INTRODUCTION
La filière de la datte en Algérie a été organisée sur le plan des textes ministériels pour pourvoir répondre à une demande internationale non négligeable et surtout traditionnelle, donc il n’est pratiquement pas nécessaire de chercher de nouveaux marchés ou de nouveaux débouchés puisque le marché existe et ne connaît pratiquement pas de saturation.
Devant les chiffres qui caractérisent l’Algérie et les quantités minimes de l’exportation, beaucoup de spécialistes tentent de trouver une solution.
Nous avons posé des hypothèses au début de notre travail qui sont les suivantes :
• L’absence de motivation des producteurs serait-elle à l’origine des problèmes de la datte? Les motivations sont à entendre d’une part au sens financier.
C’est-à-dire si les producteurs recevaient des motivations sur le plan financier cela conduirait-il à une autre situation ? et aussi sur le plan affectif ou ce qui peut être exprimé de la manière suivante : si les producteurs ressentaient une valorisation des produits de terroir et parmi eux la datte cela aurait-il un impact sur leur engagement à fournir un produit de qualité selon les normes internationales ?
• L’absence de compétences technologiques et humaines serait-il un facteur influençant ? L’information et la communication à ces sujets sont-elles suffisamment dispensées aux producteurs et autres intermédiaires pour leur permettre d’être à jour avec les évolutions technologiques qui les habilitent à répondre à une demande internationale très exigeante ?
• Les fonctions de production de la datte et celle de transformation sont-elles suffisamment professionnalisées pour favoriser le développement de cette filière en Algérie ?
• La production de la datte peut-elle être développée en termes de quantités ?
La superficie peut-elle être augmentée, des moyens financiers supplémentaires peuvent-ils être consentis et le savoir-faire existant peut-il être amélioré ?
Pour répondre à ces hypothèses, nous avons opté pour la collecte d’informations et de données à partir du terrain. En effet, il s’agit pour nous de conforter à la réalité des intuitions basées sur la lecture des nombreux rapports de séminaires et autres articles de presse qui tirent tous la sonnette d’alarme et tentent de proposer des explications à la situation actuelle de la datte algérienne. Ces intuitions nous ont servies de base aux questions posées dans les deux questionnaires qui ont été administrés.
L’approche choisie est celle qui a consisté à considérer deux niveaux de réflexion : un premier niveau constitué par les producteurs algériens principaux acteurs de la filière dattes, et un autre niveau constitué par les consommateurs européens, puisqu’ils représentent la cible des entreprises exportatrices.
Ce chapitre comprendra donc, une première section où sera fait le diagnostic à partir de l’analyse des résultats des questionnaires.
Ensuite, une deuxième section où seront données des propositions pour répondre à la problématique de notre travail. Il sera bien évidemment mis l’accent sur la nécessité d’autres outils complémentaires à la démarche marketing afin de mieux exporter.
DIAGNOSTIC
Le présent diagnostic se base sur les informations recueillies auprès des producteurs algériens de dattes et des consommateurs européens, le recoupement entre ces deux groupes d’information nous permettra de donner un certain nombre de propositions dans la section suivante.
ANALYSE DES INFORMATIONS RECUEILLIES
Les informations recueillies comme indiqué précédemment, vont être triées puis rassemblées par thème dans les paragraphes suivants. Nous pourrons ainsi lister un certain nombre de points en relation avec la question centrale de notre travail, à savoir si l’application d’une démarche marketing en amont, c’est-à-dire chez le producteur pourrait être un moyen pour palier la faiblesse des exportations algériennes de dattes. Ou bien si cette démarche marketing existe, est-il nécessaire de l’adapter aux marchés cibles, suite à la connaissance des attentes et des préférences des consommateurs notamment européens.
LES PRODUCTEURS ALGERIENS DE DATTES
Des interviews conduites avec les producteurs algériens de dattes, nous pourrons citer les points suivants comme pouvant être des indicateurs révélateurs sur la situation actuelle du marché de la datte. Et apporter ainsi un peu de lumière sur ce qui s’apparente à ‘’Un mystère de la datte algérien’’.
La culture du palmier dattier est un métier et un héritage : hormis les quelques entrepreneurs attirés par la culture du palmier dattier suite à la mise en place du PNDRA en 2000, la plupart des producteurs disent considérer cette culture comme un métier doublé d’un héritage, ce qui lui confère un aspect hautement traditionnel. C’est un métier donc, de cette culture dépendent de nombreuses familles et il y va de la stabilité de toute une région. Ce métier est fait selon des us et coutumes séculaires. Les mêmes gestes sont répétés à l’identique par l’homme et il ne saurait être question de mécaniser ces gestes-la qui nécessitent la dextérité de l’homme et son savoir-faire tout au long du processus de la préparation du palmier en démarrant de la pollinisation jusqu’à l’ensachage pour protéger les régimes de dattes des pluies d’automne qui peuvent s’avérer être de vraies catastrophes pour la production. En plus, la mécanisation entamée dans les années 70/80 n’a pas donné de meilleurs résultats, d’autant plus que le système lui-même de gestion des palmeraies est désormais complètement différent. La majorité des plantations actuelles dépassent rarement 5 hectares de superficie. Presque 48% des exploitations ont une superficie entre 1 et 5 ha, comme rapporté par ALGEX dans un rapport datant de juillet 2006. Ainsi, les moyens de production privilégiés sont les moyens traditionnels avec l’utilisation de la fertilisation par les engrais naturels ou les fertilisants biologiques.
Les moyens utilisés pour la production sont traditionnels : Les producteurs ont accepté l’utilisation de l’irrigation par la méthode du goutte-à-goutte qui est une méthode rationnelle et qui permet d’économiser l’eau ce précieux liquide. Cependant, le goutte-à-goutte ne donne pas de bons résultats partout, par exemple à Touggourt dans la Wilaya de Ouargla où le sol est trop salin. Les fertilisants sont préférés biologiques dans les palmeraies gérées par des producteurs jeunes, quant aux producteurs possédant des superficies inférieures à 5 ha, ils utilisent du fertilisant naturel.
LA CONSOMMATION DES DATTES EN EUROPE
La quantité d’informations recueillies pourrait faire l’objet de nombreuses considérations afin d’aboutir à une analyse ou plusieurs analyses même, nous avons choisi de ne considérer qu’un certain nombre de variables qui soient en relation avec la problématique de notre travail.
Pour arriver à analyser les informations relevées, nous avons procéder à des tris à plat et des tris croisés dont le détail suit. Ces informations nous faciliteront l’élaboration de proposition si ce n’est d’un mix marketing spécifique à une entreprise, mais du moins de tracer un ensemble de lignes à suivre dans l’élaboration de tout plan d’action marketing destiné aux consommateurs européens.
Consommation
Le graphe N°14 suivant nous montre la répartition de l’échantillon entre consommateurs et non consommateurs des dattes.
Motivation de consommation des dattes
Les personnes qui disent consommer des dattes le font pour différentes raisons, la première est que la datte représente aux yeux des consommateurs un fruit capable de fournir à celui qui le consomme un apport nutritif de part les différents oligoéléments qu’elle contient. Ils sont plus de 25% à la considérer comme telle. (Voir tableau N°38 en annexe). Parmi ceux qui reconnaissent la consommer pour ses valeurs nutritives, plus de 66% sont originaires du Nord de la Méditerranée.
En deuxième lieu, la datte contient une dimension culturelle (20%). Ainsi, sa consommation est aussi assimilée à un geste culturel pour presque 25% des personnes enquêtées. Il est à noter que la majorité de ceux pour qui la consommation des dattes exprime un geste culturel exclusivement ou à côté d’autres considérations, ont des origines du Sud de la Méditerranée (74%) (Voir tableau N°39 en annexe).
Ceci nous indique que la consommation des dattes cristallise une recherche d’identité, une affirmation d’une certaine culture. Cela confirme s’il en est que la datte est un fruit chargé de symboles culturels et de leur corollaire la dimension cultuelle.
Elle possède aussi une autre dimension qui est la dimension hédonique, de nombreux consommateurs disent s’offrir un ‘’petit plaisir’’ en la consommant ou carrément céder à la gourmandise.
Finalement, la datte est un fruit dont les caractéristiques que lui prêtent les consommateurs sont aussi variées que les origines de ces derniers. Un fruit qui peut être appréhendé sous différents angles, un fruit qui exprime à lui seul l’idée que la consommation est un acte culturel.
Les dattes et la communication
Plus de 56% des personnes interrogées disent avoir remarqué de la Promotion sur Lieu de Vente PLV, il semblerait que ca soit le moyen de communication le plus utilisé surtout dans les grandes surfaces. On remarque aussi que presque 11% des personnes interrogées disent n’avoir vu aucune publicité. (Voir tableau N° 49 en annexe). Le graphe N° 27 suivant illustre les réponses des enquêtés.
LA POLITIQUE DE DISTRIBUTION
Le choix du canal de distribution est primordial pour la continuité des exportations.
Cependant les contraintes sont telles que la marge de manœuvre laissé à l’exportateur est très limitée. Les contraintes notamment celles représentées par le transport maritime défaillant et qui ne permet pas aux exportateurs d’honorer leurs engagements. Dans ce cas, la meilleure solution consisterait en la vente à des négociants de dattes implantés en Europe qui adapteraient les dattes aux habitudes de consommation des consommateurs locaux. Prendre exemple sur les producteurs tunisiens qui vendent en vrac les dattes qui sont conditionnées localement par des sociétés européennes qui maîtrisent le process et la connaissance des marchés. Et qui ont surtout les capacités de négocier avec la grande distribution. Si l’objectif des exportateurs algériens est de garder le contrôle de leur produit, la solution est d’avoir recours à un représentant de la datte algérienne qui lui se chargerait de toutes les opérations sur les marchés cibles.
CONCLUSION
C’est sans conteste en retournant à la source de l’information que nous pouvons obtenir la meilleure, celle qui permet en confrontant les résultats obtenus aux informations tirées des sources secondaires d’être à même d’établir des orientations et de faire des propositions pertinentes, pouvant servir de cadre de travail pour les producteurs désireux de s’intégrer dans l’environnement du marché mondial des dattes.