Le capital humain
Le capital humain est l’ensemble des éléments incorporés à l’homme, lui permettant d’accroître la productivité de son travail. Il s’agit notamment de l’éducation, de la nutrition, de l’expérience et du savoir-faire ainsi que la santé. Sur son propos « Il n’y a de richesses que d’hommes », J.Bodin exprime le rôle primordial des individus dans le processus de développement socio-économique et soulève en même temps les relations que peuvent avoir les ressources humaines et l’amélioration de la productivité des individus d’une communauté.
En d’autres termes, la qualité du facteur humain est déterminante dans l’accroissement de la production. Le capital humain figure parmi les capitaux les plus importants puisqu’il représente entre deux tiers et trois quart de la totalité du capital.
La notion du capital humain apparaît dans les années 60, pourtant les concepts qui la sous-tendent, remontent à A. Smith6 (1776).Ce dernier en comparant le travail d’un ouvrier instruit à celui d’une machine améliorée enregistre une augmentation de la productivité. Il affirme ainsi que l’instruction supplémentaire provoque une productivité marginale.
Dans la littérature économique, on note deux différentes théories concurrentes ou complémentaires débattant le concept du capital humain : la théorie néoclassique de l’instruction-emploi, d’une part, et la théorie alternative du capital, d’autre part.
Les coûts d’éducation
Les coûts directs
Les coûts directs apparaissent comme les garants d’une bonne organisation de l’enseignement et concernent essentiellement les dépenses d’enseignement. Ces dépenses d’enseignement peuvent être : des dépenses de fonctionnement telles les dépenses du personnel et ceux d’entretien des locaux ; des dépenses en capital ou dépenses d’investissement qui assurent les investissements en capital matériel ou l’amortissement du capital investi antérieurement. Pour apprécier l’effort déployé par un pays en faveur de l’enseignement, on se réfère, soit au résultat du rapport des dépenses d’enseignement au produit national, soit au pourcentage de dépenses publiques consacré à l’enseignement. Néanmoins, les remarques suivantes doivent être considérées : La comparaison des dépenses publiques d’enseignement au budget de l’Etat plutôt qu’au produit national semble être plus parlante sur le plan financier et politique. Toutefois sur le plan économique, la comparaison au produit paraît plus significative. En fait, la part du budget dans le produit varie selon les pays et le problème est celui de l’affectation de l’ensemble des ressources de la nation.
Le plus souvent, seules les dépenses publiques d’enseignement sont connues, alors que les dépenses privées représentent une part variable mais rarement négligeable des dépenses totales d’enseignement. Enfin, souvent les dépenses de l’administration centrale seules sont connues, alors que les dépenses d’éducation des collectivités locales, très variables d’un pays à l’autre, peuvent avoir une grande importance.
Les coûts indirects
Les coûts indirects dénommés aussi coûts d’opportunités sont les coûts liés au renoncement à un travail. En effet, le fait de parfaire son niveau d’éducation crée ensuite des manques à gagner liés aux activités professionnelles rémunérées qu’on aurait dû exercer. Rares sont les évaluations de ce coût du renoncement professionnel étant donné que celles-ci s’avèrent être incertaines. Néanmoins, G. Pscharopoulos avance que :
Le manque à gagner est relativement plus important dans l’enseignement secondaire que dans l’enseignement supérieur ;
Le manque à gagner est relativement plus élevé dans les pays développés que dans les pays sous-développés. Ce manque à gagner est non négligeable pour l’enseignement primaire dans les pays sous-développés d’autant plus que le travail des enfants y paraît important et que le chômage déguisé est élevé. Ce phénomène explique en partie l’attitude des familles face à la scolarisation. Il en ressort que la famille s’avère être réticente à la scolarisation de ses enfants d’où la nécessité de l’intervention de l’Etat.
L’efficacité du système d’enseignement
D’une façon générale, l’efficacité de l’Etat désigne le résultat de l’utilisation de la capacité d’action pour répondre à la demande de bien collectif telle que l’éducation. Il est à noter que la capacité n’est autre que l’aptitude à entreprendre et à promouvoir efficacement des actions d’intérêt collectif.
L’objectif principal de l’Etat pour assurer son efficacité c’est de surmonter l’écart entre la demande adressée à l’Etat et sa capacité d’action.
Pour ce faire, la stratégie à deux volets, ci-après s’avère être fructueux : Adapter le rôle de l’Etat à sa capacité d’action, Accroître la capacité de l’Etat en redynamisant les institutions.
L’adaptation du rôle de l’Etat à sa capacité renvoie aux questions suivantes : Qu’est-ce qu’il faut faire et ne pas faire. Comment procéder et comment assurer les services de base et fournir les équipements collectifs.
Le second volet consiste à renforcer la capacité des institutions en incitant les fonctionnaires à mieux remplir leurs fonctions et en luttant contre les actes arbitraires telle que la corruption. Dans le domaine d’éducation, l’efficacité de l’Etat s’apprécie à travers l’efficacité du système d’enseignement. Cette dernière peut être interne ou externe. La première concerne la capacité du système à enseigner de nouvelles connaissances aux élèves et à leur faire suivre une progression régulière, caractérisé par peu de redoublements et absence d’abandon ou de déperdition. La seconde dépend de l’aptitude du système éducatif à former des individus utiles qui pourront contribuer efficacement à la satisfaction des besoins dans le processus de production.
La notion de croissance économique et de développement
François Perroux. Le sociologue François Perroux définit la croissance comme l’augmentation soutenue, pendant une période relativement longue, de la production nationale des biens et des services à savoir la production des matières premières, de denrées agricoles et de produits manufacturiers, de la multiplication des moyens de transport, du nombre de médecins, d’hôpitaux et d’enseignants, d’une administration plus décentralisée, etc.… de manière à éviter les simples fluctuations conjoncturelles que Perroux appelle « expansion ».
Pour lui, la croissance a un aspect quantitatif et mesurable s’étendant sur une durée assez longue et de façon globale.
Kuznets et Joseph Aloïs Schumpeter : Kuznets avance que ce terme est essentiellement un phénomène quantitatif. A cet effet, la croissance économique d’une nation peut se définir comme un accroissement durable du produit par tête. Pourtant, parler de « l’accroissement du produit par tête revient à prendre en compte ses facteurs qui sont les capitaux physiques, naturels et humains.»
Et ces derniers sont influencés par le progrès technique ou l’innovation ; c’est pourquoi que la qualité de la croissance apparaît et entre en jeu.
Pour Schumpeter, la croissance économique est un processus de destruction créatrice qui influe positivement ou négativement de l’intérieur de la structure économique en détruisant de façon perpétuelle des éléments nouveaux. Ainsi, l’approche de Schumpeter n’est que la reprise de l’étude faite par Kondratieff. Ce dernier avance que l’économie évolue par cycle qui dure à peu près 25ans en se référant à l’histoire. Pour Schumpeter, le progrès technique reste la base de cette instabilité. Il y a donc une instabilité créatrice qui n’est autre que le fondement de la croissance économique. En somme, les apports théoriques de ces auteurs permettent d’affirmer l’existence d’un aspect qualitatif de la croissance suivant un processus.
Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE 1 : CONCEPT D’EDUCATION DE BASE ET SA RELATION AVEC LA CROISSANCE ECONOMIQUE
Chapitre 1 : Notion de capital humain et de croissance économique
Section 1 : Le capital humain
Sous section 1 : Le capital
Sous section 2 : Le capital humain
A-La théorie néoclassique de l’instruction-emploi
B-Les théories alternatives du capital humain
Section2 : L’Education de base
Sous section1 : Définition et forme d’éducation
Sous section2 : La production d’éducation
A-Les coûts d’éducation
1-Les coûts directs
2-Les coûts indirects
B- Le rôle de l’Etat
1-L’éducation en tant que bien spécifique
2- Les fonctions de l’Etat
C-L’efficacité du système d’enseignement
Sous section 3 : L’éducation de base : finalité et contenu
Section 3 : La croissance économique
Sous section 1: La notion de croissance économique et de développement
A-François Perroux
B-Kuznets et Joseph Aloïs Schumpeter.
Sous section2:Contribution des actifs de la croissance économique
Sous section3 : Mesure de la croissance
Chapitre 2 : Education, une condition nécessaire de la croissance ?
Section 1 : Revue théorique du lien entre éducation et croissance économique
Sous section 1 : Théoriciens du capital humain
Sous section 2 : Les nouvelles théories de la croissance
A- Robert Lucas
1. Hypothèse
2. Démarche
3. Résultat
B- Paul Romer
1. Hypothèse
2. Démarches
3. Résultat
C- R.J. Barro
1. Hypothèse
2. Résultat
Section 2 : Vérification empirique du rôle imputé à l’Education en tant que dynamique de la croissance économique
Sous section1 : Quelques études empiriques et contexte en Afrique
A- Résultats de quelques études empiriques
B- Contexte en Afrique Subsaharienne
Sous section 2 : Analyse du contexte
PARTIE 2 : EDUCATION DE BASE ET DEVELOPPEMENT SOCIO-ECONOMIQUE : CAS DE MADAGASCAR
Chapitre 3 : Rôle de l’Education dans le processus de développement socio-économique
Section 1 : Approche théorique du rapport éducation et développement socio-économique
Sous section 1 : Le développement socio-économique
Sous section 2 : Précurseurs du rapport éducation et développement
A-Analyse nationaliste et macro-économique
B- Les classiques ou l’analyse individualiste
C-Le marxisme ou l’analyse en termes de rapports sociaux
Sous section 3 : La théorie du développement humain
A-Théories sur les inégalités
1-Le pôle libéral ou justice social à minima
2-Le pôle égalitariste
3-Le pôle rawlsien
B-Théories sur le genre
Section2 : Aspect pratique du lien Education de base et développement socio-économique
Sous section 1 : Le mécanisme du rapport entre éducation et développement
Sous section2 : Education et développement : réalité dans le monde et en Afrique subsaharienne
A- Au niveau Mondial
B- Pour le cas de l’Afrique Subsaharienne
Chapitre 4 : Analyse de la politique éducative du primaire à Madagascar
Section 1 : Structure et évolution du système éducatif primaire de Madagascar
Sous section 1 : Historique de l’éducation de base à Madagascar
Sous section 2 : La situation générale de l’éducation à Madagascar
A- Contexte démographique : un besoin de scolarisation de plus en plus croissant
B- L’alphabétisation et le niveau d’instruction
C-Accès au travail, chômage et niveau d’instruction
D- Incidence du travail des enfants selon le niveau d’instruction du chef de ménage.
E- Genre et niveau d’instruction
Section 2 : Evaluation de l’éducation de base à Madagascar
Sous section 1 : Les indicateurs de la situation de l’éducation
A-Les indicateurs d’offre
B-Les indicateurs vus du côté de la demande d’éducation
Sous section 2 : Efficacité du système éducatif du primaire
A-Efficacité quantitative
1-L’accès
2-L’équité
B-Efficacité qualitative
Section 3 : La politique éducative du primaire à Madagascar
Sous section 1 : Analyse de l’incidence des dépenses en éducation
Sous section 2 : Recommandations
CONCLUSION