Aide à la décision pour la coopération inter-entreprises dans le cadre de la production à la commande
La gestion de la chaîne logistique
Depuis la fin des années 80, pour résister à une concurrence de plus en plus accrue (en termes de délai, de prix, de qualité, etc…), les entreprises ont eu tendance à se recentrer sur leur métier de base en faisant appel à des partenaires, eux aussi spécialisés, pour réaliser leurs tâches complémentaires. Des groupements d’entreprises ont ainsi émergé dans lesquels l’entreprise n’a plus ses frontières aussi nettes, elle intègre ses clients, ses fournisseurs et ses partenaires dans sa structure, qui s’étend ou se rétracte au rythme des alliances qu’elle passe ou des projets qu’elle lance [Couture & Loussararian 99]. Cet ensemble d’entreprises organisées en réseaux est communément appelé chaîne logistique, dont une définition est proposée dans le paragraphe 1.2.2.
Les différents types de relations industrielles
Une entreprise ne fabrique pas l’intégralité des produits qu’elle consomme, elle doit en acheter ou en sous-traiter la production à d’autres entreprises. La relation élémentaire entre deux entreprises correspond à une relation client/fournisseur dans le cas où une entreprise achète ses composants à une autre entreprise sans en contrôler leurs spécificités. Elle correspond à une relation donneur d’ordre/sous-traitant, lorsqu’une entreprise définit les spécificités d’un composant qu’elle fait réaliser par une autre entreprise, soit par manque de ressource (sous-traitance de capacité), soit par manque de compétence (soustraitance de spécialité) [Giard 03]. Ce travail s’intéresse plus particulièrement aux relations de type client/fournisseur. Remarquons cependant que d’une certaine manière la relation de type donneur d’ordre/sous- 1.2 La gestion de la chaîne logistique 11 traitant dans le cas d’une sous-traitance de spécialité peut s’apparenter à une relation de type client/fournisseur, car dans ces deux relations, le flux de produits entre les entreprises est unidirectionnel.
Définition de la chaîne logistique
La chaîne logistique peut se définir par référence à un produit donné ou du point de vue d’une entreprise. Pour certains auteurs ([Lee et al. 93] et [Rota-Frantz et al. 01]), la chaîne logistique est assimilée à un réseau d’installations qui assure les fonctions d’approvisionnement en matières premières, de transformation de ces matières premières en composants puis en produits finis, et de distribution des produits finis vers le client. Cette définition est relative à un produit fini donné et l’entreprise est appréhendée du point de vue du rôle qu’elle joue dans le processus de transformation du produit. Pour d’autres ([Tayur et al. 99]), la chaîne logistique est définie pour un produit donné mais présentée comme une succession de relations client – fournisseur. Dans l’ouvrage [Poirier & Reiter 01], les auteurs considèrent que la chaîne logistique est centrée sur l’entreprise. Ce point de vue inclut l’ensemble des chaînes logistiques dans lesquelles est impliquée une entreprise, mais se limite quelques fois aux fournisseurs et aux clients immédiats de l’entreprise. Dans ce mémoire, nous considérons que les acteurs de la chaîne logistique sont reliés du fait qu’ils participent ou interviennent dans la réalisation d’un même produit. Cependant, parce qu’il est peu réaliste de supposer que chaque entreprise ait une vision globale du processus de fabrication, nous proposons comme [Poirier & Reiter 01], de centrer l’analyse de la chaîne logistique sur l’entreprise. Nous considérons en particulier les relations client/fournisseur dans laquelle l’entreprise est impliquée, sachant que l’entreprise peut être au croisement de plusieurs chaînes logistiques, n’impliquant pas nécessairement les mêmes acteurs. Par exemple, sur la figure 1.2, les entreprises E1, E5, E7 et E8 sont traversées par plusieurs flux de produits. Elles devront donc gérer le partage de leur capacité de travail par rapport à chaque chaîne logistique. Les entreprises E2, E3, E6 et E9 ne sont, elles, traversées que par un seul flux de produits.
Les flux d’une chaîne logistique
Cette partie s’appuie sur les travaux présentés dans [Rota-Frantz et al. 01], [Monteiro 01] et [Giard 03]. Les entreprises appartenant à une même chaîne logistique sont reliées par des flux de produits, des flux d’informations et des flux financiers (cf figure 1.3). Contexte général de l’étude E1 E4 E5 E6 E7 E8 E9 E2 E3 Flux concernant le produit A Flux concernant le produit B Flux concernant le produit C
– Le flux de produits correspond au flux de matières entre les entreprises. Ce flux peut être bidirectionnel : il circule évidemment du fournisseur vers le client, mais il peut aussi, dans le cas d’une relation de sous-traitance, circuler du donneur d’ordre vers le sous-traitant. – Le flux d’informations contient toutes les données utiles dans le cadre des relations client/fournisseur. Ce flux peut être partitionné en un flux de données et un flux de décisions. Dans le cas de la production à la commande, les informations échangées sont plus particulièrement relatives aux commandes liant deux acteurs de la chaîne logistique. Le flux de données peut correspondre, par exemple, à la communication d’un retard de livraison d’un fournisseur prévenant un de ses clients, tandis que le flux de décisions peut correspondre aux commandes envoyées par les clients à leurs fournisseurs. Le flux d’informations peut donc être bidirectionnel au vu de ces deux exemples. – Le flux financier regroupe les paiements et les arrangements financiers divers (crédits, mensualisation des paiements, etc…) entre les clients et les fournisseurs. Il est donc lui aussi bidirectionnel. Pour optimiser leur fonctionnement, les entreprises impliquées dans une ou plusieurs chaînes logistiques doivent se coordonner dans le but de gérer globalement la production le long de chaque chaîne logistique en fonction de critères qui leur sont propres.
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