Le développement rapide des technologies de l’information et de la communication (nC) a favorisé l’ apparition de nouvelles structures communicationnelles: le courner électronique, les forums de discussion, la messagerie instantanée (chat), les réseaux SOCIaux (Facebook, Twitter, Instagram, etc.), les échanges écrits depuis un cellulaire, etc. La popularité de ces nouveaux supports de communication est telle que, à l’échelle mondiale, on estime que sur les 3 025 milliards d’internautes, 2060 milliards sont abonnés à un réseau social (Blog du modérateur, 2015). Cela représente plus de 60 % des internautes et tout près de 30 % de la population mondiale. Dans la foulée, ces récentes façons de communiquer ont laissé place à de nouvelles formes d’écrits adaptés à la réalité des échanges: le courriel, les textos (OQLF, 2010), etc. Ces récents médias communicationnels qui ont créé de nouvelles formes d’ écriture ont leur langage « propre au degré d’urgence à communiquerl » (Dejond, 2002). Ce phénomène technologique, devenu une source de réflexion linguistique, accentue la dualité de la langue. Depuis toujours, il existe la langue parlée et, bien dissociée de la première, celle que l’on écrit. Bien qu’ils servent tous deux à communiquer et donc à exprimer la langue, l’oral et l’ écrit sont deux codes complètement différents et dont la qualité semble s’ opposer selon le contexte de réalisation de la production langagière (ex. : conversation officieuse versus écrit administratif). En fait, l’oral bénéficie de certaines tolérances que la norme refuse à l’écrit. La langue parlée, lorsque mise en relation avec des situations de communication officieuses, est plutôt marquée par la familiarité du discours. C’est que les échanges en temps réel entraînent forcément la spontanéité de la communication et ce rythme dynamique semble favoriser une langue plus familière (Ostiguy et Tousignant, 2008). Ce registre peut toutefois être remis en cause selon le contexte de la communication (ex. : entretien d’embauche, colloque, etc.) et selon le type d’activités discursives (ex.: transactionnelle, argumentative, descriptive, narrative, etc.) (Kerbrat-Orecchioni, 2003). À l’opposé de cette langue familière, le registre soutenu, aussi appelé standard, tend à se rapprocher du français international. Il s’agit d’une langue plus surveillée qui s’utilise dans les situations officielles et les écrits.
Dans notre analyse de l’usage de la langue écrite des utilisateurs québécois dans l’exploitation d’un média communicationnel électronique, ce qui nous intéresse, c’est la relation qui s’établit entre le français écrit sur un réseau social comme Facebook et la langue orale telle qu’on la décrit dans les ouvrages de référence et les études plus théoriques dont elle a été l’objet d’analyse.
Plusieurs études ont établi que les modalités et les contextes de la communication exercent une influence sur la qualité de la production langagière, lorsque réalisée en synchronie (Pierozak, 2003). D’autres auteurs ont bien démontré que la langue écrite sur les réseaux sociaux se compose d’un anglais francisé, d’écrits oratoires, d’abréviations, d’ellipses, etc. (Dejond, 2002). Des travaux ont également attesté la prédominance des fautes de ponctuation à l’intérieur de ces médiums (Maurais, 2003).
Ces études ont permis d’ analyser des corpus larges et souvent constitués à partir d’échantillons provenant de plusieurs régions, voire de plusieurs pays. Elles ont mis en lumière les caractéristiques distinctives de la communication médiée par ordinateur, tout comme elles ont pu faire état de la situation linguistique en certains endroits ciblés. Toutefois, dans la plupart des cas, le support communicationnel n’était pas privé et, pour certaines études, les conversations répondaient à un processus synchrone. Notre recherche, qui emprunte certaines lignes directrices communes à ces études (ex. : le français écrit comme objet d’analyse), s’intéresse plutôt à un média donné (Facebook), à un type d’ écrits asynchrones précis (messages ou statuts) et à un groupe ciblé de francophones (Québécois, 18-25 ans). De plus, nous orientons notre analyse vers le parallèle à établir entre l’oral et l’écrit. Plus précisément, nous cherchons à voir si l’analyse d’un corpus de cent messages rédigés par des Québécois (18-25 ans) saura montrer, d’un point de vue normatif et par une analyse statistique, comment l’oral change le rapport à l’ écriture en lui partageant ses imperfections (Dejond, 2002).
Notre recherche se réalise en plusieurs temps, dont un premier dans lequel nous exposerons notre problématique de même que les obj ectifs poursuivis par notre projet. Nous mettrons également en lumière des travaux qui tracent les lignes directrices de notre analyse.
Dans un deuxième temps, nous aborderons les concepts qui définissent les paramètres d’analyse de notre recherche. Il sera question de la norme linguistique, de la dualité de la langue française de même que de cinq composantes majeures du français: l’orthographe d’ usage, l’orthographe grammaticale, la ponctuation, la syntaxe et le vocabulaire.
Dans un troisième temps, nous présenterons notre méthodologie et notre processus d’ analyse, et expliquerons le choix et la constitution de notre corpus, en plus de montrer le traitement appliqué aux fautes relevées.
Dans un quatrième temps, nous exposerons les résultats de notre analyse des cent messages qui constituent notre corpus. Les fautes seront présentées dans cinq catégories elles-mêmes subdivisées en plusieurs sous-catégories. Nous insisterons sur les plus significatives, celles pour lesquelles nous aurons relevé le plus d’occurrences, en prenant soin d’identifier rigoureusement les composantes linguistiques les plus touchées par les écarts de la langue.
Enfin, dans un cinquième temps, puisque les études associent souvent l’oral à une réalisation fautive de la langue lorsqu’elle s’ exprime dans un contexte officieux, nous utiliserons les écarts répertoriés dans les messages écrits pour établir un parallèle entre la langue parlée et les communications tirées de Facebook. Il s’ agira essentiellement de partager notre raisonnement interprétatif sur certains éléments fautifs spécifiques de la langue qui semblent être des indicateurs de la présence du français oral dans le discours écrit.
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