Addiction et anxiété : atteindre une meilleure qualité de vie

Etant en fin de formation en soins infirmiers, il nous est demandé d’élaborer un travail de Bachelor. Pour l’élaboration de ce dernier, nous avons été amenées à choisir une thématique qui suscite de l’intérêt pour chacune de nous deux. Etant donné que l’une de nous envisage sa carrière professionnelle dans le domaine des addictions et que l’autre porte un intérêt particulier pour l’accompagnement dans la gestion des maladies chroniques, la thématique de gestion d’un symptôme récurent chez une personne addicte a été retenue.

Notre premier choix s’était axé sur la population addicte à l’héroïne présentant tous types de symptômes de sevrage, mais au vu du peu de publications en lien, nous avons élargi nos critères de recherche. Après de nombreuses réflexions et lectures, le symptôme de l’anxiété est apparu comme pertinent pour orienter notre travail. En effet, celui-ci apparaît dans la littérature comme étant fréquent dans la population souffrant d’addiction de tous types de substances.

A travers notre chapitre « problématique », nous exposons cette dernière ainsi que son origine et sa pertinence en regard des soins infirmiers. Puis, nous développons nos concepts qui sont l’addiction, l’anxiété et la théorie de gestion des symptômes. Ensuite, le chapitre « méthodologie» présente le procédé de nos recherches sur les bases de données scientifiques nous ayant permis de répondre à notre question clinique. Nous présentons, dans le chapitre suivant, l’analyse de nos sept articles retenus, ainsi que les résultats sous forme de tableaux comparatifs. Enfin, dans la dernière partie de notre travail, nous discutons les différents résultats et ressortons les stratégies que l’infirmière peut proposer au patient pour gérer son anxiété, à partir de données probantes. Nous soulignons également les limites de nos propositions ainsi que les perspectives de recherche.

Ayant eu toutes les deux l’opportunité d’effectuer un de nos stages infirmiers au sein d’une unité ambulatoire spécialisée dans les dépendances, notre choix s’est vite orienté et conforté à travers les différentes expériences que nous avons pu vivre.

La récurrence de l’anxiété observée chez les patients et verbalisée par certains nous a étonné, ainsi que la souffrance qu’elle peut engendrer. Nous nous sommes alors questionnées sur le rôle infirmier face à cette problématique, ainsi que sur la manière dont le soignant peut aider la personne à gérer ce symptôme.

Un Malaise s’ensuit, que seule la prise de produits va calmer. Voilà les patients pris dans un cercle vicieux qu’ils ne maîtrisent pas ! Esclaves, toute leur attention se tourne vers les demandes de leur nouvelle condition. Leur avenir est compromis, leur engagement en souffre, leur santé aussi et quelquefois leur vie. Ils vivent entre deux normes, celle de leur passé et celle, incompatible avec la première, que leur nouvel état commande (Cungi & Nicole, 2014, p.7).

Cette citation saisissante en dit beaucoup sur la complexité que représente, encore aujourd’hui, l’addiction et laisse imaginer ses nombreuses conséquences sur la personne. Dans la littérature, la prévalence des addictions en Suisse est scindée en plusieurs catégories, raison pour laquelle il est difficile de trouver un chiffre les englobant. Dans ces catégories, le Monitorage Suisse des Addictions estime à 250’000 le nombre de personnes alcolo-dépendantes, à 0,7 % de la population ayant une consommation d’héroïne en 2014 et entre 1-3% la prévalence de la consommation de cocaïne (2016a, 2016b, 2016c). De plus, « chaque année, les problèmes liés aux addictions entraînent plus de 11 000 décès » (Addiction Suisse, février 2016).

L’usage de substance psychoactive et l’addiction représentent un lourd fardeau autant pour l’individu que pour la société (Organisation Mondiale de la Santé, 2016). Selon Addiction Suisse, « une dépendance touche tous les niveaux de vie de la personne concernée » (n.d.). Elle peut être associée à un environnement social anxiogène et à une marginalisation sociale (Zullino & Manghi, 2013). Avec l’addiction « la performance au travail diminue, les centres d’intérêts se restreignent, le réseau social s’amoindrit. […]. Des problèmes sociaux et des problèmes économiques peuvent s’y ajouter. » (Addiction Suisse, n.d.). Les conséquences sur les liens familiaux peuvent également être importantes et les personnes peuvent être confrontées à un sentiment de solitude et d’isolement social, ou encore de baisse de l’estime d’eux-mêmes.

S’ajoutant à cela, divers symptômes peuvent être vécus par la personne. Selon le Collège Romand de Médecine de l’Addiction (COROMA) (2013), un état négatif accompagné de sentiments de tristesse, d’anxiété et d’irritabilité sont, entre autres, des conséquences liées à l’addiction. En effet, Iliceto et al. (2010) ainsi que Maremmani et al. (2010) (cités dans Shu-Mei, Shi-Hui & Yue, 2013), renforcent bien cette idée en affirmant que la qualité de vie de personnes dépendantes est bien souvent compromise, en raison de divers problèmes physiques et psychologiques dont elles souffrent [traduction libre] (p.1239-p.1240).

L’anxiété est le symptôme sur lequel notre intérêt se porte. Palazzolo la décrit comme « une émotion désagréable qui se traduit par une sensation subjective de malaise, de tension interne » (2007, p. 62). Le rapport entre l’anxiété et l’addiction est d’une grande complexité (Zullino & Manghi, 2013). En effet, le trouble anxieux peut tout aussi être un facteur ayant favorisé l’apparition de l’addiction qu’une conséquence de celle-ci (Zullino & Manghi, 2013). Nous focalisons notre travail sur l’anxiété conséquente à l’addiction, qu’elle soit pathologique ou non, car celle présente antérieurement pourrait nécessiter une prise en charge bien plus complexe.

Divers facteurs pouvant être anxiogènes, en lien avec une addiction, sont relevés dans la littérature. Zullino et Manghi (2013) rapportent que l’effet direct de la substance elle-même au niveau du cerveau peut être anxiogène, ainsi que les symptômes de sevrage qui en découlent. Nous mettons également cela en lien avec la recherche du produit, notamment lorsqu’elle est poussée par le manque de celui ci. Ces mêmes auteurs mettent en évidence que le contexte social de la personne peut représenter un facteur anxiogène (2013). Les diverses autres conséquences citées plus haut sont également propices à générer de l’anxiété.

Au vu de cela, si ce symptôme n’est pas suffisamment considéré dans la prise en soins, il pourrait compliquer davantage la qualité de vie et devenir une comorbidité. En effet, Zullino et Manghi notent que « la National Comorbidity Study (NCS) avait relevé que les troubles anxieux étaient la comorbidité la plus prévalente (19 %) chez les sujets avec une addiction » (2013, p. 189).

Table des matières

1 Introduction
2 Problématique
2.1 Origine de la problématique
2.2 Pertinence de la problématique en fonction du contexte socio-sanitaire et professionnel
2.3 Concepts
2.3.1 Addiction
2.3.2 Anxiété
2.3.3 La théorie de gestion des symptômes
2.4 Question de recherche
3 Méthodes
3.1 PICO
3.2 Bases de données utilisées
3.3 Équations utilisées
3.4 Périodiques consultés
4 Résultats de la recherche dans les bases de données
4.1 Critères d’inclusion
4.2 Critères d’exclusion
4.3 Liste des articles
5 Analyse critique
5.1 Bergdahl, L., Berman, A. H. & Haglund, K. (2014). Patients’ expérience of auricular
acupuncture during protracted withdrawal.
5.2 Black, S., Jacques, K., Webber, A., Spurr, K., Carey, E., Hebb, A. & Gilbert, R. (2010). Chair
Massage for treating anxiety in patients withdrawing from psychoactive drugs.
5.3 Chang, B.-H., Sommers, E. & Herz, L. (2010). Acupuncture and relaxation response for
substance use disorder recovery.
5.4 Chen, K.-W., Berger, C.-C., Gandhi, D., Weintraub, E. & Lejuez, C.-W. (2013). Adding
Integrative Meditation with Ear Accupressure to Outpatient Treatment of Cocaïne Addiction : a
randomized controlled Pilot Study.
5.5 VandeVusse, L., Hanson, L., Berner, M.-A. & White Winters, J.M. (2010). Impact of SelfHypnosis in Women on Select Physiologic and Psychological Parameters.
5.6 De Mayer, J., Vanderplasschen, W., Camfield, L., Vanheule, S., Sabbe, B. & Broekaert, E.
(2011). A good quality of life under the influence of methadone: A qualitative study among
opiate-dependent individuals.
5.7 Piacentine, L.-B. (2013). Spirituality, religiosity, depression, anxiety and drug-use
consequences during methadone maintenance therapy.
6 Tableaux des résultats
7 Discussions
7.1 Réponse à la question de recherche
7.1.1 Stratégies délivrées par l’infirmière
7.1.2 Stratégies rendant le patient actif
7.1.3 Qualité de vie, les dimensions à considérer dans la prise en charge infirmière
7.2 Propositions pour la pratique
7.2.1 Schéma d’actions
8 Conclusion

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