Les divers types d’intelligence
L’intelligence est-elle réservée à une catégorie d’individus auxquels on aurait administré un traitement de faveur dès la naissance ? Ou la vie façonne-t-elle l’intelligence de chacun au gré de ses propres expériences et de ses influences environnementales ? Au-delà du concept d’intelligence générale, il serait plus juste de citer les intelligences qui la composent. Explications avec Michel Huteau, professeur de psychologie au conservatoire national des arts et métiers.
Si l’homme conserve une singularité, celle-ci réside dans les circonvolutions de la matière grise. Pour la majorité des scientifiques, la clé du mystère de l’intelligence humaine repose davantage sur le cheminement individuel que sur le phénomène héréditaire. Néanmoins, l’idée de prédispositions n’est pas à exclure. L’éducation, les apprentissages ainsi que les influences environnementales englobant les influences sociales et culturelles subies tout au long de la vie, participent à forger l’intelligence individuelle. Ces deux vecteurs, infiniment variables, sont les sculpteurs de notre intelligence. Autrement dit, il n’existe pas deux intelligences identiques.
L’intelligence générale se divise en deux grands groupes d’intelligence -l’intelligence abstraite et l’intelligence intuitive- lesquels incluent diverses formes d’intelligences.
L’intelligence abstraite
Dans l’intelligence abstraite sont répertoriées :
• L’intelligence logique appelée aussi le raisonnement ;
• L’intelligence verbale incluant la compréhension du langage et l’étendue du vocabulaire ;
Les secrets de l’intelligence
• L’intelligence spatiale liée aux formes dans l’espace (exemple : des papiers qu’on déplie) ;
• L’intelligence relative à l’imagination (être capable de penser à des choses nouvelles, partir d’un objet et le faire évoluer vers diverses représentations).
A ce titre, les tests de type QI concernent essentiellement ces formes d’intelligence.
L’intelligence intuitive
L’intelligence qualifiée d’intuitive regroupe, quant à elle :
• L’intelligence sociale ;
• L’intelligence émotionnelle ;
• L’intelligence pratique.
L’intelligence sociale se manifeste dans les relations sociales. Elle représente la capacité à comprendre les émotions et les attitudes des autres envers soi.
L’intelligence émotionnelle est liée, elle, à la capacité à comprendre et à analyser ses propres émotions mais aussi celles des autres.
L’intelligence pratique, liée à des situations, est celle du bricoleur. Si elle a un rapport avec l’intelligence logique, l’intelligence pratique reste néanmoins différente.
Faire la lumière sur la matière grise
Toutes ces formes d’intelligence sont-elles associées ? Avec une bonne intelligence logique pour base, avons-nous tendance aussi à posséder une bonne intelligence sociale ? Dans cette hypothèse, on parlerait d’intelligence générale. La combinaison de toutes ces formes d’intelligence ancrées en chacun de nous produit une intelligence générale plus ou moins développée.
Vous pouvez être très fort pour résoudre un problème logique, lequel est forcément un peu abstrait, mais très embarrassé face à un problème pratique. Par exemple : vous pouvez, face à un mécanisme à monter, n’éprouver aucune difficulté mais si votre intelligence logique est faible, cette lacune retentira sur divers paramètres. Chaque individu possède toutes ces formes d’intelligence à des degrés plus ou moins élevés.
La science a-t-elle un sexe ?
A en croire les statistiques, les hommes sont davantage tournés vers les sciences exactes, les femmes vers les sciences humaines. Est-ce par goût, par nature ? Quel est l’influence de la société sur les orientations scolaires et les choix professionnels ?
Traditionnellement, les hommes semblent vivre dans l’action, alors que les femmes préfèrent la méditation. Peut-être cette situation s’explique-t-elle par le fait que la procréation puis les soins donnés aux enfants ont longtemps contraint les femmes à rester davantage à la maison ? Les hommes pourvoyaient alors à leurs besoins. Aujourd’hui, malgré l’évolution des mœurs et des mentalités, homme et femmes semblent continuer à choisir des orientations différentes. Comment expliquer ces divergences ?
Langage codé ou préférences sexuées ?
Pour marquer leur connivence, les hommes aiment parler voiture ou autre technologie et évitent ainsi les sujets intimes. Fiers de leurs connaissances, ils se vanteront rarement d’avoir été nuls en maths. Pour beaucoup de femmes, c’est au contraire un luxe que de n’avoir jamais rien compris aux théories abstraites ou d’être dépassées par la technique ! En revanche, les femmes s’orientent facilement sur des discussions d’ordre psychologique : elles y excellent, et réussissent à s’affirmer dans ce domaine jugé frivole par les hommes, qui attendent souvent de la parole qu’elle débouche sur des actes !
La faute des parents ?
Même si les choses sont en train de changer, les parents ont longtemps cherché à orienter professionnellement les garçons vers des métiers “ sérieux ” et dynamiques (ingénieur, médecin, informaticien, commercial, etc.) alors que pour les filles, ils cherchaient davantage à épanouir « leur fibre sensible » (éducatrice, enseignante, infirmière, puéricultrice, décoratrice, etc.). Si en réalité les frontières professionnelles hommes-femmes commencent à s’estomper, la pression des parents entretient le système de différenciation sexuelle. La société à domination encore masculine encourage, elle aussi, cette attitude conservatrice, qui laisse le plus souvent les postes de commande aux hommes. Ainsi certains concours des Grandes Ecoles scientifiques désavantagent toujours les femmes (plus de places offertes aux candidats masculins). Cette inégalité se retrouve évidemment à l’embauche.
Vaincre les habitudes
Pourtant, la volonté d’atténuer les inégalités entre les hommes et les femmes a permis de constater que celles-ci n’étaient pas dues à un héritage génétique. Il s’agit donc de briser les « mauvaises habitudes » qui existent depuis des années.
Ainsi, en politique, la loi française impose depuis peu la parité hommes-femmes sur les listes électorales, afin d’éliminer une discrimination qui n’avait pas de sens. Mais le retard reste à rattraper dans les domaines où les femmes étaient peu représentées : médecine, recherche scientifique, cadres d’entreprises, etc.
Pas facile de gommer des traditions séculaires ! Les laboratoires de recherche restent ainsi dirigés en majorité par des hommes. Marie Curie en 1911 et Irène Joliot-Curie en 1935 sont parmi la petite dizaine de femmes (11 exactement) à avoir reçu des prix Nobel scientifiques… sur plus de 400
Hommes-femmes : pas le même cerveau !
Les hommes ont plus de neurones, les femmes sont plus douées pour le langage… Non ce ne sont pas les élucubrations de misogynes mais le résultat d’études scientifiques ! Des chercheurs ont comparé les cerveaux et les aptitudes cognitives des deux sexes et les résultats sont surprenants…
Les hommes et les femmes ont-ils des performances intellectuelles équivalentes ? C’est la question que se sont posés de nombreux scientifiques depuis des années.
Ce n’est pas la taille qui compte !
Avant tout, les femmes ont-elles le cerveau plus petit que celui des hommes ? Curieusement, on ne connaît pas la réponse à cette question ! En effet, les résultats des différentes études sont souvent contradictoires car les conditions de mesure varient énormément.
Certes, le fait que les femmes soient généralement plus petites laisse penser que le cerveau est forcément plus réduit. Mais de toute façon, le volume du cerveau n’a rien à voir avec les capacités intellectuelles ! C’est ce que souligne une étude américaine1, qui prouve que le nombre total de neurone est indépendant de la taille. Malgré tout, cette étude dénombre en moyenne 16 % de neurones en plus chez les hommes…
Le langage des sexes
En revanche, il semble démontré que le cerveau des hommes et des femmes ne fonctionne pas de la même façon ! Ainsi, un chercheur américain a utilisé l’imagerie médicale pour observer le cerveau de 19 hommes et 19 femmes soumis à des tests de langage (orthographe, sémantique, prononciation…). Il a constaté que les hommes faisaient appel à la partie gauche de leur cerveau, alors que les femmes utilisaient les deux hémisphères.
Mais le chercheur ne mettait pas en évidence de meilleures performances au test des uns ou des autres. Faut-il en conclure que les hommes ne savent faire fonctionner qu’un demi-cerveau ou à l’inverse que pour une même tâche, les femmes ont besoin de plus de matière grise ?
Meilleur sens de l’orientation ?
« Les hommes ont un meilleur sens de l’orientation que les femmes » ! Vous avez certainement déjà entendu cette affirmation ! Et vous vous dites que c’est n’importe quoi (si vous êtes une femme) ou au contraire que c’est bien vrai (si vous êtes un homme). La science s’est également posé la question… Et elle semble accréditer la thèse d’un meilleur sens de l’orientation chez l’homme.
Celui-ci aurait en effet une meilleure perception de la 3D et serait ainsi plus à même de se diriger. Cela serait lié à une action des hormones mâles lors du développement du cerveau, qui favoriserait le développement de l’hémisphère droit. Or cette partie du cerveau est notamment responsable de l’orientation dans l’espace. Et ne dites pas qu’il y a un biais dû au sexe des chercheurs : plusieurs travaux émanent d’une femme, Doreen Kimura.
L’intelligence démasquée
Des chercheurs européens auraient localisé dans le cerveau le centre de l’intelligence. Cette récente découverte relance la thèse d’une région unique du cerveau spécialement dédiée à la réalisation de tâches complexes – le fameux facteur g proposé dès 1904 par le psychologue anglais Charles Spearman. Mais cette hypothèse est l’objet de débats houleux entre les tenants d’une localisation précise et ceux qui estiment que l’intelligence est un phénomène plus diffus.
Des chercheurs britanniques et allemands estiment avoir localisé une région du cerveau spécialement responsable de l’intelligence générale. Cette nouvelle relance le débat entre les partisans d’un centre unique et ceux d’une gestion diffuse de l’intelligence par le système nerveux central.
Comment démasquer la matière grise ?
Le scanner à émissions de positrons est une technique d’imagerie cérébrale permettant de localiser l’irrigation sanguine des zones du cerveau. Elle met ainsi en lumière les zones où les neurones sont particulièrement sollicités lors d’une activité spécifique. Ces zones sont décelables par un débit sanguin plus important, qui augmente lors de l’activité, en conséquence d’un besoin énergétique accru.
1. Lobe pariétal
2. Lobe frontal
3. Lobe temporal
4. Cervelet
5. Lobe Occipital
L’équipe de chercheurs a filmé le cerveau de patients alors qu’ils devaient réaliser des tests de quotient intellectuel (QI). Ces tests sont décrits par les chercheurs comme sollicitant tout particulièrement le concept d’intelligence générale ou facteur g.
A l’inverse de la théorie selon laquelle l’intelligence générale est la résultante de différentes fonctions cognitives gérées par plusieurs régions du cerveau, les chercheurs ont observé une sollicitation particulière d’une zone précise de la surface latérale du cortex frontal de l’un ou des deux hémisphères.
Relancer le débat plutôt que le clore
La vraie question est donc de savoir si l’intelligence (ou plus précisément la résolution de problèmes complexes) est gérée par une région bien spécifique du cerveau ou par différentes régions. L’existence d’un centre unique d’intelligence générale a été évoquée pour la première fois par le psychologue anglais Charles Spearman dès 1904.
Mais on croyait que cette théorie du fameux facteur g avait vécu et que la vision d’une gestion diffuse de l’intelligence par le cerveau prédominait alors dans le milieu scientifique. L’intelligence est considérée comme la combinaison de différentes sollicitations du cerveau. Cette théorie apparaît moins simpliste que la vision selon laquelle l’intelligence, à l’instar d’autres fonctions, doit bien se cacher quelque part dans le cerveau.
Ainsi, cette récente découverte si elle ne représente pas un élément décisif, pourrait relancer un débat qu’on croyait clos. Cependant, elle n’a pas longtemps attendu pour que sa portée soit minimisée par ses opposants. Ainsi, dans la même édition du prestigieux magazine Science qui s’est fait l’écho de cette recherche, Robert J. Stenberg rappelle que les mesures et la localisation de l’intelligence sont aussi subjectives que les tests utilisés et les conclusions qu’on peut en tirer.
Selon lui, les tests de QI ne sauraient rendre compte d’une notion aussi complexe que l’intelligence. Ainsi, il apparaît bien imprudent de pouvoir dire qu’on a localisé l’intelligence dans le cerveau en identifiant les zones du cerveau sollicitées lors de la réalisation d’un test de QI.
Entre partisans d’une localisation possible de l’intelligence dans le cerveau et ceux pour lesquels cette notion fait appel à différentes zones du système nerveux central, le débat reste ouvert et sera sans aucun doute l’objet de nombreux rebondissements et discussions houleuses.