Analyse de la flexibilité des usages électriques résidentiels
Chauffage électrique
Le chauffage électrique (pompes à chaleur inclues) représente un quart de la consommation totale électrique résidentielle et ce secteur est un des gros responsables de la pointe saisonnière pendant l’hiver, où la sensibilité du système électrique approche les 2 300 MW/°C [RTE, 2011], i.e. pour chaque réduction d’un degré Celsius de la température extérieure, il faut injecter dans le réseau électrique 2 300 MW. De plus, actuellement les systèmes de chauffage électrique sont présents dans 7 millions de logements principaux, pour un totale d’environ 25 millions, ce qui représente 9% de la consommation nationale d’électricité [EDF, 2005]. Pour comprendre les modes d’opération et de régulation des différents systèmes de chauffage, nous allons présenter la description du fonctionnement des principaux équipements et puis faire une analyse sur les caractéristiques d’usage et sur les évolutions technologiques.
Description des systèmes de chauffage
Le système le plus répandu dans les logements résidentiels français est le chauffage électrique à effet Joule. Cependant il existe plusieurs types d’émetteurs. Une description des différents émetteurs est faite ci‐dessous. Les pompes à chaleur sont aussi décrites car ces systèmes sont de plus en plus vendus et leur développement est renforcé par les nouvelles réglementations thermiques.
Convecteur électrique
Le principe de cet appareil est : faire entrer l’air froid en bas et ensuite le chauffer avec une résistance électrique (Figure 1‐4). Finalement l’air va sortir par la partie supérieure du convecteur (« Grille à ailettes » ‐ Figure 1‐1). La lecture de la température de l’air se fait par une sonde et le contrôle de la température est fait par un thermostat soit mécanique (Bïlame, bulbe, tension de vapeur) soit par un thermostat électronique (PI ou PID). Les appareils plus récents sont, presque tous, équipés de thermostats électroniques. La partie radiative d’un convecteur électrique est d’environ de 5 à 10 % (part arrière comprise) [Bézian et al., 1997]. Le poids maximal de ses systèmes peut aller jusqu’à 8 kg. L’utilisateur pourra ajuster la température de la pièce en modifiant soit la position du thermostat dans le boîtier, soit en modifiant le mode de fonctionnement. Les modes de fonctionnement existants généralement sont : • Confort : Programme utilisé pendant les heures d’occupation ; • Eco : Programme utilisé pendant les heures d’inoccupation, soit 2‐4 °C de moins que la fonction confort ; • Hors‐gel : Programme où le thermostat est modifié pour une température de consigne d’environ 7°C ; • Arrêt : le chauffage est éteint. Chaque équipement peut chauffer efficacement des pièces de 15‐20 m² où le plafond n’est pas très haut. A cause de leur forte émission de chaleur par convection ces systèmes entrainent une plus grande stratification que les autres systèmes, i.e. la température augmente avec la hauteur jusqu’à 1.2°C par mètre dans les bâtiment anciens et 0.5°C dans les bâtiment bien isolés [Bézian et al., 1997]. Les puissances de chauffage vont généralement de 750 jusqu’à 2000 Watt. Ces équipements peuvent aussi être contrôlés par une unité centrale ou ils peuvent avoir programmation hebdomadaire embraquée. La communication avec l’unité centrale est faite normalement par fil pilote (courant porteur) ou par wifi.
Panneau Rayonnant
Il existe deux types de systèmes rayonnants : Ouverts et Fermés. Systèmes Ouverts : Ce type de chauffage est constitué par un corps de chauffe et par une grille alvéolée, pour protection, et il libère une grande partie de la chaleur par rayonnement (environ 40% selon [Bézian et al., 1997]). Selon la norme NFC 79‐251 la température de la grille ne doit pas dépasser 90°C. Figure 15 – Panneau rayonnant ouvert [Modèle Tatou – Catalogue Atlantic] Chapitre 1. Potentiel d’action sur la demande électrique résidentielle David da Silva 15 Systèmes Fermés : Le chauffage est constitué par résistances thermiques que ne sont pas visibles, i.e. les résistances sont enfermés dans l’enveloppe de l’équipement. La norme NFC 79‐251 définit que l’écart de température entre la surface extérieure et la température ambiante ne doit pas dépasser 70°C. Leur inertie (masse totale se trouve entre 7 et 20 Kg) est un petit peu plus supérieure aux systèmes par convection. Figure 16 Panneau rayonnant Fermé [Modèle Shangaï 2 – Catalogue Atlantic] Chaque appareil a un limiteur pour ne laisser pas la température de la surface dépasser les limites fixées par la norme NFC 79‐251. Le contrôle de la température est fait avec par un thermostat (électronique ou mécanique) avec une sonde que peut être positionnée à l’arrière (dehors) de l’équipement ou en bas de l’appareil comme montré dans les Figures 1‐5 et 1‐6. L’utilisateur peut réguler la consigne en modifiant soit le mode de fonctionnement (Confort, Eco, Hors‐gel), soit la position du thermostat dans le boîtier de l’appareil.
Régulateurs centraux des chauffages électriques (convecteurs et radiateurs)
Les systèmes centraux (contrôle des différents chauffages à partir d’un seul appareil) commercialisées aujourd’hui ont une large variété. Ces appareils peuvent communiquer avec les différents équipements de chauffage par divers modes : • Fil pilote • Courant Porteur • Radio Fréquence Dans les contrôleurs centraux utilisés dans les systèmes avec chaudière et réseaux d’eau, la chaleur dégagée est généralement fonction de la température d’une seule pièce ou de la température extérieure. Les contrôleurs centraux des chauffages électriques dans le marchée donnent directement à chaque appareil de chauffage la « consigne » à utiliser. Ce signal correspond à la consigne du thermostat implémenté dans l’appareil (position du thermostat décrit dans les sections précédentes). La programmation des chauffages est normalement faite, avec un pas d’une heure, pour les 7 jours de la semaine selon les besoins de l’utilisateur. Le mode d’opération de ces contrôleurs peut être décidé à partir d’une action directe sur la boîte de commande. Les principaux fabricants de chauffages électriques offrent aussi la possibilité d’une installation de délesteurs ampérométriques pour le chauffage ambiant et de l’eau chaude sanitaire. Sa fonction est de couper le chauffage et/ou l’ECS quand la puissance souscrite est dépassée mais aussi ajuster le fonctionnement de ces systèmes en fonction du type de tarif choisi (Option H.C/H.P ou Tempo – EDF).
Chauffage à accumulation
Ces systèmes de chauffage permettent de stocker des grandes quantités d’énergie du fait qu’ils sont constitués par des briques réfractaires de haute densité ou du granit broyé ou de la lave… Ces matériaux permettent de stocker la chaleur dans les heures où le tarif électrique est bas (heures creuses) et n’ont pas besoin d’être chauffés pendant les heures pleines, en même temps qu’ils continuent à libérer de la chaleur. Il existe deux types de radiateurs par accumulation : statique compensé et dynamique (Figure 1‐7). Figure 17 Chauffage électrique par accumulation dynamique [Modèle Airelec Accutop série 2 – Catalogue Atlantic] Chapitre 1. Potentiel d’action sur la demande électrique résidentielle David da Silva 17 • Appareil de chauffage à accumulation statique Ces appareils accumulent la chaleur pendant les heures creuses et le dégagement de chaleur est uniquement statique (rayonnement), non réglable. Cette à dire que il n’existe pas de contrôle sur la quantité de chaleur libéré par rayonnement pendant la journée. • Appareil de chauffage à accumulation dynamique Dans ce type d’appareils, on a aussi un dégagement de chaleur par rayonnement mais on a aussi un ventilateur qui est installé dans la partie inférieure. Ce ventilateur permet un meilleur contrôle de la température de la pièce par diffusion de l’air. L’air froid entre en bas et après le ventilateur, à vitesse variable, force l’air à passer dans le noyau accumulateur et ensuite l’air chauffé est libéré dans la pièce. La position de la sonde du thermostat est généralement comme dans le cas des panneaux rayonnants, i.e. la sonde est positionnée à l’arrière (dehors) de l’équipement ou en bas de l’appareil comme montré dans les Figures 1‐5 et 1‐6. L’utilisateur pourra réguler la consigne du thermostat et le bouton marche /arrêt du ventilateur.
Pompes à chaleur
Dans les pompes à chaleur (PAC) électriques à compression mécanique de vapeur, l’efficacité est très variable avec la température de la source de chaleur et avec la température du circuit de chauffage. Plus l’écart entre les températures des sources est important, plus l’écart entre les températures d’évaporation et de condensation sera important. Dans ces conditions, le taux de compression augmente également et par conséquent, plus grand est le ratio de pression, plus le compresseur a besoin d’énergie pour fournir la même puissance calorifique et donc plus le COP sera faible. Pour cela ces équipements sont parfois utilisés avec des sources de chaleur qui permettent une température plus haute et stable (Figure 1‐8). Les pompes à chaleur à compression de vapeur ont une température maximale de chauffage de 55 à 65 °C (seulement quelques machines), pour cela les radiateurs utilisés sont normalement surdimensionnés pour pouvoir libérer la quantité de chaleur demandée par la pièce. Les pompes à chaleur sont préférablement utilisées avec plafond et planchers chauffants avec une température maximale de départ d’eau de 35 °C. Il y a plusieurs types de PAC en fonction des sources et des vecteurs d’énergie (l’air ou l’eau). On présente ci‐dessous la description pour les PAC Air/Eau, car ce type de PAC représente la majorité des modèles installés en France. Une PAC Air/Eau peut être installée pour le chauffage (il existe des installations avec et sans ballon de stockage, suivant l’inertie de la boucle d’eau du système de chauffage) ou pour le chauffage et l’ECS (avec ballon de stockage). Elles sont moins chères que les autres types de PAC sur l’eau, mais elles ont un COP inférieur à cause des températures plus basses de la source de chaleur et parce qu’elles ont besoin d’un système de dégivrage (parfois ces systèmes sont aussi équipés de résistances électriques à effet Joule). Evaporateur Chauffage appoint échangeur échangeur Figure 19– Schéma d’une pompe à chaleur Air/Eau pour chauffage et la production d’ECS La puissance de ces PAC est dans la plupart des cas dimensionnée, pour couvrir les besoins de chaleur quand la température extérieure descend jusqu’à 0 °C (température d’équilibre – température pour laquelle la pompe couvre encore l’ensemble des besoins). Pour des températures plus basses, on utilise un chauffage d’appoint avec un mode de fonctionnement comme décrit ci‐ dessous. Pour ces types de PAC, il existe 3 types principaux de fonctionnement possibles [H. Recknagel, 2005]: ECS Plancher Rayonnant Pompe à Chaleur Stockage d’eau Chaude Eau froide i. Fonctionnement monovalent : la PAC est dimensionnée pour couvrir tous les besoins de chaleur. Ce type de fonctionnement n’est pas utilisé dans les climats froids car le coût d’investissement serait trop élevé. ii. Fonctionnement bivalent alternatif : les besoins énergétiques annuels se repartissent 50/50 % entre le chauffage d’appoint et la pompe à chaleur. Les deux systèmes ne fonctionnent jamais en même temps. La puissance de la chaudière doit être dimensionnée pour les besoins calorifiques maximaux. Celle de la PAC est dimensionnée pour couvrir environ la moitié de la puissance maximale. iii. Fonctionnement bivalent parallèle : Dans ce cas les besoins énergétiques annuels sont couverts à moins de 20 % par le chauffage d’appoint et le restant étant couvent par la PAC. Les puissances choisies restent les mêmes que dans le cas précédent. Comme pour les températures inférieures au point d’équilibre les deux systèmes fonctionnent en parallèle, la température aller de la chaudière doit être bien réglée avec la pompe de chaleur. Pour les chaudières, le montage se fait normalement en parallèle car c’est la façon plus efficace de tirer pleinement partie de la pompe de chaleur comme principal système chauffant. La température de la boucle d’eau est fixée par une loi d’eau, en fonction de la température extérieure. Les nouveaux systèmes incluent aussi un thermostat contrôlé par la température d’une pièce de référence. La régulation locale (dans chaque pièce) est assurée par des vannes thermostatiques.
Contexte de la thèse |