Aménagements qui doivent prendre en compte la circulation des bateaux et les crues

Des berges qui suivent le niveau de l’eau ? Une utopie ?

Un des enjeux techniques le plus important est de permettre aux berges d’être accessibles tout au long de l’année, en les rendant accessibles toute l’année, on fidélise ses usagers. Permettre aux berges de ne plus être à la merci des crues autorise l’installation d’infrastructures de qualité sans pour autant craindre pour leur intégrité. A Strasbourg, en 2014, un ancien quartier militaire et portuaire, le Heyritz, a été transformé en un quartier de « ville et de nature », avec un nombre important de logements et un parc conséquent de 8 hectares. Les alentours des logements ont été aménagés de façon à allier un lieu de vie en communauté fonctionnelle et un parc garant de biodiversité (Strasbourg Eurométropole). Dans ce cadre, le bassin marquant l’entrée du quartier est traversé par un ponton flottant en bois de 300 mètres de long (Figure 10). Ce ponton qui permet de rejoindre les deux extrémités du quartier peut suivre les oscillations du niveau de l’eau. Il est guidé par des pylônes le long desquels des rouleaux le font monter ou descendre au gré du niveau du cours d’eau (Figure 11). Des berges flottantes peuvent donc être imaginées pour permettre de pérenniser l’accessibilité des berges. Une zone d’étude resserrée Il a été choisi de s’intéresser plus particulièrement au réaménagement d’une portion de la zone d’étude totale. Les propositions d’aménagement qui sont présentées concernent donc la section des berges situées entre le Pont de Saverne et le Pont du Marché (Figure 12). Cette partie correspond à la deuxième plus longue des fractions que constituent les berges considérées, de plus, si les bateaux suivent l’itinéraire préconisé (Figure 12), la partie droite du Canal peut accueillir des aménagements empiétant sur l’eau sans pour autant gêner la circulation fluviale. Bien que le projet se concentre sur un segment des berges, les aménagements proposés sont transposables à l’ensemble de la zone d’étude. Les berges à l’heure actuelle Une modélisation Sketchup a permis dans un premier temps de représenter ce qui existe à l’heure actuelle sur les berges. Cette modélisation a ensuite été réutilisée pour conserver les mêmes proportions entre la partie existante et son réaménagement. La modélisation a pu être réalisée à partir de mesures effectuées sur le site lui-même. En effet, aucune carte ne référençait précisément ces berges. Après avoir mesuré le site en différents points à l’aide d’un pointeur laser, la modélisation a pu être construite en s’attachant à respecter au mieux les dimensions réelles du terrain d’étude. Ces différents rendus permettent de rendre compte de l’état actuel des berges. Celles-ci ne sont que peu aménagées, le chemin de dalles irrégulières serpentant le long des berges fait figure d’exception (Figure 15). Sur cette section du terrain d’études, quelques graminées subsistent le long du Canal et cinq arbres sont présents (deux peupliers, un frêne, un jeune marronnier et un aulne).

Une proposition d’aménagement ambitieuse

Nous allons maintenant nous attacher à présenter les différentes propositions d’aménagement permettant de redynamiser les berges, d’en faire un lieu vivant que les passants et les riverains peuvent s’approprier, tout en permettant à la nature de conserver ses droits dans un milieu très urbanisé. Une promenade les pieds hors de l’eau Le principal défi à relever était de pouvoir permettre au site d’être accessible même en période de crue. A cet égard, sur le tracé de l’actuel chemin de dalles, une promenade flottante a été imaginée. Cette promenade en bois est délimitée par des rambardes en verre, permettant d’observer les abords de la promenade tout en contraignant les passants à ne pas en sortir (Figure 16). Sur cette promenade, deux espaces vierges de rambardes ont été dessinés (Figures 16 et 17). Il s’agit des deux points d’accès à la promenade. Cette promenade peut, grâce à de nombreux pylônes flotter au gré du niveau de l’eau, comme ce qui a été réalisé sur le ponton flottant du Parc du Heyritz (Figures 11 et 18) Dans le cas d’une crue, la promenade s’élève pour rester hors d’eau, il n’y a alors plus qu’un seul point d’accès au chemin flottant (Figure 19)Sur l’illustration ci-haut, on peut observer le point d’accès à la promenade en cas de crue. La création de ce point d’accès a nécessité la modification du tracé actuel de la pente, pour permettre l’installation d’un palier. Ce palier, grâce à un espace laissé libre dans la rambarde permet d’accéder au chemin flottant et ceci pour une crue pouvant surélever le niveau du cours jusqu’à 1,5 mètre au niveau de sa hauteur habituelle. En permettant au ponton flottant de suivre le niveau de l’eau, les infrastructures qui y sont installées sont rendues accessibles en tout temps et ne subissent pas de dégradations potentielles des effets de la crue Un espace de rencontre et de détente en plein milieu du Canal Un des principaux problèmes de ces berges est l’absence de mobiliers urbains, faisant de ce lieu un simple espace de circulation. L’ambition de ce projet est de permettre à ces berges de devenir un lieu de rencontre et d’échange, sur lequel il est possible de s’arrêter et de profiter d’un nouveau point de vue à hauteur d’eau. A cet égard, une extension de la promenade sur le Canal a été imaginée.  

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Dans ce but, sur cette extension, on retrouve des bacs de jardinage laissés en autogestion, agrémentés d’un bac de compostage pour permettre à ses usagers de revaloriser leurs déchets organiques tout en permettant d’enrichir les cultures en nutriments. Au centre de l’extension, quatre cercles ont été dessinés. Ces cercles, symbolisant des bulles d’eau, rappellent le caractère vivant du Canal sur lequel ils sont situés. Trois de ces quatre cercles sont recouverts d’une plaque de verre permettant d’apercevoir les poissons du Canal en contrebas. Autour de ces hublots grandeur nature, des bancs ont été dessinés, ces bulles, en plus de permettre l’observation du cours d’eau favorisent l’échange. De par cette organisation, plusieurs groupes de personnes peuvent échanger dans un cadre laissant libre cours à l’imagination. Le quatrième cercle, est lui destiné à accueillir de la végétation, pour insister sur la place de la nature dans ce milieu, mais également pour casser le linéaire de cet espace. Un banc permettant d’adopter une position semi-allongée est installé sur l’extrémité du cercle flottant, en s’y installant on peut ainsi profiter de la vue sur le Canal et sur les berges opposées. Enfin, une série de panneaux retraçant l’histoire du Canal du Faux-Rempart sera installée sur chaque extension flottante que comportera le cours d’eau (Figure 22). Celle-ci permettra à travers ces récits de continuer à faire vivre ce patrimoine important de la ville de Strasbourg.

Et la nature dans tout ça ? 

Un des enjeux que présentait ce projet était de ne pas interférer avec les efforts en matière de réintroduction de biodiversité initiés par la municipalité en 2012. En limitant l’espace accordé aux piétons par le biais de rambardes en verre, on limite l’impact de ces derniers sur la nature. La promenade ne prenant pas tout l’espace des berges, les bords du cours d’eau sont laissés libres, permettant ainsi aux espèces végétales et animales de continuer à coloniser et à s’approprier à leur tour les berges (Figure 23). Les panneaux de sensibilisation placés par la municipalité seront mis en valeur pour permettre aux usagers des berges de connaître les espèces partageant les berges et ainsi les respecter davantage. Le problème de l’éclairage qui faisait défaut à ce site peut être résolu grâce à l’installation de projecteurs, placés à intervalle régulier, qui se déclencheraient grâce à des capteurs de mouvement. Cette solution permettrait de dérégler qu’à une moindre mesure le rythme circadien (cycle de 24 heures) et la photopériode (durée quotidienne d’éclairement) des espèces habitant le Canal. Perturber le cycle biologique des espèces du fait d’une pollution lumineuse constante, c’est causer des dysfonctionnements de croissance et de reproduction pour les espèces exposées (Gaston et al, 2014). En installant des projecteurs ne se déclenchant qu’en cas de besoin, on permet aux passants et aux espèces animales de coexister sur un espace réaménagé, à l’image du projet exposé.  

Table des matières

Introduction
Présentation générale du sujet
Strasbourg, une ville au bord de l’eau
L’Ill à Strasbourg, les reliquats d’un rempart fluvial
L’Ill, témoin d’une histoire franco-allemande commune
Le terrain d’étude considéré
Des berges délaissées en plein milieu du centre-ville
Quelques éléments de diagnostic
Les causes du délaissement
Une navigation anecdotique
Une zone sujette à des crues
Des aménagements qui doivent prendre en compte la circulation des bateaux et les crues
Un cadre réglementaire flou
Le projet Nature en ville
Bilan des éléments du diagnostic
Les bases du projet
Des berges qui suivent le niveau de l’eau ? Une utopie ?
Une zone d’étude resserrée
Les berges à l’heure actuelle
Une proposition d’aménagement ambitieuse
Une promenade les pieds hors de l’eau
Un espace de rencontre et de détente en plein milieu du Canal
Et la nature dans tout ça ?
Conclusion
Annexes
Annexes I
Fiche de lecture 1 – Pour des espaces publics ordinaires de qualité
Fiche de lecture 2 – Le Fleuve dans la ville, la valorisation des berges en milieu urbain .
Table des figures
Bibliographie

projet fin d'etude

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