Les pêcheries crevettiers maritimes au Gabon ressource et exploitation

les ressources démersales

On distingue trois principales communautés que sont :
a) – la communauté à Scianedés comprennant :
– des espèces très littorales, vivant au voisinage des embouchures et des cours d’eau telles que la dorade grise ( Pomadasys jubelini), le petit capitaine ou barbillons (Galeoides decadactylus), le machoiron (Arius spp), le bar (Pseudotolithus typus), le bossu (Pseudotolithus elongatus) et la sole (Cynoglossus monodi).
– des espèces à faciès mixte avec comme principales représentantes de cette communauté Pseudotolithus brachygnathus (bar ou otolithe) et Vomer setapinnis.
b)- La communauté des espèces de la thermocline
Ces espèces présentant certaines difficultés de classement, forment un petit groupe ayant des affinités à la fois avec les communautés de Sciaenidae et de Sparidae. Les principales espèces de cette communauté sont la sole (Cynoglossus monodi) et les espèces de crustacés comme Farfantepenaeus notialis … présentes entre la côte et la profondeur de 60 mètres (THIAM 1978).
c)- La communauté à Sparidés comprenant :
– le groupe d’espèces du faciès de fond meuble comme la brotule, le saint-pierre et la seiche que l’on rencontre jusqu’à 150-250 m ;
– le groupe d’espèces du faciès de fond dur comme le rouget, le mérou, les dorade roses (Dentex gibbosus, Dentex canariensis et Sparus spp), la dorade grise (Plectorhynchus mediterraneum) ;
– le groupe d’espèces du faciès mixte (FRANQUEVILLE, 1983) comme le pageot (Pagellus bellotti) et le Mustelus mustelus.
Les différentes espèces de ces trois communautés sont présentent et compter dans le groupe poissons du tableau 2.

Farfantepenaeus duorarum (Burkenroad, 1939)

Cette espèce effectue obligatoirement sa croissance en lagune ou en estuaire et qui, à l’état adulte, vit en mer jusqu’à 70 ou même parfois 100 mètres de profondeurs (CROSNIER A., E. de BONDY, 1967). On la retrouve dans la zone Sud du Cap Lopez.

METHODES D’EXPLOITATIONS

Ces différentes espèces de crevettes capturées dans ces fonds avec ou non une certaine valorisation sont commercialisées sur les marchés intérieurs et extérieurs.

Méthodes de pêche

Elles dépendent de la profondeur de pêche et des espèces recherchées. Ainsi on distingue :
a)- la pêche artisanale en estuaire où les crevettes débarquées (tableau 3) sont en général des juvéniles (entre juin et septembre). L’engin de pêche utilisé est un chalut ‘’à pied’’ (figure 9) traîné sur le fond par deux hommes marchant le long de la berge à des profondeurs de moins de 2 mètres (PAPA C.A. SECK, 1987).

IMPORTANCE ECONOMIQUE DU SECTEUR

Le tableau 8 montre que, comparée à la rente pétrolière, la contribution du secteur halieutique dans l’économie nationale apparaît comme mineure (1,5% du PIB) avec cependant un rôle prépondérant des crevettes dans les exportations des produits halieutiques.

INTERET DU SUJET

La situation actuelle des pêcheries crevettières maritimes est caractérisée par :
– une zone Nord du Cap Lopez exploitée selon une zonation codifiée (Code de la pêche) à la fois par un nombre important d’embarcations de pêche industrielle avec des licences et des pirogues sans autorisation de capture de crevettes ;
– une zone Sud du Cap Lopez exploitée selon la même zonation codifiée par un certain nombre d’embarcations de pêche industrielle ;
– un matériel d’exploitation en évolution continue en taille et en performance par rapport à un potentiel inextensible de la ressource crevette ;
– un personnel étatique de connaissance, de suivi et de gestion des pêcheries crevettières généralement insuffisant, sans législation et équipement d’appui adéquat permettant la mise en œuvre des mesures d’aménagement des ressources.
Ainsi, la demande croissante en crevettes notamment par l’extérieur, amène les professionnels à accroître les capacités d’exploitation de cette ressource dans un contexte marqué surtout par :
– une incapacité de l’Etat à établir un système d’aménagement adéquat des pêcheries crevettières ;
– un usage d’engins de pêche peu sélectifs et en nombre croissant ;
– une absence d’un système performant de SCS (Suivi, Contrôle et Surveillance) des pêcheries et d’études d’évaluations directes des stocks exploités ;
– une application inadéquate de la réglementation relative aux zones de pêche crevettière par les professionnels artisans et industriels.
D’où s’explique le choix de cette étude, qui est à inscrire dans une optique de meilleure connaissance de la pêcherie, à la fois par l’évolution de la pêcherie crevettière en mer et du niveau d’exploitation des pêcheries comme objectif global.
Les objectifs spécifiques sont :
– établir un diagnostic de la situation des zones de pêche crevettière;
– déterminer le niveau d’exploitation avec le MSY (Prise maximum à l’équilibre) en vue d’une prise de décisions relatives au SCS et l’aménagement des pêcheries crevettières.

Terminologie et caractéristiques du modèle utilisé

Le principal aspect maîtrisable par l’homme est la mortalité par pêche considérée comme proportionnelle à l’effort de pêche (GASCUEL Didier et al., 2007).
Ainsi, pour déterminer la méthodologie utilisée dans cette étude, on part de la théorie de l’aménagement, à savoir les fondements (qui sont d’ordre biologique, économique, social et environnemental) de l’aménagement des pêcheries d’une manière générale.
Il s’agit entre autres de déterminer le potentiel de la ressource crevette disponible, la prise maximum à l’équilibre, l’effet possible des différents scenarii d’exploitation et la capacité de la ressource à récupérer après une surexploitation.
Le maximum de production équilibrée (MSY), ayant longtemps servi d’objectif pour l’aménagement et la gestion des pêcheries (TROADEC, 1982), est déterminé à partir d’un modèle global de production nécessitant la connaissance annuelle des variables suivants :
– Le volume total annuel des débarquements par espèce ;
– L’effort (Calculé en nombre d’embarcations en pêche artisanale ou en nombre de jours de mer en pêche industrielle) de pêche par espèce ciblée (crevettes notamment) ;
– La prise par unité d’effort ;
– L’indice d’abondance issue des campagnes d’évaluation ;
– Le taux de croissance des espèces débarquées ;
– Le potentiel annuel exploitable par espèce;
– Les zones de pêche ;
Le modèle global de production (figure 15) utilisé dans le cadre de l’aménagement de cette pêcherie crevettière, est considéré comme un outil à la fois :
– de diagnostic de l’état d’exploitation, parce qu’il va permettre de déterminer si les stocks sont en sous exploitation, en pleine exploitation ou en sur exploitation ;
– de prévision à long terme et de simulation de scenarii de gestion ;
– de médiation entre les différents acteurs qui gèrent, encadrent et exploitent cette pêcherie.
En d’autres termes, ce modèle global de production convient donc à une démarche de coexpertise sur l’évaluation des pêcheries et de co-gestion sur les activités de pêche, à différentes fins, notamment pour :
– exprimer un fonctionnement valide pour la plupart des ressources exploitées (crevettes et espèces accessoires capturées) ;
– comprendre l’impact de la pêche sur la ressource crevette et l’évaluation de captures à long terme en cas de développement de l’effort de pêche.
Ainsi, parmi les différents types de modèles applicables à la ressource halieutique, c’est le modèle de Fox-Garrod qui a été retenu dans cette étude, car il implique un ajustement à l’équilibre.

La formulation mathématique du modèle de Fox s’écrit comme suit:

Méthodes d’étude

Les méthodes d’études utilisées consistent à :
– une recherche documentaire portant sur le recensement, l’exploitation des documents (ouvrages, rapports et articles scientifiques, rapport d’activités, publications, thèses et mémoires de fin d’études…) traitant d’aspect relatifs au sujet d’étude dans des centres de documentation (IRD notamment), des bibliothèques (CRODT, DPM, UCAD entre autres), des services administratifs et diverses structures (ONG…).
– une observation directe à bord d’un chalutier crevettier pendant une marée de 24 jours pour connaître les conditions de pratique de la pêche crevettière, identifier les espèces capturées et les espèces accessoires, assister aux opérations de manutention, triage et conservation à bord de la crevette de taille commerciale, estimer les quantités capturées et celles des rejets, établir les rendements journaliers et disponibiliser les variables nécessaires à l’analyse du modèle d’aménagement.
– des enquêtes et des entretiens ayant permis de :
• recueillir les données statistiques caractéristiques (débarquements, efforts de pêche) de la filière crevettière ;
• disponibiliser les informations caractéristiques du secteur crevettier et relatives notamment à la politique d’aménagement des pêches, au cadre juridique et institutionnel, à la situation des pêcheries, aux contraintes liées à la gestion et à l’exploitation des ressources crevettières, etc.
– un traitement des données avec le logiciel Excel pour l’application du modèle, la confection de tableaux, de graphiques et de diagrammes.

PRESENTATION DES RESULTATS

Les enquêtes, les entretiens, les investigations et recherches menées au cours de ce travail ont permis de recueillir les résultats relatifs à l’état et au niveau d’exploitation des ressources crevettières maritimes du Gabon.

L’état de la pêcherie crevettière

Les résultats caractéristiques de l’état de la pêcherie crevettière concernent :

La détermination des zones effectives de pêche

Indépendamment de la réglementation gabonaise qui a défini les quatre zones de pêche selon le type d’activité et de la nationalité des acteurs, ce travail a abouti à la détermination des zones effectives de pêche à partir du taux de fréquentation des bateaux dans certainssecteurs.
En effet, la figure 16 montre :
– qu’en superposant (par le suivi des navires à l’aide du système ARGOS) tous les chalutiers crevettiers en plein exercice, sans tenir compte de leur période de pêche, cela donne un aperçu des zones les plus fréquentées assimilables à des zones de pêche effectivement prospectées.
– une fréquentation importante de la partie centrale de la frange côtière Nord du Cap Lopez, notamment à l’intérieur de la ligne de base limitant la première zone de pêche, principalement à cause de la proximité des ports de Libreville et Port Gentil (figure 17) setraduisant par des coûts d’opérations plus faibles et des profondeurs faibles (moins de 40 mètres);
– une présence plus faible dans la frange côtière Sud du Cap Lopez principalement à cause des coûts d’opérations élevés avec l’inexistence de port de débarquement et d’équipements de pêche non adaptés à des profondeurs de plus de 40 mètres. C’est peut être l’origine signalée sans vérification (absence d’opérations de suivi, de contrôle et de surveillance efficaces) du transbordement des captures des chalutiers autorisés à des navires de pêches pirates débarquant dans les ports environnants des pays voisins. Aussi, c’est la zone Nord du Cap Lopez qui semble moins abondante en ressources crevettières et se trouve être la plus fréquentée que la zone Sud qui paraît plus abondante (cf. figure 3).

les méthodes de valorisation et de distribution

La valeur ajoutée des produits frais ou transformés est faible chez les pêcheurs artisans, les actions d’amélioration de conservation ou de transformation, ont été inexistantes malgré l’effort de l’état et de certains privés dans la disponibilisation de la glace (avec la construction des fabriques de glace en paillette) à bord des pirogues. En pêche industrielle, les crevettes sont exportées à l’état de matière première surgelée sans valeur ajoutée comme la cuisson et le décorticage avant surgélation. L’effort fait porte sur le respect des normes internationales de qualité.

La gouvernance des pêcheries crevettières

La gouvernance des pêcheries crevettières maritimes gabonaises est faite jusqu’à présent par trois directions techniques administratives (DPA, DPI et DRCS) de la DGPA qui ne bénéficient pas :
– d’un personnel (composé essentiellement des Docteurs vétérinaires, de techniciens supérieurs et agents techniques de pêche) suffisant et un équipement adapté de connaissance, de suivi et de gestion permettant la mise en œuvre de mesures adéquates d’aménagement des ressources ;
– de l’assistance d’une structure nationale scientifique de recherche mettant à jour la connaissance et le suivi du potentiel, de la flotte d’exploitation et les caractéristiques de la ressource ;
– ne disposent pas de dispositifs SCS insuffisants notamment des embarcations de pêche pêchant sans observateurs nationaux, et à terre sans équipement adéquat de surveillance (radar, etc.) et de communication (radio, etc.) ;

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