Les mesures prises par les autorités
Pour la protection des côtes, les ayants décisions ont mis en place différentes mesures institutionnelles, mais aussi, un plan de protection et d’éveil des consciences.
Les mesures institutionnelles
Globalement, des décisions ayant trait à la protection de l’environnement ont été prises lors de différents projets de loi, mais aussi lors des signatures d’accord internationales sur le changement climatique en particulier, signées et ratifiées par le Sénégal.
Dans la Commune de Rufisque, c’est la DST (dépendant de la municipalité), qui s’occupe, essentiellement, des problèmes environnementaux. Mais, il est normal de se demander, si ce service peut, à lui seul, s’occuper de tous les services techniques ? La
Commune, elle-même, a-t-elle les moyens de parvenir à mettre sur pied des stratégies efficaces et durables ?
L’Etat a un rôle, primordial, à jouer dans ce cadre. La protection de la population, contre les catastrophes naturelles, devrait être à sa charge. Mais la municipalité, lasse d’attendre l’aide potentiel de l’Etat, agit avec ses propres moyens, et l’appui des bailleurs de fond, afin d’améliorer l’IDH et le faible niveau de vie des populations de Rufisque.
Les mesures de protections
Beaucoup de mesures sont prises pour assurer la protection de l’environnement sénégalais, en général, et rufisquois en particulier. Depuis fort longtemps, des solutions ont été mises en oeuvre afin de combattre les effets de la variabilité climatique sur le littoral. Elles sont plus ou moins adaptées aux besoins des populations riveraines.
La protection du littorale
Sur la côte rufisquois, nous retrouvons essentiellement deux types de protection. Ce sontdes murs érigés afin de contrecarrer l’avancée de la mer. Mais un projet est en cours denégociation avec des partenaires étrangers, et n’est pas encore ficelé. Il s’agirait d’alimenter laplage en sédiments (alimentation artificielle), et ensuite d’y implanter des cocotiers (cocos nucifera), et des filaos (casuarina equisetifolia). Mais aucun acte concret n’est mis en place, mis à part les murs de protections, pour protéger le littoral de Rufisque.
La mise en place des enrochements
Les murs en enrochements ont été conçus par la direction des travaux publics, avec comme référence les propositions de structures faites par Dwars, Heederik, et Verhey Ingénieurs Conseils en 1979. La construction a été faite par l’entreprise Fougerolles, d’après la municipalité.
La mise sur pied du mur en béton
Ils ont été mis sur pied en 1990 par l’entreprise Fougerolles Ces murs sont érigés à Diokoul, mais pas sur la totalité de la côte de cette agglomération de quartiers (Diokoul Wague, Ndiourène, Ndiayène, Kao, Kher). Il fait face au cimetière musulman de Diokoul (Kao), et sur une partie des quartiers de Diokoul Ndiayène, et Ndiourène.
Les mesures d’assainissements
L’assainissement de la ville est, généralement, géré par la DST. Les déchets liquides (eaux usées et eaux de ruissellement) sont drainés par les canaux d’évacuation à ciel ouvert, mais aussi par les réseaux de caniveaux, qui aboutissent, presque tous aux canaux à ciel ouvert. La gestion des canaux et caniveaux enterrés incombe à l’Etat à travers l’ONAS. Pour faire face aux problèmes d’hygiène dans la ville, causés par les inondations et le bouchage des canaux de drainage, mais aussi dans le but de diminuer la pauvreté, la municipalité a recruté 300 jeunes (hommes et femmes). Leur rôle serait de curer les canaux àciel ouvert, mais aussi de pomper les eaux en périodes d’hivernages.Pour une bonne gestion de l’assainissement dans la ville, il nécessite, non seulement de la main d’oeuvre, mais aussi l’achat, et la location de matériaux lourds (tracteur, pelle picalin, camion etc.).
La sensibilisation de la population
La sensibilisation est un moyen mis à profit par le gouvernement, les municipalités, mais aussi par les associations pour prévenir, sensibiliser, éveiller la conscience des populations sur les plages. Ce qui a pour but ultime de faire barrages, surtout, à l’exploitation massif et illégale du sable de mer. Cette activité est surtout l’oeuvre des charretiers pour le compte des constructeurs individuels.
La sensibilisation sur les dangers de la pression anthropique sur le littoral est aussi relayée par la presse, mais surtout en périodes d’intensification du fléau. Mais si certains prennent acte de ces informations, d’autres priorisent leurs intérêts personnels.
Différents projets de sensibilisation et de protection ont été mises en oeuvre dans le cadre de la stratégie nationale de lutte et d’adaptation à la variabilité climatique, l’avancée de la mer plus précisément.
Le projet « Sensibilisation de la population et des élus pour une intégration du risque climat dans les plans d’urbanisation (exemple de Rufisque et Bargny) » entre dans cette optique. Il est piloté par la direction de l’aménagement du territoire. L’objectif principal du dit projet fut d’esquisser un plan d’aménagement urbain à l’aune des changements climatiques. C’est-à-dire déterminer les zones menacées et celles ou pourraient être relogée la population déplacée. Cela nécessite une forte sensibilisation sur les dommages et pertes économiques, et environnemental, afin de trouver un consensus pour améliorer les perspectives d’aménagement urbain et de développement humain.
Les réponses des riverains
L’impuissance de la population
La société civile, les ONG s’investissent aussi dans cette lutte de maîtrise des effets du réchauffement climatique. Les ONG, comme Enda 3D, sont très actives dans le processus de la protection de l’environnement. Quant aux associations, elles ne s’activent, que là où les financements sont conséquents
Dans la Commune de Rufisque Est, plus précisément entre Keury Kao — Bata, les populations n’ont pas vraiment de stratégies propres communes, mais surtout individuelles.
Chacun y va de sa propre initiative. La population essaie tant bien que mal de s’adapter en mettant en oeuvre leurs propres solutions, quoique précaires.
En réalité, la population ne fait que subir les effets des changements climatiques. La majeure partie des maisons est inondée à chaque événement pluvieux. L’attaque virulente des fortes vagues rend le milieu instable. Les murs des maisons sont couverts de fissures. Les deux mosqués de Thiawlène Boute ont été, entièrement, reconstruites.
Plus loin, à l’intérieur même de ces quartiers, les inondations s’illustrent aussi. Le quartier de Keury Kao, considéré comme le centre ville (avec Keury Sou°, est impraticable en saison hivernale. Des jours après un événement pluvieux, nous pouvons constater les eaux stagnantes sur les voix publiques (par exemple la rue Ousmane Socé Diop, ex rue Gambetta).
La population de ces quartiers n’a pas d’autres choix que de déverser l’eau qui inonde leurs maisons dans les rues.
Faible lueur d’espoir, à Thiawlène — Bata, certains jeunes font eux même observer l’interdiction du prélèvement de sable de plage sur leur secteur (différemment du Cap des Biches — Diokoul).
Les jeunes de Thiawlène — Bata ont aussi mis en oeuvre plusieurs actions pour protéger leur territoire. Parmi celles-ci, nous pouvons nommer le renforcement, quoique précaire, de la digue de protection, avec l’aide de la municipalité, et la protection du cimetière par la mise sur pied d’amas de sable, du coté sud-ouest du cimetière. Il n’existe pas de murs de ce coté ducimetière, d’ailleurs, c’est à l’intérieur, que les gens passent pour accéder à la plage de Bata.
La perception des phénomènes naturels et leurs conséquences
Lors des enquêtes de terrain, principalement dans les trois quartiers Keury Kao — Mérina — Thiawlène, les sentiments restent le même : la nostalgie et la désolation. C’est ainsi que le vieux Mandiaye Kébé, 62 ans résidant à Thiawlène Boute, s’est largement ouvert à nous sur les craintes des populations face au phénomène de la variabilité climatique.
Il raconte : « la plage de Thiawlène — Bata était à, à l’époque de nos parents, à environ600 — 700 m des habitations. Alors qu’actuellement, elle est à moins de 50 m. Quand la merest agitée, nous n’osons pas sortir de nos maisons, encore moins les enfants. Deux mosqués ont été englouties».
Le sieur Ibrahima Sène, 40 ans, renchérit : « nos parents nous avait raconté qu’auparavant pour passer des concessions à la plage, il fallait affréter des charrettes comme moyen de locomotion.
Selon leurs estimations, la mer était à prés d’un kilomètre des habitations du temps de leurs grands parents. Cette réponse est presque commune. Jeunes comme moins jeunes affirment que la mer était à plus de 500 m de son niveau actuel. Même affirmations pour les personnes rencontrées à Diokoul — Cap des Biches.
Le maître nageur Ndao, notre guide vers les falaises du Cap des Biches, nous a indiqué des zones qui, selon lui, étaient émergées.
Sur les questions relatives à la température, les réponses sont presque identiques.
Actuellement, le thermomètre est plus élevé qu’avant, plus intense, avec des amplitudes thermiques assez élevées. Le mois le plus chaud serait août pour la majorité. Mais d’autres considèrent les mois de juin, juillet comme les plus chauds. Alors que l’analyse des paramètres climatiques montre, que les mois les plus chauds, sont les mois de d’hivernage (juillet à septembre).
Les personnes âgées pensent qu’il pleut beaucoup moins qu’avant, et cela depuis la sécheresse des années 1970. Paradoxalement, les plus jeunes, en majorité, affirment que dernièrement il pleut beaucoup plus, ce qui est montré par l’analyse de la pluviométrie. Mais ils s’accordent sur la longueur des pauses pluviométrique (plus d’une semaine voire deux).
Pour faire face aux aléas climatiques, les uns invoquent les puissances divines, alors que les autres, plus réalistes, émettent des propositions telles que la plantation d’arbres. C’est une chose assez difficile dans une ville ou le manque d’espace est criard.
Pour contenir la mer, les réponses sont unanimes : il faut que le gouvernement, avec l’appui des bailleurs de fond, investissent dans la protection au large avec les brises lames.
Les plus exposé aux affres de la mer affirment tous qu’ils seraient d’accord si les autorités les relogés ailleurs. Comme ce fut le cas en 1970 ou certains habitants de Thiawlène étaient déplacés vers Arafat.
En fait, ce déplacement n’était, à vrai dire que théorique, Ce fut une partie des familles déplacées qui s’en allaient, alors que l’autre demeure à cause de la promiscuité. Rappelons que dans la structure des familles traditionnelles lébous, nous trouvons, très souvent, dans une même maison, plusieurs grands ménages, dont les habitants sont tous, parents proche, ou moins proche.
Mais l’Etat pourrait-il recaser chaque famille appartenant à une même concession, avec le manque d’espace ? Les anciennes concessions traditionnelles sont, beaucoup, plus vastes que les terrains ou maison alloués. Est-il possible de recaser deux ou trois ménages, en moyenne, sur un 150 m2 ?
Aussi, les communautés des pécheurs subissent les plus grands risques. Non seulement, le tonnage annuel des prises a, considérablement, diminué, mais les reloger adviendrait à les éloignées de leur lieu de travail.
Conclusion
Les mesures élaborées, par les autorités compétentes, pour s’adapter au changement climatique, dans la ville de Rufisque, plus particulièrement à Keury Kao- Bata, était assez importantes. Mais, ces aménagements sont devenus vétustes.
Quant à la population riveraine, elle n’a d’autre choix, en réalité, que de subir, et les assauts de la mer, et les inondations dues à la hausse de la pluviométrie. Même si elle tente de s’adapter aux effets du changement climatique.