Le changement climatique crée une perturbation économique, politique et humanitaire dans le monde (UNDP, 2008). Ce phénomène a ainsi un impact sur différents systèmes de production surtout au secteur primaire et aux secteurs liés aux ressources naturelles. En effet en 2020, plus de 75 à 250 millions de populations en Afrique vont faire face à un problème d’accès à l’eau, la production de culture pluviale pourrait diminuer de 50% dans certains pays africains surtout en Subsaharienne (UNDP, 2008). De ce contexte, la lutte contre le changement climatique devient un des axes stratégiques importants dans les actions de développement surtout en milieu rural. Et différents accords sont pris au niveau international pour atténuer l’effet de ce phénomène. Ainsi, le Protocole de Kyoto ratifié par la majorité des pays en 1997 vise à la stabilisation et à l’atténuation de l’émission de gaz à effet de serre. Pour mettre en œuvre, la convention-cadre de Kyoto, le Mécanisme de Développement Propre (MDP) a été adopté en favorisant les actions de développement durable dans chaque secteur économique tout en valorisant la réduction de carbone à travers le mécanisme du marché de carbone. Dans ce sens, la promotion, la mise en œuvre et l’utilisation accrue de sources d’énergie renouvelable et de technologies écologiquement rationnelles et innovantes sont une stratégie de diminution des effets et impacts de ce changement climatique (UNITED NATION, 1998).
Par ailleurs, le recours aux énergies d’origine fossile est largement prépondérant dans tous les secteurs d’activités surtout en pays en voie de développement où il y a abondance d’utilisation de pétrole. L’explosion démographique et l’urbanisation favorisent ainsi l’augmentation de cette utilisation d’énergie non-renouvelable avec un taux d’augmentation de 1% par an pour le pétrole en particulier. De ce fait, quant aux réserves actuelles de pétrole prouvées, elles sont relativement minimes étant donné que l’on consomme plus que ce que l’on découvre. En effet, elles seraient de 50 milliards de tonnes environ, ce qui correspond à une autonomie de 50 ans, au rythme de la consommation actuelle (WILGEMBUS, 2007).
Madagascar a parmi ses priorités la recherche des solutions aux questions environnementales dont la protection et la conservation des forêts font d’une des grandes préoccupations. Ainsi, la réduction de la dégradation des ressources naturelles fait partie des défis d’engagements dans la préservation de l’environnement (MAP, 2006). De ce fait, la promotion du développement et de l’utilisation de sources d’énergie alternative, comme les biocarburants qui incluent l’huile de palme, le jatropha, le soja et la canne à sucre est une stratégie importante dans le développement des secteurs énergétiques à Madagascar. Par ailleurs, avec la croissance démographique, la pratique du tavy et les feux de brousse, la déforestation est fortement accentuée. Ainsi, les ressources forestières ont considérablement diminué et sont aujourd’hui en phase de déclin. Madagascar a déjà perdu 80% de ces zones forestières, toutes les forêts risqueront de disparaitre en l’espace de 30 ans (WORLD BANK, 2013). Ces ressources sont utilisées sous différentes formes au niveau des populations rurales telle une source de matériaux de construction (78%), ainsi que d’énergie, c’est-à-dire charbon de bois et bois de chauffe (68%) et la pratique d’abattis-brûlis (39%) (MINTEN, RANDRIANARISOA, & RANDRIANARISON, 2007).
En effet, avec moins de 20% de la superficie totale, l’exploitation forestière est essentiellement destinée à l’usage domestique comprenant les activités courantes du ménage surtout en énergie. De ce fait, la forêt fournit la totalité des besoins en énergie domestique dans les zones rurales et plus de 70% du total de la consommation en énergie du pays. (MINTEN, RANDRIANARISOA, & RANDRIANARISON, 2007). Ainsi, les ménages malgaches dépendent de la biomasse d’origine forestière, en premier lieu du bois de chauffe et du charbon de bois pour leur source d’énergie ménagère. Cependant, la dégradation accentuée de la forêt conduit à une raréfaction des ressources d’énergies disponibles d’où la plupart de la population rencontre actuellement une grande difficulté en matière d’approvisionnement en combustible ménagère. De plus, le bouleversement climatique et l’émission des gaz à effet de serre sont devenus actuellement une préoccupation à l’échelle mondiale. En effet, la pollution des foyers domestiques liée à l’utilisation des bois de chauffe et des charbons comme combustible est une des causes majeures de la mortalité maternelle à Madagascar (BANQUE MONDIALE, 2013).
Plusieurs projets ont été ainsi mis en œuvre dans le but de fixer un grand défi pour l’avenir en portant des études sur des sources d’énergies alternatives, renouvelables, tout en diminuant la pression sur l’environnement. Ainsi, le biocarburant fait partie des solutions qui pourront contribuer à répondre à différentes contraintes en termes de disponibilité des ressources énergétiques et pour contribuer à la réduction de l’émission des gaz à effet de serre.
C’est dans ces contextes que des initiatives ont inclus des changements vers des combustibles alternatifs qui permettent d’assurer l’avenir en matière énergétique. Les plantes amylacées (canne à sucre, la betterave sucrière,…) constituent ainsi une piste importante dans la production d’éthanol combustible. De ce fait, divers ONG travaillent dans la promotion des matières premières et dans la protection de l’environnement tout en renforçant les capacités des paysans producteurs. Dans ce cadre, ils visent à mettre en œuvre une unité de production communautaire d’éthanol pour les combustibles domestiques et l’électrification rurale pour mieux valoriser les produits issus de la plantation de canne à sucre.
Capacity Building for Communities (C for C) est une organisation non gouvernementale créée en 2007. Elle intervient dans le domaine de développement basé sur l’amélioration des conditions sociales de la population.
Sa mission est de promouvoir et de renforcer les producteurs d’artisanat, les paysans, les micro-entrepreneurs et tous ces groupes défavorisés. Elle travaille pour la protection de l’environnement, et pour la promotion des matières premières dans un système équitable.
C for C a pour principaux objectifs :
– De promouvoir le travail des micros entrepreneurs défavorisés à Madagascar, incluant les artisans, les paysans, et ceux des micros entrepreneurs dans le secteur formel ou informel.
– De renforcer leur savoir-faire, et leur aptitude à travailler en fournissant des programmes de renforcement de capacité adaptés à leur besoin, formation, promotion, organisation.
– De promouvoir la protection de l’environnement en gérant l’exploitation de matière première aux seuls bénéfices des groupes cibles
A cet effet, l’organisation choisit une communauté cible et lui apporte des solutions et des appuis en matières d’organisation, de technique de production et de facilitation commerciale. Dans le cadre de la promotion de l’éthanol, l’ONG collabore avec l’Association Angovo Man’ Eva. Elle assure la mise en œuvre de la promotion de l’éthanol afin de tisser des réseaux et de créer des nouvelles activités génératrices de revenus pérennes liées d’un coté à la plantation de la canne à sucre, sa production comme matières premières et sa transformation et d’un autre côté à l’utilisation de l’éthanol comme combustible domestique par plusieurs ménages. Ainsi, le site d’Imerintsiatosika a été choisi comme site pilote ou un site de démarrage des activités afférentes aux objectifs de l’organisation.
La canne à sucre est une filière potentielle pour l’économie nationale avec 0,6% du PIB pour la production agricole, la production industrielle et la distribution. Cette situation est surtout dominée par les grandes sociétés sucrières exportatrices avec une capacité d’exportation de 110 000 tonnes en 2005 (MAEP, 2006). Parmi les axes de la stratégie, la transformation est un point important tel la maximisation de la production d’alcool pour satisfaire au-delà du marché de bouche le marché émergent de l’alcool carburant et ainsi renforcer l’équilibre économique des unités de production.
En effet, la culture de la canne à sucre est une activité de rente pour les paysans producteurs ruraux. Elle intéresse environ 360 000 exploitations plus les opérateurs transformateurs formels ou illicites (les fabricants de Betsabetsa, de Toaka gasy, de Siramamy gasy) (UPDR, 2004). La filière se développe ainsi tant au niveau des paysans qu’au niveau industriel avec une production annuelle 1,7 millions de tonne en 2010.Cependant, la filière est sensible du fait de la faible performance technique, d’une gestion défaillante et d’une demande locale non assurée (UPDR, 2004). Elle est aussi fragilisée par la technique de valorisation des produits, la fabrication du toaka gasy, qui constitue un secteur informel et connait une forte restriction de ses impacts au niveau économique et social.
En effet, la culture de la canne à sucre au niveau paysan est orientée vers la transformation traditionnelle en alcool frelaté (toaka gasy). Ils cultivent ainsi à des fins de consommation. Ils constituent une source de revenu pour les producteurs mais reste une activité peu significative au niveau de l’exploitation par rapport aux cultures vivrières. Néanmoins, elle permet de couvrir certains besoins courants du ménage puisque les produits sont toujours liquidés chaque jour de marché avec une forte demande des consommateurs (RAKOTOZAFY, 2006). En outre, elle est aussi pratiquée pour la consommation durant les festivités coutumières hivernales mais ne constitue pas une source de revenu fiable toute l’année. Dans ce sens, la culture prend une ampleur dans la consommation humaine et constitue une valeur dans certain cas.
Par ailleurs, la canne à sucre cultivée au niveau paysan constitue une grande piste qui permet à la mise en œuvre de la promotion des énergies alternatives, du fait que la canne à sucre, outre ses autres utilisations peut être valorisée par la production d’éthanol.
I. INTRODUCTION |