Sensibilité de trois variétés de pomme de terre à l’attaque des insectes ravageurs dans la zone de Cayar (Sénégal)

Synthèse bibliographique

Généralités sur la pomme de terre

Botanique de la pomme de terre

La plupart des cultivars de pomme de terre proviennent de pays tempérés et ont des cycles d’environ 100 jours après la plantation (Silva et Pinto, 2005). L’efficience de consommation de la pomme de terre, estimée en fonction des régimes hydriques, est de 6 à 12 kg/m3 (Nouna et al., 2007). Par contre l’efficacité de l’utilisation de l’eau peut passer de 3,43 à 4,33 kg/m3 en utilisant le taux de nitrate de potassium susmentionné engrais (Haddad et al., 2016).

Germination

Les petits tubercules (35 mm) présentent une dormance plus longue que ceux d’un calibre de 50 mm (Reust, 1982). Désiré et al. (1995) ont montré que les fortes concentrations en saccharose (140 g/L) et le froid permettent de raccourcir la durée de la dormance des microtubercules. D’après Reust, (1982) plus la durée de conservation est importante, plus la germination est rapide et homogène. Par ailleurs il affirme que la période d’incubation a tendance à être prolongée avec l’augmentation de la durée de croissance.

Phase végétative

Le système goutte-à-goutte avec la dose (D=210mm) engendre les résultats les plus performants au niveau des quantités de matières fraiches et sèches des tiges, des feuilles, du taux de couverture végétale du sol et de la hauteur moyenne des plantes (Boujelben et al., 2001). Selon Tourneux et al. (2003) la sécheresse diminue légèrement la hauteur des plantes et le nombre de feuilles de la pomme de terre. Elle réduit l’indice foliaire et la couverture du sol chez tous les génotypes. L’étude menée par Kebede et al. (2019) a révélé que le stress hydrique post-floraison entraîne une baisse du rendement des tubercules de 33,13% par rapport au traitement non stressé. Ouellette et Généreux (1965) ont affirmé que l’azote et la chaux tendent à diminuer les dommages causés par un excès de manganèse, le phosphore et le potassium tendent à les amplifier, tandis que le magnésium n’exerce aucun effet. Hannachi et al. (2004) recommandent l’amendement organique du sol (teneur supérieure à 1 %) pour exploiter les eaux saumâtres (3 à 4 g/L de NaCl) de la région du Sahel. Par ailleurs ils affirment que les tubercules des plantes adaptées au stress salin manifestent une réduction de leur diamètre ainsi que du nombre d’yeux et une fissuration profonde de l’épiderme lorsque les plantes sont cultivées sous irrigation saline (Hannachi et al., 2004). Bref le rendement des tubercules dépend considérablement des variétés, du contrôle des mauvaises herbes et des conditions météorologiques pendant la phase de croissance (Zarzecka et al., 2019).

Tubérisation

Courduroux (1959) a montré que la basse température nocturne (aux environs de l4°C)
provoque la tubérisation de la pomme de terre et non la longueur relative du jour et de la nuit.
Ainsi selon Reust (1982) les températures les plus favorables à l’évolution physiologique des tubercules se situent entre 15 °C et 20 °C. Le nombre de tubercules qui arrivent à maturité dépend de l’humidité du sol et de sa teneur en éléments nutritifs (FAO, 2009b). Par ailleurs Reust (1982) déclare que les cultures issues de plants d’un âge physiologique avancé produisent généralement moins de petits tubercules que celles qui proviennent de plants jeunes. L’étude de Valimunzigha Charles et al. (2019) révèle que la dose de 200 kg de K2O/ha est celle qui induit le rendement significativement supérieur à ceux de trois autres traitements.
D’après Chehaibi et al. (2008) les parcelles travaillées avec des tracteurs à vitesse lente ont donné le meilleur rendement en tubercules. En effet le rendement était supérieur à ceux des parcelles travaillées à vitesse moyenne et rapide respectivement de 28 et 25%.

Variété de la pomme de terre

Alaska

La variété Alaska a été inscrite au catalogue français en 1999. La plante de taille moyenne à haute, a un port demi-dressé et feuillu. Les tubercules ont une forme oblongue et régulière, une peau jaune, une chair blanche et des yeux superficiels. Au plan cultural, Alaska est une variété précoce avec un repos végétatif assez long. La variété a un rendement moyen de 65,2 t/ha. Elle est sensible au Mildiou du feuillage, la galle commune et au virus de l’enroulement et aux virus A et Y. Par contre elle est résistante aux nématodes et aux virus X. La teneur moyenne en matière sèche est de 18,3% (Institut du végétal (ARVALIS), 2019).

Universa

La variété Universa est inscrite au catalogue français en 2006. La plante, de type rameux, a une taille moyenne avec un port demi-dressé à étalé. La forme des tubercules est oblongue courte, régulière avec des yeux superficiels. Les tubercules ont une chair et une peau jaunes.
Au plan cultural Universa est une variété demi-précoce dont le rendement moyen est estimé à 73,6 t /ha. Elle est sensible au Mildiou du feuillage et du tubercule, à la galle commune, au nématode PA 2-3 et aux virus X et A. La teneur en matière sèche des tubercules est de 16,8%.
Au plan culinaire la variété appartient au groupe culinaire A-B. La coloration à la friture est foncée (Institut du végétal (ARVALIS), 2019).

Kenza

L’Obtenteur de la Kenza est Bretagne Plants SICA, c’est une Variété à chair ferme, de consommation (Assia, 2016). La Kenza est issue de la station de Kerloï. Elle est inscrite au catalogue européen en 2013. C’est une variété demi-précoce, de type export à peau claire et à chair pâle (Donval, 2013). Le tubercule est de forme ovale peu allongé, oblong, des yeux très superficiels et à peau jaune (Assia, 2016). Elle est adaptée aux pays du bassin méditerranéen. Assez rustique et de bonne conservation, elle possède une bonne qualité culinaire. Son taux de matière sèche est voisin de 18 %. Elle est résistante au pathotype 1 de la galle verruqueuse (Donval, 2013).

El béïda

Une variété demi-précoce, productive à très productive [116 % du témoin; 105 % de Bintje] de gros à très gros tubercules, de forme oblongue régulière à très régulière, aux yeux très superficiels et à peau jaune, très claire (pâle) et lisse de bel aspect. Sensible à très sensible au mildiou, sensible au virus de l’enroulement et à la galle commune et moyennement sensible au virus Y, elle est peu sensible au noircissement interne mais sensible aux fractures. Son aptitude à la conservation est bonne. La teneur en matière sèche des tubercules est faible à très faible [18,0 % contre 20,4 % pour Monalisa, 21,6 % pour Bintje et 22,0 % pour Désirée]. La tenue à la cuisson est très bonne et la chair, blanche, ne noircit pas après cuisson. La couleur après friture est foncée. La qualité gustative est moyenne à faible. Groupe culinaire A, elle est surtout destinée à l’export en plants (Gosselin, 2012).

Sahel

Créée par Clause et Lennon en 1977, Sahel est une variété précoce de bonne productivité qui s’adapte bien en zone sèche méditerranéenne, comme son nom l’indique. Elle est également présente en Afrique de l’Ouest. Elle compte 100 ha de plants en France en 1998 (Cousin et al., 2005).

Atlas

La variété Atlas a été créée par Germicopa en 1989 dans l’île de Spunta et de José. Atlas est une variété demi-tardive de fort rendement, de très gros calibre, au tubercule oblong assez régulier. Peu sensible à l’égermage, elle peut être conservée dans des conditions précaires et convient bien aux conditions de production des pays du Maghreb. Elle a fortement grimpé en production de plants, de 48 ha à 163 ha entre 1995 et 1998 (Cousin et al., 2005).

Safrane

Cette variété a été créée en France par INRA en 1991. C’est une variété précoce à demiprécoce. Elle s’adapte à tout le bassin méditerranéen grâce à une dormance courte. Mais son homogénéité de calibres et sa régularité, son aptitude au lavage lui ouvre également des portes dans le reste de l’Europe. Développée par la Société Anonyme (S.A) Gopex Distribution, elle est passée de 6 ha de plants en 1994 à 184 ha en 1998 (Cousin et al., 2005).

Caractéristiques culinaires et de stockage de la pomme de terre

Caractéristiques culinaires

L’index glycémique (IG) de la pomme de terre est moyen : 50/100 avec une cuisson à l’eau, 65/100 avec une cuisson au four et 85/100 pour les purées (Remesy, 2018). La texture est fortement influencée par les conditions du milieu et les techniques culturales mais dépend en grande partie, du facteur variétal (Gravoueille, 2010). En dessous de 7°C, elle est relativement peu affectée par la conservation et tend même à devenir plus homogène, moins farineuse, moins granuleuse en raison d’une hydrolyse partielle de l’amidon au froid (Pomme de terre hebdo, 2009).

Caractéristiques de stockage

La conservation idéale des pommes de terre correspond à un endroit sec, frais (6 à 8°C : température qui permet de ralentir la germination sans altérer leurs qualités gustatives et nutritionnelles) (Remesy, 2018). L’application d’antigerminatif est une étape cruciale de la conservation des pommes de terre. La plus grande vigilance doit y être apportée afin de limiter les risques de résidus, sans nuire à l’efficacité du traitement (Pomme de terre hebdo, 2011). Deux nouvelles molécules d’origine naturelle, l’huile de menthe verte et l’éthylène complètent désormais la gamme des produits utilisables en cours de conservation (Pomme de terre hebdo, 2012). La quantité la plus élevée de glucides (24,513 g) a été enregistrée à 90 jours de stockage. Différentes recherches montrent que l’augmentation de la concentration en glycoalcaloïdes se produit pendant l’exposition des tubercules de pomme de terre à la lumière directe du soleil (Zarins et Kruma, 2017).

Importance économique

Production de la pomme de terre

La production mondiale de pommes de terre en 2011 a été de 314 millions de tonnes, selon FAO, soit -12% par rapport à 2010. La Chine en a produit 88 millions de tonnes soit 24% du total mondial, suivie par l’Inde (11%), la Russie (9%), l’Ukraine (6%) et les USA (5%) (Planétoscope, 2019). La production de pommes de terre en 2019 sur les 5 pays de l’union européenne : Allemagne, Pays-Bas, Belgique, France et Royaume-Uni, s’établit à 26,8 millions de tonnes, en hausse de 9,9 % par rapport à 2018 et de 1,5 % par rapport à la moyenne quinquennale. Par pays, la production s’établit à 7,9 millions de tonnes (MT) en Allemagne (+ 9,3 % par rapport à 2018), 6,3 millions de tonnes en France (+ 5,8 %), 4,8 MT au Royaume-Uni (+13,5 %), 4,01 MT en Belgique (+ 11,2 %) et 3,7 MT aux Pays-Bas (+ 12,6 %) (Rossillion, 2 0 2 0 c). Depuis les années 1990, la production de pommes de terre dans les pays en développement a amorcé une nouvelle phase de croissance. Inférieure à 30 millions de tonnes au début des années 60, elle dépasse 100 millions de tonnes au milieu de cette décennie (Planétoscope, 2019). Au Sénégal les producteurs maraîchers de Cayar ont reçu 1 560 tonnes de semences en 2017 pour des récoltes attendues de 75 à 80 000 tonnes contre 40 000 tonnes en 2016 (Lequotidien, 2018). La prévision de récolte pour la campagne 2018/2019 a été estimée à «100 mille tonnes contre 80 mille la campagne dernière» pour approvisionner correctement le marché pendant au moins 10 mois (Lequotidien, 2019).

Demande de pomme de terre

La consommation moyenne par habitant est de 86 kg/an en Europe (Planétoscope, 2019). En Asie, la consommation annuelle moyenne de pomme de terre par habitant a augmenté de 16 % au cours de ces trois dernières années: de 12 kg dans les années 1991-92, elle est passée à 14 kg en 1994-96. En Amérique latine, la consommation annuelle moyenne par habitant a augmenté d’environ 15 % au cours des dernières années, passant de 21 à 24 kg. Elle est de 63 kg/an en Amérique du Nord (Planétoscope, 2019). La consommation de la pomme de terre dans les pays en développement a également augmenté : de 9 kg/habitant au cours des années 1961-63, elle est passée à 14 kg dans les années 1995-97. Elle est passée de moins de 10 kg par habitant en 1961-63 à 22 kg en 2005. Elle reste encore nettement inférieure à celle de l’Europe (93 kg/an) (Planétoscope, 2019).

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