Aire grégarigène du Criquet migrateur malgache

Méthodologie de travail

Problématique

La finalité de l’étude est de contribuer au rétablissement du système d’avertissement anti-acridien à Madagascar, en vue d’une lutte préventive efficace et durable. Ceci est montré par la fiabilité du diagnostic de la situation acridienne établi à partir du croisement de données dynamiques (données acridiennes et données pluviométriques) et de données statiques (types de biotopes). Les prospections intensives en font la base.
L’objet de l’étude est L. migratoria capito et son environnement dans son Aire grégarigène. De 1957 à nos jours, le tapis végétal de l’Aire grégarigène du Criquet migrateur malgache a subi de profondes modifications (DURANTON, 1996) principalement dans l’ Aire de densation (AD) et l’Aire Transitoire de Multiplication (ATM). Ces transformations concernent la structure et la nature du tapis végétal (déforestation et anthropisation).
Par suite du régime saisonnier des vents et la répartition spatio-temporelle de conditions favorables en particulier la Plage Optimale Pluviométrique, les ailés effectuent chaque année un allée-retour du nord-est de l’aire grégarigène vers le sud-ouest en début de saison de pluies et en sens inverse du sud-ouestvers le nord-est en début de la saison sèche. Ils colonisent successivement l’Aire de Multiplication Initiale, l’Aire Transitoire de Multiplication et l’Aire de Densation qui lui sont temporairement favorables. Les reproductions de la population acridienne dans l’Aire Transitoire de Multiplication sont particulièrement importantes car elle contribue à concentrer les populations dispersées sur des surfaces restreintes (Aire de Densation), là où l’on peut rencontrer des foyers de grégarisations. Donc, tous les évènements acridiens qui se reproduisent dans cette aire doivent être détectés précocement. A cet effet, les prospections intensives effectuées au niveau des stations fixes d’observations constituent le seul moyen rentable.
Notre travail consiste à « Actualiser les stations fixes». Il s’agit de contrôler l’état du fonctionnement des stations fixes d’observations et de vérifier la fiabilité de résultats au cours des prospections intensives. Au niveau de ces stations doivent se passer les premiers phénomènes acridiens : arrivée (et/ou départ) des imagos, accouplement, ponte et éclosion…

Localisation de la zone d’étude

Dans le cadre de cette étude, le travail a été mené dans une zone pilote de l’Aire grégarigène, la Zone d’Ejeda (figure 5).
• La Zone Anti-acridienne Ejeda regroupe les principaux biotopes acridiens situés dans l’Aire Transitoire de Multiplication et de l’Aire de Densation,
• Elle constitue la zone la plus prospectée de l’Aire grégarigène (présence de cinq Postes Antiacridiens fonctionnels), donc plus de données à étudier,
• C’est dans cette zone que se passent généralement la transformation phasaire et l’apparition des premières formes de pullulations acridiennes (bandes larvaires et éventuellement des essaims) ; sinon c’est le point de départ des différentes invasions acridiennes qui ont frappé le pays,
• Enfin, la Zone d’Ejeda fait l’objet de la réactualisation des biotopes acridiens par le Projet français de Contribution à la Lutte Anti-acridienne en 2003, avec le CIRADPrifas.

Méthode d’investigation

Source de données

Prospections intensives et extensives

Les prospections intensives sont des relevés acridologiques répétés, à intervalle de temps rapproché, sur un nombre restreint de sites supposés représentatifs des biotopes de l’espèce étudiée. La priorité est donnée au facteurtemps au détriment du facteur espace. Elle permet de suivre l’évolution de la structure des populations acridiennes et de leur environnement au cours d’une saison (BALANÇA & DE VISSCHER, 1992).
Les stations fixes d’observations du Criquet migrateur malgache sont réparties au niveau de chaque Poste Antiacridien. Théoriquement, les relevés sont effectués à temps réguliers (1 fois par décade) par le chef de Poste Antiacridien. Les résultats de relevés sont enregistrés dans la fiche des prospections intensives (annexe 1).
Les prospections extensives sont des relèves acridologiques et environnementaux sur de très grandes surfaces en un minimum de temps. On espère obtenir ainsi une image fidèle de la situation acridienne à un moment de l’année en accordant un maximum d’importance au facteur espace aux dépens du facteur temps (BALANÇA & DE VISSCHER, 1992).

Relevés météorologiques

Les relevés météorologiques consistent à mesurer quotidiennement les paramètres climatiques, en particulier la pluviométrieà l’aide d’un pluviomètre installé sur chaque chef lieu de Poste Antiacridien. Les résultats sont enregistrés dans la fiche de relevé météorologique (annexe 1).
L’objectif en est d’avoir des données pluviométriques permettant de suivre l’évolution de la Plage Optimale Pluviométrique favorable au développement des criquets dans une région donnée à un moment donné. Le premier responsable de cette activité est le chef de Poste Antiacridien. Des relevés effectués par d’autres organismes oeuvrant dans le Sud et Sud-Ouest de Madagascar (Gendarmerie, Système d’Alerte Précoce (SAP), Météo nationale,..) complètent les relevés météorologiques du Centre National Antiacridien.

Nature des données

L’unité spatiale choisie est la station fixe d’observation dans la Zone d’Ejeda, alors que pour le temps, le mois a été adopté. Nous avons choisi l’intervalle de l’étude sur les quatre dernières campagnes anti-acridiennes consécutives (2001-2002 ; 2002-2003 ; 2003-2004 ; 2004-2005) à Madagascar, étalée entre le mois d’octobre jusqu’au mois de mai.

Données acridiennes

Les données acridiennes regroupent les informations lors des prospections intensives et extensives des chefs de postes et chef de zone anti-acridienne. Ces données doivent être transmises au sein de Service Surveillance du Département Technique à Betioky-Sud toutes les décades pour les prospections intensives et mensuellement pour les prospections extensives.
Pour notre étude, nous avons les données acridiennes de quatre campagnes antilarvaires consécutives à Madagascar (octobre 2001 en mai 2005). Chaque relevé acridien comprend :
• les données de référence, la station de prospection (caractérisée par ses coordonnées géographiques) et la date,
• et la structure de la population acridienne : le stade phénologique (larves et imagos), la phase (solitaire, transiens, grégaire), la distribution de la population (diffuse ou groupée) et ses densités.
Les données acridiennes sont chrono-géo- référencées. Le géo-référencement permet de localiser avec précision et exactitude le site des évènements acridiens observés en fournissant ses coordonnées géographiques (latitudeet longitude) d’une part, et d’autre part le chrono-référencement permet de dater chaque évènement acridien (jours, décade, mois, …). Il est possible de replacer dans le temps et dans l’espace toutes les situations acridiennes décrites au cours des prospections intensives et extensives.

Données pluviométriques

Les données pluviométriques constituent l’élément discriminant de l’environnement dynamique de L. migratoria capito. Elles sont issues de relevés effectués au niveau des Postes Antiacridiens et de différents organismes (HASYMA, Système d’Alerte Précoce, Météo Nationale) oeuvrant dans le Sud et Sud-ouest de Madagascar. Les données pluviométriques extérieures ne parviennent que deuxsemaines à un mois plus tard voire à la fin de la campagne anti-acridienne (fin du mois de juin).
Etant donnée que l’optimum thermique du Criquet migrateur est toujours réalisé en saison chaude et pluvieuse dans les conditions naturelles du Sud et Sud-Ouest de Madagascar, le seul facteur que nous avons pu utiliser est la pluviométrie mensuelle issue du réseau pluviométrique au niveau des Postes Antiacridiens dans la zone d’Ejeda. Il s’agit essentiellement des pluviométries durant les campagnes anti-acridiennes à Madagascar depuis le mois d’octobre 2001 en mai 2005. Comme les données acridiennes, une base de donnée relationnelle chrono-géoréférencée a permis de stocker et de gérer les données pluviométriques au sein du ServiceSurveillance.

Evolution spatio-temporelle de la population acridienne dans chaque station fixe

En ce qui concerne l’étude de l’évolution spatio-temporelle de la population acridienne, les analyses s’effectueront à l’échelledes régions naturelles . En conséquence, les études de certaines stations seront rassemblées, quand elles sont localisées à l’intérieur d’une même région naturelle pour un Poste Antiacridien, comme c’est le cas des Postes
Antiacridiens de Betioky-Sud , d’Ejeda ,de Saodona et d’Ampanihy. Dans le cas contraire, les stations seront prises une à une, c’est le cas des stations du Poste Antiacridien de Beahitse, où les deux stations choisies appartiennent à deux régions naturelles différentes : station Nord Beomby dans les Clairières mahafaly etstation Antoby dans l’arc externe du Plateua Mahafaly, donc les analyses seront séparées.

Poste Antiacridien Betioky-Sud : Stations fixes Antoby et Besatra

Ces stations sont dans le plateau de Betioky. Ellessont constituées par des savanes herbeuses moyennes en pseudo-steppes (figure 8). Cynodon dactylon (figure 9) domine partout et il est associé avec Accacia farnesiana. Les végétations bénéficient de la présence des nappes phréatiques dues à l’existence d’une roche sédimentaire imperméable.

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Poste Antiacridien Beahitse

Station Antoby

Elle est formée par des savanes herbeuses moyennes au sein de l’arc externe centre du Plateau calcaire mahafaly. La station est colonisée essentiellement par des rejets de Hyparrhenia rufa et Heteropogon contortus poussant dans un milieu mésotrophe. Le potentiel écologique est de deux à cinq selon le type de biotope (tableau 2).

Evénements acridiens signalés

Au niveau de l’Arc externe centre du Plateau calcaire mahafaly, la station fixe d’Antoby sert à poursuivre l’arrivée et le passage des populations acridiennes en provenance de la pénéplaine de Bekily-Fotadrevo en direction des Clairières mahafaly. En conséquence, les résultats au cours des 4 dernières années ont montré le passage des imagos matures en début de saison des pluies (en décembre). Ces imagos ont effectué leur ponte et sont à l’origine de la présence d’un développement larvaire entre le mois de janvier et mois de mars (figure 13), quand les conditions éco-météorologiques sont favorables. A la deuxième décade du mois de janvier 2003, une intervention anti-larvaire a été entreprise pour casser la dynamique de la population acridienne.

Fréquence d’apparition des petites larves

L’éclosion des larves commence à partir du mois de décembre. Le pourcentage d’apparition des petites larves de la génération R2 augmente depuis décembre jusqu’au mois de février, soit deux ou trois cohortes différentes. De mars en avril, une éclosion précoce, des larves de la génération R3, a été aussi observée (figure 14).
Les analyses que nous venons de décrire ci-dessus nous indique alors l’importance de la station fixe d’Antoby au niveau de l’Arc externe centre du Plateau Mahafaly. Dans ces conditions, la station est bien placée.

Poste Antiacridien Saodona : Stations fixes Nord Saodona et Emali

Ces stations se trouvent dans la plaine côtière mahafaly. La station Nord Saodona est envahie par des cultures maillées hyper-xérophiles. Des friches et défriches de bush évoluent au milieu d’une pelouse claire. Le sol est généralement sableux et on trouve dans une partie de la station de zones de cultures. Quant à la station Emali, les pelouses claires dominent partout, elles sont généralement hygrophiles.

Evénements acridiens signalés

Les évènements acridiens enregistrés dans ces stations fixes méritent d’être pris en compte vu l’importance des infestations dans les plaines côtières chaque année. L’arrivée des imagos allochtones de la génération R1 en provenance de l’Aire Transitoire de Multiplication commence à partir du mois de novembre. Ces populations acridiennes colonisent le milieu en effectuant de nombreux pontes et accouplements.
L’éclosion des larves R2 débute à partir du mois de janvier. Avec des conditions météorologiques favorables, le développement larvaire continue en passant par la mue imaginale et l’apparition des jeunes ailés. Des foyers de pullulation et de grégarisation apparaissent sur place et font l’objet d’une opération de lutte que le CNA effectue d’une année à une autre. En mars, lorsque la pluviométrie devient déficitaire, une partie de la population fortement transiensreste sur place, alors qu’une autre quitte la plaine côtière pour trouver des conditions favorables (figure 22 et figure 23).

Fréquence d’apparition des petites larves

L’étude fréquentielle d’apparition des petites larves montre que les deux stations fixes dans le Poste Antiacridien Ampanihy ne fournissent guère des informations au cours de mois d’octobre 2001 jusqu’au mois de mai 2005. En plus, la nature du biotope où se trouvent les stations ne permet pas la validation du résultat des relevés. Pour y obtenir une information acridienne beaucoup plus fiable, il faudrait prospecter à 50 Km environ pour qu’on trouve des biotopes favorables au développement du Criquet migrateur. Or à 50 Km vers le nord du Poste Antiacridien Ampanihy rejoint le Poste Antiacridien Ejeda, à 50 Km au sud atteint celui de Tranoroa (Poste à créer), à 50 Km à l’ouest rejoint déjà le Poste Antiacridien de Saodona, et à 50 Km àl’Est du Poste Antiacridien Ampanihy, on est déjà sur la pénéplaine de Fotadrevo : Poste Antiacridien Fotadrevo (Poste à créer). Finalement, l’installation des stations fixes sur Ampanihy n’apporte aucun intérêt acridien.

Différenciation des phases de la population acridienne

La carte phasaire a permis de retrouver la distribution de la phase de population acridienne dans l’ensemble de la Zone anti-acridienne Ejeda au cours de chaque campagne. Les exemples montrés dans cette étude indiquent leur évolution en début, en pleine et en fin de saison de pluie, il en est de même pour chaque campagne. Ce dispositif est un élément de l’évaluation des risques acridiens et de détecter les zones de pullulations acridiennes. Il entre dans le constituant du potentiel acridien, pour l’avertissement acridien à Madagascar Si on se réfère seulement au niveau de grégarité de la population acridienne, aucune situation acridienne grave pouvant amener à un départ d’invasion de criquets n’a été décrite au cours de notre intervalle d’étude (octobre 2001 en mai 2005). Pourtant, le niveau de grégarité seul ne suffit pas à décrire une situation. La densité de population acridienne et l’état phénologique sont aussi à intégrer.

Fiabilité des stations fixes

La fiabilité des stations fixes dépend de la nature des données qu’elles offrent au sein du poste. En effet, les différents phénomènes acridiens sont toujours liés à la réalisation des conditions favorables au niveau de la station, en particulier le potentiel écologique maximal : départ, arrivée ou regroupement d’une population, ponte et éclosion (multiplication), développement larvaire et grégarisation. Ces observations devront être localisées en premier lieu au niveau des stations fixes pour chaque Poste Antiacridien. Elles doivent permettre aux différents chefs de Poste Antiacridien de donner un avertissement, une alerte d’une situation critique à travers ses hiérarchies, qui décideront sur la mesure à prendre (lutte ou renforcement des prospections).
Les compléments d’informations seront ainsi donnés à partir des autres observations faites par le chef de zone anti-acridienne au cours des prospections extensives (mobiles ou itinérantes). Pour que cette démarche soit efficace, les informations doivent être transmises en temps réels (en fin de chaque décade) aux différents responsables : chef de zone antiacridienne, les responsables de la surveillance acridienne, chef du Département Technique et au Directeur du Centre National Antiacridien. Cette procédure nécessite un réseau de transmission rapide (radio BLU) bien organisé, clair et puissant.

Table des matières

REMERCIEMENTS
SOMMAIRE 
LISTE DES ILLUSTRATIONS
INTRODUCTION
1. CONTEXTE GENERAL DE L’ETUDE 
1.1. Le Criquet migrateur malgache, Locusta migratoria capito (Saussure, 1884)
1.2. Aire grégarigène du Criquet migrateur malgache
1.3. Service anti-acridien malgache
1.4. Régions naturelles
2. METHODOLOGIE DE TRAVAIL
2.1. Problématique
2.2. Localisation de la zone d’étude
2.3. Notion de stations fixes d’observations
2.4. Méthode d’investigation
2.5. Paramètres étudiés
3. RESULTATS 
3.1. Fréquence des prospections intensives
3.2. Evolution spatio-temporelle de la population acridienne dans chaque station fixe
3.3. Différentiation des phases de la population acridienne
3.4. Bilan des résultats
4. DISCUSSION 
4.1. Fréquence des prospections intensives
4.2. Fréquence d’apparition des petites larves
4.3. Différenciation des phases de la population acridienne
4.4. Fiabilité des stations fixes
4.5. Limite de travail
4.6. Améliorations
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
GLOSSAIRE 
ANNEXES
Annexes 1 : Fiche des relevés 
1. Fiche de prospection acridienne intensive
2. Fiche météorologique 
Annexe 2 : Méthode d’évaluation de la densité des populations acridiennes
Annexe 3 : Structure de la population acridienne et pluviométrie
3.1 Structure des populations L. migratoria capitoet pluviométrie dans le Poste Antiacridien Betioky– Sud entre octobre 2001 jusqu’au mois de mai 2005.
3.2 Structure des populations L. migratoria capitoet pluviométrie dans le Poste Antiacridien Beahitse entre octobre 2001 jusqu’au mois de mai 2005
3.3 Structure des populations L. migratoria capitoet pluviométrie dans le Poste Antiacridien Ejeda entre octobre 2001 jusqu’au mois de mai 2005
3.4 Structure des populations L. migratoria capitoet pluviométrie dans le Poste Antiacridien Saodona entre octobre 2001 jusqu’au mois de mai 2005
3.5 Structure des populations L. migratoria capitoet pluviométrie dans le Poste Antiacridien Ampanihy entre octobre 2001 jusqu’au mois de mai 2005
Annexe 4 : Nombre des prospections intensives réalisées sur chaque station fixe entre octobre 2001 au mai 2005 
Annexe 5 : Fréquence d’apparition de petites larves dans chaque station fixe entre octobre 2001 au mai 2005 

projet fin d'etude

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