Usage professionnel de Facebook, à quoi renvoie-t-il ?
Pour Jean-Claude Domenget (2015), les usages professionnels se réfèrent à « l’adoption, à l’utilisation et beaucoup moins souvent à l’appropriation des médias socio numériques au cours des activités liées au travail ou de manière plus restreinte à l’utilisation des dispositifs qui seraient dédiés à un usage professionnel », autrement dit en lien avec la profession. C’est cette dernière manière de concevoir les usages qui nous préoccupe. Il en résulte que les usages professionnels dans notre contexte sont en rapport avec le métier d’enseignement.
Ces usages, selon l’auteur, permettent de mettre en évidence des significations sociales. Il nous appartient au cours de l’étude de travailler à mieux cerner ces phénomènes sociaux. Depuis sa création, Facebook a eu pour principal objectif de connecter les gens. Au centre de ces connexions se trouvent « les amis ». Le réseau social permet à ses utilisateurs de se rassembler par affinité autour de pages ou de groupes thématiques.
Ils créent et font partie de communauté sans s’en rendre compte parfois. Ils pourront de ce fait rejoindre des groupes au regard de leurs passions, d’un domaine qui les intéresse particulièrement, y compris à titre professionnel (TREGAN, 2017). C’est le cas avec les groupes ou pages Facebook à orientation professionnelle créés par les enseignants. Du reste, le travail de recherche va essentiellement porter sur les groupes créés et animés par les enseignants. Il convient d’étudier les phénomènes sociaux en œuvre dans ces groupes.
Afin de cerner la problématique, nous avons cherché à comprendre dans la littérature les usages faits de Facebook par des acteurs du monde de travail. Usages professionnels dans des milieux autres que l’éducation Barrantes (2015) s’est intéressé aux possibilités que des plateformes collaboratives, les communautés de pratiques pouvaient apporter aux processus de formation formelle et informelle dans l’entreprise dans un contexte concurrentiel et collaboratif.
Il cherchait à comprendre dans quelle mesure les dispositifs d’apprentissage informel en entreprise pourraient 33 devenir une source d’apprentissage pour l’organisation, en termes de gestion et de capitalisation de la connaissance. Il est parvenu aux résultats selon lesquels les réseaux sociaux sont destinés à la mise en relation d’acteurs avec des liens plus ouverts et plus informels. L’usage des réseaux type Facebook, Twitter, LinkedIn, etc. est perçu négativement par certains à cause de la possible perte de frontière entre la vie privée et la vie professionnelle.
D’autre part, on voit en eux des dispositifs de formation continue et d’amélioration de la recherche de l’information. Bien que cela soit fait dans le domaine de l’entreprise, le travail de cet auteur nous inspire. Ainsi, nous cherchons à comprendre, comme l’auteur, dans quelle mesure Facebook pourrait permettre des actions d’apprentissage informel et collaboratif des enseignants. Des études de Barbe et Delcroix (2009), il ressort que Facebook serait perçu comme un réseau de relations privées. 38% des utilisateurs pensent que Facebook est un réseau social autant privé que professionnel ;
et seulement 3% voit en Facebook un réseau de relations professionnelles. Selon ces derniers, chacun utilise Facebook dans le cadre d’objectifs variés, allant du jeu à la plate-forme de travail professionnelle. Les résultats ont montré qu’il y avait 29% d’hommes et 41% de femmes et que certains n’ont pas déclaré leur sexe. Ce qui prédomine chez les utilisateurs selon l’enquête, ce sont les fonctions communicationnelles et informationnelles
Il y a aussi les fonctions ludiques, la culture et la promotion des idées, l’établissement des relations sentimentales. Sur les lieux de travail, ou encore dans le cadre professionnel, selon la même enquête, ce qui compte ce sont les fonctions de promotion des idées, d’établissement des relations professionnelles et de développement de l’activité professionnelle sur Facebook. Facebook est un réseau de recherche d’emploi, de partenaires ou d’associés.
Ce travail montre tous les usages que l’on peut faire de Facebook, y compris les usages professionnels. Selon Zakhour (2015), des personnes travaillent avec ce dispositif. À partir de ce nouveau cadre qui les enjoint à communiquer en continu, continuellement connectés, certains usagers ont réinventé leur mode de travail. Leur travail, pour la plupart, s’effectuant sur ordinateur, la page Facebook est une fenêtre qu’ils gardent continuellement ouverte. Même si ce sont les créatifs et les gens du spectacle en général, quel que soit leur champ (politique, culturel…),
qui ont les premiers envahi cet espace public virtuel, conscients qu’ils y avaient rendez-vous avec leur public, et même si les jeunes générations ont été également pionnières, « aujourd’hui, toutes générations confondues, le monde de l’entreprise en particulier, et le monde du travail en 34 général, tente de s’approprier cet outil. Ce que ces utilisateurs ont en commun est un usage plutôt promotionnel de l’outil au service de leur « produit », une mise à profit d’un réseau plutôt qu’un secteur professionnel en particulier » (Zakhour, 2015, p.170).
Pour le même auteur, « Des artistes débutants, écrivains en herbe, photographes talentueux, résistants politiques, meneurs d’opinions… ne doivent ainsi leur existence ou leur succès professionnels qu’aux « posts » qu’ils ont publiés jour après jour sur leur mur… Des liens sont alors créés avec un large répertoire de personnes, auquel ce professionnel avait peu de chance d’accéder avant d’intégrer le réseau » (Zakhour, Ibid., p.171).
La vente du « produit » ou sa promotion se fait via les réseaux sociaux. Mais pour l’auteur, cela ne se fait pas sans danger. Aussi attire-t-elle notre attention sur cet état de fait. « Le professionnel qui s’expose sait donc qu’il faut s’attendre à une réaction, qui peut être positive ou négative : le « post » sera évalué, confirmé ou infirmé, à coup de tagging (étiquetage), commentaires, ou de simple « like » … Et, a contrario, s’il n’est ni partagé ni commenté, le post tombe dans l’indifférence et l’oubli » (Zakhour, Ibid.).