La technique chirurgicale de Millin est une chirurgie ouverte de l’adénome de la prostate. C’est la référence de la chirurgie par voie haute de l’hypertrophie bénigne de la prostate. Actuellement, le traitement chirurgical de l’adénome prostatique le plus utilisé est la résection transurétrale (TURP) par voie endoscopique [1]. Les centres chirurgicaux publics de Madagascar n’ont pas encore à leur disposition, de matériel endoscopique qui permet de faire la TURP. Les unités de soin de formation et de recherche (2USFR) en urologie de l’Hôpital Universitaire Joseph Ravoahangy Andrianavalona (HUJRA) Antananarivo pratique toujours l’adénomectomie par voie haute. Dans la majorité des cas, nous utilisons la technique de Terence Millin.
Un des inconvénients de l’adénomectomie par voie haute (AVH) est la durée d’hospitalisation longue par rapport à celle du traitement endoscopique. Avant cette étude, la durée d’hospitalisation pour une AVH dans notre service était plus de 10 jours [2]. Elle dépend de la durée du port de sonde vésicale en post opératoire qui était de 10 jours en moyenne [2]. La crainte d’une survenue de complications telles la rétention aiguë des urines, l’hématurie, l’incontinence urinaire et la fistule cutanée en était la raison.
SUR LE CHOIX DE LA DUREE DE L’ABLATION PRECOCE DE LA SONDE VESICALE
Actuellement, le traitement de référence de l’hypertrophie bénigne de la prostate est la résection transurétrale [2,3]. Un des inconvénients de l’adénomectomie par voie haute est la durée d’hospitalisation longue. Cette durée d’hospitalisation est souvent dictée par la durée de sondage vésical.
Avant cette étude, la durée moyenne du sondage vésical après adénomectomie dans notre service était de 10 jours [1]. Nous n’osions pas retirer précocement la sonde à cause de plusieurs contraintes :
– D’abord, la peur de l’apparition des complications telles que la rétention aiguë des urines, l’hématurie et l’incontinence urinaire.
– Ensuite, la hantise de l’apparition de fistule urinaire au niveau de la plaie opératoire.
La durée moyenne de sondage vésical lors de la TURP est entre 2 et 5 jours [3]. Cela dépend de la couleur des urines qui devra être rose ou claire avant l’ablation de la sonde. Nous avons fait référence à la durée moyenne de 5 jours. C’est la raison pour laquelle nous avons choisi la durée de 5 jours pour l’ablation précoce de la sonde vésicale dans cette étude.
Parmi les deux techniques chirurgicales de l’adénomectomie de la prostate par voie haute, le Service d’Urologie a l’habitude de pratiquer la technique de Millin. Par rapport à la technique transvésicale de Fuller-Freyer-Hryntschak, l’avantage de la technique de Millin est la cicatrisation plus rapide et plus solide de la capsule prostatique et la qualité de l’hémostase, permettant un temps de sondage et une convalescence plus courts [4]. Dans une étude sur 760 cas d’adénomectomie fait par Fousseyni à Bamako, la durée minimum d’hospitalisation était de 10 jours dans 63,15 % des cas [5]. La technique qu’ils avaient utilisée était la technique transvésicale de Fuller-Freyer-Hryntschak.
SUR LE RESULTAT
La couleur des urines en post opératoire
Quatre-vingt-trois virgule quatre-vingt-six pour cent des patients avaient des urines claires en moins de 4 jours. Ces durées ne sont pas très différentes à celles de la TURP. Pour cette dernière, la durée moyenne pour avoir des urines claires en post opératoire est de trois jours [6], de même pour l’utilisation de laser qui est actuellement une nouvelle technique promettant en termes de morbidité post opératoire [7]. Nous avons observé que 100 % des patients du groupe I contre 73,74 % du groupe II présentait des urines claires dans moins de 4 jours. La couleur des urines ne dépend pas de la durée d’ablation de la sonde. La sonde était encore en place lors de l’observation de cette couleur. L’arrêt du saignement de la loge prostatique conditionne cette couleur des urines. Le trouble de l’hémostase congénital ou acquis est un facteur de risque hémorragique post opératoire .
Dans notre étude, aucun patient n’était sous anticoagulant, les bilans de coagulations recommandés étaient tous dans la fourchette de la normale. Aucun paramètre étudié n’était en relation avec cette couleur des urines. Les hypothèses après test chi2 sont toutes nulles dans p = 0,05. Cette couleur des urines en post opératoire dépend plutôt d’une bonne hémostase per opératoire si les patients n’ont pas de trouble d’hémostase .
Les complications cliniques pendant le port de sonde
Les complications observées pendant le port de sonde sont l’hémorragie, la fistule cutanée, et la thrombose veineuse profonde. Treize virgule quatorze pour cent des patients présentaient ces complications. Tous ces patients appartenaient au groupe II. Ces complications n’étaient pas en relation avec l’ablation de la sonde parce que la sonde vésicale était encore en place. La fistule cutanée est une conséquence de problème infectieux local et de l’évacuation des urines par voie naturelle .
La thrombose veineuse profonde est favorisée par l’âge, l’antécédent de maladie thromboembolique, la chirurgie cancéreuse, la chirurgie du petit bassin, l’anesthésie générale, la durée d’intervention et l’alitement prolongé. Son incidence varie entre 1 à 5 % pour la chirurgie urologique .
La complication hémorragique est favorisée par le volume de la prostate et l’infection pré opératoire non traitée .
Dans notre étude, seul le volume de la prostate montre une relation significative avec ces complications à p = 0,05, en particulier l’hémorragie. L’antécédent d’infection urinaire et l’âge ne montrent pas cette relation.
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