QUELLES DIFFERENCES EN TERMES DE GOUVERNANCE DE LA BANQUE
Les banques islamiques sont soumis à des règles de gouvernance à la fois actionnariale « shareholders’ governance », partenariale « stakeholders’ governance » et religieuse « islamic governance » (Zied and Pluchart, 2006). C’est ce dernier type de gouvernance, la gouvernance religieuse, qui fait la différence des banques islamiques par rapport à celles conventionnelles. Comme dans le système bancaire conventionnel, la conformité est une priorité mais la question est sensiblement plus complexe pour les banques islamiques.
En effet, dans les banques islamiques, la conformité comprend aussi le respect des prescriptions de la Sharia. Toutes les banques islamiques ou même les banques conventionnelles disposant des guichets islamiques « Islamic windows », disposent obligatoirement de leurs propres comités consultatifs de conformité à la Sharia appelé couramment les « Sharia Boards » ou le conseil de Sharia. Ce conseil est composé par des spécialistes à la fois compétents pour interpréter la jurisprudence islamique20 et ayant des connaissances solides en matière de finance et d’ingénierie financière. Ces membres sont appelés des « scholars ».
Le conseil a pour mission d’établir de façon indépendante les conditions de validité des produits financiers au regard des principes de la loi islamique et d’approuver ses différents produits offerts par la banque islamique. Le caractère plus ou moins islamique d’un produit financier est laissé à l’appréciation de ces Shariah scholars. Leur indépendance par rapport aux dirigeants de la banque et aux actionnaires, leur permet de rejeter tout produit jugé contraire à la loi islamique.
A l’heure actuelle, les scholars qui jouissent d’une réputation mondiale et dont les opinions sont largement acceptées ne sont pas nombreux. Les deux grands centres actuels de la Finance islamique, le Golfe Persique et la Malaisie, ont abordé différemment la question des Shariah Boards. En Malaisie, les autorités ont crée un Shariah Board central rattaché à la Banque Centrale de Malaisie.
Chaque banque islamique peut avoir son propre conseil consultatif de Shariah mais ce dernier doit en premier lieu se conformer aux normes édictées par le conseil central. En pays du Golfe, chaque banque islamique a son propre Shariah Board. Une certaine homogénéité est toutefois assurée par le fait que la plupart des membres de ces conseils siègent dans plusieurs Shariah Boards à la fois. Enfin, il faut signaler qu’en matière de Shariah Board, les banques islamiques doivent faire face à un problème de taille qui consiste à la rareté du capital humain. Peu de spécialistes dans le monde sont suffisamment formés et compétents pour siéger dans ces conseils.
QUELLES DIFFERENCES EN TERMES DU PROFIL DES RISQUES ?
Les banques islamiques sont exposées aux risques bancaires traditionnels similaires à leurs contreparties conventionnelles à savoir le risque de crédit, le risque de liquidité, le risque de marché et le risque opérationnel. En plus, ces institutions font face à des risques de nature unique dû à leurs modes de fonctionnement particuliers (Khan & Ahmed, 2001 ; Sundararajan & Errico, 2002 ; Grais & Kulthunga, 2007).
En effet, la particularité des contrats utilisés, le système de rémunération employé et le système dual de gouvernance les exposent à des risques spécifiques (Causse et Hideur, 2010). Enfin, la mission assignée aux banques islamiques les soumet au risque de réputation et les conduits à surveiller leurs images. En 53 plus, le recours aux moyens conventionnels de couverture de risque, en particulier les produits dérivés, n’est pas parfois possible, elles doivent faire appel à des moyens spécifiques.