L’ACUPUNCTURE EST UTILE
La plupart des participants mettaient en avant les bénéfices à utiliser l’acupuncture, que ce soit pour les médecins généralistes, les patients ou encore pour le système de santé.
Pour la médecine générale
En contribuant à la prise en charge en médecine générale
Pour certains, un des rôles de l’acupuncteur était de réexpliquer, de reformuler ce qui avait été fait en allopathie. Dans le but de soutenir la prise en charge menée par le médecin généraliste. « […] D’abord ils me racontent leur histoire de la maladie, des fois ils comprennent pas donc je re… je ré explique ce qu’il s’est passé pourquoi le médecin il a fait ça, pourquoi ils ont eu ces examens, qu’est-ce qu’on a trouvé […] donc des choses comme ça des fois les patients ils se… et puis euh le neurologue savait pas trop donc le neurologue l’adresse chez un autre neurologue euh… à X donc voilà je lui explique que voilà en fonction des examens, l’EMG ça c’est contradictoire donc voilà pourquoi votre neurologue voilà. Et donc je… je soutiens, en général je soutiens ce qui a été fait pour rester dans la ligne du médecin généraliste. » (A3)
Parfois l’acupuncteur pouvait aussi être une force de propositions diagnostiques ou thérapeutiques venant aider le médecin généraliste : « Voilà, et des fois si je comprends pas, ça m’arrive rarement, je fais un courrier au médecin traitant que je donne au patient en disant ben voilà, je me pose telle question, est-ce que tel médicament serait pas indiqué parce que… euh… voilà l’acupuncture euh… » (A3)
En aidant le médecin généraliste dans sa relation avec le patient
Certains acupuncteurs essayaient de recréer du lien avec les médecins généralistes pour les patients qui avaient perdu confiance en la médecine générale et qui n’avaient plus de suivi médical.
« Mais bon euh voilà ça reste euh… dans le milieu médical… et d’autres au contraire on va renvoyer vers le… dans le secteur médical parce qu’ils ont décroché, euh donc on a aussi un rôle euh de responsable, d’essayer de les faire raccrocher quand ils ont complètement décroché de… pour leur faire des analyses ou quoi que ce soit… » (F4)
D’autres pouvaient communiquer au médecin généraliste des éléments dits en séance d’acupuncture mais non-dits en consultation de médecine générale. « C’était une patiente très inquiète d’avoir contracté la maladie de Lyme. Et qui… avait vu une fois son médecin traitant, et depuis plusieurs semaines la situation n’évoluait pas, et qui semblait très inquiète elle osait pas en parler avec son médecin traitant.
Donc là ben j’ai décroché pour en discuter moi-même avec le médecin traitant et voir ce qu’il convenait de faire. »
En soulageant la médecine générale
En prenant en charge des patients pouvant être traités avant de consulter en médecine générale :
« Il y a une foule de pathologies où j’ai une prise en charge qui peut être quasiment totale, puisque euh… des pathologies comme des douleurs, des insomnies, des troubles des règles, des maux de ventre, des… des stress, des problèmes émotionnels euh… toutes ces choses-là qui sont du fonctionnel en gros euh… » (A1) « Les médecins généralistes sont tellement débordés que… s’ils peuvent ne pas être sollicités pour une sciatique, un rhume… c’est aussi bien quoi. » (A9)
Ou bien en cas d’impasse thérapeutique avec des soins conventionnels.
« Ils sont pour 95% des cas déjà passés par la case médecin. Donc euh… après peu me disent… voilà les médecins… souvent les gens viennent parce que les médecins ont déjà tout fait les examens, ils ont vu des spécialistes tout ça, il y a rien. » (A8)
Les médecins acupuncteurs peuvent aussi endosser les fonctions de médecins généralistes si besoin. « Chacun sa partie, moi quand l’autre, que j’ai pas à m’occuper de médecine générale et que j’ai que l’acupuncture c’est très bien, quand faut faire les deux ben je fais avec. » (A5)
« Ou ça peut m’arriver de prescrire un examen complémentaire. Euh… en demandant bien au patient de retourner voir son médecin traitant. » (A9)
« Des fois je renouvelle des ordonnances, quand je vois un patient euh qu’il a un traitement au long cours et qu’il me dit qu’il va aller voir son médecin traitant parce qu’il a plus de médicaments ben je lui renouvelle pour une durée d’un mois ou deux et je lui dis ben voilà vous reprendrez contact avec votre médecin traitant. En général ça s’arrête là. » (A3)
Pour le patient
En apportant une autre approche du soin
Certains patients étaient demandeurs d’une autre approche que celle de la médecine conventionnelle pour se soigner. Les acupuncteurs proposaient une approche plus globale du patient : « Et euh ça semble évident mais je le dis quand même, le côté holistique, médecine globale. » (A9) D’après certains acupuncteurs, leurs patients pouvaient trouver plus de temps d’écoute par rapport à une consultation de médecine générale.
« Les deux premières fois je prenais une heure et demie, le bilan de départ les personnes sont écoutées et entendues dans leur globalité […] » (A8) « Ben c’est variable mais en premier et avant tout déjà euh… je dirais l’écoute, c’est à dire une écoute euh… de… leur plainte en premier, une écoute de leur être en deuxième et peut être même d’écouter le silence et ce qu’il y a derrière quoi c’est à dire euh… » (A2)
Proposer une autre approche qu’en médecine conventionnelle faisait apparaître l’absence d’études médicales comme une force. « Euh… par rapport à un médecin je pense déjà une… lecture différente, c’est à dire c’est pas du tout la lecture symptomatique au départ du médecin acupuncteur. Euh… oui parce que je pense qu’un médecin il passe d’abord… il va avoir une lecture symptomatique oui… » (A8)
Une efficacité constatée en pratique
Dans certaines situations, il apparaissait contre l’intérêt du patient de ne pas se servir de l’acupuncture devant la constatation de l’efficacité de cette méthode. « Oui, quand j’ai commencé à… donc… les premiers temps à l’hôpital où je vous ai dit, j’ai vu arriver une épaule complèt… ce qu’on appelle une épaule gelée et dans la séance de l’a… d’acupuncture, la personne a levé l’épaule et elle est repartie, elle pouvait pas de déshabiller, elle est repartie normale. » (A5)
Pour la santé publique
En permettant de réaliser des économies à la sécurité sociale
Comme alternative à des traitements lourds : « Et si l’acupuncture arrive à calmer les inflammations d’arthrite euh auto-immune ou j’en passe et ben …et qu’on n’a pas d’immunothérapie à prendre, on a pas de traitement lourd, d’hospitalisation, tout le monde y gagne, la Sécu […] » (A2)
En limitant les prescriptions d’examens complémentaires ou le recours à des spécialistes :
« […] Il a une sciatique et une hernie discale, il peut plus marcher ah ben tiens une séance d’acupuncture a redonné de la mobilité et lui a ôté toute douleur ben c’est magique et la prochaine fois il prescrira peut être pas une IRM en première intention euh […] l’idée c’est de dire… de se dire vraiment si on rationnalise euh… euh l’offre de soin ben ça veut dire euh au niveau aussi économique, c’est… la pratique de l’acupuncture elle a beaucoup beaucoup à… à apporter parce que dans… dans un parcours de soin un médecin généraliste quand il est face à une inconnue ou un diagnostic qui lui évoque rien du tout, ou des symptômes pour lesquels il a pas de moyen d’être curatif, une hernie discale c’est un bon exemple parce que on va faire une IRM, on va donner des antalgiques mais c’est pas ça qui va faire que la hernie va passer. » (A2)
L’acupuncture pourrait être plus largement utilisée
La MTC pourrait être intégrée dans la vie quotidienne, en prévention ou en traitement curatif pour des pathologies bénignes, l’objectif étant d’éviter une consultation chez le médecin.
« Mais pour la petite bobologie quoi, ça commence par là, des petites ventouses pour des bronchites, les petits guasha pour des rhumes, enfin voilà, toutes les techniques de médecine chinoise, si on commence déjà à les introduire dans les foyers, si c’est toléré accepté, ben du coup ça rentrerait dans… ça rentrerait dans les, dans les mœurs quoi. » (F3)
« Dans un restaurant chinois, tu arrives, tu as un petit peu mal au ventre, tu demandes au chef… il rajoute trois herbes dans sa cuisine pour te guérir, pour te soigner…je veux dire c’est… c’est tellement clair pour eux quoi. Tu leur dis j’ai mal au ventre depuis deux trois jours, il va te faire une soupe et le lendemain c’est fini. » (F2)
ACUPUNCTURE ET MEDECINE GENERALE : DEUX APPROCHES DIFFERENTES MAIS COMPLEMENTAIRES
Faire le choix de pratiquer l’acupuncture
Cette nouvelle vision du soin avait convaincu certains jeunes médecins généralistes de débuter une formation en acupuncture pour délaisser une pratique que ne les satisfaisaient pas.
« Euh… j’aimais pas le fait de séparer les gens en petites tranches, je voulais voir les gens en entier et euh… je voulais faire une médecine qui s’occupe autant du mental que du physique. » (A3) « Alors j’allais dire l’argument principal, c’est le fait que je commençais à me sentir enfermé dans ma pratique de médecine générale. Alors du coup je… j’avais pas les moyens de pouvoir traiter des choses que je pressentais pouvoir mieux traiter en acupuncture. » (A4)
Deux pratiques qui se complètent
La complémentarité des deux approches était mise en avant par les acupuncteurs : « On n’est pas une médecine alternative, on est une médecine complémentaire et normalement c’est complémentaire et intégré, c’est à dire qu’on doit travailler ensemble et euh… l’un n’est pas pour remplacer l’autre, c’est à dire c’est pas une alternance, c’est ou l’un ou l’autre non on est pas une alternative, c’est pas ou l’un ou l’autre ; c’est les deux qui doivent travailler ensemble. » (A1)
Avoir besoin de la médecine conventionnelle
Dans certains cas ils avaient besoin du soutien de la médecine générale car l’acupuncture ne traite pas tout : « Et puis quand c’est pas notre truc, on passe la main ! On leur dit mais là on peut rien faire ! Allez voir votre médecin, votre chirurgien, votre dentiste, votre… etc… votre spécialiste, votre phlébologue, votre cardio… oui, bien sûr ! Bien évidemment, on ne fait pas tout ! » (F1) « Mais moi je leur dis aussi quand est-ce que ma technique elle a des limites et je leur dis bon ben moi je vous vois aujourd’hui mais il faut quand même que vous alliez voir votre médecin généraliste. » (A3)
Prendre en charge des patients en rupture avec l’allopathie
Les acupuncteurs pouvaient assurer la prise en charge des patients dont les choix de traitement n’étaient pas acceptés par le corps médical conventionnel : « Parfois y’a des patients qui viennent pour arrêter les traitements, euh… qui veulent plus de traitement anti-hypertenseur par exemple euh… qui veulent parfois pas de chimio, y’a une patiente là que je suis actuellement mais qui a une tumeur de la parotide mais j’ai jamais vu un truc comme ça hein c’est… un ballon de rugby qu’elle a dans le cou qui… qui… suppure de tous les côtés, elle veut pas de chimio, elle veut rien du tout, et ma foi elle veut plus voir son oncologue, parce que son oncologue ça la… le révolte de voir ça. » (A2) Ou des patients qui avaient perdus confiance en l’allopathie :
« Beaucoup aussi de… de patients qui viennent qui sont en errance thérapeutique euh… ou non c’est pas de l’errance thérapeutique, c’est de l’errance relationnelle euh… au niveau de la confiance avec leur médecin. Y’a certaines personnes qui ont des maladies graves, comme des polyarthrites rhumatoïdes déformantes mais mutilantes même avec des… des arrachements tendineux euh… vraiment des trucs qui… qui… sont gravissimes et qui euh ne peuvent plus aller voir un médecin et viennent me voir. » (A2)
Certains acupuncteurs prenaient aussi en charge des patients qui relevaient d’une situation d’urgence qui ne voulaient pas consulter de médecin généraliste :
« Ça m’est arrivé quand même de voir des gens qui voulaient pas aller voir leur toubib, et qui ont poireauté trois mois pour que je les voie avec un angor ou un truc comme ça et que je les envoie direct en cardio. » (A7)