Les acteurs de la sphere des dsm a TOUBA et leur role dans la mise en oeuvre du systeme de gestion

Les groupement de promotion féminine (GPF)

Ce sont des regroupements de femmes à caractère économique s’activant dans différents domaines pour l’autonomisation de leurs membres. Concernant Touba, le plus souvent, ce sont les associations religieuses qui ont évolué pour donner naissance aux GPF.
Dans la gestion des déchets, c’est la fédération des GPF « Sope Serigne Bara » 14qui a retenu notre attention. En effet, c’est à partir de 2008 que la fédération a acquis sur moyens propres une charrette à 150 000 FCFA pour la collecte des ordures à Madyana. L’abonnement mensuel étant fixé à 750 FCFA car il faut tenir compte des ménages dont les moyens sont modestes.
Chaque mois, la fédération fait une recette de 45 000 FCFA pour une soixantaine de maisons abonnées.
Dans le même ordre d’idées, soulignons que les membres des GPF font preuve d’un grand engagement pendant les opérations hebdomadaires de salubrité. Aujourd’hui, selon Sokhna Momy Diakhaté (2012), l’objectif de la fédération est de chercher à généraliser ce mode de gestion au niveau des différents quartiers de Madyana par l’acquisition de nouvelles charrettes.

Le regroupement des chauffeurs de camions bennes

Il s’agit fondamentalement de l’association des employés de camions bennes de Touba et dont l’implication s’apprécie en termes de moyens logistiques essentiels dans l’évacuation des ordures vers les décharges.
A la veille du grand Magal, ce ne sont pas moins de 50 à 70 camions bennes que l’association met gracieusement à la disposition de la commission d’assainissement dans le cadre des grandes opérations de nettoiement.
Ce soutien logistique n’a rien à voir avec les jours de travail perdu, car trois jours avant le grand Magal toutes les carrières de Touba sont fermées et les camions sont immobilisés.
Ce qui représente un gain manqué pour plus de 350 personnes composées des propriétaires de camions, des chauffeurs et des manoeuvres.
Par ailleurs, l’association intervient dans les opérations courantes de nettoiement qui ont lieu chaque jeudi et vendredi. A ce propos, les associations religieuses et les organisations économiques négocient directement le coût de location des camions. Les camions bennes sont d’une grande utilité aussi bien pour le transport des ordures ménagères que pour remblaiement des bas-fonds et des pistes de la ville.

Les charretiers privés

Ils sont un maillon essentiel dans la sphère des acteurs de la gestion des déchets à Touba et d’une manière générale dans tout le Sénégal (Ndiaye, 1992 ; Rouyat, 2005). Notons que « la charrette est le véhicule de base du petit transport intra-urbain de marchandises diverses. Elle est également utilisée pour la pré-collecte domiciliaire des ordures ménagères. »
Cependant, ils ne sont organisés ni en association ni en regroupement dans le sens de prendre en charge leurs intérêts. C’est pourquoi ils sont qualifiés de charretiers privés (APROSEN, 2010 d).
Pour l’essentiel, ce sont des opérateurs privés possédant chacun sa charrette à traction animale.
Ils interviennent dans la pré-collecte domiciliaire en se faisant payer une redevance mensuelle directement par l’utilisateur. En l’absence d’un service de collecte officiel, les ménages se sont abonnés pour la plupart aux prestations des charretiers privés.
Le problème qui se pose avec les charretiers, c’est qu’ils déversent un peu partout les produits de leur collecte : sur des terrains vagues, des constructions inachevées et des dépôts sauvages.
L’exemple le plus frappant est le marché Ngiranène en construction. Il est complètement envahi par les ordures ménagères.
Tout compte fait, cette situation est lourde de menace et favorise la prolifération des dépôts sauvages d’ordures.

Les comités d’hygiène et de salubrité

Ce sont des cadres qui ont vu le jour en 1997 précisément dans un contexte fortement marqué par l’insalubrité avec la prolifération des dépotoirs sauvages d’ordures et l’apogée du choléra (Kane, 2004 ; Kane et Sow, 2005). Au départ, chaque comité d’hygiène comptait une soixantaine de membres dont le rôle consistait à faire des visites à domicile (VAD) afin de sensibiliser les populations sur l’importance de l’hygiène, la bonne conservation de l’eau, le bon conditionnement des déchets dans les maisons. Les effets négatifs des maladies comme le paludisme, la tuberculose ou le choléra faisaient aussi l’objet de sensibilisation. En effet, les comités d’hygiène devaient servir d’intermédiaire entre la Brigade spéciale d’hygiène et les populations. Ils accompagnaient les agents d’hygiène dans leurs opérations de désinfection et désinsectisation. Bref, ces comités avaient un rôle d’information, de sensibilisation, d’éducation et de formation sur les questions d’hygiène auprès des populations. Ils sont pour beaucoup dans la popularisation du ROC.

Les enjeux économiques

L’étude des enjeux économiques de la récupération et du recyclage peut aider à comprendre l’importance de la valorisation de tous ces déchets métalliques qui se retrouvent dans notre environnement (Miquel et Poignant, 1999). Depuis un certain temps cela fait l’objet d’un certain intérêt chez les Sénégalais, mais non pas pour exporter les produits et matériaux collectés, mais pour les transformer sur place (APROSEN, 2009 c ; Cissé, 2007 b).
Cependant, le déchet peut être ce produit qu’il faut savoir utiliser et transformer pour en faire un matériau utile, une véritable « matière 1ère secondaire ». Car utiliser le déchet, c’est préserver les ressources naturelles et par conséquent notre environnement. Ainsi, les déchets peuvent se substituer aux importations de matériaux tout en permettant l’économie de moyens financiers.
Aujourd’hui, « les réserves mondiales prévues pour le cuivre, le plomb et le zinc sont inférieures à trente ans de production, les réserves de nickel sont de soixante ans. Seules les réserves de bauxite, à l’origine de l’aluminium, sont importantes (deux siècles) » (Miquel et Poignant, 1999). Ainsi, il y a une menace d’épuisement qui pèse sur les ressources naturelles. De ce point de vue, les produits récupérés ou déchets deviendront la seule « mine de surface » disponible, c’est-à dire une « mine » renouvelable contrairement aux mines naturelles de métaux.
Dans le même ordre d’idées, Miquel et Poignant (1999) soulignent que « la fabrication de produits secondaires coûte beaucoup moins cher que la fabrication de produits primaires, à partir de minerai. Les investissements nécessaires sont beaucoup moins importants (l’investissement est souvent trois à quatre fois moins élevé que pour le raffinage) et le fonctionnement est, lui aussi, moins coûteux. L’économie d’énergie par rapport à la production de métal primaire est de 20 à 50% pour le plomb, 60 à 80% pour le cuivre, 90% pour le zinc, 90 à 98% pour l’aluminium. »

Les filières matériaux

La récupération et le recyclage sont des activités d’une importance cruciale dans la gestion des déchets à Touba. Ces activités portent sur la collecte et la commercialisation des matériaux tels que l’acier, l’aluminium, le bronze, le cuivre, les batteries de voitures et le plastique. Ces produits et matériaux, après leur collecte, sont acheminés à Dakar pour être vendus à des négociants maliens, indiens et chinois qui en assurent l’exportation.15

L’acier

C’est un alliage de fer et de carbone auquel on ajoute d’autres éléments dans des proportions variables pour parvenir aux caractéristiques souhaitées (Miquel et Poignant, 1999). L’acier a été à la base du développement industriel (Miquel et Poignant, 1999). Aujourd’hui, c’est un matériau présent dans tous les secteurs de l’activité économique et se trouve ainsi au coeur de la vie quotidienne. C’est à ce titre qu’il se retrouve dans les ordures ménagères.
A Touba, l’acier est le premier matériau à être récupéré parce qu’il est facile à collecter et à réutiliser. Il provient de deux gisements :
le gisement professionnel lié aux garages mécaniques et aux commerces de pièces de rechange extrêmement nombreux dans la ville de Touba, d’où proviennent les carcasses de véhicules, les moteurs usagés et autres pièces défectueuses ;
le gisement domestique lié aux ménages, d’où proviennent les emballages ménagers, les déchets des bâtiments et les vieux équipements ménagers (réfrigérateurs, ustensiles de cuisine…).

L’aluminium

Grâce à ses nombreuses qualités (légèreté, résistance, conductivité, durabilité, possibilités de façonnage), l’aluminium trouve ainsi des applications dans de très nombreux secteurs (Miquel et Poignant, 1999).
C’est un matériau provenant essentiellement de deux gisements :
 le gisement professionnel est lié aux garages mécaniques et aux commerces de pièces de rechange d’où provient l’aluminium lourd ;
 le gisement domestique d’où provient l’aluminium léger à partir des marmites, des bouilloires, des casseroles usagées et autres ustensiles de cuisine.
Concernant le rythme de collecte, il varie selon le dépôt et la récupération de l’aluminium nécessite souvent un travail de démontage, car c’est un matériau qui accompagne les autres métaux comme l’acier : c’est l’exemple des moteurs de véhicule. Au dépôt de Ndongo Niass, chaque mois, il peut être collecté, en moyenne, trois tonnes d’aluminium. Autre exemple, au dépôt de Ngagne Fall (2011), chaque jour, il peut être collecté jusqu’à 100 kg en raison d’un prix d’achat de 600 FCFA/kg et d’un prix de vente de 650 FCFA/kg. A la différence de beaucoup de ferrailleurs de Touba, le vieux Ngagne Fall (2011) a fait le choix de continuer à vendre son aluminium, au jour le jour, aux forgerons de la ville qui, pour l’essentiel, sont ses parents. Les autres tenants de dépôts ont choisi d’écouler leur collecte auprès des négociants indiens et chinois, car cela leur rapporte le double par rapport à la vente à Touba.

Le cuivre

Il appartient à la famille des métaux non ferreux comme l’aluminium. C’est le matériau stratégique par excellence recherché par tous les ferrailleurs en raison de son prix élevé. Il est très malléable et ductile, c’est un excellent conducteur d’électricité et de chaleur pour la construction des dispositifs électriques tels que les câbles, les fils ou les appareillages électriques. C’est l’un des métaux industriels les plus utilisés dans le monde.
A Touba, au dépôt de Moustapha Thiam (2011), chaque jour et en moyenne, ce sont 5 à 6 kg de cuivre qui sont collectés en raison de 2500 FCFA/kg pour un prix de vente de 2900 FCFA/kg auprès des négociants maliens ou indiens.
Ce cuivre provient essentiellement des moteurs usagés de véhicules, groupes électrogènes, moulins, téléviseurs, réfrigérateurs, climatiseurs et ventilateurs. Il provient aussi des câbles et fils électriques des bâtiments et autres installations. Ce qu’il faut déplorer à ce niveau, c’est le vol des câbles électriques de certaines sociétés et le brûlage de ces fils et câbles pour la récupération du matériau16. Ces fumées sont très nocives à la santé des hommes.

Le bronze

C’est un alliage constitué principalement de cuivre et d’étain. Le bronze est un matériau plus dur et plus solide que les autres alliages courants, à l’exception de l’acier. C’est un matériau qui a une résistance à la corrosion et une facilité de lubrification supérieure à celle de l’acier.
A Touba, le bronze provient essentiellement des robinets usagés, des radiateurs de véhicule, des pompes à eau, des groupes électrogènes et de certaines serrures de portes.

Les batteries

Ce sont les dispositifs ou accumulateurs qui fournissent de l’énergie électrique aux véhicules à partir de l’énergie chimique. Ces produits en fin de vie posent le plus de problème à l’environnement sans évoquer les risques sanitaires.
En fait, dans les batteries, il y a des produits toxiques qui présentent un grand risque pour l’environnement à cause surtout du plomb.
Les batteries sont de plusieurs types selon le poids : 2 kg ; 17 kg ; 25 kg ; 40 kg et le prix est fonction du poids de la batterie. A Touba, ce sont surtout les automobilistes et les mécaniciensqui écoulent ces produits en fin de vie. C’est un commerce très prospère du fait la présence massive des magasins de pièces de rechange qui offrent la possibilité aux propriétaires de véhicule de changer de batterie en cas de besoin.
L’autre élément dont il faut tenir compte, c’est que Touba est une ville d’émigrants, c’est-àdire des « Modou Modou » qui cherchent toujours à acquérir un véhicule. Cette situation est, en partie, à l’origine de l’explosion de ce commerce.
A ce propos, le ferrailleur Khadim Mbow (2011) affirme : « Par le passé, il y a quelque quatre ans je pouvais acheter jusqu’à trois tonnes de batteries par jour en raison de 100 à 200 FCFA/kg contre 300 à 325 FCFA/kg aujourd’hui pour une collecte de 1,5 à 2 tonnes par mois. »
Cela s’explique par le nombre de plus en plus élevé de personnes qui s’activent dans la récupération et la commercialisation des batteries. Quant au dépôt de Ngagne Fall, il y est collecté en moyenne et chaque jour 60kg pour un prix d’achat de 275 FCFA/kg et un prix de vente 300 FCFA/kg.

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