Analyse des facteurs à l’origine des déplacements
Appréhender et comprendre le processus décisionnel à l’origine d’un déplacement revient à poser la question, pour l’individu « faut-il effectuer un déplacement ? ». Il s’agit en fait de comprendre la motivation du déplacement de l’individu. Notre objectif est donc d’étudier les méthodologies d’analyse des liens entre le processus de choix à l’origine de la mobilité et les variables démographiques ou économiques de chaque zone. Nous établirons dans un premier temps l’ensemble des définitions nécessaires à la compréhension de la mobilité et plus particulièrement concernant la décision ou non d’effectuer un déplacement. Cette étape préalable nous permettra par la suite de dresser un tableau des méthodologies actuelles concernant l’analyse des facteurs à l’origine des déplacements. Pour finir, nous étudierons les possibilités d’application d’une approche spécifique, l’approche désagrégée, à une telle analyse. 1. Principes et définitions Selon les modèles courants, les déplacements relatifs à une zone géographique donnée sont répartis en deux grandes catégories : les déplacements qu’elle émet, et ceux qu’elle attire [GTMT, 2001]. Les émissions sont définies par l’ensemble des déplacements dont l’origine est située dans la zone. Les attractions correspondent quant à elle à l’ensemble des déplacements reçus par la zone et dont la destination se situe dans la zone (figure 17). Ces définitions, qui peuvent paraître triviales, sont nécessaires et amènent une interrogation : qu’est-ce qu’une destination ou une origine et comment définir un déplacement ? La personne se rendant à son travail mais s’arrêtant en route pour acheter du pain connaît-elle une ou deux destinations / origine et effectue- t-elle un ou deux déplacements ?
Déplacements / activités
La première question à se poser concerne tout d’abord l’identification même d’un déplacement. Quelle durée, quel but ou quelle distance peut justifier d’un déplacement ? Est-ce qu’un individu traversant la rue pour aller acheter du pain effectue un déplacement déplacement, est-ce que ce même trajet doit être pris en compte pour un autre motif tel que poster une lettre ou pour un tri sélectif de déchets ? Il va de soi que ces questions doivent s’adapter au contexte et au but que l’on veut accorder aux données. De même le choix effectué pendant la production des données conditionne fortement les définitions que nous retenons. 1.2. Sortie / déplacement Reprenons l’exemple d’une personne partant de son domicile (zone A) se rendant à son travail (zone C) mais effectuant un arrêt pour un achat en route (zone B) puis retournant à son domicile une fois sa journée finie. Combien cette personne accomplit-elle de déplacements ? Différentes réponses peuvent alors être proposées : un déplacement dont le motif est le travail deux déplacements pour les motifs successifs de travail et de domicile trois déplacements pour les motifs achats, travail, domicile Dans le cas où l’on retient trois déplacements, quelle zone émet un déplacement ? La zone A d’où est partie la personne, ou la zone A et la zone B, toutes deux à l’origine de déplacements pour les motifs respectifs d’achat et de travail ? (figure 18) On différencie habituellement les notions de sortie, de chaîne de déplacements, et de déplacement [Zhang et al, 2001]. La sortie correspond à un ensemble de déplacements et de motifs pour lesquels la destination et l’origine sont confondues. La notion de chaîne correspond à la succession de déplacements pour des motifs différents entre une zone de départ et une zone d’arrivée attachée au motif principal. Il devient alors nécessaire de discerner un motif principal de motifs secondaires. Enfin, le déplacement est défini par le CERTU comme « le mouvement d’une personne, effectué pour un certain motif, sur une voie publique, entre une origine et une destination, selon une heure de départ et une heure d’arrivée, à l’aide d’un ou plusieurs modes de transport » [CERTU, 1998a]. On peut essayer de différencier une sortie multi-motifs d’une succession de motifs séparés pour écarter ce problème. On prend alors pour principe que pour être qualifié de motif unique, le déplacement qui le concerne doit être séparé par une certaine durée des autres déplacements.