Quelques pistes linguistiques : les catégories existantes

Quelques pistes linguistiques : les catégories existantes

Positivement parlant, l’ensemble baptise « entites nommees » comporte, nous l’avons vu, des unites linguistiques fort différentes, avec des noms propres, des des criptions definies ainsi que diverses expressions numeriques et temporelles. Dans un but de definition des entites nommees, il est possible de s’appuyer, dans un premier temps,

sur ces unites et de tenter d’en degager, en une demarche sema siologique, certaines proprietes. Deux questions motivent l’etude `a venir : d’une part, que peut-on deduire des unites lexicales presentes dans l’ensemble des enti tes nommees qui puisse servir `a une meilleure apprehension de ces dernieres et, d’autre part, cette perspective linguistique suffit-elle `a definir les entites nom mees?

C’est donc pour tenter de degager un denominateur commun pouvant servir de socle linguistique `a une definition des entites nommees que ce chapitre reviendra successivement sur les aspects linguistiques des noms propres puis des descriptions definies. Il importera cependant de specifier au prealable les notions appelees `a ˆ etre manipulees, `a savoir celles de sens et de reference.

La linguistique et le r´eel : les notions de sens et de r´ef´erence

La linguistique etudie scientifiquement le langage en tant que systeme, avec la consideration de ses aspects phonologiques, lexicaux, syntaxiques, semantiques et pragmatiques. Parmi ces differents niveaux d’investigation, la semantique a pour objet d’etudier le langage du point de vue de la signification et donc de contribuer `a demˆ eler, dans une certaine mesure, « la question fondamentale de la philosophie du langage [qui est] de comprendre comment le langage entre en relation avec le 93 94 Quelques pistes linguistiques : les categories existantes r´eel » (J. Searle1, cite par M. Charolles [Charolles, 2002b]).

Plus prosa¨ ıquement, il s’agit de tenter de resoudre l’enigme suivante : par quelle alchimie le langage nous permet-il de dire le monde et de communiquer entre nous? Comment, en prononcant tel mot plutˆot qu’un autre, est-il possible de pointer un element du reel ? Ces questions, quelque peu maladroitement formulees ici, posent en fait celle(s), primordiale(s), du sens et de la reference.

Ces deux notions, genereusement debattues par nombre philosophes et logi ciens, n’ont pas toujours ete `a l’honneur parmi les linguistes, la tradition saus surienne preferant en effet contourner les problemes de reference, relevant de la parole, pour s’interesser exclusivement aux signes, relevant du langage. Signe, sens, referent, nous avons l`a le celebre triangle semiotique reliant le signifiant (ou mot), le signifie (ou concept) et le referent (ou chose).

La consideration exclusive de la branche droite (signifiant-signifie), « la branche noble, la branche vraiment linguistique » selon G. Kleiber (ironisant), a conduit `a une semantique intra linguistique, avant qu’il ne s’avere reellement indispensable pour comprendre les mecanismes du langage de reintroduire la branche gauche, et donc la reference, dans les affaires de linguistique. G. Kleiber pose d’ailleurs, en preambule de son ouvrage intitule Probl`emes de S´emantique [Kleiber, 1999b],

la question encore « saugrenue » de «que faut-il faire du r´eel en linguistique? », question `a laquelle il ne cesse en fait d’apporter de reponses tout au long de ses contributions, ar guant que « si l’on accepte que parler, c’est dire quelque chose, le quelque chose en question, que l’on ne peut ´eviter, nous pousse `a r´epondre positivement : oui, le r´eel est partie prenante dans le commerce linguistique, puisque c’est sur lui que s’exerce notre dire ».

Il est ainsi nombre de travaux qui, desormais, contribuent `a enteriner la reference comme champ d’investigation legitime en linguistique. Cette derniere a naturellement maille `a partir avec le sens : il convient ici d’eclaircir simplement ces notions, sans entrer precisement dans le detail de debats animes. Pour ce faire, nous nous appuierons principalement sur les reflexions de G. Kleiber [Kleiber, 1999a] et de M. Charolles [Charolles, 2002b]

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