Situation
L’unité structurale du gradin de Pout a été le siège d’une sédimentation de plus en plus calcaire pendant le Paléocène, se caractérisant par le développement de récifs formés de calcaires, d’argiles et de marne.
Dans cette partie, le Paléocène repose en discordance sur le Maastrichtien (Fig. 17) et affleure sur une bande plus ou moins NS allant jusqu’à Bandia faisant l’objet d’importantes exploitations.
Géométrie de l’exploitation
La vue d’ensemble de la carrière (fig. 19) permet de visualiser la géométrie de l’exploitation. L’exploitation est menée selon deux gradins désignés par « palier inférieur » et « palier supérieur » exploité chacun suivant deux fronts de taille : un front EW et un front NS.
Caractérisation géologique du massif rocheux
Caractérisation géologique globale
La stratigraphie
Le gisement appartient à l’unité structurale de Pout, l’observation sur la carrière permet demettre en évidence plusieurs niveaux stratigraphiques d’épaisseur variable (fig. 21):
un horizon supérieur H0 constitué de terre noire de faible épaisseur (0 à 1 m);
un horizon H1 constitué d’un calcaire très induré d’épaisseur variable avec des fractures en « V » dues au phénomène de dissolution ; cette partie montre un profil d’altération très poussé. La puissance moyenne de ce calcaire est de 3 à 4 m et tend à disparaitre en allant vers le Sud;
un horizon H2 formé d’un calcaire très pur d’épaisseur 6 à 7 m;
un horizon H3 constitué d’un calcaire présentant des poches d’argile (1 à 2 m).
Caractérisation géostructurale
Contexte régional
La tectonique de ce secteur est principalement contrôlée par la structuration du massif de Ndiass.
Ce massif est en effet limité par deux compartiments structuraux orientés Nord- Sud:
– à l’Ouest, le compartiment de Sébikotane marqué par un affaissement relatif important;
– à l’Est, le compartiment de Pout qui a subi par rapport au horst de Ndiass un décrochement de moins grand rejet que celui de Sébikotane. Ce compartiment n’est pas nettement délimité vers l’Est, la faille de la cuesta de Thiès le décroche mais avec un faible rejet.
Tectonique de la carrière de Pout
Le gisement de calcaire de Pout est caractérisé par une fracturation très importante. Ce réseau de fractures prises au sens de discontinuités d’origine tectonique (diaclases, fentes, failles) confère au massif une structure importante à connaître pour l’opération d’abattage.
A l’échelle de la carrière les calcaires sont intrudés par un dyke de tufs de direction N050. Ce dyke a emprunté une fracture majeure pour se mettre en place et recoupe le palier supérieur au point de coordonnées X= 283135 et Y = 1638165 et le palier inférieur à X= 282788; Y= 1637884. Sur la Figure 24 on peut distinguer que:
la position du dyke correspond à une faille normale qui a entrainé le soulèvement du compartiment (1) orienté plus ou moins EW et penté vers le Sud et un abaissement du compartiment (2);
Levés de discontinuités
Les levés systématiques de fractures ont été effectués sur les paliers jugés mesurables (accessibles et peu altérés). Nous avons effectué un certain nombre de mesures sur des lignes aux orientations variables. Cette étude a révélé que les fractures ont généralement un pendage vertical, ce qui nous a poussés à les représenter sur des rosaces directionnels plutôt que sur des stéréogrammes pour une meilleure appréciation des données.
L’exploitation de ces données représentées sur la fig. 25 permet de déceler quatre principales familles directionnelles :
une famille de direction N020 à N025 subverticale correspondant à la structure majeure;
une famille de direction N040 àN060 subverticale;
une famille de direction N130 à N140 subverticale;
une famille de direction N070 à N080 subverticale.
L’abattage
L’abattage est réalisé par MINEEX pour l’alimentation de la SOCOCIM industries en matières premières nécessaires à la fabrication du ciment.
Les techniques adoptées par MINEEX
Dans la carrière de Pout, l’abattage (forage et minage) est entièrement mené par la société MINEEX spécialisée dans le forage-minage.
Le tir d’abattage y est réalisé à partir d’une à trois rangées de 10 à 15 trous, inclinés à 5° par rapport à la verticale, de diamètre 102 mm, suivant une maille de 4 m de banquette et 5 m d’espacement. L’amorçage est un amorçage fond de trou ou latéral suivant les conditions du terrain. Pour l’amorçage fond de trou on utilise des détonateurs électriques à court retard et plus fréquemment des détonateurs non électriques de 15 m ou 18 m pour respectivement le palier inférieur et le palier supérieur. Le tir est effectué à l’aide d’un exploseur de marque neptune.
Le forage
Première étape de l’abattage après la découverture, le forage demeure capital car influant fortement sur le résultat du tir. Dans cette carrière il est assuré par une foreuse de marque Atlas Copco modèle T35 conduite par un foreur expérimenté. La machine est équipée d’un marteau hors trou. Le forage hors-trou repose sur les quatre bases suivantes :
– le soufflage, pour évacuer les cuttings de forage;
– la percussion, liée à l’énergie par coup et la fréquence de frappe du marteau;
– la poussée, dont l’objectif est de maintenir en permanence le contact entre la roche et le taillant;
– la rotation du taillant, pour qu’à chaque coup, les boutons du taillant travaillent sur un élément sain de roche. Le forage hors-trou utilise un marteau placé à l’extrémité d’une glissière, hors du trou ; la poussée, la rotation et la percussion sont communiquées au taillant via une série de tiges de forage, également désignées par le terme d’allonges.
Cependant la mesure de certains paramètres est à mettre en cause: en effet, l’implantation se fait par simulation au pas, on considère qu’un pas équivaut à un mètre ce qui n’est pas du tout exact et peut engendrer des erreurs d’implantation pouvant avoir des conséquences néfastes sur le résultat du tir, de plus la banquette au pied n’est mesurée que par une évaluation visuelle.
L’absence de profondimètre au niveau de la foreuse est un inconvénient dans la mesure où on dépasse toujours largement la profondeur à forer pour éviter que la machine ne revienne sur les trous en cas de profondeur insuffisante; si ceci permet de gagner plus de temps, il n’est pas quand même rentable car lors du chargement on se rend compte que parfois on est obligé de remblayer jusqu’à parfois un mètre. En multipliant ce surplus de forage par le nombre de trous, on trouve que ce n’est pas négligeable. La confection d’un plan de forage rationnel pourrait pallier à ça.
Les difficultés rencontrées lors du forage
Le problème rencontré lors du forage au niveau de Pout se situe à deux échelles :
– le premier est lié à la présence des failles et des karts;
– le deuxième est lié à la teneur en argile surtout au niveau du palier inférieur correspondant à la base du palier supérieur;
Le minage dans la carrière de Pout
Il s’agit là de définir les caractéristiques techniques du minage à savoir la nature, la quantité et la géométrie de répartition des charges d’explosifs à mettre en œuvre à l’intérieur du massif et la chronologie de détonation de ces charges.
Le type d’explosif
Le travail de l’explosif est basé sur l’action combinée de l’onde de choc permettant la fracturation du massif et des gaz fortement pressurisés qui entrent dans les fissures et disloquent le massif. Les explosifs utilisés pour le chargement d’un tir doivent être adaptés au massifrocheux dans lequel ils travaillent. Deux explosifs sont en général utilisés sur la carrière: le nitrate fuel en colonne et des cartouches « Explus » de diamètre 60 mm et 70 mm en pied. Le confinement des gaz est assuré par de la matière inerte (cuttings issues du forage) sur une hauteur de 2 m, il s’agit du bourrage.
La charge unitaire
La charge unitaire est le rapport entre la masse totale d’explosifs et le nombre total de trous du tir. C’est un paramètre très important dans la mesure où il permet de prévoir les vibrations issues des tirs de mine. A l’état actuel de la législation, il n’existe aucune norme ou réglementation sénégalaise relative à la restriction des vibrations et de la surpression émises dans l’environnement par les tirs de mines. Cependant la SOCOCIM a fixé des seuils appelés « seuils SOCOCIM » qui ont changées au fil des années passant en matière de vibration de 3 mm/s en 2003 à 1.8 mm/s depuis 2008.
Les charges unitaires effectuées dans la carrière sont données par la figure 27.