Intégration féminine au sein des forces armées malgaches

La division sociale du travail

La division sociale du travail sépare les individus tout en créant des liens de dépendance entre eux. Si elle est facteur d’efficacité, c’est au prix d’une perte d’autonomie et de sens. Ainsi, les rapports sociaux qui découlent de cette division du travail se présentent sous deux formes : la séparation et la hiérarchisation.
La division du travail divise la société dès que des classes d’individus sont spécialisées dans des tâches ou des fonctions particulières. Elle la hiérarchise dès que ces activités ou ces fonctions sont inégalement valorisées. En effet, une division n’implique pas par elle-même la hiérarchie : bien que différentes, les taches peuvent paraitre équivalentes. Et la hiérarchisation des fonctions n’engendrerait pas de hiérarchie sociale si se pratiquait la rotation des tâches. Mais le plus souvent, la domination trouve une légitimation dans la division du travail, alors même que celle-ci est l’effet de celle-là.
Pour Frederick TAYLOR (1911), la division du travail se passe par deux étapes : verticale et horizontale. Verticale, entre ceux qui conçoivent et planifient le travail «dans les bureaux » et ceux qui exécutent les consignes « dans les ateliers ». Horizontale, sous la forme de la décomposition du travail en une série de taches parcellaires (ce que Georges FRIEDMAN appelait « le travail en miettes »). Cette division verticale institue une hiérarchie dans la mesure où elle induit un processus de qualification de ceux qui se consacrent exclusivement à des tâches répétitives d’exécution. Les effets sociaux de la division du travail sont donc ambivalents : selon la nature des tâches, la spécialisation peut être qualifiante ou déqualifiante.

Les mesures incitatives à la candidature féminine

À Madagascar, la participation des femmes à un concours national d’entrée parmi les agents de l’État reste encore faible. De nombreuses raisons ont été relevées comme étant la source de cette passivité, mais la thèse la plus plausible est d’ordre culturel, selon laquelle une femme doit entretenir le bien-être de son ménage (fanaka malemy). Ce constat se fait remarquer au fur et à mesure que le poste à pourvoir pour les candidats est supérieur ou requiert une certaine qualification technique. Da la plupart des cas, elles sont confiées à des postes d’exécution qui exigent moins de technicité pour l’agent, mais, plus de disponibilité et d’allégeance envers leur chef hiérarchique. Ce fut le cas pour les femmes secrétaires de direction dans l’administration publique et privée malgré leur parcours estudiantin et professionnel confirmé dans le domaine prétendu. Ces immobilismes reflètent les lacunes juridictionnelles en matière de la promotion et l’émancipation professionnelle de la femme, mais la tendance d’aujourd’hui tend à bouleverser le statu quo avec la forte pression des sociétés civiles et des organismes internationaux. Ainsi, le milieu réputé comme le plus résistant à l’intégration féminine – qu’est l’armée – est contraint de modifier certaines dispositions particulières de son statut, surtout au niveau du recrutement de ces personnels militaires. Que ce soit au sein de l’Armée ou de la Gendarmerie, des avancées ont été constatées même si les mesures prises sont encore moins conséquentes.

L’évolution de place attribuée au candidat féminin

L’intégration de la femme au sein des forces armées obéit à un principe de quota implicite fixé par la coopération de l’État malgache avec les bailleurs de fonds étrangers.
Certains leaders militaires de l’époque se montrent dubitatifs, voire même manifesté leurs objections quant à l’enrôlement des femmes au sein de leur institution, vu le contexte sécuritaire et la situation sociopolitique très agitée d’alors. En fin de compte, c’est la volonté politique des dirigeants qui a primé, malgré l’opposition farouche des leaders militaires. Ainsi, une place restreinte est accordée à la gent féminine lors du recrutement des élèves officiers et des élèves gendarmes. En 2011, six places ont été réservées aux élèves officiers féminins, tandis que cent cinquante (150) places à celles des élèves gendarmes féminins. Ce chiffre a été maintenu jusqu’en 2015. En générale, le taux de recrutement des personnels féminins est fixé à 10% pour chaque promotion, car parmi les soixante élèves officiers d’active recrus, six sont femmes. Dans la gendarmerie, le nombre total des élèves gendarmes est fixé à mille cinq cents , dont cent cinquante sont des femmes.

Les modalités d’instruction des élèves officiers et gendarme

Le fondement de la formation militaire réside dans le fait d’ignorer et d’effacer toute la distinction entre les nouveaux recrus, que ce soit du point de vue socio-économique, culturel, religieux ou naturel. L’objectif premier de cette formation vise  changer le réflexe civil des élèves afin qu’ils puissent s’imprégner des valeurs propres à l’armée c’est-à-dire, le sens de l’abnégation, la discipline, la cohésion, etc. Autrement dit, l’armée instruit et forme ses personnels pour devenir un soldat capable de vivre la rusticité. Ce qui laisse à constater que cette institution vénère la neutralité de sexe et la classe sociale de chaque soldat pour assurer son bon fonctionnement. Ainsi, les élèves participent aux mêmes épreuves d’évaluation proposées par l’école militaire, mais noter selon un barème différent en fonction de sexe de l’élève.
Les épreuves théoriques : L’instruction théorique consiste à donner plus des outillages méthodologiques aux élèves face à des situations stressantes à auxquelles ils pourront être confrontés au cours de leur carrière. Ces instructions comportent deux phases, à savoir la phase d’initiation au métier de l’arme c’est-à-dire que les élèves sont initiés sur l’entretien de leur troupe et de leurs armes -, puis la phase d’acquisition des savoir-faire et des savoir-vivre  c’est l’initiation à la manière de se comporter devant son chef ou son subordonné .
Les élèves sont notés selon leur compétence intellectuelle et il n’y a pas de barème appliqué selon le sexe. Il est toutefois à noter que la performance intellectuelle entre homme et femme est très bien différente. Les femmes excellent aisément dans les matières littéraires (français, histoire, etc.), tandis que les hommes dominent dans les matières techniques (topographie, etc.). Actuellement, le major de promotion ou « ombimanga » reste encore un homme depuis la première intégration de la femme dans l’armée malgache.
Les épreuves pratiques : Comme dans toute autre formation des agents de l’État, la formation au sein de l’académie militaire et de l’école de la gendarmerie requiert la mise en application des instructions théoriques apprises lors des cours en salle. Ainsi, les épreuves pratiques servent à évaluer la compétence technique sur terrain des élèves officiers et gendarmes.
Ces épreuves marquent la première confrontation de l’élève sur sa capacité d’adaptation en milieu hostile dont il pourrait être appelé à servir tout au long de sa carrière. Nous pouvons donc constater cette adaptation à travers deux indices lors des épreuves pratiques, telles que l’épreuve sportive et l’épreuve de tir.
Les épreuves sportives sont entreprises pour évaluer l’endurance physique des élèves. Elles s’étalent sur deux phases bien distinctes.

Table des matières

INTRODUCTION GÉNÉRALE 
Généralités
Motifs du choix de thème
Motifs du choix de terrain
Problématique de la recherche
Hypothèses
Objectifs de la recherche
Objectif général
Objectif spécifique
Appareillage méthodologique
Méthodes
Démarche hypothético-déductive des activités de travail
Techniques
Documentation
Technique d’échantillonnage
Technique de recueil d’information
Cadre théorique
Culturalisme
Constructivisme
Limites de la recherche
PARTIE I : Considération générale sur le genre dans les milieux professionnels
Introduction de partie 
Chapitre I : La construction sociale et culturelle du genre 
Le sexe et le genre, deux notions à distinguer
Le sexe
Les critères déterminants du sexe
Le genre
Le genre dénaturalise le sexe
Culture et identité sexuelle
Les stéréotypes de genre
La domination masculine
L’incorporation de la domination
Chapitre II : La division sociale du travail
Division sexuelle du travail
Les revendications féministes pour l’émancipation professionnelle de la femme
L’égalité entre femme et homme
L’équité entre femmes et hommes
La parité entre femmes et hommes
PARTIE II : Intégration féminine au sein des forces armées malgaches
Introduction de partie 
Chapitre III : État des lieux sur l’intégration féminine dans les forces armées 
Historique
Les mesures incitatives à la candidature féminine
L’évolution de place attribuée au candidat féminin
Les modalités d’instruction des élèves officiers et gendarme
Les épreuves théoriques
Les épreuves pratiques
Le barème de notation selon l’âge et le sexe
La féminisation des forces armées malgaches
Chapitre IV : La représentation sociale des femmes militaires 
La perception des femmes militaires de leur travail
La place des femmes militaires dans les forces armées
La place accordée par les militaires aux femmes officiers
La capacité de commandement des femmes militaires
Les propos sexistes à l’égard des femmes militaires
Les qualificatifs à l’origine du sexisme
Catégorisation par le sexe du métier de l’arme
Egalité et différence de traitement entre les deux sexes au cours de la formation
L’institution militaire devrait adopter une valeur propre à la femme
Les femmes militaires devraient intériorisés les valeurs propres à l’armée
La perception de la féminisation des forces armées par les hommes militaires
L’existence d’une égalité de traitement entre homme et femme
Une éventuelle capacité d’assurance de fonction militaire par les femmes
La conformité de la minorité féminine aux valeurs militaires
L’adaptation de la majorité masculine à la présence féminine
La perception de l’intégration féminine par les hommes militaires
Les atouts des hommes officiers en matière de commandement par rapport aux femmes officiers
PARTIE III : la quête de reconnaissance des femmes militaires
Introduction de partie 
Chapitre V : Une place à rechercher pour les femmes militaires 
Femme militaire préserve sa féminité
Femme militaire soucieuse de sa beauté
L’inégalité physique conduit à l’inégalité de traitement
L’Ambiguïté de l’identité combattante chez femmes militaires
La virilité comme vertu à acquérir pour les femmes militaires
La virilité est un apanage des hommes
Les regards et perceptions portées sur les femmes dans les forces armées
L’intégration féminine au sein les forces armées, une nouvelle dimension à appréhender pour la majorité masculine
L’intégration féminine comme un clivage de générations
L’évolution des comportements liés à la mixité dans les forces armées
Les avantages de l’intégration féminine dans les forces armées
Chapitre V : Suggestions et recommandations 
L’adoption d’un texte portant statut particulier des femmes militaires
La formation et l’information des personnels militaires
La mise en place d’un dispositif de recours
L’adaptation de la vie en garnison
La prise en compte des spécificités féminines et de la parentalité
CONCLUSION GENERALE
Bibliographie

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