La problématique
Les helminthiases intestinales sont endémiques en Amérique du Sud mais certaines données épidémiologiques manquent notamment pour la Guyane, le Guyana ou le Suriname, d’où une probable sous-estimation du phénomène dans le plateau des Guyanes (8).
La Guyane française est le territoire d’Amérique du Sud qui présente le plus haut risque pour les populations de développer une helminthiase transmissible par le sol, avec une prévalence de 46,2 % ; la Guyane se trouve en première position pour Ancylostoma (36,6%) et A. lumbricoïdes (25,1 %) (8). Des résultats similaires chez les pays voisins notamment le Brésil, le Suriname et le Guyana (7,8) ont été rapportés, reflétant l’écologie parasitaire de cette région du monde.
La problémat ique
Les helminthiases intestinales sont endémiques en Amérique du Sud mais certaines données épidémiologiques manquent notamment pour la Guyane, le Guyana ou le Suriname, d’où une probable sous-estimation du phénomène dans le plateau des Guyanes (8).
La Guyane française est le territoire d’Amérique du Sud qui présente le plus haut risque pour les populations de développer une helminthiase transmissible par le sol, avec une prévalence de 46,2 % ; la Guyane se trouve en première position pour Ancylostoma (36,6%) et A. lumbricoïdes (25,1 %) (8). Des résultats similaires chez les pays voisins notamment le Brésil, le Suriname et le Guyana (7,8) ont été rapportés, reflétant l’écologie parasitaire de cette région du monde.
Le nombre d’études reste insuffisant pour une évaluation exacte de prévalence à l’échelle de tout le territoire. On observe une certaine homogénéité de ces affections dans le temps, aucun plan de lutte global contre les parasites intestinaux n’ayant encore été entrepris à grande échelle. L’OMS estime que les zones écologiquement homogènes entre-elles présentent des prévalences homogènes (37).
Ces prévalences établies principalement sur les populations de l’intérieur montrent un taux de parasitisme digestif de 80 % en moyenne bien qu’il varie selon les communautés (9,10,38).
L’étude menée par le Professeur Carme en 2000 dans le territoire amérindien Camopi- Trois-Sauts montre un taux de parasitisme intestinal de 92% avec un biparasitime de 85 % (9).
En 2010, l’étude rassemblant 91 enfants de moins de 7 ans à Camopi montre un taux de parasitisme intestinal de 86,8% avec un biparasitisme de 65% (38).Une étude à Maripasoula de 2015 sur 34 orpailleurs touchés par l’épidémie de grippe H1N1 montre quant à elle un taux de 66% de parasitisme intestinal (35).
Dans une étude rétrospective comprenant la totalité des échantillons parasitologiques du CHAR et du CHOG entre 2011 et 2016, on observe un indice parasitaire (IP) (définition en annexe 2) supérieur dans l’Est Guyanais (15). La répartition des différents parasites de cette étude rétrospective est représentée selon la figure 5 ainsi que la répartition de ces parasites selon l’âge et le sexe dans le tableau 2.
Ascaris lumbricoides
On observe pour ce parasite une prévalence plus souvent inférieure ou égale à l’ankylostome comme pour les villages de Grand-Santi, de Camopi, d’Antécum-Pata ou de Trois-Sauts. On observe par ailleurs une plus forte prévalence que les autres Némathelminthes dans le village d’Assis-Loca, particulièrement chez les enfants.
La prévalence est beaucoup plus faible sur l’étude de l’ensemble des prélèvements entre 2011 et 2016, montrant que cette forte prévalence se concentre principalement dans les zones isolées de l’Oyapoque et du Maroni.
Stratégies de lutte de l’OMS
Le principal outil d’estimation permettant la mise en place d’une stratégie de lutte contre les STH au niveau mondial est la prévalence, dont les données sont considérées comme manquantes pour la Guyane (24).
Depuis 1996, l’OMS préconise un traitement systématique de l’ensemble de la population du territoire tous les six mois lorsque le taux de parasitisme intestinal représente plus de 50% des enfants d’âge scolaire (5-14 ans). L’OMS affirme aussi que lorsqu’aucune stratégie de lutte n’a été mise en place, on considère les données anciennes proches des données actuelles de prévalence (39).
L’OMS a déterminé en 2016 que la lutte contre les STH devait être mise en oeuvre dans 102 pays soit une évaluation des populations sensibles concernées de 268,8 millions d’enfants d’âge préscolaires, 571,4 millions d’enfants d’âge scolaire et 250 millions de femmes en âge de procréer (41).
Traitement médicamenteux
Le développement du parasite étant lié aux conditions environnementales et aux comportements à risques, lutter contre ces facteurs est essentiel pour endiguer les STH.
Renouveler de façon périodique ces mesures et les traitements médicamenteux prophylactiques semble nécessaire.
On observe un bénéfice direct du traitement médicamenteux sur les signes cliniques directement imputables à la présence des parasites dans l’organisme mais aussi une amélioration de l’état nutritionnel, une moindre perte de nutriments essentiels notamment lors des hémorragies digestives pour l’ankylostomose, l’amélioration des facultés intellectuelles et d’apprentissage ainsi que la reprise d’un développement staturo-pondéral normal (43).Le traitement médicamenteux de masse permet aussi de diminuer la charge parasitaire dans les sols donc la réinfection des individus.
L’albendazole et le mébendazole sont les traitements recommandés par l’OMS pour les STH ; Ils sont tous deux similaires quant à leur mode d’action et leur efficacité. Ces molécules parasiticides agissent sur le cytosquelette des helminthes en inhibant la polymérisation des tubulines et leur incorporation dans les microtubules, bloquant ainsi l’absorption du glucose par ces parasites. Ces deux molécules ne doivent pas être utilisées lors du premier trimestre de grossesse.
Le traitement contre l’anguillulose ne fait pas partie des stratégies de traitement de masse proposées par l’OMS. Ce parasite s’avère d’avantage sensible à l’ivermectine qui provoque une paralysie neuromusculaire en interrompant la neurotransmission induite par l’acide gamma-aminobutyrique (GABA) du parasite. Cependant, l’anguillulose est couverte par le traitement utilisé dans le déparasitage de l’onchocercose et de la filariose lymphatique mis en place par l’OMS.
Caractéristiques des principaux némathelminthes
Classification
Les Helminthes se différencient des arthropodes au sein des métazoaires par leur musculature lisse, l’absence d’appareil respiratoire ou circulatoire et de cavité coelomique. Ce groupe constitue un phylum hétérogène qui se trouve toujours caractérisé par un corps allongé sans appareil locomoteur avec une symétrie bilatérale.
Au sein des Helminthes, les némathelminthes se distinguent par leur paroi tégumentaire. Les némathelminthes, vers ronds, présentent une cuticule ou des téguments chitineux, une cavité viscérale vide et un tube digestif contrairement aux plathelminthes, caractérisés par des téguments non chitineux, une cavité viscérale parenchymateuse, et un corps aplati (51).
Ecologie, transmission et mode de contamination
Ankylostomes: Necator americanus et Ancylostoma duodenale Ces deux espèces d’ankylostomes sont retrouvées chez l’Homme et caractérisées par une contamination par voie transcutanée.
Strongyloides stercoralis
La strongyloidose est due au parasite S.stercoralis et parfois à S. fuelleborni, ce dernier touchant principalement les primates et est retrouvé en Afrique et en Asie du sud-est.
Cette parasitose touche l’homme mais aussi le chient et le chat.
Le cycle parasitaire est complexe chez l’homme. Ce sont les larves infestantes type L3 retrouvées dans le milieu extérieur qui pénètrent par voie transcutanée avant de gagner les voies sanguines ou lymphatiques puis successivement le coeur droit, les poumons puis la trachée par remontée du carrefour aéro-digestif. Ces larves s’insèrent dans la muqueuse duodéno-jéjunale après déglutition. C’est ainsi que la femelle parthénogénétique -pouvant s’auto-féconder- pond ses oeufs un mois après son installation.
Les oeufs deviennent des larves type L1 migrant dans la lumière intestinale. Ces larves ont plusieurs issues :
– éliminées dans le milieu extérieur, elles se transforment en larves L2 devenant à leur tour des larves L3 infestantes. Il s’agit d’un cycle court, externe et asexué de type direct.
Ce cycle a une durée de 36 h si les conditions extérieures sont défavorables soit une température inférieure à 20 °C et un taux d’humidité faible.
– éliminées dans le milieu extérieur avec des conditions favorables ces larves L1 se transforment successivement en L2 puis L3 infestantes donnant alors en deux à trois jours des adultes mâles et femelles permettant un accouplement et la ponte de nouveaux oeufs dans le milieu extérieur. Il s’agit d’un cycle long, externe, sexué et indirect.
– le cycle court interne asexué correspond à un cycle d’auto-infestation caractérisé par le développement des larves L1 en larves L3 dans l’intestin du malade. Ces larves infestantes pénètrent alors directement la muqueuse intestinale et gagnent le poumon par voie sanguine et deviennent ainsi adultes dans l’intestin.
L’emballement du cycle d’auto-infestation se retrouve dans le cas d’une immunodépression caractérisant l’anguillulose maligne. La symptomatologie varie en fonction du statut immunitaire des patients, pouvant être asymptomatique chez 50 % des patients immunocompétents (20).
Ascaris lumbricoides
Le cycle de d’Ascaris lumbricoides est un cycle monoxène direct, la contamination s’effectue par ingestion d’oeufs par les eaux de boissons, les aliments ou les sols contaminés.
Les oeufs ainsi ingérés deviennent des larves qui traversent la paroi intestinale, gagnent le foie par la veine porte puis le coeur droit, arrivant à l’artère pulmonaire en deux à trois jours. Au bout d’une semaine, ces larves franchissent la paroi alvéolo-capillaire, passent dans l’arbre trachéo-bronchique, remontent jusqu’à la trachée et sont dégluties.
Elles arrivent au niveau du jéjunum où, après maturation, les femelles commencent à pondre après une semaine.
Synthèses épidémio-clinique et parasitologique des 4 principaux helminthes
Les données issues de la littérature concernant les 4 principales espèces d’helminthes digestifs (S.stercoralis, A.duodenale, N.americanus, A.lumbricoides) sont résumées dans les tableaux 3 et 4 suivants :