétique
1.1.2.2 Description botanique
1.1.3 Biologie de la reproduction
1.1.4 Importance de la pomme de terre
1.1.4.1 Importance économique
1.1.4.2 Valeurs nutritionnelles
1.1.5 Les bioagresseurs de la culture de pomme de terre
1.2 Pesticides 
1.2.1 Définition
1.2.2 Classification
1.2.3 Les résidus de pesticides
II. Matériels et Méthode 
2.1 Présentation de zone d’étude 
2.1.1 Cadre géographique
2.1.2 Facteurs climatiques
2.1.3 Sol
2.2 Matériels 
2.2.1 Enquête
2.2.2 Inventaire des bioagresseurs
2.2.3 Résidus de pesticide
2.2.3.1 Réactifs
2.2.3.2 Appareillage
2.3 Méthodes
2.3.1 Evaluation des pratiques agronomiques de la pomme de terre
2.3.2 Identification des principaux bioagresseurs de la culture de pomme de terre et évaluer leurs
dégâts
2.3.3 Evaluation du rendement et la qualité sanitaire des tubercules de pomme de terre commercialisables
III. Résultats et Discussion 
3.1 Analyse des principales pratiques agronomiques et phytosanitaires 
3.2 Identifier les principaux bioagresseurs de la culture de pomme de terre et leurs dégâts
3.3 Evaluation du rendement et de la qualité sanitaire (résidus de pesticides) des tubercules de pomme de terre commercialisables 
Conclusion et perspectives 
Référence 
Annexe 

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