Les études menées par la SENCHIM

Localisation et description du site

L’usine SENCHIM est implantée dans la nouvelle Commune d’arrondissement de Thiaroye-Sur-Mer àenviron 13 Km au Sud-Est de Dakar le long de la route nationale n°1 qui mène à Rufisque (figure 2).
L’usine dont la superficie est d’environ 2 hectares, est située dans une zone d’habitation dense. Cette zone avait été initialement réservée pour des activités artisanales et industrielles par la commune. Il semblerait que les servitudes n’aient pas été respectées.
Les études menées par la SENCHIM
Le site est bordé :
 au Nord par les habitations (domaine Guissé), par un garage (import-export) ainsi que les sociétés SMR et Nestlé ;
 à l’Est par des habitations (quartier Oryx) ainsi que la voie de chemin de fer utiliséepar les ICS pour le transport de produits chimiques ;
 à l’Ouest par des habitations, la voie rapide n°1 puis le quartier Lansar ;
 au Sud par des habitations (quartier Oryx) ainsi que la papeterie Distingo.
L’usine est implantée sur un terrain en légère dénivellation du Nord au Sud. Le site se situe à une altitude d’environ 30 NGS (Niveau Général du Sénégal). Les bâtiments occupent une surface de 3525 m2 , soit près de 20% du site. La surface non bâtie est en grande partie asphaltée à l’exception de l’extrémité Nord du site, couverte de sable.
Le site de la SENCHIM est constitué de :
• un bâtiment administratif pour la Direction Générale,
• un atelier de fabrication d’herbicides ;
• un atelier de fabrication d’insecticides ;
• un atelier de fabrication de poudres ;
• un parc de stockage tampon des produits finis de l’atelier liquide (8 cuves de 20 m3) ;
• deux bassins d’environ 2 m3 chacun pour le lavage des fûts ;
• une aire couverte pour le stockage des fûts de solvants de rinçage des ateliers insecticide et herbicide
• une aire couverte pour le stockage des fûts de matières premières liquides ;
• une aire de stockage extérieure (7775 m²) pour les engrais provenant des ICS ;
• l’ancien atelier « Bulk » (1330 m²) utilisé pour le stockage des engrais des ICS mais également des matières premières et produits finis des différents ateliers ;
• plusieurs magasins de stockage : produits finis herbicides (200 m²), emballages vides (300 m²), produits finis liquides et poudres (525 m²), matières premières poudres (304 m²) ;
• une aire extérieure pour le stockage des déchets ;
• un magasin de vente des produits en détail ;
• un atelier de maintenance ;
• un laboratoire de contrôle et d’analyse des produits en cours de fabrication ;
• un restaurant d’entreprise ;
• plusieurs sanitaires.
A l’exception du bâtiment administrateur (R+1), tous les bâtiments sont plain-pied.
Le site emploie 80 personnes permanentes mais également du personnel temporaire.
Le nombre d’employés pouvant atteindre 150 personnes.
En période de forte production (entre janvier et juin) les activités se déroulent en continu (horaires en 3×8 heures). En temps normal les activités se déroulent en horaire de jours (horaires 8 h – 17 h).

Historique du site

Les activités industrielles ont débuté sur le site vers 1950. Le site était probablement inoccupé auparavant.
On pouvait distinguer, à cette époque, deux types d’activités sur le site : d’une part la fabrication d’aérosols et d’autre part la fabrication d’aliments pour bétails (Société Sanders).
En 1969, la Société Sénégalaise d’Engrais et de Produits Chimiques (SSEPC) est autorisée à ouvrir et exploiter une fabrication d’engrais, de pesticides et d’aliments pour bétail sur le site au Km 13 Route de Rufisque à Dakar (parcelles n° 6271 et 6288).
En 1982, sont créées les Industries Chimiques du Sénégal (ICS) ainsi qu’une société filiale SENCHIM SA, chargée de la commercialisation des produits fabriqués par les ICS à savoir l’acide phosphorique, du phosphate et des engrais. SENCHIM SA a développé par la suite les activités d’importation, de fabrication et de commercialisation de produits agricoles.
En 1987, SENCHIM SA rachète l’ensemble du site.
En 1997 est créée SENCHIM Agro-Chemicals (AG), filiale à 100% de SENCHIM et chargée des activités de fabrication.
En 2002, la SENCHIM devient une filiale du groupe ICS.

Activités du site

Activités industrielles

L’activité de la SENCHIM sur le site de Dakar est la formulation de pesticides. Trois grandes catégories de pesticides sont fabriquées sur le site :
• les insecticides (Concentrés Emulsionnables) ;
• les poudres à poudrer (PP) utilisées pour le traitement des céréales ;
• les herbicides (Concentrés Emulsionnables, Suspensions Concentrées, Suspoémulsions).
Les différents ateliers évoqués précédemment sont décrits dans les paragraphes suivants.

Atelier Insecticide 

On y fabrique des insecticides sous forme de concentrés émulsionnables (EC). Ceux-ci sont obtenus par mélange de matière active, de solvant et de surfactant. La matière active pouvant être solide ou liquide. Cet atelier dispose de deux chaînes de conditionnement semiautomatiques, selon les quantités conditionnées (fûts, boîtes métalliques, sachets-doses, flacons, bidons (allant de 125 ml à 5 l).
La capacité de production de cet atelier est 45 000 litres par jour (l/j).

Les études environnementales

Etude de la morbidité, du cadre de vie et de la perception des populations environnantes

La cohabitation usine – population engendre beaucoup de problèmes. Les graves accidents qui surviennent un peu partout à travers le monde (incendies, explosions, fuite massive de gaz) occasionnent de nombreux décès ou laissent de pénibles séquelles parmi les populations environnantes. Ces accidents graves ne doivent pas faire perdre de vue l’impact à long terme des nuisances ; ils varient selon le type d’usine et la nature de l’habitat environnant. Dans nos pays, malgré les politiques et stratégies hardies de relèvement du niveau d’instruction, un facteur de nuisance est vite considéré comme un facteur de maladie.
A Dakar, plus précisément, dans la zone de Thiaroye où est implantée la SENCHIM, les populations environnantes ne cessent de se plaindre des émanations de ces produits sur leur état de santé. Les accusations fusent de partout, sans arguments scientifiques à l’appui.
La présente étude tente d’apporter un éclairage sur ce conflit en produisant des informations fiables qui aideront à la mise en place de mesures appropriées.

But et objectifs

Cette étude a pour but de contribuer à une meilleure connaissance des nuisances et de l’impact des émanations des produits chimiques implantés à Thiaroye sur mer sur la santé des populations environnantes, afin de proposer des solutions appropriées ou des mesures compensatoires pour une cohabitation harmonieuse des principaux acteurs concernés.
Le premier objectif général est de décrire le cadre de vie des populations de la zone d’habitat traditionnel Lébou proche du complexe ICS/SENCHIM. Etudier l’influence de la proximité de SENCHIM sur l’état de santé de la population de la commune de Thiaroye sur Mer comparativement à celle de la commune de Keur Massar sera le deuxième objectif général.

Résultats

Sur le cadre de vie des populations de Thiaroye sur mer

La perception des nuisances olfactives dans la zone d’habitat traditionnel lébou de Thiaroye sur mer Sur 403 concessions enquêtées, 388 se plaignent de nuisances olfactives soit 96,3 %. Les ICS/SENCHIM sont indiquées comme la source principale par 343 chefs de concessions soit (88,4%), suivies respectivement par la vidange des fosses (5,4%), de l’usine de peau (2,9%), de la mer et des ordures (2%), de l’usine NESTLE (1,3%).
La perception des nuisances irritatives dans la zone d’habitat traditionnel lébou de Thiaroye sur mer Sur 403 concessions enquêtées, 72 se plaignent de nuisances irritatives soit 17,9 %.
Les ICS/SENCHIM sont indiquées comme la source par 55 soit (76,4 %), suivies de la fumée des voitures, des trains et des ordures par 12 soit (16,7%), usine NESTLE, dibiterie et raffinerie (6,9%)

Commentaires

Sur le cadre de vie des populations de Thiaroye sur mer

En matière d’hygiène et de propreté du milieu

La situation de Thiaroye sur Mer dans la zone d’habitat traditionnel Lébou est loin d’être satisfaisante. Les conditions d’éclosion et de transmission de maladies infectieuses et parasitaires sont fortement présentes:
 La grande majorité des concessions disposent, pour l’évacuation des excrétas, de fosses à vidange (93,3%). Ce seul fait est déjà lourd de conséquences sur la santé des populations, par la qualité des fosses et leur position dans la concession. Il s’y ajoute que la vidange (56,8% des concessions), même avec les camions-aspirateurs, et l’enfouissement (42,4% des concessions) crée les conditions favorables de dissémination des germes pathogènes contenus dans les matières fécales et la contamination de la nappe souterraine.
 La gestion des ordures ménagères est marquée par une utilisation massive de moyens de conditionnement « non réglementaires» à l’intérieur des concessions (bassine ou seau en plastique 80,4%) en attendant l’arrivée du camion ramasseur dont la régularité est douteuse. Par ailleurs, le recours aux dépotoirs sauvages est assez fréquent dans la zone d’habitat traditionnel Lébou (12,4%).

La perception de nuisances par les populations

Elle est réelle. Dans leur écrasante majorité, les populations de Thiaroye sur Mer se plaignent des nuisances olfactives (96,3%). Celles irritatives le sont dans une moindre mesure(17,9%). Elles désignent les installations des ICS/SENCHIM comme la principale source de ces nuisances (respectivement 88,4% et 76,4%). A ce sujet, les résultats de l’enquête environnementale devraient apporter des informations utiles voire nécessaires à la prise de décisions opportunes.

Sur l’état de santé des populations

Les signes que nous avons étudiés sont les manifestations cliniques les plus couramment rencontrées dans les pathologies liées à une pollution industrielle: fièvre, toux, diarrhée, vomissements, lésions cutanées, signes oculaires, signes de la sphère ORL, céphalées et vertiges. Dans notre étude, on observe à Thiaroye sur Mer comparativement à Keur Massar, une prévalence plus forte de fièvre (65%), céphalées (64,8%), vomissements (59,2%). Ces signes ne sont pas spécifiques à la pollution industrielle. En effet, le paludisme, pathologie parasitaire regroupant les signes ci-dessus énumérés, représente 79,2 % des cas observés dans les deux communes.
Concernant les affections diagnostiquées, notre étude a relevé les principales affections suivantes chez les malades des deux communes: paludisme (14,45 %) avec une distribution plus importante des cas à Thiaroye sur Mer, suivi respectivement des maladies de la peau (8,2%), des maladies de l’appareil digestif (4,2%) et de la gastro-entérite (3,8%), des broncho-pneumopathies (3,7%). Pour ces dernières pathologies, on note une distribution des cas plus importante chez les malades de la commune d’arrondissement de Keur Massar.Malgré la prépondérance de la fièvre, des vomissements et de la céphalée chez les malades de la commune d’arrondissement de Thiaroye sur Mer, il nous est difficile de les rattacher à la seule proximité des installations des ICS/SENCHIM. En effet, le cadre de vie des populations environnantes est en lui même porteur de facteurs susceptibles de provoquer des troubles digestifs ou le paludisme.

Conclusion – Recommandations

La situation sanitaire de la commune de Thiaroye sur Mer n’est pas alarmante, comparée à celle de la commune de Keur Massar. Les maladies respiratoires, notamment l’asthme, souvent évoquées lors des récriminations contre les nuisances industrielles sont paradoxalement dans notre échantillon plus fréquemment observées à Keur Massar qu’à Thiaroye sur Mer

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