Le développement durable dans la finance éthique et la finance islamique
Le développement durable est désormais au centre de nombreuses réflexions. Politique, environnement, finance, ou encore stratégies d’urbanisation : rares sont les domaines qui échappent à une analyse construite en termes de développement durable. Pour autant, le concept même de développement durable est souvent mal connu, car compris de manière incomplète.
D’après la commission mondiale sur l’Environnement et le Développement de l’ONU, dite « Commission Brundtland », « le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de « besoins », et plus particulièrement les besoins essentiels des plus démunis, à qui il convient de donner la plus grande priorité, et l’idée des limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale imposent sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir. (…)
Au sens le plus large, le développement durable vise à favoriser un état d’harmonie entre les êtres humains et entre l’homme et la nature ».
Le développement durable repose sur une trilogie où l’économie s’allie au social dans le respect de l’environnement. Il s’agit de produire plus, au service du plus grand nombre, de mieux répartir les richesses et de lutter contre la pauvreté, tout en préservant la nature. Enfin, dans chacune de ces dimensions (économie, social, environnement), on retrouve une exigence transversale de solidarité entre les générations.
Parmi les objectifs fixés, certains sont à traiter à l’échelle de la planète (rapports entre les nations, les individus, les générations), d’autres relèvent des autorités publiques au sein des Etats ou dans chaque grande zone économique (Union européenne, ALENA, etc.), et d’autres enfin relèvent de la responsabilité des entreprises.
Les entreprises sont en effet des actrices à part entière du développement durable. Elles interviennent principalement de trois manières dans le développement durable. Tout d’abord, elles participent directement au développement économique par leurs investissements. Ensuite, elles participent à créer ou réduire des inégalités sociales, à travers les conditions de travail qu’elles proposent à leurs salariés. Enfin, parce que les entreprises consomment des ressources naturelles, produisent des déchets et génèrent des pollutions, leurs activités modifient l’environnement.
Plus particulièrement, à l’échelle de l’entreprise, le développement durable se décline sous la forme de la responsabilité sociale – ou sociétale – des entreprises (RSE). La responsabilité sociale des entreprises est « l’intégration volontaire des préoccupations sociales et écologiques des entreprises à leurs activités commerciales et leurs relations avec les parties prenantes ».
Elle signifie essentiellement que les entreprises, de leur propre initiative, contribuent à améliorer la société et à protéger l’environnement, en liaison avec les parties prenantes.
Diverses théories ont été proposées par les économistes occidentaux pour étayer la pratique de la responsabilité sociale des entreprises.
En somme, les sociétés s’engageraient dans la voie du « socialement responsable » d’une part pour s’assurer une forme de légitimité, et d’autre part pour satisfaire les intérêts et les demandes d’un groupe hétéroclite de parties prenantes, et honorer les engagements explicites et implicites qui les lient à ces parties prenantes. En honorant ces engagements, les sociétés développent une certaine réputation, laquelle constitue alors un avantage économique sur le marché, et procure à plus long terme profitabilité et viabilité.
Enfin, le développement durable et la responsabilité sociale des entreprises agiront comme des catalyseurs de financements (notamment par appel public à l’épargne) comme en témoigne le succès de l’investissement socialement responsable.
Dans le cadre d’un colloque consacré aux conjonctions entre la finance éthique et la finance islamique, une question doit être posée : comment les préceptes de l’Islam rejoignent-ils les thématiques de développement durable et de responsabilité sociale ?
Tout d’abord, la définition que nous avons donnée du développement durable, rejoint les objectifs de la Shari’ah.
Selon le penseur Al-Ghazali (1058-1111), la loi islamique vise en effet à promouvoir le bien-être de tous les hommes, bien-être qui repose sur la sauvegarde de leur foi (din), de leur être (nafs), de leur intellect (aql), de leur postérité (nasl) et de leur richesse (maal).
Les Musulmans, comme tous les hommes, doivent être forts matériellement et moralement pour poursuivre les objectifs de sagesse, de pitié, et de justice qu’impose la Shari’ah. Cela suppose donc un enrichissement afin de pouvoir répondre aux besoins essentiels, mais cela nécessite aussi d’éviter toute dépense excessive.
Développement durable dans la finance éthique et la finance islamique (731.44 KB) (Cours PDF)