Analyse des mouvements oculaires : quels sont les stratégies visuelles des sujets?
Nous considérons, dans cette partie, les stratégies visuelles comme les manières dont un observateur déploie les différents mouvements oculaires possibles lors de l’exploitation d’une image. Existe-t-il une stratégie visuelle unique et applicable à l’ensemble des cartes de notre échantillon ? Pour se faire, nous avons dans un premier temps regardé de manière globale les résultats de tout l’échantillon et dégagé des irrégularités ou des éléments répétitifs. Puis il sera intéressant de prendre appuis sur des cas particuliers pour montrer les disparités qu’il existe entre les groupes (témoin, utilisateur régulier, concepteur). En effet, pour une grande majorité de personnes et sur quasiment l’ensemble des cartes, le regard parcours les deux principaux éléments à savoir la zone graphique et la zone de texte, sans omettre l’un d’eux. Si l’on prend pour exemple la carte 2, dès la troisième seconde, 80% des sujets ont regardés les deux éléments dans un ordre bien précis : Le titre est l’élément cherché en premier par le regard car il possède une fonction particulière : fournir la première information et aider à interpréter la carte. De plus, nous savons notre culture commune basée sur l’apprentissage de la lecture fait que les zones de texte attirent particulièrement l’œil. En rouge sont représentées les cartes donc le titre figure en bas et en bleu les cartes dont le titre est en haut. En fonction des cartes, entre 11% et 34% des 15 secondes est reservé à la lecture du titre. En ce qui concerne la carte 1, 7 personnes sur 25 n’ont pas regardé le titre. 6 personnes n’ont pas regardé le titre de la carte 8. A l’inverse, l’ensemble de l’échantillon à regardé le titre de la carte 6, même de manière extrêmement rapide. La position du titre est donc plus que déterminante pour permettre la lisibilité de ce dernier. La position optimum du titre serait donc en haut de la carte. Cette conclusion est conforme avec les recommandations incluses dans le PFE d’Aude Bignard et les conclusions d’Era-net CRUE 1.
Si l’on prend les cartes à position égale 1 et 8 (titre en bas) on s’aperçoit que le titre de la carte 8, écrit plus gros, est légérement plus régardé. Il en est de même entre les cartes 3, 6 et 9, pour lesquelles le titre 3, plus petit que les deux autres, présente un nombre de fixations inférieur. Sur cet extrait de la carte 7, vu par une personne du groupe « témoin », ce phénomène de recherche de légende est particulièrement parlant. Si les points de fixation 2 et3 se situent au cœur de la carte, les points 4 et 5 sont sur le titre, tandis que les points 6 à 13 sont consacrés à la lecture de la légende. En fonction des cartes, entre 19 et 46% des 15 secondes totales ont été réservées à l’observation de la légende. Après avoir appréhendé cette dernière, le regard est retourné vers le centre de la zone graphique. Là encore, l’analyse spatiale par zones d’intérêt va permettre de nuancer ce constat. En vert est représentée la carte dont la légende figure à gauche, en bleu la carte dont la légende est en bas, en rouge elle est en haut à droite et enfin en jaune, à droite. On constate que le regard se fixe deux fois plus sur la légende lorsque celle-ci est à droite. Il est possible de différencier certaines zones, en fonction de la composition de la légende. La carte 7 se prête bien à l’étude des figurés surfaciques. En effet, on y trouve des aplats de couleurs vives, des aplats de couleurs claires, et des textures. L’analyse dynamique montre que les aplats de couleurs claires sont lus tardivement et peu observés. Même si leur localisation, plus éloignée de la carte, est certainement en partie responsable de ce phénomène, il s’agit d’une illustration de l’attrait des couleurs vives. Ces deux graphiques, correspondant respectivement au nombre de fixations, et à leur durée totale, montrent clairement que les aplats de couleurs vives attirent plus le regard que les textures, malgré les couleurs relativement vives de ces dernières. On peut là encore nuancer cette constatation, car les textures sont situées sous les aplats.