SITUATION DU NUMERIQUE DANS L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR AU CAMEROUN
Les universités du Sud et notamment celle de l’Afrique subsaharienne connaissent aujourd’hui les contraintes évolutives du monde socioprofessionnelles nées des progrès fulgurantes des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC). Comme le soulève Tonye (2008 : P.73) : «Les universités du Sud se trouvent aujourd’hui confrontées à une série de défis, notamment,
la concurrence accrue des universités étrangères (américaines, européennes, chinoises, coréennes, indiennes et brésiliennes …) qui frappe de plein fouet ces universités, de taille trop modeste, aux modes de sélection et de gouvernance singulièrement dépassées, surtout que le financement, déjà mal réparti et largement insuffisant, ne parvient pas à suivre l’accroissement du coût de l’enseignement et de la recherche».
La modernisation de nos institutions universitaires par le numérique passe irrésistiblement par la maîtrise des injonctions hiérarchiques, administratives et stratégiques des technologies en éducation. Surtout que le 21ème siècle apparaît comme « un facteur crucial de développement économique et socioprofessionnel » (Njingang Mbadjoin, 2015 : P.134). Pour réduire la fracture numérique dans les pays du sud, plusieurs organismes internationaux ont initié des programmes d’aide à l’insertion et au développement de l’éducation dans les pays du Sud.
Les dirigeants du monde ont lors du sommet des nations unies en 2015 adopté 17 objectifs de développement durable. Il apparaît clairement dans les résolutions prises lors de ce sommet que l’éducation occupe une place de choix et avec comme objectifs à l’horizon 2030 une promotion de l’éducation pour tous, un accès à tous à une éducation de qualité ainsi que la promotion des possibilités d’apprentissage tout au long de la vie.
La Conférence Mondiale sur l’Enseignement Supérieur (CMES), tenue à Paris en 1998, a conduit à l’élaboration et la diffusion d’une déclaration consacrant la nouvelle vision mondiale de l’éducation tertiaire. Au niveau sous régional, à la suite du processus initié par la déclaration de Bologne en Juin 1999 par les pays européen avec lesquels l’Afrique a des liens historiques, les Chefs d’État de la CEMAC, réunis à Libreville,
le 11 février 2005, adoptent l’option de mettre en place le système LMD dans l’enseignement supérieur, la Recherche et la Formation Professionnelle. Cet esprit d’universalité est sous-jacente à la déclaration portant création des Pôles d’Excellence Technologiques Universitaire (PETU) et le renforcement des Systèmes d’Information pour la Gestion de l’Education (SIGE), tenu à Yaoundé du 26 au 29 Juin 2012,
conforté par la présence 9 des Ministres de la CEEAC, et soutenue par des Partenaires Techniques et Financiers (BAD, UNESCO, AUF, CEEAC), à l’effet d’aboutir à la mise en œuvre du projet intégrateur de la Carte des Formations Technologiques en Afrique Centrale (CFTAC). En contexte camerounais, le ministère de l’enseignement supérieur s’efforce, depuis la réforme de 1993, de créer des conditions de travail favorables au sein des campus.
Outre l’opération « un enseignant – un ordinateur » lancée par le ministère de tutelle dans chacune des universités publiques, tous les établissements sont équipés d’un centre de ressource multimédia connecté à Internet (MINESUP, 2009). Le Chef d’Etat Camerounais a en 2015 institué une opération « d’un étudiant-un ordinateur » avec concomitamment la construction d’un réseau des centres universitaire des technologies de l’information et de communication dans les huit universités d’état que compte le Cameroun.
Depuis 2018, plusieurs étudiants des différentes universités publiques et instituts privés sont entrés en possession desdits ordinateurs. Cette initiative financée par les fonds du contribuable camerounais ne cesse de faire l’objet de plusieurs critiques au sein de la communauté universitaire voire mêmes des acteurs politiques et la société civile pour qui la qualité des appareils, leurs caractéristiques ne correspondent pas toujours aux sommes alloués à l’initiative.