Diplôme Universitaire d’aromathérapie
Le diplôme universitaire (DU) est un diplôme propre à une université française. Son accès est payant et nécessite souvent un niveau d’études minimum. Il s’agit d’un diplôme non inscrit au répertoire national des certifications professionnelles, c’est-à-dire non reconnu par l’État.
Toutefois, le DU apporte des compétences supplémentaires aux cursus classiques et permet de se spécialiser dans un domaine particulier, comme ici à l’aromathérapie. Le DU d’aromathérapie est souvent associé à un enseignement en phytothérapie et le programme de formation varie en fonction de la faculté qui le propose.
Formation continue
Les formations continues sont non universitaires et non diplômantes. Toutefois, elles permettent d’actualiser ou d’approfondir les connaissances des professionnels de santé sur des domaines particuliers et souvent d’actualité. Elles durent en général une journée et peuvent être réalisées sur place ou en e-learning.
– Des formations en aromathérapie peuvent être proposées par les laboratoires spécialisés dans les HE, sur demande du professionnel de santé.
– Le Développement Professionnel Continu (DPC) mis en place par l’ordre national des pharmaciens permet de mettre à jour, par le maintien et l’actualisation des connaissances et des compétences, la formation initiale des pharmaciens d’officine. Tout pharmacien d’officine est tenu d’actualiser ses connaissances dans les différents domaines qui touchent à sa pratique officinale.
– La société digitale Ma formation officinale® est l’organisme de formation référent en pharmacie depuis 2008. Cette entreprise propose différents programmes de formation en e-learning, dont des dossiers sur l’aromathérapie, sur le principe de l’amélioration continue.
– La Fédération Française d’Aromathérapie ou FFA met à dispositions des formations sur son site https://www. formation-aromathérapie.com
– Aude Maillard Aromathérapie® : Docteur en pharmacie et aromatologue propose également des formations sur : aude-maillard.fr/formations-et-ateliers) (72,107,108)
Ouvrages de références et outils pratiques
Il est du devoir du pharmacien de savoir rechercher un complément d’informations à partir de sources fiables, afin de fournir un conseil de qualité.
Interlocuteur privilégié
Suivi de l’actualité
Les HE étant des produits de plus en plus prisés par le grand public, il est du devoir du pharmacien de s’informer des dernières actualités concernant ces produits afin d’assurer un conseil sécurisé. Ces dernières années et en lien direct avec l’engouement général des populations pour ces substances aromatiques, les connaissances sur leurs propriétés, leurs modes d’utilisation ainsi que sur leur toxicité évoluent. L’actualité peut être sous forme d’alertes sanitaires concernant des abus d’utilisation, des mésusages ou encore des cas d’intoxication face à des produits particuliers. Elle peut également concerner les conditions de délivrance de certaines HE vendues en tant que produits purs ou de certains produits à base d’HE (11,112).
Déclaration de veille sanitaire
Le signalement des évènement sanitaires indésirables concerne l’exposition à un produit de consommation d’usage médical ou de la vie courante et cela, quel que soit son lieu d’achat (en pharmacie, dans le commerce ou sur internet).
Le pharmacien a un rôle central à jouer concernant le signalement des évènements sanitaires indésirables des produits de santé. Si un incident ou un effet indésirable est porté à sa connaissance, il doit faire une déclaration au système de vigilance en vigueur. Les systèmes de vigilance sont multiples en fonction du statut du produit mis en cause. Il en existe trois principaux (113) : Toxicovigilance, Phytopharmacovigilance et Nutrivigilance. Les HE ayant un statut règlementé en fonction de leur destination d’utilisation (agent biocide, médicament à base plante, complément alimentaire, etc…) elles entrent dans l’ensemble des formulaires de télédéclaration. Ces systèmes de vigilance sont gérés par l’ANSM et l’ANSES (pour la nutrivigilance). Leur rôle est de surveiller, d’évaluer et à terme d’éviter que les incidents et les effets indésirables ne se reproduisent, le tout dans un objectif premier de sécurité pour le consommateur. De telles déclarations peuvent être faites par le consommateur luimême, en n’oubliant pas au préalable de contacter le centre Antipoison le plus proche en cas d’intoxication à une HE (44,92,114).
Informations et conseils aux patients
L’ensemble des éléments détaillés précédemment font du pharmacien d’officine un interlocuteur privilégié pour informer et conseiller aux mieux le patient demandeur d’HE.
Voici un résumé des principales notions à connaître sur les HE selon Le Moniteur de pharmacie (17):
Image sécuritaire
Les données ci-dessous sont tirées de la thèse d’exercice en pharmacie d’officine de M. GABORIEAU soutenue en 2015. Ce dernier a étudié les habitudes de consommation et d’utilisation des HE de la population de Vienne à travers un questionnaire diffusé dans 12 pharmacies du département. Au total il a recueilli 120 formulaires permettant de donner une tendance générale sur les habitudes des consommateurs d’HE.
Il ressort de son étude que les pharmacies sont les lieux privilégiés par les consommateurs puisque 55% d’entre eux déclarent acheter leurs HE en pharmacie. Cette étude atteste également que le premier critère de choix des patients (44%) est le côté sécuritaire des produits proposés en pharmacie.
Conduite à tenir face à une exposition à risque
Comment gérer les effets indésirables ?
INTOXICATION PAR INGESTION (accidentelle ou surdosage) : Se rincer plusieurs fois la bouche. Ne pas faire vomir. Appeler le centre antipoison. Contacter le SAMU en cas de troubles respiratoires, digestifs ou nerveux sévères.
IRRITATION CUTANEE : Passer la zone irritée sous l’eau pendant 10-15 min.
Appliquer une HV ou une crème apaisante. INHALATION IRRITANTE : Sortir de la pièce. En cas de difficultés respiratoires, de crise d’asthme composer le 15 (SAMU).
CONTACT OCULAIRE : Rincer immédiatement l’œil à l’eau tiède pendant ¼ d’heure. Si des symptômes d’irritation persistent 2 heures après le rinçage, orienter vers un ophtalmologue.
Rappeler que les HE ne sont pas des produits dénués de toxicité, qu’elles ne remplacent pas un traitement médicamenteux dans un pathologie lourde, et qu’il faut consulter s’il n’y a pas d’amélioration dans les jours qui suivent leur utilisation.
Comment contacter un centre antipoison en France ?
Concernant les sources d’informations utilisées par les patients lors de l’achat d’HE, il en ressort que le pharmacien d’officine est largement sollicité pour son conseil (49%), contre 20% pour internet et 16% pour les ouvrages littéraires. De plus, les personnes déclarant ne pas utiliser d’HE envisageraient leurs achats potentiels auprès des pharmacies, en raison du critère de sécurité (68%) et de proximité (17%) offert par la pharmacie d’officine.
Cependant, cette étude montre également que le 75% de la population n’utilise pas les HE par manque d’information sur leur sujet et que seulement 51% de la population incluant les utilisateurs d’HE et les non-utilisateurs, est consciente des effets nocifs que peuvent présenter les HE. Elle reste toutefois majoritaire chez les personnes utilisatrices. Concernant le désir d’information sur le sujet, utilisateurs comme non utilisateurs d’HE sont désireux de connaissance supplémentaires sur les HE. Lorsque M. GABORIEAU a demandé qu’elle était selon la population, la personne la plus compétente pour conseiller les produits touchant à l’aromathérapie, la réponse a été unanime plaçant le pharmacien d’officine comme une référence dans ce domaine. Toutefois, il est important de noter que dans 15% des cas la population considère le naturopathe, bien que son diplôme ne soit pas reconnu par l’État comme la personne la plus légitime à conseiller ce type de produits (115).
Officine : service de proximité et vente de produits de qualité
Critères de choix des huiles essentielles proposées en pharmacie
M. GABORIEAU a également effectué un questionnaire auprès de pharmaciens chargés des produits d’aromathérapie au sein de leur officine. Son étude permet de donner une vue d’ensemble sur les différentes gamme d’HE présentent en pharmacie et les critères de choix sélectionnés par les pharmaciens.
Il en ressort que sur les douze pharmacies interrogées dans le département de la Vienne, toutes disposent d’au moins une gamme d’HE. En 2012, une étude réalisée sur 118 pharmacies avait recueilli 89% de réponses positives. Quant est-il pour 2022 ? On peut supposer au vu de l’augmentation croissante des ventes d’HE sur ses dix dernières années que le pourcentage de pharmacies proposant un rayon d’aromathérapie a dû suivre cette même tendance. Concernant les critères de choix des HE proposées à la vente, c’est le critère « qualité » qui fait l’unanimité auprès des 12 pharmacies interrogées. En effet, comme nous l’avons évoqué en première partie de cette thèse, les HE proposées à la vente au sein des pharmacies d’officine doivent être de qualité médicale et sont pour la plupart certifiées BIO. Ces HE respectent certaines normes de qualité, conformes avec leur usage dans des produits de soins faits maison, pour l’ingestion mais aussi pour leur emploi en thérapeutique.
Parmi les exemples de laboratoires spécialisés dans les HE, sont retrouvés dans l’étude sectorielle de M. GABORIEAU, les laboratoires Pranarom®, Phytosun®, Pure essentiel®, Arko-pharma®, Nature active® ou encore le laboratoire Valnet® (115).
Certains laboratoires d’aromathérapie scientifiques proposent des recettes de soins DIY En lien avec l’attrait grandissant de la population pour les HE et le « fait maison », certains laboratoires d’aromathérapie proposent sur leur site officiel des recettes de soins DIY utilisant les HE et dont l’ensemble des matières premières sont disponibles à la vente dans les pharmacies travaillant avec la gamme. Prenons l’exemple des 3 géants de l’aromathérapie en officine (59) :
– Le laboratoire Pranarom® a développé une gamme de DIY entièrement dédié à l’aromathérapie intitulé « Aromaself ». Ce laboratoire d’aromathérapie scientifique et médicale fondé en 1991 par Dominique Baudoux, pharmacien aromatologue et auteur de nombreux ouvrages sur l’aromathérapie propose ainsi différentes recettes de produitsde beauté, bien-être ou d’hygiène à faire soi-même. Il précise les indications, les contreindications ainsi que les précautions d’emploi pour chaque produit fabriqué (roll-on, gel douche, etc…). L’été approchant, voici un exemple de recette antimoustique à faire soimême proposé par la gamme « Aromaself » (116) :
Atelier de soins DIY dans une officine de ville
En 2020, dans un article paru au sein de la revue Le Moniteur des pharmacies, Clarisse Pasquier, cotitulaire de la pharmacie Clairefontaine, dans la Sarthe, dit avoir organisé des ateliers pour une patientèle intéressée à « fabriquer ses cosmétiques maison » à base d’HE. Cette pharmacienne proposait déjà des ateliers sur la micronutrition ou l’aromathérapie qui avaient séduit cette patientèle « en quête de médecines alternatives » (Voir Annexe 8).
En effet, selon le travail de recherche effectué par K. IDRES pour l’obtention du diplôme de docteur en pharmacie d’officine soutenu en 2021, il n’est pas interdit par la loi d’organiser des ateliers DIY au sein d’une officine. Toutefois le pharmacien d’officine est soumis à certaines règles de déontologie (prohibition de la concurrence déloyale et de la sollicitation d’une patientèle) selon l’article R4235 du CSP. Ces ateliers sont proposés pour répondre à une patientèle intéressée afin de l’orienter vers le bon usage et la sécurité d’emploi relative aux HE et à la fabrication de soins faits maison. Ils sont de plus une façon originale pour l’équipe officinale de partager avec sa patientèle ses connaissances dans ce domaine et d’encadrer l’utilisation des HE dans la fabrication de soins faits maison (16,117).
Exemples de cas présentant des risques d’intoxication aux huiles essentielles : le regard du pharmacien d’officine
Comme nous n’avons cessé de le préciser tout au long de ce travail de thèse, les HE présentent des contre-indications et peuvent mener à la survenue d’effets indésirables. Les exemples présentés ci-dessous sont une analyse de cas concrets permettant de mettre en évidence l’importance du conseil pharmaceutique dans la réalisation de produits de soin « fait maison » à base d’HE essentielle. Voici une sélection de recettes DIY et de retours d’expériences issus d’internet et de la littérature présentant des risques d’intoxications aux HE.