Le mois le plus pluvieux
Le mois le plus pluvieux, en considérant notre échelle, est celui d’août avec 30 ,7 %. Il est suivi par ceux de juillet et de septembre avec 27,5 et 25,9 %. Nous pouvons noter que les pluies restent concentrées en 3 mois (juillet, août, septembre). Ils représentent 84,1 %. La concentration des pluies sur une période donnée provoque un ruissellement des eaux du fait de l’érosion hydrique. A part l’effet de la pente, le ruissellement est conditionné par la saturation des sols. Cependant, les terres saturées ne permettront pas le développement de certaines plantes car étant inondées. Du côté des rizières, les paysans seront obligés de libérer l’eau afin de pouvoir cultiver. Ce délestage assèche les champs et favorise l’intrusion du sol.
Dans cette zone, les premières comme les dernières pluies sont liées aux lignes de grains. Ces pluies s’abattent sous forme d’averses. C’est pourquoi, les pluies du mois d’octobre sont très agressives et de forte intensité. Cependant, elles ont un impact négatif sur les sols nus dépourvus de toute occupation végétale du fait des désherbages (brûlis) et de la déforestation.
Après l’effet du « splash », le ruissellement transporte les éléments fins soulevés de la couche superficielle et les dépose au niveau des zones de rupture de pentes en l’occurrence les bas fonds. Par ailleurs les éléments fins peuvent à l’opposé être déposés au niveau des terres incultes ou au niveau des rizières causant un ensablement de ces dernières.
Analyse Climatique
L’hivernage est compris entre le mois de mai et celui d’octobre. Cependant, du fait de la présence de la Structure Verticale de l’Equateur Météorologique (SVEM), l’essentiel des précipitations tombe au mois d’août. Il a enregistré 927,3 mm en 1981. Selon l’année, le mois le plus pluvieux peut varier entre Aout et Septembre. En 2010 par exemple, août a reçu 338,7 mm contre 605,6 mm pour septembre.
L’analyse décennale nous permet de répartir notre série en trois (3) période : de 1981 à 1990, de 1991 à 2000 et de 2001 à 2010.
Années 1981-1990
Cette période se distingue par une baisse généralisée de la pluviométrie. Seule l’année 1981 a cumulé 1741,9 mm. Toutes les autres années ont moins de 1500 mm. Ainsi, les années 1982, 1983 et 1986 ont connu respectivement 898,1, 817,9, et 975,2 mm. Si nous savons que la moyenne pluviométrique des années 1950 se situe entre 1500mm et 1750mm. Il faut noter que la moyenne de la décennie de 1981 à 1990 est de 1155,88mm. A part 1981, la pluviométrie ne satisfait plus les exigences d’une agriculture sous pluie et basée sur des techniques anciennes. C’est aussi durant cette période que la salinisation des terres est
beaucoup plus accrue. Les années 1970 ont marqué à jamais les esprits avec un souvenir amer
chez les vieilles personnes.
Années 1991-2000
Ce sont les années de redressement pluviométrique. Leur cumul est de 1310,18 mm. Malgré une augmentation timide de la saison pluvieuse, la péjoration climatique est de temps à autre présente. C’est le cas en 1992 avec 968,8 mm de pluie reçue. C’est la seule année recueillant moins de 1000 mm. Cette décennie est marquée par le retour progressif de l’espoir en des jours meilleurs pour les agriculteurs. 1999 s’illustrera comme l’année la plus pluvieuse de toutes ces dernières années.
Années 2001-2010
Cette décennie a reçu en moyenne 1311,55 mm. Elles renferment des années pluvieuses telles que 2008, 2010 et 2005. Elles ont reçu respectivement 1732,7, 1600,2 et 1574 mm. En effet, une hausse constante de la pluviométrie est notée depuis 2000. Pourautant, quelques années déficitaires sont notées. Il s’agit de 2002 et de 2007. Elles ont reçu 811,7 et 919,7 mm. Cependant, depuis 2008, les paysans malgré une pluviométrie en hausse ont du mal du fait de la répartition et de la concentration des pluies car les cultures ont besoin d’une période de floraison beaucoup plus longue.
D’une manière globale, nous pouvons dire que la pluviométrie affiche de grandes différences au niveau des trois décennies. Comparée à la décennie précédente soit 1955 à 1964, la pluviométrie a très largement diminué surtout durant les années 1981 à 1990.
Toutefois la pluviométrie moyenne qui concerne la dernière décennie (1311,5 mm) n’est presque pas différente de celle de la première décennie où l’essentiel des quantités de pluie reçues tournait autour de 1400 mm. Cela permet d’augurer un retour des précipitations des années1961, 1962, 1963, avec respectivement 1549,3 ; 1429,7 ; 1604,6mm des années qui sont marquées par le fort cumul pluviométrique.
Variation Temporelle des Précipitations
L’analyse de l’évolution de la courbe de la pluviométrie moyenne annuelle montre que 7 années sur 30 ont une pluviométrie supérieure à 1500 mm. À l’opposé, 6 années ont une pluviométrie inférieure à 1000 mm. Pour mieux examiner ces variations, nous allons déterminer les indices pluviométriques. Ils permettront de caractériser les années déficitaires ou excédentaires.
Les indices de 0 à 1
Ils renseignent sur l’excédent pluviométrique d’une année. Les années dont l’indice est ≤ 1 sont au nombre de 10 soit un taux de 33 %. Pour autant ces années comptent un faible excédent pluviométrique.
Les indices de 1 à 2,5
Ils sont considérés comme très excédentaires. Il n’y a que quatre années très excédentaires. Ce sont les années durant lesquelles la pluie est satisfaisante pour l’agriculture sous pluie. Elles constituent 13%. Celles déficitaires sont au nombre de quatorze. Nous distinguons dans l’analyse de la pluviométrie une forte variabilité interannuelle des précipitations, de grands écarts pluviométriques, une succession d’années pluvieuses et peu pluvieuses.
L’Indice pluviométrique a permis de voir l’extension et la durée des périodes sèches.
La succession d’années peu pluvieuses ou déficitaires donne une image de l’extension de la sécheresse.
Nous pouvons dire que dans la région de Ziguinchor, il y a un déficit pluviométrique presque tous les deux ans. Il ne se passe pas une décade sans qu’il n’y ait une année déficitaire.
L’évolution de la pluviométrie (graphique courbe)
L’évolution de la pluviométrie à Ziguinchor montre qu’à part quelques pics, les précipitations varient entre 1000 et 1500 mm dans la plupart des cas. La remontée de la zone de convergence intertropicale observée au cours de la saison des pluies et la fréquence des perturbations donnent une importance particulière aux totaux pluviométriques .Les caractéristiques aérologiques de la Casamance dépendent des différents types de circulation suivant la prédominance des flux en surface. Ces types de circulation dépendent des deux principales saisons climatiques qui prévalent dans la zone. Dans la station de Ziguinchor, la pluviométrie est très dissymétrique d’une année à une autre.
La pluviométrie reste diversifiée. La saison pluvieuse a une importance dans l’explication de la variabilité interannuelle.
Nous remarquons qu’à chaque intervalle de 5 ans, il y a une année déficitaire. Il faut noter que la pluviométrie s’explique par l’alternance entre la circulation de l’Alizé et celle de la Mousson. En hiver boréal, le pays est balayé par l’Alizé Maritime. A part quelques années où la pluviométrie, plus proche de la normale, dépasse les 1500 mm (1981, 1991, 1999, 2005, 2006, 2008, 2010), le reste des années a une pluviométrie inférieure à cette marge.
Le Nombre de Jours de Pluies
A Ziguinchor, l’écart existant entre les valeurs extrêmes du nombre total de jours de pluies annuelles, 74 jours en 2002 et 107 jours en 2010, est important. Il est de 33 jours. Le nombre de jours n’est en aucun cas en adéquation avec les précipitations annuelles. Il est significatif dans la mesure où il sert d’étude sur l’étendu de la pluviométrie. Généralement depuis 1981 jusqu’en 2010, quand le nombre de jours de pluies annuelles est inférieur à la moyenne de jours de pluies (7 jours), la pluviométrie annuelle s’éloigne de la moyenne annuelle à l’exception de quelques années par exemple 1984, 1994, 1996, 2003 etc. L’année 2003 avec 103 jours, a recueilli 1141,9 mm alors que 1991 avec 78 jours en a reçu 1550,2 mm. Ces chiffres montrent la grande disparité qui existe entre le nombre de jours de pluies et les quantités recueillies elles-mêmes.
Le nombre total de jours de pluies est assujetti à des variations continuelles. (Voir graphique). A Ziguinchor, nous notons qu’une seule année a 74 jours. C’est 2002. Ailleurs, 23,3 % des années ont un nombre de jours compris entre 75 et 79 jours, 40% entre 80 et 90 ; 16,6 % entre 91 et 100 jours contre 13 % de plus de 100 jours. Cela démontre encore le caractère irrégulier de la pluviométrie.
Début et Fin de l’hivernage
Il faut noter que parfois l’hivernage reste précoce à part quelques années comme celles allant de 1981 à 1983. Dans 46 % des cas, l’hivernage débute au mois de Mai, et dans 40 % des cas, l’hivernage prend fin au mois de Novembre. Ce qui montre qu’à Ziguinchor l’hivernage ne dure que 5 mois soit de Juin à Octobre. Ceci va beaucoup plus accentuer les déficits hydriques et ne permet pas une bonne régénération de l’écosystème forestier. Selon les paysans, la fin et le début de l’hivernage se perçoivent par les tornades et les pluies accompagnées de vents de plus de 20 km/h.
La température
L’évolution de la température suit celle des saisons. Dans la communauté rurale d’Enampor, une modération des températures est constatée sous l’influence océanique.
L’évolution des températures est bimodale avec deux maxima rencontrés en mai- Juin et octobre et deux minima, en janvier et août7. Nous allons étudier l’évolution des températures de 1981 à 2010. Au cours de cette période, la température moyenne annuelle à Ziguinchor est de 21,8°C. Celle du mois le plus chaud est de 37,8°C et celle du mois le plus froid est de 17,4°C. En saison sèche, le thermomètre ne descend jamais en dessous de 35°C. Dans 42,8 % des cas, durant cette période, la température est en baisse en dessous des 35◦C.
L’évaporation
L’évolution climatique récente montre une persistance de la sècheresse
L’évapotranspiration réelle (ETR), dépend des possibilités du milieu. Il s’agit en occurrence de la réserve du sol (RU) et de l’évapotranspiration potentielle (ETP). La variation de la réserve (VR) est la différence entre la pluviométrie et l’évapotranspiration potentielle. Elle s’obtient par la formule suivante : VR = P ─ ETP.
A ce niveau, la variation est parfois négative avec -722 ,3 mm en 1982, 350,8 mm en 1983, 68,9 mm en 1992, 244, 3 mm en 2002 et 416,2 mm en 2009. Ainsi l’évaporation dépasse rarement la pluviométrie. Dans la majorité des cas, la variation de la réserve est positive et favorise le développement des forêts et cultures. Elle reste cependant très faible.
L’intensification de l’évaporation et de la remontée capillaire consécutives à la sécheresse, aggravent la situation. En effet, il faut combler les années déficitaires. Ces vicissitudes sont parfois liées à la couverture nuageuse et au couvert végétal qui atténuent l’évaporation.
L’évolution de l’évaporation dépend de la saisonnalité. En effet, de novembre à mai soit en saison sèche et au sortir de la saison pluvieuse, elle est beaucoup plus accentuée. En Juillet jusqu’en Octobre par contre, l’évaporation est dans son plus bas niveau. Elle peut atteindre 28,6 mm au mois d’Août.
La faiblesse de l’évaporation entre août et novembre est très significative. En Mars- Avril, l’assèchement des nappes et la disparition du couvert végétal favorisent l’évaporation qui passe parfois à 150 mm entre mars -Avril, et à 28 mm en Août.
En saison sèche, la chaleur et la disparition des nuages font que l’évaporation est plus accrue. Il faut noter qu’elle varie d’une situation à une autre en fonction de la latitude, de la température et du contexte biogéographique de la station. Il faut noter que les années 1984 à 1985 n’ont pas de données.
L’humidité relative
Dans la CR D’Enampor l’humidité relative subit la variation et l’influence de la mer. La hausse du taux de l’humidité relative est due en parti à l’entrée de la mousson de Mai à Octobre. Ainsi l’humidité suit l’évolution de la pluviométrie avec des maxima aux mois pluvieux. Souvent, elle atteint même 100 % en Août. Pendant l’hivernage, l’humidité varie entre 98 % et 100 %. Celle du sol est en hausse même pendant la saison dite sèche. Ceci est lié à l’existence d’une nappe affleurante alimentée par les eaux de pluies et l’intrusion marine en saison sèche.
Ces pourcentages d’humidité relative de l’air donnent des conditions optimales pour la floraison du riz qui exige 70 à 80 % d’hygrométrie (Mémento d’agronomie, 2002).
Conclusion
Alors que le nombre de jours de pluie ne cesse de varier, la pluviométrie, les déficits hydriques, la température subissent des hausses. La rupture climatique intervenue en 1971 a joué un rôle important dans l’accroissement de la sécheresse. L’évolution climatique montre une persistance de la sécheresse. Les écarts pluviométriques de plus en plus importants d’année en année et les risques au plan agricole deviennent plus importants. Les vissicitudes du climat montrent presque une évolution de la température qui ignore des années caniculaires. Si les changements climatiques peuvent aggraver les problèmes relatifs a l’environnement, ils entrainent une instabilité des températures, et des modifications dans le régime des précipitations. Tous les éléments agissent par combinaison.
LES SURFACES AGRICOLES ET FORESTIERES
Pour bien comprendre le foncier, il est nécessaire de faire une brève analyse de la société diola.
Qualifiés d’habitants au tempérament impulsif avec une répulsion à tout principe d’autorité, la société diola est une société égalitaire et individualiste sans aucune hiérarchie sociale.
La société diola est basée sur une organisation patriarcale. Dans la communauté rurale d’Enampor, à part les forêts classées, les mares sacrées ou publiques, chaque espace appartient à une famille. Celle-ci est la propriétaire exclusive qui se charge de son exploitation. Ils sont légués par leurs aïeuls. Aucune organisation communautaire de la terre ne peut se faire dans cette société individualiste. Dans la transmission des biens, les neveux peuvent être bénéficiers. Cela se fait surtout si les biens à déléguer sont suffisants.
Considérant que la terre est sacrée, des familles proches peuvent bénéficier d’un prêt.
Toutefois, ces transferts temporaires se font sans une claire définition des règles du jeu et une réflexion prospective sur les conditions optimales de son exploitation durable. Par conséquent, depuis quelques années, des changements sont observés au niveau du foncier. Ils sont entraînés par l’exode massif touchant les jeunes.
En effet, la plupart des jeunes partent dans les grands centres urbains pour étudier ou pour gagner leur vie. Certaines familles se retrouvent alors dans l’incapacité d’exploiter l’ensemble de leur terre pour la culture ou l’arboriculture. A cet effet, pour que la terre reste productive, ces familles propriétaires, prêtent à d’autres désireuses d’exploiter. Toutefois, ces prêts peuvent durer sur plusieurs générations. Le résultat est que, au moment de la récupération, les emprunteurs se réclament comme les possesseurs. Nous assistons alors à des conflits qui aboutissent souvent à des morts d’homme. Même si ce n’est pas dans tous les cas de prêt que cela arrive, les conflits fonciers mettent en relief un aspect non moins important à savoir l’augmentation de la population. Face à un accroissement démographique important, et à l’augmentation des terres dégradées (salinisation), l’espace agraire est de plus en plus convoité par les différents usagers.