L’agriculture et l’agriculteur
Avant de parler du cadre théorique et empirique entourant l’agriculture, il convient tout d’abord de définir ce qu’est l’agriculture. «L’agriculture est l’ensemble des travaux qui modifient le milieu naturel pour produire les végétaux et les animaux utiles à l’homme. Elle est donc, à la fois, une transformation du milieu et une adaptation à certaines de ses potentialités, en particulier celles destinées à son alimentation».
Cette définition conduit l’agriculture à une activité ayant comme principale facteur de production la terre, afin de produire des aliments. L’agriculture est, au sens étymologique, l’activité humaine qui consiste à cultiver les champs. Au sens large on y inclut aussi l’élevage. Son rôle est essentiellement de pourvoir à l’alimentation de l’humanité. L’agriculture est fondamentalement l’art de cultiver la terre. Ce qui renvoie la production d’animaux vers le secteur de l’élevage. Mais il faut souligner qu’il y a un lien très important entre agriculture et élevage. Les animaux ont aussi besoin de se nourrir.
L’agriculture proprement dite concerne donc toutes les activités s’adonnant à la culture des plantes et ayant comme principal mission la fabrication de nourriture. L’agriculture ne constitue qu’un secteur d’activité parmi tant d’autres. Mais c’est aussi un secteur spécifique. Ce qui différencie ce secteur des autres est tout d’abord le fait que, dans un pays se trouvant dans la première phase de son développement, l’agriculture emploie plus de gens que les autres secteurs.
En agriculture, la diversité de la qualité des sols, des conditions climatiques, des réserves d’eau, mais aussi l’influence du temps, définissent totalement le type de techniques agricoles utilisable non seulement dans les pays, mais à l’intérieur même des provinces ou des districts d’un pays donné.
Le développement économique
Il y a différents types de définitions données sur le développement et de même il y a aussi différents types de développement. En ce qui nous concerne, nous allons parler du développement économique. En générale, le développement désigne un état de changement. Ce changement peut être dans le sens positif ou dans le sens négatif. Dans le cas d’un changement dans le sens positif, on parle de croissance et dans le cas contraire, on parle de décroissance. Quant au développement économique, il est définit comme : «Le passage d’un système économique à un autre» selon François Perroux. L’auteur a ensuite ajouté que «Le développement économique est une combinaison des changements mentaux et sociaux d’une population, des changements qui les rendent aptes à faire croître cumulativement et durablement, son produit global». Selon ROUVEYRAN(1972) « le développement économique est le faisceau de transformation dans les structures mentales et institutionnelles qui permettent l’apparition de la croissance et sa prolongation dans la période historique ». Dans le lexique de l’Institution Agronomique Méditerranéenne «le développement économique est une augmentation qualitative et quantitative de la production et de la transformation structurelle profonde des rapports sociaux de production et des forces productives ».
On peut définir le développement économique comme une transformation au niveau d’une économie, une transformation qui va influencer les autres domaines au niveau de cette économie donnée. Par exemple, dans le domaine sociale, mentale, culturelle.
Relation entre le développement agricole et le développement économique
On a vu donc ce que signifient l’agriculture et le développement économique. Montrons maintenant la possibilité de passage du développement agricole au développement économique.
Le passage de l’agriculture au développement économique doit passer par la croissance économique. L’agriculture consiste à produire des biens. Ces biens sont utilisables par l’homme. L’agriculture dégage des surplus agricoles. Ces surplus vont être utilisés dans les industries pour avoir plus de valeurs ajoutées.
Le fait de dégager des surplus signifie l’existence d’une augmentation de la production. C’est cette augmentation qui détermine la croissance. Mais les surplus agricoles ne sont pas consommés de manière brute mais doivent passer dans l’industrie pour subir des transformations. Après les produits transformés sont écoulés sur le marché pour obtenir plus de revenus. Le respect de l’exigence des surplus ainsi que l’industrie nous amène donc jusqu’à la croissance économique.
L’augmentation du revenu des agriculteurs par la réalisation de surplus agricoles augmente la demande des biens et services non agricoles que les secteurs non agricoles doivent satisfaire. Citons par exemple l’éducation, la santé. La satisfaction de ces besoins conduits au développement, étant donné que les objectifs sous-jacents du développement est d’améliorer le niveau de vie ainsi que la satisfaction des besoins non agricoles.
Agriculture et développement
D’après Rostow(1962) l’agriculture est la première condition préalable au développement . Il existe 5 étapes à suivre pour se développer, dont : La société traditionnelle qui se traduit par la prépondérance de l’agriculture de subsistance (75% au minimum de la population active est consacrée dans la production des denrées alimentaires) ;
Celle où les conditions préalables au démarrage seraient réunies (existence de progrès technique), un Etat centralisé, une ouverture vers le marché et un accroissement de l’investissement dans le PIB ;
La phase de démarrage ou décollage qui se déroule par une courte période où devient considérable, où la condition institutionnelle favorable s’installe ;
La marche vers la maturité qui s’ensuit sur une longue période et qui se caractérisent par une généralisation des nouvelles technologies et par l’investissement supérieur à 10% du revenu nationale, une spécialisation de l’économie et de réforme institutionnelle et sociale.
L’ère de la consommation de masse c’est-à-dire une augmentation de la qualité de service, une augmentation soutenue de revenu par habitant, une recherche de la qualité dans la consommation, une démocratisation croissante. Avec le progrès technique, le rôle de l’agriculture ne sera plus seulement d’assurer la sécurité alimentaire mais de dégager un surplus pour qu’on puisse mettre en place le secteur industriel.
L’agriculture permet la modernisation et le progrès technique
Le développement économique nécessite d’importantes ressources en capital. Ce dernier provient généralement soit de l’aide étrangère, soit des investissements commerciaux, soit de l’épargne nationale. L’aide étrangère est souvent octroyée sous forme de machines de haute technologie, d’assistance technique et administrative. Cependant, cette aide est assortie à Certaines conditionnalités notamment des restrictions politiques et économiques qui ne profitent pas toujours aux pays bénéficiaires. Tel est par exemple le cas de l’Agence Française de Développement (AFD) et ses activités à Madagascar. Le groupe de l’AFD, notamment dans le cadre du Document Cadre de Partenariat signé en 2006 entre la France et Madagascar, finance des projets et programmes qui s’insèrent dans les priorités définies par le Gouvernement malgache, mais qui doivent s’inscrire dans des axes fixés par le Gouvernement Français. En outre, les chefs de projet et consultants sont des membres du groupe de l’AFD et les importations en provenance de la France sont les plus
importantes.
L’investissement commercial international représente également une autre source de capital importante. Cependant, les intérêts qu’il génère doivent être remboursés dès que les revenus ont augmenté. Par ailleurs, si le niveau de développement du pays est encore faible, cet investissement sera faible car les dividendes anticipés le seront également. La formation de capital grâce à l’épargne est possible si la productivité agricole permet un surplus.
Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : CADRE THEORIQUE ET CONTEXTE
CHAPITRE I : DEFINITION ET CONCEPT DE L’AGRICULTURE ET DU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE
SECTION 1 : L’agriculture
SECTION 2 : Le développement économique
SECTION 3 : Relation entre le développement agricole et le développement économique
CHAPITRE II : APPROCHE THEORIQUE DE L’AGRICULTURE ET DU DEVELOPPEMENT
SECTION 1 : La physiocratie 1756 à 1777
SECTION 2 : Agriculture et développement
SECTION 3 : L’agriculture au service des autres secteurs d’activités
3 . 1 L’agriculture : fournisseur de produits alimentaires
3 . 2 L’agriculture permet la modernisation et le progrès technique
3 . 3 L’agriculture : réservoir de main d’œuvre
3 . 4 L’agriculture : débouché pour les produits industriels
3 . 5 L’agriculture : source de devises
CHAPITRE III : LE ROLE DE L’AGRICULTURE DANS L’ECONOMIE DES PAYS DEVELOPPES
SECTION 1 : Le rôle de l’agriculture dans l’économie américaine
SECTION 2 : L’agriculture de l’Europe
2 . 1 La France, puissance agricole européenne
2 . 2 La politique agricole commune européenne (PAC)
SECTION 3 : L’agriculture de la Chine
PARTIE II : LE CAS DE MADAGASCAR
CHAPITRE I : PRESENTATION DU SECTEUR AGRICOLE A MADAGASCAR
SECTION 1 : Généralités de l’agriculture
1 . 1 Effectif de la population rural
1 . 2 Effectif de la population agricole
1 . 3 Répartition des exploitations agricoles par province
1 . 4 Répartition des ménages agricoles par région
SECTION 2 : Place de l’agriculture dans l’économie de Madagascar
SECTION 3 : Agriculture familiale à Madagascar
3 . 1 Définition
3 . 2 Importance de l’AF à Madagascar
CHAPITRE II : LES DIVERS PROBLEMES EXISTANTS AU SEIN DE L’AGRICULTURE MALAGASY
SECTION 1 : Faiblesses de la productivité agricole
SECTION 2 : Sous performance des marchés agricoles
SECTION 3 : Faiblesse des institutions, incohérence des politiques et mauvaises gouvernances
3 . 1 Faiblesse des institutions
3 . 2 Inefficacité des politiques
3 . 3 Faible gouvernance
CHAPITRE III : LES SOLUTIONS POUR RELANCER L’AGRICULTURE MALAGASY
SECTION 1 : Les actions prioritaires
SECTION 2 : Soutenir l’agriculture familiale
SECTION 3 : Vérification des hypothèses
SECTION 4: Discussion
CONCLUSION
