L’ETAT ET L’EVOLUTION DE LA VEGETATION RESIDUELLE DE QUELQUES TERRAINS VOLCANIQUES DE LA PRESQU’ILE DU CAP-VERT
La Presqu’île du Cap-Vert : Cadre physique
La Presqu’île du Cap-Vert est limitée par l’Océan Atlantique sur les trois cotés et possède deux Caps : au Nord elle limitée par le Cap des Almadies et au Sud par le Cap Manuel. Sa position avancée dans l’Océan lui confère un climat adouci par rapport à l’intérieur du pays. I. Géologie La Presqu’île du Cap-Vert s’intègre dans le bassin sédimentaire sénégalomauritanien daté du Crétacé. La géologie de la région de Dakar détermine largement son relief. On rencontre trois formations géologiques principalement dans la région de Dakar : • les roches volcaniques du Tertiaire et du Quaternaire (tête de la Presqu’ile du Cap-Vert) • les dépôts du Quaternaire (zone des Niayes) • la série sédimentaire de Dakar (calcaires et marnes) de l’Eocène moyen (Tertiaire et Secondaire) que l’on retrouve dans le reste de la région de Dakar. Il y a 5 à 7 millions d’années (Miocène), une importante phase volcanique met en place ce qu’on appelle le « système volcanique de Dakar ». Ce système, centré en mer, s’étendait au Sud et à l’Est de Dakar. Selon Elouard (1955) quatre phases de volcanisme intéressent la Presqu’île du Cap-Vert. Ndiaye en a cité deux : celui du Quaternaire et du Tertiaire.
Iles de la Madeleine
Situées à l’Ouest de la Presqu’île du Cap-Vert à 2km du point continental le plus proche (Pointe de Fann), les îles de la Madeleine sont constituées : d’une île principale –île Madeleine ou île aux Serpents- d’une superficie de 17 ha (longueur 600 m, point culminant à 30 m), et d’un groupe d’îlots dont la superficie totale dépasse à peine l’hectare. Ces îlots Lougne (27m d’altitude maximale), sont distants de la grande île de 250m. Les îles Lougnes sont très difficiles d’accès et correspondent à des affleurements rocheux à environ 250 m au sud-est de l’île principale, une partie maritime 24 L’état de l’évolution de la végétation résiduelle de quelques terrains volcaniques de la Presqu’île du Cap-Vert correspondant à une bande de 50 m en marée basse ceinturant les îles et d’une superficie de 22 ha. Du point de vue géologique, l’île de la Madeleine comme les quatre autres îles qui ceinture l’Atlantique sont le résultat de l’activité volcanique qui a régné à la fin du tertiaire: Oligo-miocène (-35,5 à -5,3 M.A.), au niveau de la Presqu’ile du Cap-Vert, au même titre que les formations de la Pointe de Fann, du Cap Manuel et de l’île de Gorée. Elles sont les témoins d’un ensemble volcanique plus vaste, maintenant démantelé par l’érosion. La partie centrale est couverte par une formation latéritique qui peut varier entre 50 à 100 cm d’épaisseur. Elle forme une Cuesta tout autour de l’île à l’exception des parties Ouest mettant ainsi en évidence un replat qui s’ouvre sur l’océan où affleurent des roches basaltiques. Elle est localement entaillée par des Oueds remplis d’argile de couleur sombre. (DPN, Mars 2010) .
Les falaises du Cap Manuel : la forêt classée de la Corniche
D’origine volcanique, elle se limitait au Côte Est par le Port de Dakar à la limite des terrains militaires du Cap-Manuel, les pentes et falaises surplombant la route de la Corniche. Ce vaste ensemble s’intègre dans le volcanisme du tertiaire, surmonté par une cuirasse ferrugineuse cependant disloqué par l’érosion marine. «Il faut noter l’importance que revêt cette cuirasse qui s’éboule souvent en gros blocs au pied des falaises, sur la végétation puisqu’il s’agit d’une carapace offrant peu de possibilité de pénétration aux plantes ligneuses pourvues d’un appareil radiculaire développé en profondeur » (Ndiaye 1976) Carte 3 : Localisation des falaises du
Le ravin de Tafassa
D’époque Pléistocène (entre 1,08 et 0,1 M.A.), le ravin s’intègre dans la phase volcanique du quaternaire et plus précisément du système volcanique de Mamelles. Situé au pied de la grande Mamelle, le ravin de Tafassa est creusé dans les cinérites et est occupé par une fourré arbustive dense caractéristique du domaine soudano-guinéen. Carte 4 : Localisation du ravin de Tafassa 27 L’état de l’évolution de la végétation résiduelle de quelques terrains volcaniques de la Presqu’île du Cap-Vert
L’île de Yoff
Située à 200 mètre au large de Yoff et faisant face aux villages de Tonghor et Ndénatte, l’île de Teunguène est issue des épanchements du volcanisme Quaternaire des Mamelles (Ndiaye 1976). D’une superficie d’à peine 2000m², elle comprend au Nord une petite falaise de 9 mètres d’altitude qui constitue son point culminant (Dia, 2006) et au Sud un plateau faiblement incliné en direction du SudOuest, se terminant sur une petite plage en régression occupée par de gros blocs. Photos 1 et 2 : dépôts de gros blocs sur l’île de Yoff respectivement au bas du plateau au Nord et au niveau de la plage au Sud-Est, Seck Assiétou, Décémbre 2013. 28 L’état de l’évolution de la végétation résiduelle de quelques terrains volcaniques de la Presqu’île du Cap-Vert Carte 5 : Localisation de l’île de Yoff 29 L’état de l’évolution de la végétation résiduelle de quelques terrains volcaniques de la Presqu’île du Cap-Vert II. Les sols Le sol est l’élément de base pour toute formation végétale ; c’est de lui qu’elle tire toutes les substances nécessaires à son accroissement. La pédogenèse du substrat volcanique de la tête rocheuse est principalement marquée par des formations argileuses dues à la décomposition des feldspaths du matériel basanitique et doléritique.
Différents caractéristiques -compacts, peu perméables permettent d’amoindrir l’émigration des éléments en profondeur et ainsi ralentir l’infiltration. Le matériel épanché par les manifestations des éruptions volcaniques, a été érodé par les ruissellements, par l’érosion éolienne mais aussi par l’altération chimique. Ainsi plusieurs types de sols se sont individualisés : • Sols minéraux bruts ou squelettiques • Sols indurés • Sols argilo-sableux • Sols argileux III. L’hydrologie locale – L’hydrologie souterraine L’hydrologie de la tête rocheuse est marquée par la présence de nappes aquifères. En effet, « la nappe des sables infrabasaltiques de la tête de presqu’île du CapVert est un aquifère dont la structure est relativement complexe: étant captif dans sa partie occidentale, où il est multicouche, il devient libre dans la partie orientale qui constitue la zone principale d’alimentation par les eaux de pluie» (Gueye, 1983). Cependant, la baisse de la nappe phréatique liée. à la série d’année sèche des années 1970, s’y ajoute l’imperméabilité des sols plus ou moins prononcée dû au faciès argileux et l’accroissement exponentielle des bâtis en relation avec l’urbanisation progressive d’une partie du bassin versant (Ndiaye, 1976) avec comme conséquence majeur l’imperméabilité des zones bâti laissent penser à un probable baisse de l’alimentation la nappe contribuant dans une bien moindre mesure à la dégradation des groupement végétaux. 30 L’état de l’évolution de la végétation résiduelle de quelques terrains volcaniques de la Presqu’île du Cap-Vert – L’hydrologie marine Il s’agit des courants marins qui intéressent le littoral cap-verdien. À Dakar, la marée varie entre 0,4 m et 1,6 m par rapport au zéro hydrographique en période de vives eaux et entre 0,7 et 1,3 m en période de mortes eaux.
La position avancée de Dakar dans l’Atlantique et la présence de hauts fonds et d’îles ainsi que les variations saisonnières annuelles influent largement sur la circulation Le fonctionnement annuel suivant caractérise la région du Cap Vert : en saison sèche : on note la circulation des courants des Canaries issu de l’Alizé maritime du Nord vers le Sud, parallèlement à la côte, les eaux littorales sont froides et riches, en saison des pluies : on observe un contre-courant équatorial portant du Sud vers le Nord, ces eaux océaniques sont chaudes et pauvres. IV. Climat Le Sénégal fait parti de la zone intertropicale Nord et a un climat tropical à saisons très contrastées marqué par une saison pluvieuse de trois mois de Juin à Septembre et une saison dite «sèche» d’Octobre à Mai. Cependant le climat n’est pas uniforme dans tout le territoire national. En effet la Presqu’île du Cap-Vert qui a une position avancée dans l’océan Atlantique, est caractérisée par un climat de type côtier influencé par les alizés maritimes et la mousson qui s’établissent respectivement de Novembre à Juin et de Juillet à Octobre suivant des directions N-NW et S-SE (Nzengue 2012). V. Végétation L’aspect verdoyant de la flore de la Presqu’île du Cap-Vert est indéniable «cette terre produit en assez grand nombre des baobabs, les plus monstrueux de tous les végétaux. J’en ai compté près de 60 dans la pointe du Cap-Vert.
Leurs branches chargées de feuilles donnent à ce cap un aspect verdoyant, et c’est à ces arbres seulement qu’il doit son nom» (Golberry cité Diagne Marème, 2007-2008) « La presqu’île du Cap-Vert ne paraît pas au premier abord mériter ce nom ; l’aspect en est terne, le pays sec, aride et peu boisé ; cependant cette péninsule a été couverte de forêts, et son sol est des plus riches » Th. Lécard, jardinier du gouvernement, (cité par Diagne Marème). 31 L’état de l’évolution de la végétation résiduelle de quelques terrains volcaniques de la Presqu’île du Cap-Vert Ces deux versions montrent, de prime à bord, l’évolution de la flore de la Presqu’île du Cap-Vert. Sa dégradation remarquable a interpélé un certain nombre d’explorateurs et auteurs qui à l’instar de Th. Lécard en avait fait la remarque déjà dans la deuxième moitié du XIXème siècle, et plus précisément le 21 août 1866. (Diagne Marème, 2007-2008) Cette évolution régressive, qui continue jusqu’à nos jours, sera étudiée dans les pages qui vont suivre par une analyse des dynamiques qui ont concouru à la réduction et au maintien de la flore en situation prostrée. Conclusion partielle En somme, le faciès généralement argileux des terrains volcaniques ont permis la mise en place d’une végétation plus ou moins dense. Grace à des facteurs biologiques et édaphiques (topographique, hydrologique et climatique) un certains nombres d’espèces ont pu se maintenir dans des zones prostrés à l’abri de la poussée démographique.
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