Prise d’eau et agression
E. rufus est une espèce de primate qui dépend beaucoup de la présence d’eau. La recherche d’une source d’eau l’oblige à sortir de son domaine habituel durant la période sèche. Pour cette espèce, la femelle a besoin de beaucoup plus d’eau que le mâle. Cette demande d’eau peut être due à l’allaitement pour avoir une sécrétion normale (Overdorff, 1996a) durant cette période sèche. L’observation du déplacement du groupe a montré aussi que c’est la femelle qui guide la marche durant la recherche d’eau et c’est toujours elle qui boit la première. On observe cette dominance chez la femelle dans beaucoup d’autres espèces de lémuriens. En revanche, il n’y a pas de hiérarchie de dominance évidente chez E. rufus. (Pereira et al, 1990, Pereira et McGlynn, 1997, Overdorff, 1998).
Au moment de la prise d’eau, il existe des conflits entre les différents groupes mais ces oppositions sont loin d’être mortelles. Les conflits prolongent seulement le temps de la visite du point d’eau pour chaque groupe. L’existence de la source d’eau pourrait devenir un facteur limitant pour la survie de l’espèce de Kirindy pendant la sécheresse. Une forte compétition de survie est observable dans ce lieu mais pas dans d’autre car E. rufus ne défend pas son territoire. Cependant, il fera déménager d’autres groupes ou espèces se nourrissant dans une parcelle (Overdorff, 1996b) lorsque la nourriture est rare. Il n’est pas territorial comme E. rubriventer qui défend activement les frontières de son territoire (Overdorff, 1996a). La rareté d’agression pourrait être la cause de la gestion d’énergie car les conflits entre les groupes entraînent une augmentation de la dépense énergétique pour E. rufus. En effet, tout travail effectué par l’organisme accroît le besoin énergétique d’un individu. Par conséquent, l’espèce préfère d’être pacifique pour faire face à la rude période.
Distance parcourue durant les périodes sèche et pluvieuse
La distance parcourue en une journée par chaque groupe durant les deux périodes est représentée. Les groupes résidants A et B font environ 400 m par jour durant la saison sèche tandis que les migrateurs M, X et F parcourent entre 500 et 800 m.
Pour les deux groupes intermédiaires K et Y, K effectue un trajet de 626 m en moyenne et Y fait en moyenne une distance de 888 m par jour. Il y a une augmentation de la distance parcourue durant la saison de pluie. Cette augmentation est bien visible pour les cinq groupes étudiés (X, M, F, A, B). Les groupes migrateurs parcourent une distance de 1000 à 1200 m par jour et les deux groupes résidants font une distance de 800 à 1100 m par jour. Le test t entre les moyennes de distance parcourue durant les saisons sèche et pluvieuse indique une différence non significative (t = 2,37 ; d.d.l = 6). Par conséquent, l’hypothèse nulle attestant que la distance parcourue durant les deux périodes est similaire a été retenue.
Méthode pour avoir le volume d’eau
Pendant la saison sèche, lorsqu’il ne reste que deux points d’eau au CS7 (les flaques R-4 et R16), le contour de ces flaques ainsi que les profondeurs de l’eau ont été mesurées à l’aide d’un mètre à ruban. Ces données ont été utilisées pour calculer la superficie respective de R-4 et R16 et en déduire le volume d’eau contenue dans ces deux flaques.
La prise de mesure a été faite en deux reprises, l’une au début du mois d’octobre (03 octobre 2003) et l’autre à la fin du mois de novembre (27 novembre). Celle-ci a été faite pour avoir une idée sur l’évolution du point d’eau.
Durant cette même période, les groupes qui viennent boire dans ces sources ont été comptés. Tout ceci a été fait dans le but de connaître les danger qui pèsent sur ces groupes de E. rufus de Kirindy.
Méthode de capture
Pour capturer un individu de Eleumur rufus, une sarbacane à flèche munie d’une seringue projectile contenant un produit anesthésiant « GMII » a été utilisée. Le tir ne doit pas atteindre la partie du thorax ou la tête de l’animal, il faut viser les membres postérieurs pour éviter la mort de l’individu. Une fois touché, l’animal court vite mais il faut le suivre partout où il va parce qu’il va s’évanouir et tomber de son arbre. En évitant le choc, une sorte de filet de sécurité a été utilisée pour recevoir l’individu en tombant. Tout contact direct avec la peau humaine au pelage de l’animal a été évité de peur que celui ci ne soit plus accepté par son groupe plus tard.
La mise du collier à radio a été faite pendant que l’animal s’évanouit. Celui-ci a rejoint son groupe quelques heures après l’intervention. A la fin de l’étude, les émetteurs ont été tous récupérés.
Présentation de l’espèce étudiée
Position systématique : Eulemur rufus a été utilisée comme matériel biologique. Elle appartient au classement taxonomique suivant selon Mettermeier et al 2006.
Règne : ANIMAL, Embranchement : VERTEBRES, Classe : MAMMIFERES, Ordre : PRIMATES Linnaeus, 1758, Sous-ordre : PROSIMIENS Haeckel, 1866, Infra-ordre : LEMURIFORMES Gregory, 1915, Super-famille : LEMUROÏDEA Gill, 1872, Famille : LEMURINAE Gray, 1821, Genre: Eulemur Simons & Rumpler, 1988, Espèce : rufus (Audebert, 1799), Noms vernaculaires : Lémur à front rouge en Français, Red fronted lemur en Anglais, Gidro en Malagasy.
Caractères morphologiques et comportementaux : Les lémurs à front rouge vivent en groupe. C’est une espèce cathémerale (active le jour et la nuit). Le nombre d’individus composant un groupe varie de 4 à 17. Un groupe est composé de 2 à 5 mâles adultes, 2 à 8 femelles adultes et un petit nombre de bébés et de juvéniles. L’espèce présente un dimorphisme bien marqué entre le mâle et la femelle. La différence se trouve surtout sur le pelage de l’individu mais la taille est presque la même entre les deux sexes. Les petits ont la même couleur que les mâles adultes (même les bébés femelles), sauf pendant quelques semaines où les petits mâles ont une touffe orange sur le front que les femelles n’ont pas.
Table des matières
INTRODUCTION
I PRESENTATION DU MILIEU D’ETUDE ET DE L’ESPECE ETUDIEE
1- DESCRIPTION PHYSIQUE DE LA ZONE D’ETUDE
1-1 Situation géographique de la forêt de Kirindy
1-2 Flore
1-3 Faune
1-4 Climat
1-4-1 Température
1-4-2 Précipitation
2- SITE D’ETUDE
2-1 Site CS7
2-2 Hydrologie du site d’étude CS7
3- PRESENTATION DE L’ESPECE ETUDIEE
3-1 Position systématique
3-2 Caractères morphologiques et comportementaux
3-2-1 Mâles
3-2-2 Femelles
3-3 Caractéristiques éco-biologiques
3-3-1 Taille de l’animal adulte
3-3-2 Distribution
3-3-3 Habitat
3-3-4 Régime alimentaire
3-3-5 Prédateur
3-3-6 Structure sociale
3-3-7 Reproduction
II MATERIELS et METHODES
2-1 Collecte des données
2-1-1 Calendrier d’étude
2-1-2 Méthode de capture
2-1-3 Identification et localisation des groupes
2-1-4 Mode d’observation et de mesures
2-1-4-1 Comportement du groupe
a) Observations instantanées (Instantanious sampling)
b) Observation par balayage (Scan sampling)
2-1-4-2 Localisation du groupe
2-1-4-3 Distance parcourue
2-1-4-4 Mesure de la durée de la prise d’eau
2-1-4-5 Mode d’enregistrement de l’agressivité
2-1-5 Méthode pour avoir la distribution spatiale du groupe
2-1-6 Méthode pour avoir la variation des points d’eau dans CS7
2-1-7 Méthode pour avoir le volume d’eau
2-2 Exploitation des données
2-2-1 Position du groupe
a) Polygone convexe minimal (M. C. P)
b) Kernel Fixe (Fixed Kernel)
2-2-2 Données sur la distance parcourue
2-2-3 Données sur l’activité du groupe
2-2-4 Données sur la prise d’eau et les agressions
2-2-5 Donnée du transect
2-2-5 Statistique analytique
a) Moyenne
b) Test du Chi-deux
c) Test t
d) Test de corrélation de Spearman
2-2-7 Formule pour calculer la surface du point d’eau et le volume d’eau
III- RESULTATS et INTERPRETATION
3-1 Résultat de la capture
3-2 Composition des groupes étudiés d’Eulemur rufus
3-3 Domaine vital utilisé durant la période sèche et pluvieuse
3-3-1 Surface du territoire utilisé pour chaque groupe
3-3-2 Domaines vitaux des groupes résidants (A et B)
3-3-3 Domaines vitaux des groupes migrateurs M, F, et X
3-3-4 Domaines vitaux utilisés par les groupes Y et K
3-2-5 Tous les domaines vitaux occupés durant les périodes sèche et pluvieuse
3-2-6 Domaines vitaux du groupe résidant et migrateur (Kernel fixe)
3-3 Distance parcourue durant les périodes sèche et pluvieuse
3-4 Distribution des groupes
3-5 Activités d’Eulemur rufus de Kirindy
3-6 Prise d’eau
3-7 Agressivité
3-8 Evolution du point d’eau dans le site CS7
3-9 Surface du point d’eau et volume d’eau contenu dans les deux flaques (R-4 et R 16)
IV- DISCUSSIONS
4-1 Domaine vital
4-2 Distance parcourue
4-3 Activité journalière
4-4 Prise d’eau et agression
4-5 Points d’eaux R-4 et R16
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES