Analyse de la composition physico-chimique du lait cru des élevages traditionnels
Marché du lait et des produits laitiers
Production interne La production annuelle est estimée à 170 000 tonnes d’EqL. Environ 72% de cette production provient de l’élevage extensif à petite et grande transhumance (MINEFI – DGTPE, 2006). Dans les exploitations traditionnelles majoritaires au Burkina Faso, le lait est d’abord destiné à l’allaitement des veaux. Dans la part traite, environ 80% soit 136 000 tonnes d’EqL est destinée à l’autoconsommation (Hamadou, 2005). Mais la part destinée à la vente est relativement importante dans le système sédentarisé.
Typologie des consommateurs
Très peu d’études ont été menées au Burkina Faso afin de caractériser les consommateurs du lait et des produits laitiers. Les quelques études qui existent ont été conduites dans les grands centres urbains. Metzger (1993) distingue quatre groupes de consommateurs : – les consommateurs non absolus ; – les consommateurs occasionnels (fête) ; – les consommateurs réguliers à faible niveau ; – les consommateurs réguliers à fort niveau. L’étude de Le Troquer (1994) a quant à elle révélé 6 catégories de consommateurs. Les critères de différenciation entre ces catégories de consommateurs sont la taille de famille, le revenu, le bord religieux ainsi que le niveau de vie. De ces études, il est ressorti que le lait et les produits laitiers font partie des habitudes alimentaires des burkinabè surtout en milieu urbain. Les variables influençant le choix des consommateurs du lait frais pasteurisé dans la ville de Ouagadougou sont surtout la disponibilité, le gout, la taille du ménage (Ouédraogo et Doanio, 2007) (Figure 2). Le prix du litre est aussi un facteur déterminant.Figure 2 : Consommation du lait et produit laitiers en fonction du revenu (Ouédraogo et Doanio, 2007) L’avancée de l’urbanisation avec les changements d’habitudes alimentaires qu’elle engendre font du marché du lait et des produits laitiers un marché d’avenir.
Importations de lait et produits laitiers
Le Burkina Faso figure parmi les pays les plus grands importateurs de lait et produits laitiers en Afrique subsaharienne. La FAO (2003) estimait à 85% la part des importations dans la consommation des produits laitiers au Burkina Faso. Les importations de lait et produits laitiers se chiffrent annuellement à quelques 30 000 tonnes d’Equivalent lait (EqL), représentant plus de 13 millions de dollars US (FAO, 2003). Cet état de fait est sans nul doute inhérent à plusieurs facteurs parmi lesquels les conditions d’élevage occupent une place importante. 17 Chapitre II : Conduite des animaux en élevage traditionnel La conduite d’élevage est un terme utilisé parfois au sens restreint pour désigner la conduite au pâturage. Au sens large, ce terme est emprunté pour désigner l’alimentation, la reproduction, la production, le logement, les soins administrés aux animaux (Lhoste, 1981). Dans notre cas ce terme sera considéré selon son sens large.
Caractéristiques de la conduite d’élevage
Alimentation du troupeau
L’alimentation du bétail constitue un élément capital de la chaine de production. Elle conditionne la santé des animaux ainsi que leur productivité.
Conduite au pâturage
Dans les régions sahéliennes les ressources fourragères sont quantitativement et qualitativement dispersées dans l’espace et dans le temps. Au Burkina Faso les ruminants domestiques sont nourris essentiellement par les pâturages naturels (herbacés et ligneux) (Kagoné, 2001). Ces parcours contribuent à environ 75 % à l’alimentation du bétail (MRA, 2004). La culture fourragère reste donc très peu pratiquée. Dans les zones arides les potentialités agronomiques et fourragères sont restreintes par une pluviométrie limitée et une longue saison sèche (Landais et Lhoste, 1990).
Complémentation
Pour la complémentation, les éleveurs ont recours aux résidus de récoltes et aux sous- produits agro-industriels (SPAI) à forte valeur énergétique et /ou protéique (aliment bétail ; tourteaux de coton ; son ; farine basse ; drèche de canne à sucre ; mélasse de bière etc.) pour la complémentation de leurs animaux (Traoré, 2012). Mais le coût élevé de ces produits en limite l’accès aux éleveurs moyens. Ces produits de complémentations sont en général utilisés en période de soudure (saison sèche) pour soutenir les animaux faibles incapables de parcourir de longues distances à la recherche de fourrages de qualité. La supplémentation en minéraux se fait à l’aide de pierres à lécher, de poudre de sel de cuisine et des complexes minéralo-vitaminés (CMV).
L’abreuvement
L’abreuvement des animaux est un élément fondamental de la conduite d’élevage. L’accès aux points d’eau conditionne le déplacement des animaux d’une saison à une autre. Selon Thebau (1990) l’hydraulique pastorale joue un rôle indéniable dans l’économie pastorale notamment dans la gestion de l’espace par les pasteurs.
Hydraulique pastorale et production animale
L’hydraulique pastorale est constituée des marres, marigots tous saisonniers mais aussi des lacs. Elle regroupe également les cours d’eau (rivières et fleuves) ; puisards, puits traditionnels et les ouvrages hydrauliques modernes (forages simples ; forages avec des châteaux d’eau). En effet pendant la saison des pluies l’abondance d’eau dans les basfonds (marigots) associée au verdissement du pâturage réduisent considérablement le déplacement des animaux. A l’opposé en saison sèche, les amplitudes des déplacements augmentent du fait de la diminution de la capacité de certains puits voire leur tarissement, mais aussi de la réduction du débit des forages. Cela montre le rôle important de l’hydraulique pastorale dans l’activité pastorale et partant de là la productivité des animaux dans ce milieu. Les études de Thebau (1990) et Karama (2009) ont montré l’impact de l’hydraulique pastorale dans la production animale dans le sahel. Pour Thebau(1990) la réalisation d’ouvrages hydrauliques dans le sahel a amélioré la santé des animaux grâce à l’organisation de campagnes de vaccinations systématiques facilitées par le regroupement des troupeaux autour des points d’eaux. 2.1.6. Races bovines et leurs potentiels de production. On dénombre deux principales races bovines locales au Burkina Faso (MRA, 2003). Ce sont : – les Zébus ou bovins à bosse et ; – les Taurins ou bovins sans bosse. 19 On y rencontre également la race Méré qui est un produit du croisement anarchique entre le taurin Baoulé (Lobi) et les zébus. Mais cette dernière ne figure pas dans les documents officiels comme étant une race bovine fixe au Burkina Faso. Elle est le fruit de la transhumance qui entraine un brassage des animaux venant de divers horizons et de leurs accouplements incontrôlés. On rencontre également des métisses issues du croisement entre les races locales et les races exotiques ainsi que des races importées sur pied ou à travers la semence (MRA, 2003).
Races bovines locales
Zébus (Bos indicus)
Ils se caractérisent par la présence d’une bosse graisseuse au-dessus du garrot plus ou moins grosse suivant les races et le sexe (plus grosse chez les mâles que chez les femelles).La taille des cornes ainsi que le fanon sont également des critères de différenciation. On y trouve des bovins de plusieurs couleurs mais le rouge et le gris claire prédominent. On distingue trois (03) groupes de Zébus. Ce sont : – les zébus à courtes cornes ; Azawak ; Goudali ; Maures ; Touareg ; Arabe ; etc. – les zébus à corne en lyre moyenne : Peul soudanien ; le djeli ; etc. – les zébus à corne en lyre haute : Mbororo. Le zébu Peul soudanien est la race de zébu la plus couramment rencontrée au Burkina Faso (MRA, 2003). Nous ne ferons cas ici que des zébus azawak, Peul soudanien et Mbororo. Zébu Azawak Il est originaire du Niger dans la vallée de l’azawak d’où il tire son nom. C’est un animal grand haut sur patte. Les cornes sont en lyre courte. Sa taille au garrot peut est comprise entre 1,20 et 1,30 m. Son poids moyen est de 300 à 500kg chez le mâle et 250 à 300 kg chez la femelle (Figure3) avec un rendement carcasse se situant entre 48 et 50%. Sa production journalière en lait est comprise entre 3 et 8 litres. La production totale peut atteindre 800 à 1000 litres de lait pour une durée de 20 lactation de 7 à 8 mois. C’est une meilleure productrice de lait comparativement aux autres zébus. (Memento de l’agronome, 2002). Figure 3 : vache zébu azawak Source : http://racesbovines.canalblog.com (visitée le 19 /01 /2016) Le zébu Peul soudanien C’est la race bovine la plus couramment rencontrée au Burkina Faso. Il fait partie des zébus à cornes en lyre courte. On le croise au Nord, au centre Nord et à l’Est du pays. Il a une taille moyenne entre 1,20 et 1,40m.Le poids moyen du zébu Peul soudanien (Figure4) est de 300 à 350 kg pour le mâle et 250 à 300 kg pour la femelle. Sa production journalière en lait est de 2 à 3 litres. Sur une lactation de 7 à 8 mois durant, le zébu Peul soudanien peut totaliser entre 500 et 600 litres (Memento de l’agronome, 2002). La vache zébu Peul soudanienne est visiblement moins performante en terme de production de lait par rapport l’azawak. Son rendement carcasse est de 48 à 55%.
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