PRISE DE RISQUES
INCERTITUDE ET RISQUE
L’entrepreneur est confronté à l’incertitude qu’il contribue souvent à créer. L’incertitude peut-être définie comme « l’ensemble des évènements potentiels susceptibles de survenir, non probabilisables ».87 En innovant sur le marché, l’entrepreneur le déstabilise et crée ainsi de l’incertitude, d’où il génère des occasions de profit. Dans l’élaboration de cette stratégie, une situation d’incertitude prédomine celle du risque.
L’objectif du dirigeant est de passer d’un univers totalement aléatoire à un univers probabilisé. Selon JULIEN et MARCHESNAY, il y’a plusieurs types d’incertitudes88: l’incertitude d’un niveau élevé, celle d’un niveau intermédiaire et celle du troisième niveau. – Le premier niveau est celui d’une rupture forte, donc d’une « discontinuité stratégique ». Pour l’entrepreneuriat, la discontinuité est une aubaine. En première ligne, il y aura les entrepreneurs innovateurs. Les profits dégagés peuvent être certes importants, mais sans qu’il y ait de certitude car les coûts du lancement et du développement peuvent être élevés pour eux à l’instar des « suiveurs » ou des imitateurs.
Le niveau intermédiaire est celui d’une « turbulence forte ». Le secteur d’activité connaît des variations brutales, imprévisibles, de plus ou moins grande ampleur. Le taux de création et de mortalité d’entreprises est alors élevé, ce qui laisse refléter une forte activité entrepreneuriale. – Le troisième niveau est celui d’une « turbulence contrôlée, administrée ».
Les entreprises présentes sur le marché, s’efforcent de réduire les changements, afin d’en diminuer les coûts afférents aux changements ou aux ajustements. Les innovations sont contrôlées dans leur mise en œuvre et il peut même y avoir entente entre les entreprises afin de ne pas baisser les prix et de faire barrière aux nouveaux concurrents innovateurs. Ici, l’entrepreneur souhaite maîtriser l’incertitude, en tirer profit; voire la créer même plutôt que de surveiller l’environnement avec les changements qu’il peut engendrer.
LES DIFFERENTS RISQUES
Créer ou gérer une entreprise, c’est accepter de prendre des risques. Frank KNIGHT a démontré dans sa thèse que le profit réalisé par l’entrepreneur est en fait la récompense du risque supporté et de l’incertitude entretenue par son action sur le marché. Cette incertitude génère deux types de réactions chez l’entrepreneur. Soit il redéfinit sa base stratégique; soit il désamorce les points de tensions par une opérationnalisation spécifique du risque dans le système de gestion.
Le risque peut être défini comme le degré de probabilité attaché à l’échec89. On peut distinguer plusieurs types de risques. Selon BELLEY (1990)90 , ils sont de différentes natures. Il y a le risque financier, le risque professionnel, le risque familial et enfin le risque d’ordre psychique. – Le risque financier: C’est le risque supporté sur les capitaux engagés dans l’entreprise. Il se traduit par la situation suivante: en créant une entreprise, il arrive qu’on connaisse mal ses coûts et les potentialités du marché ou alors qu’on engage tout son argent et en cas d’échec, on doit rembourser des dettes pendant longtemps.
Il peut aussi être celui du non-remboursement des emprunts. Ce risque financier peut être la conséquence de la non rentabilité quand le profit ne rémunère pas suffisamment les capitaux investis; de la non solvabilité lorsque les résultats ne permettent pas de rembourser les emprunts ou alors du manque de liquidité quand la trésorerie ne permet pas de d’honorer les échéances. – Pour ce qui est du risque professionnel: quitter son emploi pour créer une entreprise, c’est renoncer à certaines certitudes; c’est affronter l’inconnu et en cas d’échec,
il n’est pas évident de retrouver un emploi. D’autant plus qu’une faillite n’est pas très recommandée pour un manager. – Enfin, le risque d’ordre familial: gérer c’est accepter de se consacrer plus à son travail qu’à sa famille, c’est accepter d’avoir des horaires irréguliers qui peuvent déstabiliser l’harmonie familiale et créer certaines difficultés. – Ce dernier risque est d’ordre psychique. Une réussite trop rapide ou un échec mal vécu, peuvent laisser des traces indélébiles.