Analyse cinématique et cinétique de la marche chez l’enfant
La marche est un phénomène cyclique, dont le cycle est défini par 2 attaques consécutives du même pied sur le sol. Dans le cas de la marche normale, cela correspond aux attaques du même talon sur le sol. Habituellement le cycle de la marche est divisé en 2 phases : la phase d’appui (60% du cycle) et la phase oscillante (40% du cycle). L’AQM donne des données cinématiques et cinétiques. Les données cinématiques (figure 1.14) sont les angles articulaires du bassin, de la hanche, du genou et de la cheville, présentés sur des graphiques. Ces angles sont normalisés par rapport au cycle de marche (de 0 à 100%) et présentés en parallèle de données « normales» obtenues sur une population saine de référence. Les données cinétiques (figure 1.15) se fondent sur les forces de réaction sont recueillies lors du passage sur les plateformes de force qui calculent la direction et l’intensité du vecteur de réaction du sol dans les 3 plans de l’espace. L’étude des moments permet de comprendre l’origine du mouvement observé à l’articulation. La puissance articulaire renseigne sur le type de contraction d’un groupe musculaire. Il peut générer ou absorber de l’énergie. La puissance est nulle si aucun mouvement n’est enregistré à l’articulation.
Le pied dans l’analyse de la marche
Le pied en analyse de la marche pose le problème particulier de la difficulté de placement des repères, en raison de son volume restreint. En effet, le nombre élevé de marqueurs nécessaires pour définir les paramètres d’intérêt et créer les segments nécessaires pour étudier le mouvement à l’intérieur du pied pendant la marche rend ce problème particulièrement aigu chez l’enfant. La faible distance entre les marqueurs augmente l’erreur associée à la détection de position sur le système de capture de mouvement. Dans l’analyse de la marche standard, les modèles cliniques représentent habituellement le pied comme un seul vecteur rigide permettant seulement un angle de progression du pas et la détermination de la flexion dorsale ou plantaire. Dans la littérature, plusieurs modèles sont proposés pour analyser le pied en plusieurs segments afin de calculer les mouvements entre ces différents segments. Parmi les modèles multi segments proposés dans la littérature, celui qui nous a paru le plus pertinent pour la suite du travail est celui proposé par Learnidi et al., connu comme le « Rizzoli Multi segment foot model ». Ce modèle a été conçu pour étudier au cours de la marche un nombre maximal de segments. Il considère le pied comme un complexe rigide en 3 Dimensions, formé du calcanéum, du médio pied et des métatarsiens. Cela permet donc d’évaluer les mouvements se situant entre le calcanéum et le médio pied, le calcanéum et les métatarsiens, et le médio pied et les métatarsiens.Ainsi qu’énoncé dans le début de l’exposé, de nombreux moyens existent quand il s’agit d’évaluer et de décrire les membres inférieurs en statique. L’analyse clinique observationnelle simple est la plus anciennement décrite, et a fait l’objet de plusieurs publications, concernant les membres inférieurs et le pied. Le tableau ci-dessous rappelle les principaux éléments de ces études cliniques.
Sur le plan clinique, malgré le grand nombre de patients inclus dans les séries, l’évaluation des valeurs des angles articulaires reste assez approximative, avec une évaluation se fondant sur un examen clinique dont la reproductibilité n’est pas établie. Outre les évaluations cliniques, dans la littérature, plusieurs auteurs ont publié des travaux rapportant les résultats de radiologie en 2 dimensions (radiologie standard) afin d’établir des valeurs de référence de différents paramètres de pangonométrie et de mesures du pied. Les principales mesures de pangonométrie utilisées couramment sont les suivantes (figure 2.16): -angle tibio calcanéen : angle formé sur une radiographie de profil du pied par l’axe du calcanéum et celui du tibia – angle d’incidence du calcaneum : angle formé sur une radiographie de profil du pied par l’axe du calcanéum et le sol – angle d’inclinaison du talus : angle formé sur une radiographie de face de la cheville entre l’axe du tibia et celui de la tangente au dôme du talus – divergence talocalcanéenne Le pied et les membres inférieurs ont fait l’objet de nombreuses publications visant à décrire les angles les caractérisant, et à en publier des valeurs de références. Le tableau ci-dessous est la revue de littérature des principaux articles concernant cette description radiologique des membres inférieurs et du pied.