Etude des relations entre le poids de naissance, la consommation d’aliments d’origine animale durant la grossesse

Anthropométrie

Mesure du poids de naissance

Au niveau du centre de santé de Khombole (CSK), les poids de naissance ont été mesurés avec un pèse-bébé fourni par la pharmacie nationale d’approvisionnement (PNA) de portée maximale égale à 15 kg et d’une précision de 10 g. Les pesées étaient effectuées par l’agent de santé de garde (sage femme, agent sanitaire, infirmière).
Au niveau de Kaba, le poids de naissance était mesuré avec un pèse-bébé à curseur (Wonder) d’une portée maximale de 15 kg et d’une précision de 10 g. Les pesées étaient effectuées par un agent de santé communautaire.
Dans le cadre de l’étude transversale, nous avons mesuré le poids de naissance des bébés avec un pèse-bébé électronique (SECA, model : 737, Hamburg, Allemagne) d’une portée maximale de 15 kg et d’une précision de 10 g. La mesure du poids s’effectue juste après l’accouchement. Pendant la mesure, le pèse-bébé est installé sur une surface dure et plane dont l’horizontalité est vérifiée avec un niveau avant chaque pesée.

Mesure du poids des mères

Le poids des femmes est mesuré avec une balance électronique (OHAUS Corp., Hamburg, Allemagne) de portée maximale égale à 150 kg et d’une précision de 50 g. La mesure du poids s’est faite 24 h après l’accouchement. Pendant la mesure, la balance a est installée sur une surface dure et plane. L’horizontalité a toujours été vérifiée avec un niveau. Les femmes ont été pesées avec un habit dont le poids est connu et retranché du poids total mesuré.

Mesure de la taille 

La taille des mères est mesurée avec une toise adulte (SECA, Hamburg, Allemagne). Cette toise est munie d’un mètre ruban d’une précision de 0,1 cm. La verticalité de même que l’horizontalité de la toise ont été toujours vérifiées à l’aide d’un niveau avant chaque séance de mesure.
L’Indice de Masse Corporelle (IMC) ou indice de Quételet a été obtenu à partir du rapport du poids sur la taille au carré. Les femmes ayant un IMC < 18,5 kg /m2 sont considérées comme malnutries.

Questionnaires

Durant toute la période de notre étude, de mars à mai 2004, 87 naissances ont été enregistrées.
Les 64 ont eu lieu au sein de la maternité de Kaba ; les autres femmes ont accouché à domicile. Notre enquête a concerné uniquement les femmes ayant accouché au sein de la maternité pour des raisons logistiques (les femmes qui ont accouché à domicile n’étant pas hospitalisées et habitant des villages éloignés, nous n’avons donc pas pu avoir accès à ces femmes pour leur soumettre le questionnaire).
Le niveau socio-économique, les antécédents gynéco-obstétricaux, l’alimentation ainsi que l’attitude par rapport aux structures de santé de ces femmes ont été évalués à l’aide d’un questionnaire.
Le questionnaire sur le niveau socio-économique comporte un volet sur l’appartenance ethnique, le statut matrimonial, le niveau d’instruction, les biens du ménage, le nombre de personnes vivant dans la maison et les revenus de la famille.
Les données relatives à la parité, la gestité, l’intervalle intergénésique, le nombre d’avortement, d’enfants décédés et de consultations prénatales ainsi que les facteurs de risque identifiés au cours de la grossesse ont été recueillies à partir du carnet de santé des femmes.
La consommation d’aliments d’origine animale a été évaluée à l’aide d’un questionnaire de fréquence alimentaire comportant des informations sur les fréquences de consommation de tous les aliments d’origine animale susceptibles d’être rencontrés au niveau de cette localité.
Ces aliments sont la viande, la volaille, le foie, les produits laitiers, le poisson et ses dérivés, les oeufs. Les fréquences de consommation vont de zéro à 4 fois par jour, par semaine, par mois. Le tableau ci-après résume les différentes catégories de fréquences utilisées.

Traitement informatique des données et analyse statistique 

La saisie et l’analyse des données sont effectuées à partir des logiciels Excel 2000 et SPSS 11.5 (SPSS Inc, Chicago, Etats-Unis). Les résultats ont été exprimés en moyenne ± écart type ou en pourcentage. Le test du Chi2 a permis la comparaison des proportions et celle des moyennes a été effectuée grâce au test de Student.
La régression linéaire multiple a été utilisée pour déterminer les variables qui sont associées au poids de naissance. Dans cette régression, les variables anthropométriques et les variables obstétricaux ont été analysées comme des variables continues tandis que les variables socioéconomiques et les fréquences de consommation d’aliments d’origine animale comme des variables catégorielles. Pour ce qui est de la régression avec les fréquences de consommation d’aliments d’origine animale, un ajustement par rapport à la taille, à la parité, au nombre d’avortements, à l’approvisionnement en eau à la borne fontaine et à l’appartenance à une famille dont le chef est salarié a été fait. Un seuil de signification de 5% a été considéré.

Résultats

Prévalences du faible poids de naissance

Le nombre d’accouchements, le nombre de faible poids de naissance ainsi que la prévalence du faible poids de naissance (FPN) au cours des années 2002 et 2003 au niveau du centre de santé de Khombole (CSK) et du poste de santé de Kaba (PSK) sont présentés dans les tableaux 1, 2, 3, et 4.

Caractéristiques de la population d’étude

Caractéristiques anthropométriques des femmes et poids de naissance moyen des nouveau-nés

Sur les 87 naissances enregistrées au cours de notre étude au niveau de la maternité de Kaba, nous avons pu recueillir des données concernant l’âge, le poids, la taille, et l’indice de masse corporelle (IMC) que sur les 64 femmes qui ont été hospitalisées. Le poids, la taille, l’âge et l’indice de masse corporelle (IMC) moyen de ces femmes sont reportés dans le tableau ci dessous.

Etat nutritionnel post-partum des femmes

L’état nutritionnel des femmes a été évalué à partir de l’Indice de Masse Corporelle (IMC) ou indice de Quételet. Nous n’avons pas noté de femmes malnutries au niveau du groupe B alors que dans le groupe A, 8% des femmes le sont.

Antécédents gynéco-obstétricaux des deux groupes de femmes

Les antécédents gynéco-obstétricaux des femmes des deux groupes sont représentés dans letableau 7. Ces caractéristiques concernent la parité, la gestité, l’intervalle inter-génésique, le nombre d’avortements, d’enfants décédés et de consultations prénatales ainsi que les facteurs de risque identifiés au cours de la grossesse (HTA).
L’analyse du tableau montre que le pourcentage de femmes ayant une parité comprise entre 1 et 3 est significativement plus élevé au niveau du groupe B. Le nombre de primipare est comparable au niveau des deux groupes. On ne note cependant pas de grandes multipares au niveau du groupe B. Le pourcentage de femmes ayant eu un nombre de grossesses compris entre 2 et 4 est significativement plus élevé au niveau du groupe B. Trente six pour cent des femmes du groupe B ont eu au moins un avortement contre 20 % dans le groupe A. Douze pour cent des femmes du groupe A ont eu au moins un enfant décédé contre 7 % au niveau du groupe B. Quarante pour cent des femmes du groupe B ont un nombre de consultations prénatales (CPN) inférieur à 3 contre 33 % au niveau du groupe A. Ces différences observées ne sont cependant pas significatives. Le pourcentage de femmes ayant eu de l’hypertension artérielle au cours de leur grossesse est sensiblement le même au niveau des deux groupes (22 et 29%).

Caractéristiques socio-économiques des femmes

Les caractéristiques socio-économiques des deux groupes de femmes sont indiquées dans le tableau suivant.
Toutes les femmes de notre échantillon ont consommé du poisson frais à une fréquence supérieure à 1fois / semaine. Tandis que les viandes et la volaille l’ont été rarement. En effet, nous avons constaté que 68, 82 et 28% des femmes du groupe A ont consommé respectivement de la viande, de la volaille et du foie à une fréquence inférieure à 1fois / semaine contre 79 et 78% et 14% pour les femmes du groupe B. D’autres aliments tels que les oeufs, le lait frais ou en poudre, l’huile animale, le beurre animal sont également rarement consommés (82% des femmes du groupe A n’ont pas consommé d’oeufs durant leur grossesse contre 79% au niveau du groupe B). Nous avons noté que le nombre de femmes n’ayant pas consommé de l’huile animale est significativement plus élevée au niveau du groupe A comparativement aux femmes du groupe B (p < 0,05).
On constate que des aliments comme le poisson frais, le poisson séché fermenté, le poisson séché fumé, le lait caillé et le lait en poudre sont consommés fréquemment presque quotidiennement tandis que d’autres aliments comme la viande, le foie et la volaille le sont très rarement.
L’analyse du tableau montre que les différences de fréquence de consommation entre les deux groupes ne sont pas significatives exceptées pour l’huile animale et le poisson séché fermenté (p <0,05 ; p <0,001).

Variables associées au poids de naissance

La régression linéaire multiple a été effectuée dans le but d’identifier les facteurs associés au poids de naissance.

Variables anthropométriques et obstétricales associées au poids de naissance

Les résultats de la régression linéaire avec les variables cliniques et anthropométriques sont présentés dans le tableau 13.

Variables socio-économiques associées au poids de naissance

Nous avons analysé la relation entre le poids de naissance et les variables socio-économiques que voici : l’ethnie, le statut matrimonial, le niveau d’instruction, l’approvisionnement en eau, le fait d’avoir, du bétail et des latrines dans le ménage, type de revenus du chef de famille et le montant des revenus du ménage. Les résultats de cette analyse sont présentés au niveau du tableau 14.
L’approvisionnement en eau à la borne fontaine et le fait d’avoir un chef de famille avec des revenus fixes c’est à dire salarié (chauffeurs, docker) sont les variables socio-économiques qui présentent une relation significative avec le poids de naissance. En effet, on n’observe une association négative entre l’approvisionnement en eau à la borne fontaine (β = -194,06 ; p<0,05), l’appartenance à une famille dont le chef est salarié (β = -191,86 ; p<0,05) et le poids de naissance. Cette association bien que faible montre que l’approvisionnement en eau à la borne fontaine et le fait d’avoir un mari salarié a pour conséquence une diminution du poids de naissance par rapport aux femmes qui ont un robinet chez elles et celles qui vivent dans des familles dont le chef n’est pas salarié. L’analyse révèle également que 15 % des variations du poids de naissance pourraient être expliqués par ces variables.
L’approvisionnement en eau à la borne fontaine et le fait d’avoir un chef de famille avec des revenus fixes c’est à dire salarié (chauffeurs, docker) sont les variables socio-économiques qui présentent une relation significative avec le poids de naissance. En effet, on n’observe une association négative entre l’approvisionnement en eau à la borne fontaine (β = -194,06 ; p<0,05), l’appartenance à une famille dont le chef est salarié (β = -191,86 ; p<0,05) et le poids de naissance. Cette association bien que faible montre que l’approvisionnement en eau à la borne fontaine et le fait d’avoir un mari salarié a pour conséquence une diminution du poids de naissance par rapport aux femmes qui ont un robinet chez elles et celles qui vivent dans des familles dont le chef n’est pas salarié. L’analyse révèle également que 15 % des variations du poids de naissance pourraient être expliqués par ces variables.

Conclusion et perspectives

Il apparaît au terme de cette étude que le faible poids de naissance constitue un problème de santé publique au niveau de Khombole et de Kaba et qu’il existe une variation saisonnière de cette prévalence, les fortes prévalences sont enregistrées durant la période de soudure. Notre étude montre également que ces prévalences sont sensiblement plus élevées en zone rurale qu’en zone urbaine. Certains aliments comme le poisson frais, le poisson séché fumé, le lait caillé sont consommés fréquemment contrairement à la viande, à la volaille, au lait frais ou en poudre, à l’huile animale, au beurre animal et aux oeufs qui sont consommés rarement. D’après les résultats de notre étude, les facteurs positivement associés au poids denaissance sont la taille de la mère, la parité, la consommation de poisson frais et de volaille.
Par contre, l’approvisionnement en eau à la borne fontaine, le nombre d’avortements ainsi que l’appartenance à une famille dont le chef est salarié sont négativement associés au poids denaissance.
Les fortes prévalences de FPN recensées au niveau de ces deux localités nécessitent la mise en place d’un ensemble de mesures visant à réduire la prévalence du FPN et à prendre en charge les nouveau-nés de faible poids de naissance qui ont un risque de morbidité et de mortalité plus élevé par rapport aux nouveau-nés de poids normal. Ces mesures devraient être surtout mises en oeuvre durant la période de soudure afin de prévenir les fortes prévalences de FPN qui y sont enregistrées. Pour mieux connaître la part des facteurs alimentaires sur le poids de naissance, il s’avère nécessaire de faire une étude randomisée avec un échantillon de taille suffisante afin que l’on puisse établir une relation causale entre la consommation d’aliments d’origine animale avec l’évaluation précise des quantités ingérées et le poids de naissance.

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