Les activités des migrants de retour et l’utilisation des revenus pour le développement local de la zone centre

LE MARAICHAGE

Le maraichage, c’est une activité pratiquée aussi bien en période sec qu’en période humide. Cependant, dans notre zone d’étude, il est entièrement consacré en saison sèche ; ce qui fait qu’on le considère souvent comme une pratique de contre saison. De nos jours cette activité a connu une nette évolution. L’accroissement démographique, le développement des centres urbains et la diversification des habitudes alimentaires suscitent une demande de plus en plus croissante en produits agricoles, et cela constitue une opportunité pour développer des activités comme le maraîchage. C’est ainsi que les migrants de retour ont attribué aux cultures maraîchères une position principale au coeur des activités rémunératrices de revenus. Ils sont arrivés à intégrer le maraîchage dans leur système de production traditionnel, prolongeant ainsi en saison sèche le calendrier agricole.
Les enquêtes menées au prés des migrants de retour nous révèlent que le maraichage est l’activité la plus investie avec 69,6% des activités pratiquées par ces derniers dans la zone centre. Même si nous constatons qu’aujourd’hui un effet de diffusion dans la communauté rurale, avec l’émergence des activités maraîchères dans les villages de Aga Biram et Aga Babou (zone nord), cette dernière reste essentiellement localisé dans la zone centre notamment dans les villages de Ndianda et de Ndoffane. Le maraîchage est une activité qui intéresse aussi bien les hommes que les femmes. Dans la zone centre, il est plutôt masculin avec (98,1%) des hommes et seulement 2,9% des exploitants sont des femmes. Les femmes interviennent surtout dans la commercialisation des produits maraichers.

Les variétés cultivées

Dans notre la zone centre, la demande de plus en plus élevée des ménages urbains et ruraux des produits maraîchers induit de manière inéluctable la diversification des cultures. La pluralité des cultures dépend aussi de la capacité de chaque exploitant, elle vise à la fois la multiplication des ressources alimentaires et monétaires. En effet, l’arrivée des migrants de retour dans l’exploitation maraîchère a engendré l’introduction de nouvelles variétés de cultures qui ont permis d’étaler le maraîchage sur toute l’année et non plus sur la seule période sèche comme il était de coutume dans la zone centre. Ainsi, une variété de gammes de cultures maraîchères exploitées et exploitables en toute période constitue la production. On y rencontre :

L’oignon (alibicumcepa)

C’est une plante à bulbes et elle est la plus exploitée dans la localité. Parmi les migrants interrogés tous s’adonnent à l’oignon du fait surtout de sa capacité de production et de sa forte demande. Certains parlent même de la monoculture d’oignon comme fut la culture d’arachide dans le bassin arachidier. Cette culture phare englobe plus de la moitié des investissements portés à l’activité maraichère. C’est ainsi qu’on la surnomme la zone d’oignon. En effet, chaque milieu a tendance à se spécifier et à trouver sa vocation propre, c’est l’exemple de Thiaroye, une zone reconnue par sa capacité à exploiter le chou, à tel enseigne qu’on parle de « yappThiaroye ».
L’oignon est un produit à très forte potentialité et à croissance rapide car il est issu d’une culture à cycle court. L’exploitation de l’oignon se fait d’abord par la mise en pépinière avant d’être repiquée un mois quelques jours après. Les semis se fond en général de novembre à janvier et les travaux de plantation de décembre à mars et l’arrosage est journalier. En fait, l’exploitation de l’oignon dure pratiquement que moins de quatre mois, il est quasiment valorisé en période sèche dans la zone centre. L’absence de la pratique d’oignon pendant la saison des pluies résulte des répercutions nuisibles issues des pluies fortes s’accompagnant parfois de rafales de vent qui lui rendent vulnérable et il supporte plus le froid que la chaleur.
En effet, l’oignon a pris une allure intense aussi bien en termes de production que de consommation. Sa présence dans la fourniture alimentaire de l’homme demeure aujourd’hui une obligation plutôt qu’un simple désire. A titre d’exemple selon GUEYE. A, Maraîcher à Nguéniène 30 ans, « l’oignon est présent dans près de 80 % des préparations alimentaires de la ville comme de la campagne, cultiver l’oignon peut être bénéfique »… « Nous avonsabandonné la culture de l’arachide pour s’initier dans l’exploitation de l’oignon. »

L’organisation du travail

Les matériels utilisés, les produits et les investissements

Comme toute exploitation agricole, les exploitations maraîchères disposent de petits matérielsagricoles (seau, semoir, arrosoir, pic, etc.). La figure n°12 ci-dessous montre que le petit matériel agricole est employé par tous les maraîchers interrogés. Et ceci est valable aussi pour les puits qui sont principalement constitués de deux natures : les puits traditionnels (céanes) de 69,7et les puits modernes (puits cimentés) de faibles pourcentages (30,3%). Dans la zone centre le matériel utilisé a connu une évolution fulgurante avec l’arrivé des migrants de retour. Les migrants de retour ont introduit de nouveaux matériels d’exploitations à travers l’usage des groupes motopompes et des pompes-diambars qui ont littéralement changé le visage et la manière d’exploiter le maraîchage. Le matériel de groupe motopompe est estimé à 29,2%, tandis que 22,1% disposent de la pompe-diambar. La fable pourcentage de l’usage de la motopompe s’explique souvent par son caractère financier qui peut s’élever à plus de 120000Fcfa.

La main d’oeuvre

En termes de main d’oeuvre, le maraîchage a connu un changement avec le phénomène de « sourgas » maraichers. Le concept « Sourga » ou encore « navétane » est un terme aussi vieux que le maraîchage. Il désigne une personne qui est parti offrir son bras à une personne plus nantie et le plus souvent c’était soit dans l’agriculture (culture de sous pluies) ou soit dans l’élevage. Celui qui l’emploie c’est le « Ndiatigui ». Le « Sourga » un terme qui s’est surtout développé dans le bassin arachidier grâce à l’émergence de la culture arachidière. Autrefois, dans le bassin arachidier, il était d’une utilité incontestable dans les travaux agricoles. Le « Sourga » travaille le matin dans les champs du « Ndiatigui » et le soir il travaille dans son champ d’arachide ou de mil.
La semence de graines d’arachide lui était donnée comme prêt, remboursable après la récolte.
Un sac de graines de 100 kg était l’équivalent de deux (02) sacs de graines non décortiqués ouquatre mille franc (4000Fcfa). Cependant, la situation morose dans laquelle se trouvait l’agriculture notamment le secteur arachidier avait entrainé la disparition progressive du système de « sourga ».
Néanmoins, il ya aujourd’hui, un retour de ce système traditionnel dans la zone centre de Nguéniène mais sur un autre registre. Il concerne surtout les guinéens, les kaolackois, et les habitants des niayes, etc. Le système de « sourga » actuel constitue une rupture avec l’ancien système, il est particulièrement centré sur le maraichage et l’arboriculture. Les sourgas sont principalement localisés dans le village de Ndoffane et de Ndianda qui peuvent être chiffrés à plus de 200 sourgas maraichers.
Le moteur constituant le socle de ce nouveau système de sourga demeure le « mbeyseddo », autrement dit le partage équitable des rendements entre le « Ndiatigui » et le « Sourga ». Ici le Ndiatigui ne travaille pas mais il fournit de la semence et du matériel, et seul l’argent des semences est soustrait des revenus après vente et le reste est partagé à part égale. Nous observons d’autre part que le sourga est en général nourrit et logé gratuitement.
Le choix de « mbeyseddo » est portait sur le travail et la rentabilité. Selon nos enquêtes le sourga non payé mensuellement à généralement des rendements très encourageants puisque son capital est proportionnel à la valeur de ses rendements. Par contre, le sourga payait mensuellement travaille moins, sachant que son salaire ne se mesure pas forcément à ses rendements. Cette logique d’analyse a été largement justifiée dans la localité.
Ce système de travail, est devenu un mode d’exploitation, il a permis aux retraités qui n’ont plus la force de travailler la terre, ni d’argent pour payer des ouvriers, de pouvoir investir dans le maraichage en engageant des sourgas. Ainsi, les sourgas sont souvent employés par les vieux que les jeunes.

Niveau d’organisation des maraîchers

Dans cette partie, il conviendra de voir la capacité organisationnelle des maraichers ainsi que les partenaires avec lesquels ils coopèrent. Il s’agit en question des associations maraichers et des partenaires de développement.

Le regroupement des migrants de retour exploitant le maraîchage

Au niveau de la zone centre, un certain nombre de migrants de retour s’est converti dans le maraîchage et se sont regroupés en association des maraîchers. Ils ont pris conscience qu’il est impossible d’atteindre juste le développement sans l’union des forces. Mais force est d’admettre que le regroupement des maraîchers n’a pas encore pris une grande ampleur dans la zone centre. 40,9% des exploitants maraîchers ne sont pas membres d’une quelconque organisation. (cf. tableau n°13 ci-dessous).

Les partenaires maraichers

Au niveau de la communauté rurale de Nguéniène de façon général et de la zone centre en particulier, on note la présence de nombreux partenaires non identiques qui interviennent dans divers domaines accès au développement rural. Cependant, nous analyserons ici les projets et les ONG s’activant directement ou indirectement dans le domaine maraîcher. Nous avons la Caritas Dakar qui est une structure novatrice participant activement au bien être des activités économiques au niveau du monde rural. Dans la zone centre, elle a participé à la formation et à la suivie des opérations agricoles du début jusqu’à l’écoulement des produits à travers leurs agents de développement. La Caritas veut promouvoir la formation des paysans ruraux à prendre des initiatives et des actions de développement connaissant mieux leur territoire. Dés lors, la Caritas se réclame d’être une structure d’accompagnement du monde rural à assoir undéveloppement équilibré, fécond et viable.
Après la Caritas Dakar, nous pouvons ajouter le projet de la francophonie qui a joué un rôle central dans le développement de la filière maraîchère. Il a mis à la disposition des maraîchers des équipements tels que les puits cimentés pour accompagner les exploitants dans leurs stratégies de développement.
Le tableau n°14 ci-dessous nous donne une idée sur les aides offertes aux exploitants agricoles dans la zone centre. Nous pouvons constater que la majorité des exploitants agricoles (83,5%) ne bénéficie pas d’un appui quelconque venant de l’extérieur, l’initiative est individuelle et chacun se consacre à son jardin. Et l’aide est souvent accès en termes d’équipement que financier. Cela montre quelque part les insuffisances d’aide et de soutien apportés aux migrants de retour et des exploitants maraîchers en général, de la part des partenaires étrangers et des autorités locales.
Tableau n° 8 : Répartition des exploitations selon l’accès à l’aide des partenaires étrangers.

LES REVENUS MARAICHERS ET L’ARBORICULTURE

Il est très difficile de faire des estimations exactes sur chaque produit maraîcher. Peu d’études allant dans ce sens ont été réalisées mais aussi la plupart des exploitants refuse de communiquer leurs rendements avérés sur leurs activités, affichant une certaine réticence.
Néanmoins, les données obtenues à travers les études menées par les maraîchers avec l’appui de la CARITAS Sénégal sur les activités agricoles de la localité ainsi que celles de nos enquêtes de terrains, semblent nous donner quelques valeurs sur les deux principaux cultures exploitées : La plus grande quantité produite est l’oignon (photo n°2 ci-dessous).

En moyenne chaque migrant de retour exploitant maraîcher produit par campagne au moins

50 sacs d’oignons. L’oignon est suivi par la tomate avec 12 tonnes en 2013.
L’autre fait à noter c’est de 1990 à 2000, la production de ces deux spéculations ont été généralement faibles, c’est alors à partir de 2000 qu’elles ont commencé à connaitre une évolution vertigineuse. Cela est dû en grande partie au retour notable des ressortissants de la zone centre, en vue d’investir activement dans l’exploitation de la culture maraîchère. Ils ont révolutionné le maraîchage tant au niveau des techniques de production que le choix des cultures à exploiter. L’importance de la production des deux filières et des cultures maraîchères en général, repose sur un certain nombre de facteurs qui sont entre autres : la diversification des cultures, l’utilisation de la main d’oeuvre mais particulièrement le faite que les cultures maraîchères soient intégrées dans les habitudes alimentaires.
Cependant, la production maraîchère dans la zone centre reste faible, malgré les potentialités que le milieu regorge en terme d’eau, de terres et de ressources humaines.
La forte production d’oignon est faite de mars à avril, celle du piment de novembre à février, celle de la tomate de décembre à mars. Pour le gombo, sa forte production se fait à partir du mois d’août et se poursuit jusqu’en janvier voir février.
En ce qui concerne la commercialisation des produits maraîchers, elle demeure l’une des préoccupations centrales des producteurs. Aujourd’hui, la question n’est plus de savoir comment produire l’oignon ou la tomate mais comment les conserver et les écouler. L’écoulement des produits se font de trois façons différentes dans la zone centre (figure cidessous n°5).

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