ANALYSE DE LA TERRITORIALISATION DES POLITIQUES PUBLIQUES
DISCUSSION DES CONCEPTS
Pour bien aborder notre recherche, nous jugeons nécessaire de discuter les concepts qui constituent notre thème. La compréhension de ces concepts nous permettra de mieux appréhender les rapports qui existent entre eux.
Territorialisation
Le territoire traduit un mode de découpage et de contrôle de l’espace garantissant la spécificité et la permanence, la reproduction des groupes humains qui l’occupent. Plus que le terme générique de territoire, ce sont les dérivés et qualificatifs qui ont amplifié la fortune de ce concept : territorialité, territorialisation, développement territorial. Le concept de territorialisation est l’objectif ultime d’une action publique concertée et adaptée. La territorialisation des politiques publiques, selon François COLLIGNON et al implique le passage d’une politique uniforme, pour laquelle les mêmes règles sont applicables sur l’ensemble du territoire de compétence, à une politique adaptée aux spécificités des espaces identifiés » .Pour Tony CANTAVE (2014), la « Territorialisation du développement local et des politiques publiques passe par la définition et la mise en œuvre d’une stratégie de développement qui permet d’adapter les politiques sectorielles aux contraintes du territoire. »16 Elle doit aboutir à une meilleure appropriation des politiques publiques par les acteurs concernés au niveau local, grâce à une meilleure information de la prise de décision de leurs besoins. La territorialisation renvoi à la spatialisation c’est-à-dire au processus de construction d’un projet de société de territoire.La territorialisation des politiques publiques se définit comme l’inscription des politiques publiques de manière coordonnée et complémentaire au sein des territoires et doit permettre une meilleure appropriation de celleci par les acteurs concernés au niveau local ».
Politiques publiques
Une politique publique peut être définie comme un ensemble de programmes, de procédures et de régulations d’intérêt général envisagés pour le développement dans un domaine donné Jean Claude Thoenig (cité par MBOW, cours de géopolitique DEA) précise à ce sujet que« le pouvoir, ce sont aussi des ressources que l’on mobilise, des procédures que l’on choisit, des publics et des assujettis que l’on administre, des enjeux collectifs que des politiciens et des bureaucrates transforment en problèmes, en décisions, en interventions, en budgets…Etudier les politiques publiques, c’est traiter de l’action gouvernementale. » , les politiques publiques se reconnaissent par : un ensemble de mesures structurantes visant des résultats concrets à l’échelle macroéconomique ou sectorielle ; des éléments de décision ou d’allocation de nature plus ou moins autoritaire que l’appareil étatique impose à son environnement ; leur impact sur un certain nombre d’individus, de groupes et d’organisations dont l’intérêt, la situation ou le comportement subit par voie de conséquence une modification ; la filiation entre les actes d’apparence isolés et des orientations explicites ou implicites auxquelles elles sont rattachées. Pour une bonne politique de développement local, il faut donner un certain nombre de responsabilités aux territoires d’où le transfert des compétences et la territorialisation des politiques publiques. Ces politiques nécessitent une bonne gouvernance locale pour aspirer à un développement. Ainsi, le concept de politique publique englobe deux termes fondamentaux que sont le développement local et gouvernance locale
Le développement Local
Le Local Parler du local
« c’est parler d’un territoire géographiquement petit, dans lequel chaque individu ou chaque acteur se reconnaît. La nature des acteurs et leur rayon d’intervention déterminent évidemment la dimension de ces territoires »19 . Le local est aussi le niveau de la proximité, en ce sens qu’il est connu, investi et partagé par les sociétés qui y vivent. C’est à la fois l’espace résidentiel, où l’on trouve l’essentiel des services quotidiens, où l’on maîtrise les espaces publics. A ce titre, le local constitue une échelle particulièrement propice à l’intégration et à la participation de tout un chacun, favorable à la mobilisation sociale et par conséquent au développement. Le développement local est défini par Diop Amadou. (2014), dans son cours de licence III, (le développement local, 1970-1990), comme une alternative à la vision centralisée de l’Etat et des acteurs locaux20. Il repose sur des actions mobilisant les initiatives locales au niveau des petites collectivités et des habitants. Donc de par notre analyse, il constitue un ensemble d’actions coordonnées créatrices d’activités, d’emplois et de richesses et dont la gouvernance territoriale est un des fondamentaux. Le développement local est une gestion des problèmes des populations avec une participation des acteurs locaux. Selon Thiendou Niang (2003), « un projet de développement local tire sa pertinence de la reconnaissance de la pluralité des légitimes qui cohabitent dans les collectivités et qui décident de façon consensuelle de leur propre vision et de leurs propres priorités.21 Le développent local est en d’autres termes une approche volontariste axée sur un territoire restreint qui conçoit le développement comme une démarche partant du bas, privilégiant les ressources endogènes. Il implique de ce fait une bonne gouvernance.
Gouvernance locale
Le terme gouvernance d’origine anglaise et un concept ancien qui a été réactivé par la Banque Mondiale(B.M) et le Fond Monétaire International(F.M.I) au milieu des années 1980. Elle pourrait se traduire par une manière de diriger une politique, des actons et des affaires de l’Etat. Demba Sy (1998) la définit comme « la capacité des autorités locales en charge de la collectivité locale à gérer avec transparence et équité les compétences transférées et les ressources existantes dans le respect des libertés individuelles et collectives». 22 Une bonne gouvernance locale nécessite une grande maitrise des affaires locales par les élus locaux. A cet effet, selon Richard STREN, le terme gouvernance« suggère une plus grande diversité dans l’organisation des services, une plus grande flexibilité, une variété d’acteurs, jusqu’à une transformation des formes que pourrait prendre la démocratie locale, et la prise en compte des citoyens et consommateurs, ainsi que la complexité de nouvelles formes de citoyenneté» (Le Galès 1995,60). D’une manière générale la gouvernance locale est un outil de la décentralisation car permettant aux différents acteurs de s’impliquer dans la gestion transparente et efficace des collectivités locales.
SIGLES ET ABBREVIATIONS |