l’élevage
L’élevage, qui est pratiqué par les Peul qui vivent avec le troupeau, pour le troupeau et par le troupeau, est la seconde activité économique de la CR. Les éleveurs habitent généralement dans le diéri qui est le domaine des pâturages ‘sangré’ .Cependant il y a trois types de gestion de mise en valeur des troupeaux : l’élevage de case, l’élevage semis intensif et l’élevage transhumant vers les pâturages de l’Est.
Notons que ces Peul du diéri sont dans la majorité des propriétaires terriens surtout dans lewalo où ils pratiquent l’agriculture de décrue. Ce qui explique le dédoublement de certainsvillages Peul comme Kawel dans le diéri et Diahré dans le walo. On note une transhumance entre le diéri qui reçoit le bétail pendant l’hivernage et le walo quil’accueille durant la saison sèche. Avec la sécheresse des dernières années, les Peul ont tendance à transhumer dés le début de la saison sèche vers le Mali pour ne revenir qu’en début de l’hivernage.
Dans le walo, les villages de paysans et les campements de pécheurs coexistent avec les hameaux d’éleveurs. Ces derniers du fait de l’existence de l’eau durant toute l’année (Diamel et le fleuveSénégal) et de la nourriture pour le bétail (paille et son de riz) pratiquent l’élevage dans cette partie de la CR.
La cohabitation avec les autres acteurs n’est pas toujours facile du fait de l’aménagement de certains périmètres irrigués ceinturés par des diguettes qui ferment les couloirs qui servaient de passage pour l’accès à l’eau pour le bétail. Ainsi il n’est pas rare d’observer des litiges entre paysans et éleveurs.
En outre la quasi-totalité de l’alimentation du cheptel est assurée par les pâturages naturels, comme les points d’eau qui sont fortement dépendants de la pluviométrie qui est très aléatoire.
Les surfaces12 des pâturages sont plus importantes dans le diéri et très fournies en espèces végétales pendant l’hivernage. Elles sont composées de : zornia glochidiata « dengo » ; pennisetum « celubel » ; eragrotis tremula « burgel colel », cenchrus biflorus « hebbere »; indigofera aopera « ñaargo » ; cenchrus biflorus ˝tuppere » ; aristida mutabililis « ciñoowi » et echinachloa coloria « jaccere ».
la Pèche
La pêche est pratiquée toute l’année dans les cours d’eau e au moment de la décrue, dans les plaines et les mares : sur le fleuve Sénégal, son défluent le Diamel et dans « wendu mouyoul », « wendu koré », « tchapatone », »honi ». C’est l’activité des ‘cubalo’. Le chef de tufde, maitre des eaux, toujours un pécheur est appelé ‘Jaaltaabé’,’teen’, etc.
Le régime hydrologique influence la pêche. La succession des saisons des hautes eaux (juillet-octobre) et des basses eaux (décembre-juin) conditionne la pêche dans la CR. Avant l’aménagement du barrage de Manantali et de Diama la faune fluviale comptait 27 espèces dont 14 écaillées et 13 sans écailles avec 3 espèces étrangères.
Les pêcheurs utilisent des pirogues à pagaie et les outils de pêche suivants : ‘dolingé’, « mbal », « mbakhal », « souka « , « thiambal », « goubol », « mamadoly », « fété fété », « sidoly », »doyrou », ‘mbissaou’. L’édification des barrages de Manantali et de Diama a réduit considérablement les espèces. Les zones de frayage ne sont plus alimentées ni en eau ni en poissons adultes pour assurer la reproduction. Toutes les mares qui jouaient ce rôle ne sont plus fonctionnelles et s’ensablent de plus en plus.
La présence d’une forte tradition de pêche avec des techniques rudimentaires et héréditaires a permis aux pêcheurs de résister aux contraintes que sont entre autres la perturbation des migrations des poissons par l’édification du barrage de Manantali pour réguler les flux, et l’aménagement agricole dans des zones de pêche.
Des contraintes d’ordre organisationnel sont notées dans la zone ; l’insuffisance de formation des encadreurs et des producteurs ; la non prise en compte du secteur pêche dans la mise en place des aménagements hydro-agricoles.
Ainsi, depuis une décennie l’opération de pisciculture en étang et en cage est effectuée à Mbakhna 2 pour relancer le secteur. Avec la rareté des poissons, des pécheurs migrent vers la Gambie dont le fleuve est plus poissonneux. La CR est actuellement approvisionnée en poisson par des camions de poissons qui viennent des pécheurs de St Louis.
le Secteur Secondaire
l’Energie
Les formes d’énergie utilisées dans la CR sont le bois tiré de la végétation existante autours des villages et l’énergie l’électrique.
Le bois de chauffe est utilisé en générale pour la cuisson des repas et pour éclairer les foyers coraniques. Cependant la satisfaction des besoins en combustible ligneux par prélèvements de bois de village pose de plus en plus de problèmes du fait des effets néfastes sur la conservation de l’environnement (déboisement, coupes abusives) et de l’avancé du désert.
Ainsi pour des soucis de préservation de l’environnement, l’Etat a interdit l’exploitation du charbon de bois dans toute la région de Matam (cf. arrêté n° 01994/MDRH/DEFCCS/BSCEF du 25 février 1990).
Le poste de Haute Tension (HT) de Matam-Ourossogui qui fait partie du système Ouest de la ligne HT 225 du réseau interconnecté de Manantali alimente la CR en électricité.
Les gros villages situés sur la Nationale 2 sont électrifiés par le réseau SENELEC: Bokidiawé, Doumga Ouro Alpha, Doumga Rindiao, Doumga Ouro Thierno, Mboloyel. Dans le walo Nguidjilone, Sadel et Dondou sont branchés au réseau depuis un certains temps. Aucun village du diéri n’est électrifié pour le moment malgré les demandes adressées aux autorités compétentes et les besoins d’extension de réseau des villages déjà connectés ne sont pas encore satisfaits.
Dans les autres villages l’Agence Sénégalaise d’Electrification Rurale (ASER) a installé un système d’éclairage public par l’énergie solaire dans les villages de : Guiraye, Balel Pathé, Mow, Gawdal, Gaol.
Dans les villages non électrifiés il n’est pas rare de voir des émigrés achetés leurs propres installation d’énergie solaire pour alimenter leurs maisons ou des associations villageoises acheter des groupes électrogènes pour leur lieux de cultes (mosquée de Kawel) ou pour les chambre mortuaires (morgue de Doumga Ouro alpha) .
Cependant l’installation des PIV du PRODAM II dont l’irrigation est assurée par les électropompes augmente les factures d’électricité pour les producteurs.
Le gasoil et l’essence sont utilisés pour faire fonctionner des véhicules, des groupes moto pompes des forages et des PIV, des moulins à mil.
Le pétrole lampant, les bougies et les piles électriques assurent l’éclairage domestique. De plusieurs foyers non électrifiés.
le Secteur Tertiaire
l’Artisanat
La CR a une longue tradition en matière d’artisanat. L’organisation sociale détermine les différents corps de métiers : les « maboube » font les tissus, les » wayloube » pratiquent la bijouterie et la forge. Les « laoube » travaillent le bois (bucherons et sculpteurs), les vannièreset les « sakebe » font la cordonnerie.
Cependant la teinture occupe une place importante dans la vie des populations Sarakolé de Bokidiawé. Les habits « thioub » produits à Bokidiawé (Saré ouro gobobé )14 sont très connus dans la région pour leur qualité.
Pour toutes les activités artisanales citées, les techniques utilisées sont très anciennes et ne permettent pas une production en grande quantité. On note la présence de l’artisanat de service tels que la maçonnerie, la menuiserie, l’ébénisterie, la menuiserie métallique, l’électricité. Cependant il n’y a pas de centre de formation en métiers dans la CR, l’apprentissage est informel.
Les artisans ne sont pas organisés en structure pour mieux défendre leurs intérêts. Ainsi ils rencontrent des difficultés liés à l’approvisionnement en matière première, à l’accès au crédit, au problème de formation et de la qualification. Avec le démarrage des activités du projet de promotion de la micro entreprise rurale (PROMER II) l’artisanat pourrait connaitre un nouveau souffle.
le Commerce
Le commerce est en expansion dans la CR qui constitue un marché potentiel du fait du fort pouvoir d’achat de la population en relation avec son importance numérique.
Le commerce est plus important dans les gros villages grâce à l’existence de marchés permanents. Le commerce est contrôlé en majeur partie par les « Baol Baol » suite àl’émigration de la population autochtone vers d’autres horizons.
Diverses boutiques fournissent des denrées de première nécessitée et des quincailleries en font de même pour les biens de consommation courante.
L’approvisionnement de la CR en marchandises se fait soit sur les marchés hebdomadaires (Thilogne et Nabadji) soit chez les grossistes de Ourossogui.
le Transport
Le transport se fait facilement sur la route nationale II qui est la seule route goudronnée de la CR, le reste du réseau routier est formé de pistes carrossables et de pistes en latérite. Le déplacement se fait en tout temps par des minibus. Par contre le « dande maayo » est une zone qui est enclavée. Pendant l’hivernage les pirogues assurent la liaison entre les villages du walo mais aussi entre le walo et le diéri. La création d’une piste de production par PRODAM
II qui va de Sadel à Diorbivol a facilité la mobilité dans le walo.
En outre la construction du pont de Ndouloumadji a permis de désenclaver les villages du walo qui étaient presque inaccessibles pendant l’hivernage.
Le diéri est le domaine des pistes sableux, le transport se fait en majeure partie par descharrettes. La traversée vers la Mauritanie est assurée par des pirogues traditionnelles comme constaté au point de passage (Toufndé) de Diowol au sud du village de Dondou.
les Télécommunications
Nous trouvons le téléphone fixe dans tous les gros villages, soit par branchement privé dans les maisons, soit par des télécentres dans les lieux public. Le téléphone est le médium le plus utilisé pour établir les liens entre les personnes. Souvent, les émigrés prennent en charge collectivement les frais de desserte pour que l’électricité et le téléphone arrivent dans leursvillages. Ils assurent l’accès à une ligne téléphonique et le paiement de la facture. Les émigrés ramènent aussi, quand ils sont en vacances, divers appareils électroniques (appareils de téléphone cellulaires, postes de télévision et de radio, magnétoscopes, caméscopes…) qui contribuent à améliorer l’équipement de leurs domiciles. L’émigré s’approprie les nouveaux outils de communication en les faisant rentrer dans sa propre sphère. Les émigrés permettent l’accès des NTIC à leurs familles en prenant en charge les frais de raccordement au téléphone fixe ou en offrant des appareils cellulaires à leurs parents. Ils assurent souvent le paiement des factures.
Cependant les villages du diéri ne sont pas encore branchés au réseau et pour les villages du walo le branchement est faiblement du fait de l’enclavement ( Nguidjilone, Sadel, Dondou). Face à cette situation les habitants de ces villages se rabattent sur le cellulaire comme moyen de communication malgré l’absence de couverture du réseau GMS dans plusieurs localités.
Le cellulaire15est facilement intégré dans ce contexte social caractérisé par l’oralité et l’analphabétisme. Au-delà de l’aspect fonctionnel de cette technologie et son inscription dans les us et coutumes, sa facilité d’acquisition a fait basculer en partie le processus de différenciation sociale.
Le téléphone cellulaire constitue un instrument communautaire de désenclavement des villages. L’accès à cet outil de communication est lié seulement à la détention d’un appareil et au paiement de la connexion auprès des opérateurs présents (Orange, Tigo ou Expresso). La CR est envahie par des réseaux mauritaniens de téléphonie comme Mauritel.
Le jeu de la concurrence favorise une baisse des tarifs de connexion et de communication, par conséquent, un accroissement du nombre des abonnés au cellulaire.
Les Institutions et les Partenaires au Développement
la SAED
La Société d’Aménagement et d’Exploitation des Terres du Delta Vallée (SAED) a permis d’opérer une mutation agraire dans la CR. La délégation de la SAED a pour zone d’intervention toute la vallée du fleuve Sénégal. L’agriculture était soit pluviale, soit de décrue, mais avec l’arrivée de la SAED on assiste à l’avènement de l’agriculture irriguée. De nouvelles spéculations sont pratiquées dans ces aménagements : riz, mais, sorgho, et productions maraichères (oignon, patate douce, gombo, tomate, etc.)Notons que pour la CR de Bokidiawé, la SAED16 a aménagé des Périmètres Irrigués Villageois (PIV) et des casiers privés autour des villages du walo : 2848,19 ha dont 2416,87ha exploités en 2009.La CR a bénéficié de l’aménagement du casier de Kobilo qui se trouve dans la CR voisine de Dabia et celui de Ndouloumadji qui se trouve dans la CR de Nabadji Civol.
La SAED est entrain d’exécuter un projet d’aménagement d’un pont barrage sur le défluentle Diamel avec une piste Matam-Balel longue de 70km. Cette route a permis de faciliter la mobilité entre les villages du walo de Gaol à Sadel mais aussi d’accéder au diéri par le pont de Diorbiwol ou celui de Ndouloumadji.
La délégation de la SAED apporte des conseils en matière d’agriculture aux organisations de producteurs (OP). Cependant nous sommes loin des résultats escomptés. L’échec de la délégation est visible dans la CR.
Des champs sont abandonnés par les agriculteurs du fait de leur endettement (coût élevé pour un rendement médiocre). Par conséquent on assiste à une forte migration des paysans vers d’autres horizons à la recherche de lendemains meilleurs.
l’ASFO
L’Action Sanitaire pour le Fouta (ASFO) a été mise sur pied le 17 février 2001 au campus social de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) par des étudiants ressortissants de la vallée du fleuve Sénégal.
Les membres de l’association sont en majorité des étudiants de la faculté de médecine, des médecins, des pharmaciens.
L’ASFO a pour rôle de sensibiliser les populations aux initiatives et politiques sanitaires, et de leur apporter les soins primaires.
Les consultations se font dans toutes les spécialités : médecine générale, gériatrie, pédiatrie, gynécologie obstétrique et en chirurgie dentaire. Les infirmiers s’occupent des malades hospitalisés ou gardés en observation. Ils sont chargés d’effectuer les soins infirmiers (injections et pansements) et aident les médecins dans leurs consultations en triant les malades.
Comprenant que mieux vaut prévenir que guérir, l’ASFO organise durant chaque campagne des causeries portant sur les maladies comme le paludisme, les MST, la santé maternelle et infantile etc.
Ainsi, depuis l’hivernage de l’année 2001, l’ASFO mène sans interruption des campagneshivernales alternant annuellement les villages du département de Podor et ceux de la région de Matam. L’ASFO procède par un appel de candidature pour les villages intéressés dans la zonecible (Matam ou Podor).
Lors de chaque campagne, une localité est choisie comme site principal, et des sorties d’une durée de 72 heures au plus sont prévues au niveau de certains villages dénommés sitesaccessoires. Pour la campagne de Doumga Ouro Alpha, en plus des contributions financières des différentes sections de Kawral (Italie, France, etc) ; les dons proviennent des volontaires et des partenaires comme la Pharmacie Nationale d’Approvisionnement (PAN) et de la Pharmacie Régionale d’Approvisionnement de Matam (PRA)
Depuis la création de l’ASFO la CR de Bokidiawé a eu droit à trois campagnes sanitaires (cf. tableau).