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La régénération naturelle

La régénération naturelle est un mode de reproduction spontané des peuplements végétaux (Joet et al., 1998). Elle peut se faire par voie sexuée, c’est la régénération par semis (issus d’une graine/semence) ou par voie végétative à partir de rejets de souche, drageon, marcotte, tubercules ligneux. Généralement, dans les régions semi-arides la régénération sexuée ne parvient pas à maintenir une densité suffisante de ligneux, parce que même si les graines trouvent les conditions optimales pour germer, ils meurent au courant de la longue saison sèche suivante, ou à cause des feux ou du surpâturage (Bellefontaine et al., 2018). Les divers modes de régénération par voie asexué donnent des plants à croissance plus rapide que ceux issus de graines (Figure 1). Au sahel en particulier, il existe une grande capacité de régénération des peuplements ligneux, due au fait que la majorité des espèces rejette vigoureusement des souches (Joet et al., 1998).
Figure 1. Mode de régénération asexuée par rejets de souche et drageons (source INRA).

La régénération naturelle assistée (RNA)

Définitions

Le terme régénération naturelle assistée (RNA) est utilisé quand les cultivateurs activement protègent et gèrent les repousses dans leurs champs pour (re)créer une végétation ligneuse (Larwanou, 2006 ; Botoni et Larwanou, 2010). Beaucoup d’auteurs ont donné une définition pratique de la RNA, se basant sur les quelques étapes de sa réalisation. Le principe constitue à identifier, matérialiser, protéger et entretenir les jeunes sauvageons (ou régénération naturelle) de façon à reconstituer le couvert ligneux dans les champs (Botoni et Reij, 2009 ; ICRAF, 2011). FIDA (2010) appesantit sa définition sur la période d’application de la pratique de la RNA, stipulant que celle-ci consiste à laisser au cours du défrichement un à trois rejets issus des souches des différents arbres et arbustes pour qu’ils poursuivent leur croissance.
D’autres définitions ont par ailleurs mis l’accent sur l’utilité de la pratique de la RNA. Elle est pour cela une technique agroforestière qui met l’accent sur le rôle de l’arbre et son importance dans la production et dans l’espace de culture, dans la mesure où elle permet, entre autres, de restituer les éléments nutritifs au sol après la culture, de fixer le sol, d’assurer une protection contre les intempéries, de fournir du fourrage, etc. (Botoni et Reij, 2009 ; Rinaudo, 2010 ; Botoni et al., 2010 ; Marquant, 2011 ; GREP, 2013 ; Baggnian et al., 2013).

La pratique de la RNA

Le défrichement est l’élément de départ pour la mise en pratique de la RNA. De ce fait, les activités de vulgarisation de la RNA se font durant l’intersaison (novembre-mai), période où les jeunes pousses d’arbre et d’arbuste se développent dans les zones de culture (Joet et al., 1998). En d’autres termes, l’intervention doit se faire avant ou au cours des travaux de défriche (Abasse et al., 2016 ; Banoin et al cité par Marquant, 2011). A ce niveau, le défrichement est contrôlé et consiste à épargner un certain nombre d’arbres en régénération naturelle (Photo 2).
La distance entre individus épargnés est fonction de la nature des espèces ligneuses en place. Il faut une distance de 10m entre arbustes. Pour certaines espèces présentant un houppier moyen supérieur à 5m de rayon comme Diospyros mespiliformis ou Sclerocarya birrea, les distances doivent dépasser 10m afin d’éviter l’effet négatif de l’ombrage sur les cultures (Pronat, 2017).
Photo 1. Pied de Piliostigma reticulatum épargné lors des travaux de défriche à Mbadane (cliché Diouf, 2018).
Le code forestier recommande un minimum de 20 arbres à l’hectare pour une autorisation de défriche. Il est en réalité conseillé d’obtenir une densité ne gênant pas les cultures. Trente-cinq (35) arbres à l’hectare sont requis pour une parcelle mise en RNA (Pronat, 2017). Cependant, au cours de la première année, la densité d’individus conservée dans les champs est fonction de la disponibilité en ressources ligneuses (Joet et al., 1998).
Dans la pratique, la RNA comporte très peu de règles de base. Pour Botoni et al (2005), la gestion des repousses consiste à éliminer les branches latérales pour ne conserver que quelques tiges principales (Figure 3). Ainsi donc, la mise en pratique de la RNA comprend les opérations telles que le repérage, la taille, le marquage des plants, la confection d’une cuvette, la protection contre les animaux par l’installation de gabion et la pose d’éventuels tuteurs (Samanké et al., 2011 ; Bakhoum, 2012).
Certaines actions ou pratiques culturales accompagnent la RNA en favorisant la germination des graines forestières dans les zones de culture. Il s’agit entre autres de :
 Le labour
Elle a pour but d’ameublir le sol et ainsi de permettre le captage des graines. La profondeur de labour varie entre 5 et 10 cm, selon la compactibilité du sol. L’opération se fait à la daba ou à la charrue.
 Le parcage
Le parcage consiste à faire séjourner des animaux (bovins, ovins, caprins) dans le champ pendant la saison sèche. Leurs déjections peuvent contenir des graines forestières. Ces graines, ayant séjourné dans le tube digestif de l’animal, sont comme prétraitées et ont une grande capacité de germination.
 L’épandage
Il s’agit d’un ensemencement par semis à la volée de graines forestières à travers le champ. L’épandage est utilisé lorsque le champ est dépourvu d’arbres ou lorsque ces derniers sont trop éloignés pour permettre un ensemencement naturel.
 Le paillage
La méthode consiste à épandre de la paille de mil ou des branchages dans la zone de culture. Ce dispositif permet de piéger les graines forestières, évitant ainsi leur déperdition sous l’effet du vent ou du ruissellement.
 L’élagage
La période de taille des jeunes pousses contribue fortement à la réussite de la RNA. La taille est recommandée pendant la période dormante de la plante (Bayala et al., 2008 cité par Samaké, 2011). Il convient donc de les effectuer périodiquement et en éliminant toutes les basses ramifications de la plante. Afin d’éviter les blessures et les pertes excessives de sève, des instruments tranchants (cisaille, machette etc.) sont recommandés.
La réalisation de la RNA nécessite un certain nombre de matériel rentrant dans le cadre de la gestion des individus. Il s’agit selon Pronat (2017) de : râteau, cisaille, coupe-coupe, pelle, peinture, brouette, gants et poudre à la chaux.

Les espèces en RNA

Dans le souci de se procurer l’ensemble des biens et services des arbres champêtres, aucune espèce n’est exclue en RNA. Pour Rinaudo (2010) en revanche, le choix des espèces de la RNA varie selon la ferme, le district et le pays. Autrement dit, le stock d’espèces existant dans la zone est décisif pour le choix des espèces à conserver au niveau des zones de culture. C’est en ce sens que la RNA contribue à la conservation des espèces locales (Botoni et al., 2005 ; Larwanou et al., 2006).
Plusieurs auteurs ont affirmés que le choix des espèces à conserver dans les champs concourt à l’élargissement de la gamme de produits et services émanant des arbres (Boffa, 2000 ; Akpo et al., 2004 ; Larwanou et al., 2006 ; Rinaudo, 2010 ; Samaké et al., 2011 ; Bakhoum, 2012)
Deux types d’espèces sont le plus souvent protégés dans le cadre de la RNA : les espèces fertilisantes et les espèces à valeurs alimentaires. A ce niveau, la préférence des producteurs en matière d’espèces ligneuses est déterminant sur le choix des essences à épargner (Joet et al., 1998 ; Boffa, 2000 ; Zarafi et al., 2002 ; Larwonou et al., 2006).

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