Analyse des 3 pratiques identifiées
Interviews des parties prenantes Pour aborder l’utilisation des 3 pratiques identifiées dans la prise en charge du cancer, des entretiens auprès de différents acteurs (2 patients, 3 oncologues, 3 infirmières, 4 naturopathes, 2 sophrologues) ont été réalisés et résumés dans cette partie. Malheureusement les acupuncteurs n’ont pas répondu aux sollicitations d’entretien. Il est important de notifier que le contexte du Covid n’a pas facilité la démarche. Malgré les délais très courts, toutes les personnes interviewées ont été très enthousiastes à l’idée d’apporter de la granularité à ce travail. Par souci de clarté, un résumé par pratique sera réalisé plutôt qu’un retour individuel. Les patients : La première patiente était présidente d’une association proposant des soins de supports aux patients atteints de cancer. Elle-même touchée par cette maladie, la pérennité de l’association lui tenait vraiment à coeur. « Aujourd’hui encore, le cancer est une maladie dévastatrice. Physiquement mais aussi psychologiquement. C’est pourquoi l’association a eu l’idée de proposer aux hommes et aux femmes atteints de cancer ainsi qu’aux aidants de participer gratuitement à une vingtaine d’ateliers individuels et collectifs divers de soins de supports (conseils en image, salsa, pilates, massages, réflexologie plantaire, psychologie, sophrologie, marche nordique etc.) » La problématique principale de l’association est la source de financement. En effet l’objectif est de proposer des ateliers gratuitement aux adhérents de l’association (patients et accompagnants) « à l’exception d’une modeste cotisation d’adhésion de 20 euros par an ». L’association fait donc appel à des partenariats et des dons et explore aussi la piste d’un engagement des pouvoirs publics à travers des plaidoyers au sénat en faveur d’une prise en charge accrue des soins de supports par l’État. Pour une autre patiente, l’ampleur psychologique dans la lutte contre le cancer est une dimension très importante. La question de la cause de l’apparition de la maladie est souvent abordée (« pourquoi moi ? »), le rapport au corps et à la maladie est ébranlé et enfin il est difficile d’intégrer des émotions liées à la gravité de la maladie. Mais, le plus dur – d’après cette patiente- au niveau du psychologique est l’après cancer. En effet, le patient peut se retrouver totalement démuni face à l’arrêt des traitements et la nécessité de se remettre à vivre le plus normalement possible. L’appel aux médecines complémentaires et alternatives donne une « liberté d’agir » qui est très importante pour les patients qui se retrouvent souvent face à « un paternalisme médical » et le sentiment de ne « plus mener sa vie ». Les oncologues : Les 3 oncologues interviewés avaient une implication importante dans les médecines complémentaires. Le premier oncologue était Oncologue médical au CHU de Grenoble et responsable pédagogique du Diplôme Universitaire sur les « Thérapies complémentaires : Place face aux Maladies Chroniques et en Cancérologie » depuis 3 ans. « Suite à la demande croissante des patients dans les années 2000 une orientation vers les thérapies complémentaires a été nécessaire. » Au sein du CHU 4 pratiques sont actuellement proposées : l’art thérapie, la socio-esthétique, la réflexologie et l’hypnose. L’art thérapie a pour but d’« engager la personne en souffrance sur le plan physique, psychique et social, en potentialisant les pouvoirs de l’art, dans un projet d’amélioration de sa qualité de vie. » La socio-esthétique a un rôle important chez les patients atteints de cancer.
La réflexologie permet aussi de soulager les nausées et vomissements ainsi que les neuropathies induites par la chimiothérapie. L’objectif global est d’améliorer le bien-être du patient. L’implantation de ces pratiques à l’hôpital a été difficile notamment pour une question de financement. La socio-esthétique, la réflexologie et l’art thérapie sont donc pris en charge par une association locale : AGARO (Association Grenobloise d’Aide et de Recherche en Oncologie). (L’hôpital fournit des fiches de paie pour reconnaître l’intervention des praticiens de l’association et le paiement final est effectué par AGARO). Un docteur pratique l’hypnose bénévolement. La réflexologie a aussi connu un frein lors de son implantation au sein de l’hôpital car cette pratique aborde une question de massage qui est de l’ordre de compétence des kinésithérapeutes. « La principale difficulté rencontrée dans les thérapies complémentaires est financière. En effet l’association AGARO éprouve des difficultés de financement. L’option d’une aide de la part de l’ARS n’étant possible que pour la nutrition et l’activité physique adaptée. »