Agent pathogène et cycle parasitaire

Agent pathogène et cycle parasitaire

L’agent pathogène de la gale est un parasite : le Sarcopte scabiei, variété hominis. Son réservoir exclusif est l’homme. Après fécondation, la femelle s’enfonce sous la peau et dépose ses œufs le long du tunnel qu’elle creuse, et qui correspond au sillon visible cliniquement. Elle creuse et pond ainsi jusqu’à sa mort pendant 1 mois, sans jamais remonter à la surface.
Les œufs éclosent au bout de 7 à 14 jours et évoluent en larves puis muent en nymphes avant de devenir des adultes au bout de 10 à 15 jours de vie. La durée maximale de ce cycle est de 6 semaines environ . Dans l’environnement, les sarcoptes adultes peuvent survivre 72h et les œufs peuvent survivre jusqu’à 5-7 jours. Les sarcoptes et les œufs meurent s’ils sont exposés à une source de chaleur supérieure à 50°C pendant 10 minutes au minimum, aux acaricides appliqués pendant plus de 12-24h, mais sont insensibles aux solutions hydro-alcooliques.

Clinique et diagnostic de la gale

La gale commune, dans sa forme typique, peut se traduire par un prurit diffus à recrudescence nocturne. Celui-ci est en lien avec l’activité et les excréments du sarcopte femelle responsables d’une réaction eczématiforme . Le sillon scabieux est la lésion élémentaire spécifique de cette ectoparasitose mais on ne la retrouve pas toujours.
Un patient atteint de gale peut présenter d’autres lésions élémentaires telles que des papules, des vésicules perlées, des nodules scabieux ou des pustules. Classiquement, les lésions cutanées sont localisées au niveau des zones dites « bastions » (zones interdigitales, aréolaire, emmanchures, organes génitaux externes -OGE-, fesses, poignets, coudes, …). Toutefois, dans la gale commune, elles peuvent aussi être observées sur tout le reste du corps, à l’exception du visage et du cuir chevelu. La clinique d’un cas de gale est donc très polymorphe, et volontiers trompeuse. Le principal diagnostic différentiel est l’eczéma.
Une autre forme clinique est la gale profuse. Elle affecte principalement les personnes âgées en collectivités. L’atteinte est alors plus étendue que lors d’une gale commune, avec une éruption inflammatoire papulo-vésiculeuse diffuse souvent sans sillon visible.
Dans le cas d’une gale hyperkératosique ou croûteuse (anciennement « norvégienne ») survenant surtout chez les patients immunodéprimés, on observe une éruption squamo-croûteuse ou kératosique quasi généralisée (érythrodermie) avec même, parfois, une atteinte du visage, mais qui est paradoxalement parfois peu prurigineuse.
L’atteinte palmoplantaire vésiculo-pustuleuse est propre au nourrisson mais on peut observer aussi chez l’adulte quelques sarcoptes dans cette topographie imposant donc un examen complet des téguments notamment des OGE chez l’homme.
Une gale peut se compliquer et alors être de diagnostic difficile. Il est possible de diagnostiquer une impétiginisation des lésions par surinfection à streptocoque β-hémolytique du groupe A ou staphylocoque doré. En cas d’infection à streptocoque β-hémolytique du groupe A, le patient risque ultérieurement une atteinte rénale de type glomérulonéphrite. Et dans plusieurs études descriptives, des épidémies de gale ont été suivies d’une augmentation du nombre de glomérulonéphrites post-streptococciques .

Prise en charge de la gale

Les recommandations du Haut Conseil de Santé Publique (HCSP) pour la prise en charge thérapeutique de la gale ont été mises à jour en 2012 .
Le traitement de la gale consiste en 3 volets indissociables et simultanés : le traitement du patient, de son environnement et de son entourage (collectivité).

Traitement du patient

Deux modes de traitements existent : le traitement par voie générale et le traitement topique. Le traitement par voie générale par ivermectine (STROMECTOL®) est efficace sur les sarcoptes adultes mais inefficace sur les œufs. Il est administré en dose-poids (200µg/kg) à jeun 2h avant et après la prise. Les traitements par topiques sont efficaces sur la forme adulte mais sont partiellement efficaces sur les œufs. Ils doivent être appliqués après une douche, pendant 8 à 24h selon la molécule, puis rincés lors d’une seconde douche. Les molécules actuellement disponibles sur le marché français sont le benzoate de benzyle (ASCABIOL®), la perméthrine (TOPISCAB®) et l’esdépalléthrine-butoxyde de pipéronyle (SPREGAL®).
Quel que soit le mode de traitement choisi, il est recommandé de répéter le traitement avant la fin de la croissance du sarcopte et la survenue d’une nouvelle fécondation, soit 7 à 15 jours après la première administration . Une association des traitements systémique et topique est également un facteur de meilleure efficacité mais n’est pas recommandée par le HCSP .
Dans le cas d’une gale hyperkératosique ou croûteuse, les récentes recommandations européennes sont un traitement par topique appliqué quotidiennement pendant 7 jours puis répétés 2 fois par semaine jusqu’à guérison, associé à de l’ivermectine les premier, deuxième et huitième jours du traitement (J1,J2,J8). Une nouvelle administration de l’ivermectine peut se discuter sur preuve microscopique les J9 et J15 ou J9, J15 J 22 et J29 .

Traitement de l’environnement

Le traitement de l’environnement se fait de trois façons : le lavage du linge à plus de 60°C, l’application de désinfectant antiparasitaire de type A-PAR® suivi d’un nettoyage par aspirateur, ou le conditionnement dans un sac plastique pendant au moins 72h à température inférieure à 20°C. Les éléments de l’environnement à traiter sont : le linge des 72 dernières heures (jusqu’à 8-10 jours pour la gale profuse ou hyperkératosique), la literie, le matelas, toute surface absorbante comme des gants de travail.
Les surfaces inertes ne nécessitent pas de nettoyage . Le traitement environnemental est réalisé le jour même où le lendemain du traitement per os et/ou topique. La synchronisation des traitements environnementaux et thérapeutiques est essentielle pour la réussite de la prise en charge.

Traitement de la collectivité

En cas de gale commune, tous les sujets-contacts du premier cercle doivent être traités en même temps que le patient, même s’ils sont asymptomatiques, pour éviter une nouvelle contamination ou la persistance d’une chaine de transmission. En cas de gale hyperkératosique ou profuse, le 2e cercle des contacts devra également être traité .
Surveillance épidémiologique : Afin d’évaluer le fardeau de la gale dans les armées et de suivre ses tendances, cette pathologie fait l’objet d’une surveillance épidémiologique depuis 2015 dans le cadre de la Surveillance Epidémiologique des Armées (SEA). Tout cas de gale diagnostiqué chez un militaire français par un professionnel de santé, avec ou sans réalisation d’examen paraclinique, doit faire l’objet d’une déclaration dans le cadre du Message Épidémiologique Hebdomadaire (MEH). De plus, un message d’alerte doit être adressé à la chefferie du Centre médical des armées (CMA) et au Centre d’épidémiologie et de santé des armées (CESPA) lorsqu’au moins 2 cas sont diagnostiqués la même semaine. Des investigations complémentaires seront alors menées afin d’identifier la source de contamination et guider la prise en charge des cas, de leur environnement et de la collectivité afin de stopper la chaine de transmission .
La gale et la Marine dans le civil : A bord d’un navire civil, le référent santé est souvent le capitaine du bâtiment. En cas de gale, il peut appeler le Centre de Consultation Médicale Maritime (CCMM) pour connaître la prise en charge. La prise en charge préconisée le plus souvent par les médecins du CCMM est similaire aux recommandations du HCSP avec un traitement systémique par ivermectine, associé à un traitement topique (malathion en première intention, puis benzoate de benzyle ou lindane) et une 2e dose à 7 jours. Le traitement de l’environnement se fait par isolement après application d’un anti acarien. Au niveau législation portuaire, il n’existe pas de restriction portuaire spécifique à un cas de gale ni de quarantaine obligatoire.

Table des matières

I. Introduction
II. La gale 
A. Agent pathogène et cycle parasitaire
B. Transmission
C. Clinique et diagnostic de la gale
D. Prise en charge de la gale
1. Traitement du patient
2. Traitement de l’environnement
3. Traitement de la collectivité
E. Surveillance épidémiologique
F. La gale et la Marine dans le civil
III. Matériels et méthode
A. Population de l’étude
B. Période de l’étude
C. Questionnaires
D. Plaquette d’information sur la gale destinée aux soignants
E. Gestion des données et analyses statistiques
IV. Résultats 
A. Population de l’étude
B. Incidence de la gale
C. Connaissances, attitudes, pratiques des soignants vis-à-vis de la prise en charge de la gale
1. Épidémiologie
2. Diagnostic
3. Traitement
4. Divers
5. Prise en charge de la gale selon le métier de médecin ou infirmier
D. Plaquette d’information sur la gale destinée aux soignants
V. Discussion 
A. Contexte, méthode et validité de l’étude
1. Contexte
2. Méthode
3. Validité de l’étude
B. Incidence de la gale
C. Evaluation des connaissances, attitudes et pratiques
1. Épidémiologie
a) Surveillance épidémiologique
b) Sujets-contacts
c) La gale comme marqueur des IST
2. Diagnostic
3. Traitement
a) Traitement du patient
b) Traitement de l’environnement
c) Association thérapeutique
d) Persistance du prurit
4. Divers
a) Problèmes rencontrés lors de la prise en charge de cas de gale
b) Vécu des patients
c) Vécu des soignants
5. Prise en charge de la gale selon le métier de médecin ou infirmier
D. Plaquette d’information sur la gale destinée aux soignants
VI. Conclusion
ANNEXES
Article original
BIBLIOGRAPHIE

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